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curiosité

Balzac pensait sans doute qu'il n'est pas pour l'homme de plus grande honte ni de plus vive souffrance que l'abdication de sa volonté. Je l'ai vu une fois, dans une réunion où il était question des effets prodigieux du haschisch. Il écoutait et questionnait avec une attention et une vivacité amusantes. Les personnes qui l'ont connu devinent qu'il devait être intéressé. Mais l'idée de penser malgré lui-même le choquait vivement. On lui présenta du dawamesk ; il l'examina, le flaira et le rendit sans y toucher. La lutte entre sa curiosité presque enfantine et sa répugnance pour l'abdication se trahissait sur son visage expressif d'une manière frappante. L'amour de la dignité l'emporta. En effet, il est difficile de se figurer le théoricien de la volonté, ce jumeau spirituel de Louis Lambert, consentant à perdre une parcelle de cette précieuse substance.

Auteur: Baudelaire Charles

Info: Les Paradis artificiels, oeuvres complètes I, la Pléiade, Gallimard 1975 <p.438>

[ self-contrôle ]

 

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séduction

L'amour se passe presque toujours en conversation. Il n'y a qu'une seule chose d'inépuisable chez un amant, c'est la bonté, la grâce et la délicatesse. Tout sentir, tout deviner, tout prévenir; faire des reproches sans affliger la tendresse; désarmer un présent de tout orgueil; doubler le prix d'un procédé par des formes ingénieuses; mettre de la flatterie dans les actions et non en paroles; se faire entendre plutôt que de saisir vivement; toucher sans frapper; mettre de la caresse dans les regards et jusque dans le son de sa voix; ne jamais embarrasser; amuser sans offenser le goût; toujours chatouiller le coeur; parler à l'âme...Voilà tout ce que les femmes demandent, elles abandonneront les bénéfices de toutes les nuits de Messaline pour vivre avec un être que leur prodiguera ces caresses d'âme dont elles sont si friandes, et qui ne coûtent rien aux hommes, si ce n'est un peu d'attention. Ces lignes renferment la plus grande partie des secrets du lit nuptial.

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Physiologie du Mariage p.239

[ recettes ]

 

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école

Je l’avoue volontiers : toute petite, déjà, je n’aimais pas trop les activités sportives… Mais il se trouve que j’étais toujours la plus grande (j’ai arrêté de grandir à l’âge de 12 ans), et qu’en plus de grimper volontiers à de très hauts arbres pour attraper des insectes, j’aimais battre la campagne. Résultat : j’avais une force physique plutôt démesurée. Et à chaque compétition sportive, pour mon plus grand malheur, c’est moi qu’on envoyait défendre "nos" couleurs. Saut en longueur et en hauteur, 100 mètres, basket, j’ai tout fait. Bien entendu, vivant à Hokkaidô, au nord du Japon, j’ai également été vivement encouragée à représenter mon école en patinage de vitesse. On louait mes aptitudes physiques alors que je voulais qu’une chose : qu’on me félicite pour mes dessins ou mes rédactions. Est-ce par haine viscérale de tout classement fondé sur les capacités physiques ou par dégoût de la tension propre à toute compétition ? Toujours est-il qu’à compter du collège, j’ai pris mes distances avec le sport.

Auteur: Yamazaki Mari

Info:

[ intérêt commun ] [ enfant poussé ] [ question ] [ capitalisme sociologique ] [ libération individuelle ]

 

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art pictural

Mais le meilleur maître du temps est un homme tout différent de l'Albane, un peu plus jeune que lui, pauvre, inégal, de son vivant fort contesté, en demeurant la figure la plus sympathique de l'école. Ce nouveau venu s'appelait Dominico Zampieri. C'était le fils d'un cordonnier. Il naquit à Bologne en 1581. Il était court et gros. Ses camarades lui donnèrent le diminutif de Meniechino. Il paraissait peu doué; on le baptisa le Bœuf. Ce tâcheron muet, obstiné, gauche, ce candide qui avait l'audace de s'exprimer comme il sentait, qui se cherchait anxieusement et ne se trouvait pas toujours, modeste, replié, humble, en butte à la critique, disgracié en ménage, devait se voir fatalement sacrifié aux faiseurs, aux improvisateurs, à l'effronterie d'un Lanfrane. Même illustre, il resta toujours le "petit Dominique", Dominiquin.

C'était une âme charmante, un original, un rêveur, un homme qui s'est longuement assimilé les maîtres, mais qui sentait aussi vivement la beauté, là où elle se rencontre, à l'improviste, au coin d'une rue, et qui la recueillait toute fraîche, à la volée, dans une note furtive prise sur un calepin, sous son manteau.

