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dialogue
Si tu viens me voir, pourquoi ne me souhaites-tu pas le bonjour, ex-percepteur d'impôts ? dit Woland d'un ton sévère.
- Parce que je ne veux rien te souhaiter de bon ! répliqua l'autre avec audace.
- Mais il y a une chose dont il faut que tu prennes ton parti, répondit Woland dont la bouche dessina un sourire ironique. A peine est-tu apparu sur ce toit que tu as commis une bourde, et je vais te dire laquelle. Le ton sur lequel tu as parlé semblait signifier que tu refusais les ombres, ainsi que le mal. Aie donc la bonté de réfléchir à cette question : à quoi servirait ton bien, si le mal n'existait pas, et à quoi ressemblerait la terre, si on en effaçait les ombres ? Les ombres ne sont-elles pas produites par les objets, et par les hommes ? Voici l'ombre de mon épée. Mais il y a aussi les ombres des arbres et des êtres vivants. Veux-tu donc dépouiller tout le globe terrestre, balayer de sa surface tous les arbres et tout ce qui vit, à cause de cette lubie que tu as de vouloir te délecter de pure lumière ? T'es bête.
- Je ne discuterai pas avec toi, vieux sophiste, répondit Matthieu Lévi.
- Et tu ne peux pas discuter avec moi, pour la raison que je viens d'indiquer : tu es bête, répondit Woland, puis il reprit : Bon, sois bref, car tu m'ennuies. Pourquoi est-tu venu ?
Auteur:
Boulgakov Mikhaïl
Années: 1891 - 1940
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, médecin
Continent – Pays: Europe - Russie
Info:
Le Maître et Marguerite
[
confrontation
]
[
affrontement
]
dernière paroles
Mon cher frère,
Merci de ta bonne lettre et du billet de 50 francs qu'elle contenait.
Puisque cela va bien, ce qui est le principal, pourquoi insisterais-je sur des choses de moindre importance, ma foi, avant qu'il y ait chance de causer affaires à têtes plus reposées, il y a probablement loin.
Les autres peintres, quoi qu'ils en pensent, instinctivement se tiennent à distance des discussions sur le commerce actuel. Eh bien ! vraiment, nous ne pouvons faire parler que nos tableaux.
Mais pourtant mon cher frère, il y a ceci que toujours je t'ai dit et je te le redis encore une fois avec toute la gravité que puisse donner les efforts de pensée assidûment fixée pour chercher à faire aussi bien qu'on peut - je te le redis encore que je considérerai toujours que tu es autre chose qu'un simple marchand de Corot, que par mon intermédiaire tu as ta part à la production même de certaines toiles, qui même dans la débâcle gardent leur calme.
Car là nous en sommes et c'est là tout au moins le principal que je puisse avoir à te dire dans un moment de crise relative.
Dans un moment où les choses sont fort tendues entre marchands de tableaux - d'artistes morts - et d'artistes vivants.
Eh bien ! mon travail à moi, j'y risque ma vie et ma raison s'y est effondrée à moitié - bon - mais tu n'es pas dans les marchands d'hommes pour autant que je sache, et puisse prendre parti, je le trouve, agissant réellement avec humanité. Mais que veux-tu?.