Auteur: Gillet Louis

Info: La Peinture en Europe au XVIIe siècle - Manuels d'Histoire de l'Art. Le Dominiquin

[ portrait ] [ peintre baroque ]

 

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soliloque

Délivré de toutes les passions terrestres qu’engendre le tumulte de la vie sociale, mon âme s’élancerait fréquemment au-dessus de cet atmosphère, et commercerait d’avance avec les intelligences célestes dont elle espère aller augmenter le nombre dans peu de temps. Les hommes se garderont, je le sais [,] de me rendre un si doux asile où ils n’ont pas voulu me laisser. Mais ils ne m’empêcheront pas du moins de m’y transporter chaque jour sur les ailes de l’imagination, et d’y goûter durant quelques heures le même plaisir que si je l’habitais encore. Ce que j’y ferais de plus doux serait d’y rêver à mon aise. En rêvant que j’y suis ne fais-je pas la même chose ? Je fais même plus ; à l’attrait d’une rêverie abstraite et monotone je joins des images charmantes qui la vivifient. Leurs objets échappaient souvent à mes sens dans mes extases, et maintenant plus ma rêverie est profonde plus elle me les peint vivement. Je suis souvent plus au milieu d’eux et plus agréablement que quand j’y étais réellement. Le malheur est qu’à mesure que l’imagination s’attiédit cela vient avec plus de peine et ne dure pas si longtemps. Hélas, c’est quand on commence à quitter sa dépouille qu’on en est le plus offusqué !

Auteur: Rousseau Jean-Jacques

Info: Les Rêveries du promeneur solitaire. Fin de la cinquième promenade

[ monologue intérieur ]

 

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art pictural

Le jeune Nakamura Tsune avait fait de la femme qu'il aimait des portraits puissants et sensuels. Il utilisait beaucoup de rouge et on disait de lui qu'il peignait dans le style de Renoir. Son oeuvre la plus célèbre et la mieux connue, le Portrait d'Erashenko, exprimait presque religieusement, mais au moyen de tons chauds et harmonieux, toute la noblesse et toute la mélancolie du poète aveugle. Toutefois, sa dernière oeuvre, le Portrait de la vieille mère de l'artiste, avait été exécutée avec une très grande sobriété et le peintre n'avait employé que des couleurs sombres et froides. On y voyait une vieille femme hâve et décharnée, assise de profil sur une chaise et, derrière elle, en guise de fond, un mur à moitié lambrissé. Dans ce mur, à la hauteur de son visage, une niche avait été excavée où l'on avait posé un pichet et, derrière la tête de la vieille femme, un thermomètre était accroché. Otoko ignorait s'il n'avait pas été ajouté par l'artiste pour les besoins de sa composition, mais ce thermomètre, ainsi que le chapelet qui pendait des mains de la vieille femme délicatement posées sur ses genoux, l'avaient vivement impressionnée. Ils symbolisaient en quelque sorte les sentiments de l'artiste qui allait précéder sa vieille mère dans la mort. Tel était peut-être le sens de ce portrait.

Auteur: Kawabata Yasunari

Info: Dans "Tristesse et beauté"

[ description ]

 
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bien-être

Le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait ici-bas pour l’homme. Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d’y prendre une forme constante. Tout change autour de nous. Nous changeons nous-mêmes et nul ne peut s’assurer qu’il aimera demain ce qu’il aime aujourd’hui. Ainsi tous nos projets de félicité pour cette vie sont des chimères. Profitons du contentement d’esprit quand il vient ; gardons-nous de l’éloigner par notre faute, mais ne faisons pas des projets pour l’enchaîner, car ces projets-là sont de pures folies. J’ai peu vu d’hommes heureux, peut-être point ; mais j’ai souvent vu des cœurs contents, et de tous les objets qui m’ont frappé c’est celui qui m’a le plus contenté moi-même. Je crois que c’est une suite naturelle du pouvoir des sensations sur mes sentiments internes. Le bonheur n’a point d’enseigne extérieure (de marque apparente) ; pour le connaître il faudrait lire dans le cœur de l’homme heureux ; mais le contentement se lit dans les yeux, dans le maintien, dans l’accent, dans la démarche et semble se communiquer à celui qui l’aperçoit. Est-il une jouissance plus douce que de voir un peuple entier se livrer à la joie un jour de fête, et tous les cœurs s’épanouir aux rayons expansifs du plaisir qui passe rapidement, mais vivement, à travers les nuages de la vie ?

Auteur: Rousseau Jean-Jacques

Info: Rêveries du promeneur solitaire, 1782

[ contentement ] [ rapports humains ] [ masques ]

 

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philosophie

L’aristotélisme ressortit au Samkhya, le platonisme au vedânta. Le raisonnement d’Aristote contre les Idées est le suivant. On postule l’essence pour rendre compte de la communauté de nature entre deux êtres individuels, deux hommes par exemple, qui tous deux participent de la "forme" humaine. Or, si l’essence est aussi une réalité existant en elle-même (thèse de Platon), il faudra supposer un "troisième homme" pour rendre compte de la communauté de nature entre tel homme et l’essence "Homme", et ainsi de suite. On voit que l’horizon ontologique d’Aristote est limité à l’exister individuel, et qu’il ne conçoit pas que l’essence puisse être parfaitement réelle sans pour autant exister à la manière d’un chat ou de Callias. (Métaphysique, livre II, 9, 980 b). Aristote a perçu aussi vivement que Platon la nécessité de lutter contre les Sophistes. Il a lui aussi clairement compris qu’il s’agissait d’une crise de l’intelligence analytique dévoyée par la découverte de sa propre puissance instrumentale. Mais la solution qu’il propose est significativement différente. Au lieu de découvrir dans le contenu de cette intelligence les traces du vrai et de l’être et, à partir de ces qualités immanentes, de la retourner vers son Principe, Aristote veut redresser l’intelligence analytique sur son propre plan et dans sa forme même : il invente la logique formelle, c’est-à-dire l’art de raisonner juste indépendamment de l’essence ou de la chose même (ibidem, XIII, 4, 1078 b 25), art auquel on donna justement à partir du VIe siècle, le nom d’Organon, c’est-à-dire d’instrument.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Platon ou la restauration de l'intellectualité occidentale", n°471 de la revue "Etudes traditionnelles "

[ différences ] [ résumé ] [ critique ]

 
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sexe

Quand Faria lui avait fait ses adieux, Vich était remonté et, à nouveau, l’avait prise. Quand il l’avait forcée à se redresser, fatiguée, elle avait protesté. Il lui avait serré les chevilles, l’avait pénétrée vivement : elle avait roulé sous lui, affalée, flic flac. Elle exsudait du vin aigre et, lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, la chambre empestait sa mauvaise odeur. Sa maîtresse commençait à l’irriter, avec cette façon qu’elle avait désormais de lui donner des conseils stupides d’un ton impérieux. Qu’avait-il besoin qu’elle lui apprît comment l’orateur de Ferdinand à Rome devait se comporter ! Les draps étaient maculés de son fard. Elle le dégoûtait.
En même temps, elle l’attirait. Les épais replis de sa chair l’enveloppaient. Il logea sa tête entre ses gros seins. Parfois, transpirant et trépignant entre ses cuisses, il se sentait sombrer comme dans un bain de gras. Dans le noir, ses mains étaient de doux coussinets de viande humaine terminés par des ongles de porcelaine. Il frissonna, pressa sa bouche contre elle afin de s’empêcher de hurler lorsqu'il fut au point culminant. Le plaisir de la femme se manifesta sous la forme de longs soupirs interrompus par de menus grognements et plaintes. De la chassie s’était accumulée sur ses cils. Une minuscule bille de salive gonfla et éclata à la commissure de ses lèvres. S’habillant déjà, il songea : elle suinte. Des jaunes délavés tachaient le ciel au levant, promesse d’une nouvelle journée de chaleur. Il referma doucement la porte derrière lui pour ne pas la réveiller.

Auteur: Norfolk Lawrence

Info: Le rhinocéros du pape

[ orgasme ] [ obèse ] [ pulsion ]

 

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femmes-entre-elles

Mon père gueule "je te cause ! t'as donc pas marre de tes romans !", elle se défend "laisse-moi finir mon histoire !". Vivement que je sache lire, puis vivement que je comprenne ces longues histoires sans images qui la passionnent. Un jour vient où les mots de ses livres à elle perdent leur lourdeur ânonnante. Et le miracle a lieu, je ne lis plus des mots, je suis en Amérique, j'ai dix-huit ans, des serviteurs noirs, et je m'appelle Scarlett, les phrases se mettent à courir vers une fin que je voudrais retarder. Ça s'appelle "Autant en emporte le vent". Elle s'exclamait devant les clientes, "pensez qu'elle a seulement neuf ans et demi" et à moi elle disait "c'est bien hein ?". Je répondais "oui" Rien d'autre. Elle n'a jamais su s'expliquer merveilleusement. Mais on se comprenait. A partir de ce moment il y a eu entre nous ces existences imaginaires que mon père ignore ou méprise suivant les jours "perdre son temps à des menteries, tout de même". Elle rétorquait qu'il était jaloux. Je lui prête ma Bibliothèque verte, Jane Eyre et Le Petit Chose, elle me file La Veillée des chaumières et je lui vole dans l'armoire ceux qu'elle m'interdit, Une vie ou Les dieux ont soif. On regardait ensemble la devanture du libraire de la place des Belges, parfois elle proposait "veux-tu que je t'en achète un ?". Pareil qu'à la pâtisserie, devant les meringues et les nougatines, le même appétit, la même impression aussi que c'était pas très raisonnable. "Dis, ça te ferait plaisir ?"

Auteur: Ernaux Annie

Info: La femme gelée, pp 24-25, Folio, 2018

[ lectrices ]

 

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