Auteur:
Van Gogh Vincent
Années: 1853 - 1890
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: peintre
Continent – Pays: Europe - France - Hollande
Info:
Dernière lettre, non datée qu'il portait sur lui le 29 juillet 1890
[
suicide
]
télévision
J'ai fait le test, j'allais dire l'épreuve : lire les quinze ou vingt ouvrages récemment consacrés aux méfaits de la société médiatique. La liste est impressionnante et l'on pourrait croire que la télé a pris la place du Diable lui-même. Voici, sans ajout de ma part ni exagération d'aucune sorte ce que, pêle-mêle, j'ai pu rapporter de cette plongée antimédiatique : la télé aliène les esprits, elle montre à tous la même chose, véhicule l'idéologie de ceux qui la fabriquent, elle déforme l'imagination des enfants, appauvrit la curiosité des adultes, endort les esprits, elle est un instrument de contrôle politique, elle fabrique nos cadres de pensée, elle manipule l'information, elle impose des modèles dominants, pour ne pas dire bourgeois, elle ne montre de façon systématique qu'une partie du réel en oubliant la réalité du monde ouvrier, elle marginalise les langues et les cultures régionales, elle engendre la passivité, détruit les relations interpersonnelles dans les familles, tue le livre et toute culture " difficile ", incite à la violence, à la vulgarité ainsi qu'à la pornographie, empêche les enfants de devenir adultes, concurrence de façon déloyale les spectacles vivants, cirque, théâtres, cabaret ou cinéma, génère l'indifférence et l'apathie des citoyens à force de surinformation inutile, abolit les hiérarchies culturelles, remplace l'information par la communication, la réflexion par l'émotion, la distanciation intellectuelle par la présence de sentiments volatils et superficiels, dévalorise l'école...
À se demander comment chaque soir, l'immense majorité des citoyens se partage entre ceux qui sont devant leur écran, et ceux qui, tout en la critiquant, s'interrogent sur la façon la plus adéquate d'y accéder dans les meilleurs délais...
Auteur:
Ferry Luc
Années: 1951 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe
Continent – Pays: Europe - France
Info:
L'Homme-Dieu, p.136, Livre de Poche no14621
[
infobésité
]
[
surmoi manipulé
]
cunnilingus
J’ai mangé ta chatte comme une pêche,
J’ai avalé le noyau
Le duvet,
Calé entre tes jambes
J’ai sucé mâchouillé léché
Avalé tout ton être,
Ai senti tout ton corps se tendre et tressaillir comme un
Fusil-mitrailleur
J’ai fait de ma langue une flèche
Et le jus a coulé
Et j’ai avalé
Pris de folie
Suçant l’intégralité de tes entrailles –
Ton con tout entier dans ma couche aspiré
J’ai mordu
J’ai mordu
Et avalé
Et toi aussi
Tu as cédé à la folie
Alors je me suis retiré pour recouvrir
De baisers ton nombril
Avant de glisser entre les fleurs blanches de tes jambes
J’ai embrassé croqué
Mordillé,
Encore une fois
Tout du long
Ces merveilleux poils pubiens
Qui m’attiraient m’attiraient toujours plus
J’ai résisté tant que possible
Et puis j’ai bondi sur la chose
Suçant et lapant,
Des poils dans mon âme
Un con dans mon âme
Ton être entier dans mon âme
Dans un lit miraculeux
Avec dehors des cris d’enfants
S’amusant sur leurs vélos
A roulettes aux environs de
5 heures de l’après-midi
Tous les poèmes d’amour étaient écrits :
Ma langue est entrée dans ta chatte et dans ton âme
Le couvre-lit bleu était là
Sans oublier les enfants dans l’allée
Et ça chantait et ça chantait et ça chantait et
Ça chantait.
Auteur:
Bukowski Charles
Années: 1920 - 1994
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, "chanson d'amour"
[
faim
]
racines
Je parle avec Rafaniello, aujourd'hui nous avons le temps, je lui demande si son pays ne lui manque pas. Son pays n'existe plus, il n'y est resté ni vivants ni morts, on les a fait disparaître tous ensemble : "Je ne sens pas le manque, dit-il, mais la présence. Dans mes pensées ou quand je chante, quand je répare un soulier, je sens la présence de mon pays. Il vient souvent me trouver, maintenant qu'il n'a plus une place à lui. Dans le cri du marchand d'eau qui monte avec son charreton à Montedidio pour vendre de l'eau sulfureuse dans des pots de terre cuite, de sa voix aussi me parviennent quelques syllabes de mon pays." Il se tait un moment, ses petits clous dans la bouche et la tête penchée sur une semelle. Il voit que je suis resté à côté et il continue : "Quand tu es pris de nostalgie, ce n'est pas un manque, c'est une présence, c'est une visite, des personnes, des pays arrivent de loin et te tiennent un peu compagnie." Alors don Rafaniè, les fois où il me vient la pensée d'un manque, je dois l'appeler présence ? "C'est ça, et à chaque manque, tu souhaites la bienvenue, tu lui fais bon accueil." Alors quand vous vous serez envolé, je ne dois pas sentir votre manque, moi ? "Non, dit-il, quand il t'arrive de penser à moi, moi je suis présent." J'écris sur le rouleau les paroles de Rafaniello qui ont mis le manque sens dessus dessous et il est mieux comme ça maintenant. Lui, avec les pensées, il fait comme avec les chaussures, il les retourne sur sa caisse et les répare.
Auteur:
Luca Erri De
Années: 1950 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Italie
Info:
Montedidio
[
travail
]
juvéniles divinités
La terre est aujourd'hui comme un radeau qui sombre.
Les dieux, ces parvenus, règnent, et, seuls debout,
Composent leur grandeur de la chute de tout.
Leur banquet resplendit sur la terre et l'affame.
Ils dévorent l'amour, l'âme, la chair, la femme,
Le bien, le mal, le faux, le vrai, l'immensité.
Ils sont hideux au fond de la sérénité.
Quels festins ! Comme ils sont contents ! Comme ils s'entourent
De vertiges, de feux, d'ombre ! Comme ils savourent
La gloire d'être grands, d'être dieux, d'être seuls !
Comme ils raillent les vieux géants dans leurs linceuls !
Toutes les vérités premières sont tuées.
Les heures, qui ne sont que des prostituées,
Viennent chanter chez eux, montrant de vils appas,
Leur offrant l'avenir sacré, qu'elles n'ont pas.
[...]
Toute la terre tremble à leurs métamorphoses ;
La forêt, où le jour pâle pénètre peu,
Quand elle voit un monstre a peur de voir un dieu.
Quelle joie ils se font avec l'univers triste !
Comme ils sont convaincus que rien hors d'eux n'existe !
Comme ils se sentent forts, immortels, éternels !
Quelle tranquillité d'être les criminels,
Les tyrans, les bourreaux, les dogmes, les idoles !
[...]
Et les hommes ? Que font les hommes ? Ils frissonnent.
Les clairons dans les camps et dans les temples sonnent,
L'encens et les bûchers fument, et le destin
Du fond de l'ombre immense écrase tout, lointain ;
Et les blêmes vivants passent, larves, pygmées ;
Ils regardent l'Olympe à travers les fumées,
Et se taisent, sachant que le sort est sur eux,
D'autant plus éblouis qu'ils sont plus ténébreux ;
Leur seule volonté c'est de ne pas comprendre ;
Ils acceptent tout, vie et tombeau, flamme et cendre,
Tout ce que font les rois, tout ce que les dieux font,
Tant le frémissement des âmes est profond !
Auteur:
Hugo Victor
Années: 1802 - 1885
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
La Légende des Siècles. Le cycle des Titans.
[
poème
]
couple de poivrots
[...] et je me rappelle de toi bourrée sur le lit
dans cette chambre d’hôtel minable
avec personne aux côtés de qui vivre excepté moi,
quel enfer laborieux ça a dû
être, se coltiner
un jeune poivrot de dix ans ton cadet
qui faisait les cent pas en caleçon
cherchant des noises aux dieux sourds
et éclatant des verres contre les murs.
tu t’es certainement retrouvée au mauvais endroit
au mauvais moment,
ton mariage agonisant sur des carrelages
crasseux
et toi
qui te faisais tringler par un
crétin barbu terrorisé par la
vie, résigné devant l’adversité, cette
chose
qui faisait les cent pas, roulait une cigarette mouillée
avec son haleine de rat, et qui
s’arrêtait pour
ouvrir une autre bouteille de vin
bon marché.
les rivières mortes de nos vies,
des cœurs comme des pierres.
verse le sang rouge du vin.
jure, grogne, gémis, chante
dans cette chambre d’hôtel minable.
toi au réveil... "Hank ?"
"ouais... ici... qu’est-ce que tu veux
putain ?"
"bon dieu, file-moi à boire... "
le gâchis
malgré tout le courage
de se prêter au jeu.
comment on va payer le loyer en retard ?
je trouverai un boulot.
tu trouveras un boulot.
ouais, aucune chance. aucune foutue
chance
de toute façon, une quantité de vin suffisante vous évite
de penser.
je casse un grand verre de vin contre le
mur.
le téléphone sonne.
c’est encore le réceptionniste :
"M. Chinaski, je dois vous prévenir... "
"AH, VA PRÉVENIR LA CHATTE A TA MERE !"
le téléphone qui claque.
la puissance.
je suis un homme
tu m’aimes bien, tu aimes ça.
et, j’ai aussi un cerveau, je te l’ai
toujours dit.
"Hank ?"
"ouais ?"
"combien de bouteilles il nous reste ?"
"3."
"bien."
les cent pas, les yeux dans le vide, cherchant
à vivre.
le poison pleure des souvenirs lumineux.
4e étage d’un hôtel de seconde zone, les fenêtres
ouvertes sur la ville de l’enfer, le souffle précieux
des pigeons solitaires.
toi, bourrée sur le lit, moi jouant au miracle,
des bouchons de bouteilles de vin et des cendriers remplis.
c’est comme si tout le monde était mort, tout le monde est
mort avec la tête sur les épaules,
à nous de surmonter la gesticulation du
néant.
regarde-moi en caleçon et maillot de corps,
les pieds en sang bardés d’éclats de verre,
il y a toujours une issue possible avec
3 bouteilles
au garage.
Auteur:
Bukowski Charles
Années: 1920 - 1994
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " les jours de gloire"
[
alcoolisme
]
[
engueulades
]
[
ennui
]
bio-technologie
Mi-animal, mi-machine, le "xénobot" est le premier robot vivant
Il s'agit d'un organisme quadrupède manufacturé par l'Homme avec des cellules souches de grenouille. Il est un tout petit peu plus petit qu'une tête d'épingle avec son diamètre de 650 à 750 microns.
Le xénobot est un organisme vivant programmable: il a été assemblé avec des cellules souches de peau et de muscles de cœur de grenouille. Une première scientifique réalisée par des chercheurs des universités américaines du Vermont et de Tufts.
"Ce sont de nouvelles machines vivantes", explique Joshua Bongard, l'un des coauteurs de l'étude publiée par PNAS, le journal de l'Académie américaine des Sciences, le 13 janvier. "Ce n'est ni un robot traditionnel, ni une espèce connue d'animal. C'est une nouvelle classe d'artéfact: un organisme vivant, programmable", selon la description de cet informaticien et expert en robotique de l'Université du Vermont.
(Illustration : grenouille Xénope lisse. Les cellules souches de peau et de cœur d'embryons de cette grenouille ont servis à la fabrication du xénobot, le premier robot vivant. Qui s'appelle donc xénobot, du nom de la grenouille Xenopus laevis, dont les cellules embryonnaires ont été utilisées pour le fabriquer.)
"Génomiquement, ce sont des grenouilles", indique Michael Levin, coauteur de l'étude et directeur du Centre de biologie régénérative et développementale à l'Université de Tufts. "C'est à 100% de l'ADN de grenouille, mais ce ne sont pas des grenouilles". Un peu comme un livre est fait de bois, mais n'est pas un arbre...
La taille du xénobot ne dépasse pas le millimètre de large: il est légèrement plus petit qu'une tête d'épingle avec son diamètre de 650 à 750 microns.
Ses cellules vont exécuter des fonctions différentes de celles qu'elles accompliraient naturellement. Les tissus vivants ont été récoltés et incubés; ensuite les chercheurs les ont assemblés en un corps optimal conçu par des modèles informatiques. L'intelligence artificielle sélectionnait les formes les plus réussies et les plus aptes.
(illustration : Les xénobots calculés par ordinateur - in silico - et réalisés avec des cellules embryonnaires -in vivo.
On voit des petits blocs cubiques de chair, briques structurelles différentes - en rouge, contractables; en vert, passives - qui sont fournies à un algorithme d'évolution. Celui-ci définit un modèle optimal pour l'organisme vivant manufacturé, tout à droite de l'image.
Un résultat comportemental – ici, la maximisation du déplacement – et des briques structurelles différentes - en rouge, contractables; en vert, passives - sont fournies à un algorithme d'évolution. Celui-ci définit un modèle optimal pour l'organisme vivant manufacturé. On voit un gros plan flou à droite de l'image.)
De petits organismes autonomes
L'organisme a réussi à "évoluer" du stade d'amas de cellules souches à celui d'un assemblage bougeant grâce aux pulsations envoyées par les cellules du tissu musculaire cardiaque... ce qui leur a permis de se déplacer pendant plusieurs semaines dans de l'eau, sans avoir besoin de nutriments additionnels.
Ces petits êtres d'un genre nouveau ont été capable de se réparer – se soigner! – tous seuls après avoir été coupés en deux par les scientifiques: "Ils se recousaient et continuaient de fonctionner", remarque Joshua Bongard.
Ces créatures peuvent aussi se diriger vers une cible, ce qui pourrait être très utile dans le domaine de la santé: un xénobot pourrait par exemple administrer des médicaments dans le corps humain, à un endroit prédéterminé. Ou s'occuper d'une artère bouchée.
Des tests ont montré qu'un groupe de xénobots arrivait à se déplacer en cercle, en poussant des pastilles vers un lieu central, de manière spontanée et collective.
De la peau morte
Les applications futures de ces robots vivants peuvent être nombreuses, selon les chercheurs: ils imaginent par exemple qu'ils pourront assembler les microplastiques qui polluent les océans, afin de les nettoyer.
"Ces xénobots sont complètement biodégradables", affirme Joshua Bongard, "Lorsqu'ils ont terminé leur travail après sept jours, ce ne sont plus que des cellules de peau morte".
Une forme de vie étonnante, entièrement nouvelle, qui disparaît presque sans laisser de traces.
Auteur:
Jaquet Stéphanie
Années: 198? -
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: journaliste scientifique
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
https://www.rts.ch/info/sciences-tech/technologies. 16 janvier 2020
[
écologie
]
cité imaginaire
Chaque ville, comme Laudomia, a à ses côtés une autre ville dont les habitants portent les mêmes noms : c'est la Laudomia des morts, le cimetière. Mais la dotation spéciale de Laudomia doit être au-delà de cette dualité, triple, c'est-à-dire qu'elle inclut une troisième Laudomia qui est celle de l'enfant à naître. Les propriétés de la ville double sont bien connues. Plus la Laudomia des vivants afflue et s'étend, plus l'étendue des tombes à l'extérieur des murs s'accroît. Les rues de la Laudomia des morts sont juste assez larges pour que le chariot du fossoyeur puisse y tourner, avec des bâtiments sans fenêtres les bordent ; mais le tracé des rues et l'ordre des habitations reprennent ceux de la Laudomia des vivants, et comme dans celle-ci les familles sont de plus en plus serrées dans des niches denses et superposées. Les après-midi de beau temps, la population vivante rend visite aux morts et déchiffre leurs noms sur leurs dalles de pierre : comme la ville des vivants, celle-ci communique une histoire de difficultés, de colère, d'illusions, de sentiments, sauf qu'ici tout est devenu une nécessité, sorti de l'écrin, encastré, mis en ordre. Et pour se sentir en sécurité, la Laudomia vivante a besoin de chercher une explication d'elle-même dans la Laudomia des morts, même au risque de trouver plus ou moins : des explications pour plus d'une Laudomia, pour différentes villes qui auraient pu être et n'ont pas été, ou des raisons partielles, contradictoires, décevantes.
C'est à juste titre que Laudomia attribue une résidence tout aussi importante à ceux qui ne sont pas encore nés ; Bien sûr, l'espace n'est pas proportionnel à leur nombre, qui est censé être infini, mais comme il s'agit d'un lieu vide, entouré d'une architecture toute de niches, de renfoncements et de rainures, et que l'on peut attribuer aux enfants à naître la taille que l'on veut, les imaginer aussi gros que des souris ou des vers à soie ou des fourmis ou des œufs de fourmis, rien n'empêche de les imaginer debout ou accroupis sur chaque surplomb ou étagère qui dépasse des murs, sur chaque chapiteau ou plinthe, en rang ou éparpillés, et contempler dans une tache de marbre toute la Laudomia dans cent ou mille ans, peuplée de multitudes habillées de façon inédite, toutes par exemple en barracanes aubergines, ou toutes avec des plumes de dinde sur leurs turbans, et reconnaissent leurs propres descendants et ceux des familles alliées et ennemies, des débiteurs et des créanciers, qui vont et viennent perpétuant trafics, vengeances, engagements amoureux ou d'intérêt. Les vivants de Laudomia fréquentent la maison des non-nés, les interrogent ; les pas résonnent sous les voûtes vides ; les questions sont formulées en silence : et c'est toujours d'eux-mêmes que les vivants s'enquièrent, et non de ceux qui vont venir ; les uns se soucient de laisser d'illustres souvenirs d'eux-mêmes, les autres de faire oublier leur honte ; tous voudraient suivre le fil des conséquences de leurs actes ; mais plus ils aiguisent leur regard, moins ils reconnaissent une trace continue ; les non-nés de Laudomia apparaissent ponctuels comme des grains de poussière, détachés de l'avant et de l'après. La Laudomia des enfants à naître n'apporte, comme celle des morts, aucune sécurité aux habitants de la Laudomia vivante, mais seulement de la consternation. Aux pensées des visiteurs, deux routes finissent par s'ouvrir, et l'on ne sait laquelle recèle le plus d'angoisse : Soit ils pensent que le nombre des enfants à naître dépasse de loin celui de tous les vivants et de tous les morts, et alors dans chaque pore de la pierre il y a des foules invisibles, entassées sur les pentes d'un entonnoir comme sur les marches d'un stade, et comme à chaque génération les descendants de Laudomia se multiplient, dans chaque entonnoir s'ouvrent des centaines d'autrese entonnoirs, chacun avec des millions de personnes qui doivent naître et tendre le cou et ouvrir la bouche pour ne pas suffoquer ; ou bien ils pensent que Laudomia disparaîtra elle aussi, personne ne sait quand, et tous ses citoyens avec elle, c'est-à-dire que les générations se succéderont jusqu'à ce qu'elles atteignent un chiffre et n'iront pas plus loin, et alors la Laudomia des morts et celle des non-nés sont comme les deux ampoules d'un sablier qui ne se retourne pas, chaque passage entre la naissance et la mort est un grain de sable qui passe par le goulot d'étranglement, et il y aura un dernier habitant de Laudomia à naître, un dernier grain à tomber qui est maintenant là à attendre au sommet du tas.
Auteur:
Calvino Italo
Années: 1923 - 1985
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, oulipien
Continent – Pays: Europe - Italie
Info:
Les villes invisibles
[
.
]
transhumanisme
[...] j’étais chez le dentiste l’autre jour
et je lisais cette revue médicale
et ils disaient
tout ce que t’as à faire
c’est vivre jusqu’à l’année 2020 après J.-C. et ensuite
si t’as assez de fric
une fois que ton corps lâche ils pourront transplanter ton cerveau dans un corps sans chair qui t’offrira
la vue et le mouvement – par exemple tu pourras faire du vélo ou n’importe quel truc de ce genre et aussi tu
n’auras pas besoin de t’enquiquiner à uriner ou déféquer ou manger – tu auras juste ce petit
réservoir de sang au sommet du crâne à recharger
environ une fois par mois – un peu comme l’essence
pour le cerveau.
Et t’en fais pas, il y aura même du sexe, ils disent,
seulement ce sera un peu différent (haha) tu pourras
la sauter jusqu’à ce qu’elle te supplie de lever le pied
(elle te quittera non plus à cause d’un manque
mais seulement d’un trop-plein)
c’est la partie transplantation désincarnée.
mais il y a une autre alternative : ils pourront
transplanter ton cerveau dans un corps vivant
dont le cerveau aura été retiré de manière à ce qu’il y ait de la place pour le tien.
seulement le coût de cette opération sera plus
prohibitif
sachant qu’ils devront localiser un corps
un corps vivant quelque part
disons par exemple dans un asile ou une prison ou
quelque part dans la rue – peut-être un kidnapping –
et bien que ces corps seront plus adaptés,
plus réalistes, ils ne dureront pas aussi longtemps que
le corps sans chair qui pourra durer dans les
500 ans avant qu’on doive le remplacer.
donc tout ça ne sera qu’une question de choix, selon
ce que tu souhaites, ou ce que tu peux te payer.
si tu intègres un corps vivant il faut savoir que ça ne
durera pas aussi longtemps – ils évaluent la durée à 110 ans à compter de
2020 après J.-C. – Et après ça il te faudra de nouveau trouver
un corps vivant de substitution ou bien opter pour un
de ces corps désincarnés.
globalement, dans cet article que j’ai lu chez mon dentiste,
il est sous-entendu que si tu n’es plus très riche
tu te rabats sur l’option désincarnée mais
si t’as toujours les poches bien remplies
tu repars sur une base de corps vivant.
(le dispositif des corps vivants a des avantages
dans la mesure où tu pourras leurrer la plupart des gens
dans la rue et qu’accessoirement
la vie sexuelle sera plus réaliste quoique
plus brève.) [...]
bref, Carl, j’ai continué ma lecture
et ce type racontait que
pour chaque type de transplantation du cerveau
que ce soit dans un corps vivant ou un corps désincarné
quelque chose d’autre se produirait pour les gens
assez blindés pour investir dans ces histoires de transfert :
le savoir informatisé de tous les siècles passés serait
injecté dans le cerveau – et quelle que soit la discipline que tu voudrais exercer
tu la maîtriserais sur le bout des doigts : tu serais capable de peindre comme
Rembrandt ou Picasso,
conquérir le monde comme César, tu pourrais faire tous ces trucs
que ces gars-là et d’autres dans ton genre ont réalisé
mais en mieux.
tu serais plus brillant qu’Einstein –
il y aurait très peu de choses que tu ne pourrais pas faire
et peut-être que le prochain corps à ta disposition
pourrait le permettre.
à partir de là ça donne un peu le vertige –
le type va toujours plus loin
un peu comme ces mabouls dans leurs
Maserati blindés de coke ; il tient à préciser
dans son langage technique à la limite du compréhensible que
ça n’est pas de la Science-Fiction
c’est une porte ouverte sur un monde d’horreur et d’émerveillements
qu’on n’aurait jamais osé imaginer avant et il soutient que la
dernière Guerre de l’Être humain opposera les riches
au cerveau alimenté par un ordinateur et les moins riches constituant
la Majorité
qui ne supporteront plus d’être écartés de
l’immortalité
et les riches voudront la préserver
pour toujours
et
à la fin
les riches au cerveau alimenté par ordinateur remporteront
la dernière
guerre de l’Être Humain.
Auteur:
Bukowski Charles
Années: 1920 - 1994
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " lettre à un ami victime d'un problème domestique:"
[
spéculations
]
[
moyen de domination
]