Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 127
Temps de recherche: 0.0563s

culture

Ce que l'on a voulu principalement montrer ici, c'est une aptitude caractéristique de ce que certains désigneront comme le génie iranien, d'autres comme la vocation imprescriptible de l'âme iranienne : une aptitude éminemment à édifier un système philosophique du monde, sans que soit jamais perdue de vue la réalisation spirituelle personnelle en laquelle doit fructifier la méditation philosophique, et faute de laquelle la philosophie n'est qu'un jeu stérile de l'esprit. Aptitude, par conséquent, à conjoindre la recherche philosophique et l'expérience mystique ; le refus de les dissocier donne à l'une et à l'autre un caractère si spécifique, qu'il faut déplorer que cette philosophie iranienne, irano-islamique, ait été jusqu'ici absente de nos histoires de la philosophie. Cette absence a appauvri, amputé, notre connaissance de l'homme. Depuis plus d'un millénaire, notamment encore et surtout au cours des quatre derniers siècles, la production des philosophes et spirituels de l'Iran a été considérable. Leurs problèmes recroisent ceux de nos philosophes, mais en y apportant, le plus souvent, des points de vue et des réponses que les vicissitudes des polémiques ont fait tenir à l'écart en Occident. Et pourtant cette voix iranienne est à peine parvenue à se faire entendre hors des frontières de l'Iran, si bien qu'aujourd'hui les Iraniens n'ont pas toujours conscience que leur culture traditionnelle peut recéler un message pour l'humanité actuelle, et voient encore moins comment "actualiser" ce message.

Auteur: Corbin Henry

Info: En Islam iranien

[ Islam ] [ civilisation ]

 

Commentaires: 0

soigner

Elles (Les thérapies alternatives) sont des moyens simples, peu coûteux, qui vont droit au but. Le malade est considéré dans son ensemble : il est un corps physique, certes, mais il possède aussi une affectivité, un intellect, une âme et des instincts. Il a un passé, un présent et un futur; il appartient au cosmos et est soumis à ses lois. Il faut l'aider à se situer par rapport à tout cela. Il faut, dans une synthèse créatrice, identifier l'homme qui est en face de soi, tel qu'il est, dans son ensemble, dans son milieu, dans son devenir. La toute-puissance de la technique nous a possédés, subjugués, hypnotisés; on a su nous faire croire que la médecine était une technique et non plus un art, un métier et non plus une vocation, que les malades étaient des cas à parquer, en diverses catégories, dans des services que s'attribuent par voie de concours des spécialistes renommés qui vont vivre sur leurs certitudes matérialistes et lutter contre la nature au lieu de composer avec elle. Les puissants laboratoires pharmaceutiques ou les fabricants de matériel médical nous abreuvent, dès les premières années de médecine, de luxueux fascicules qui deviennent notre bible et qui, adroitement, après avoir décrit les signes de la maladie et sa physiopathologie, concluent à la nécessité de pratiquer x examens et d'administrer n médicaments. Et l'on est pris au piège de cet enchainement logique d'informations... Bientôt nous versons inconsciemment dans l'absurde, toujours satisfaits de nos prouesses intellectuelles, oubliant que ce corps que nous soignons a un coeur et une âme.

Auteur: Fontaine Janine

Info: Médecin des trois corps

[ bon sens ]

 

Commentaires: 0

acteurs

Je regarde l'état de comédien comme la honte des hontes. J'ai là-dessus les idées les plus centenaires et les plus absolues. La vocation du théâtre est, à mes yeux, la plus basse des misères de ce monde abject et la sodomie passive est, je crois, un peu moins infâme. Le bardache, même vénal, est, du moins, forcé de restreindre, chaque fois, son stupre à la cohabitation d'un seul et peut garder encore - au fond de son ignominie effroyable, - la liberté d'un certain choix. Le comédien s'abandonne, sans choix, à la multitude, et son industrie n'est pas moins ignoble, puisque c'est son corps qui est l'instrument du plaisir donné par son art. L’opprobre de la scène est, pour la femme, infiniment moindre, puisqu’il est, pour elle, en harmonie avec le mystère de la Prostitution, qui ne courbe la misérable que dans le sens de sa nature et l’avilit sans pouvoir la défigurer.

Il a fallu le dénûment métaphysique particulier au xixe siècle et l’énergie surprenante de sa déraison, pour réhabiliter cet art que dix-sept cents ans de raison chrétienne avaient condamné. Il paraît tout simple, aujourd’hui, de recevoir avec honneur et de pavoiser de décorations d’abominables cabots, que les bonnes gens d’autrefois auraient refusé de faire coucher à l’écurie, par crainte qu’ils ne communiquassent aux chevaux la morve de leur profession. Mais vous l’avez dit tout à l’heure, je ne suis pas de ce siècle, j’ai d’autres idées que les siennes, et parmi les choses répugnantes qu’il idolâtre, le prostibule de la rampe est surtout blasphémé par moi…

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, page 362

[ diatribe ] [ avilissement ] [ critique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

enfants-animaux

Nombre d’enfants ont mal vécu leur Œdipe ou leur sortie de l’Œdipe par manque d’une castration, je veux dire que manque d’être verbalisée la prohibition de la réalisation du désir sexuel en famille, laquelle libère le désir pour sa réalisation hors du milieu familial. Par manque d’occasions fréquentes de voir d’autres enfants, leurs parents voulant les garder pour eux les jours de congé, ces enfants-là cherchent à avoir des animaux domestiques, tant pour les aimer que pour les mettre en leur dépendance. Ce sont des chats, des chiens, des animaux de compagnie, des hamsters, et même aussi, maintenant, des chevaux que les enfants aiment beaucoup lorsqu’ils sont doux. Cela ne veut pas dire, d’ailleurs, que ces enfants, avec le temps, ne vont pas "s’en sortir" et arriver à résoudre leur Œdipe ; mais ce sera plus tard, car les animaux sont comme leurs objets transitionnels d’autrefois, qui les reliaient imaginairement à leur mère-sein. Ces animaux qu’ils aiment à câliner, à caresser et dont ils se font aimer, à qui ils commandent ou dont ils se font craindre, sont pour eux des objets transitionnels de leur relation sensuelle diffuse aux parents d’avant la résolution de l’Œdipe [...]. Cet attachement à des animaux peut d’ailleurs devenir un but de sublimation qui, plus tard, se continuera dans une vocation liée au monde animal. Je ne veux pas dire que toute bonne relation avec les animaux soit pour les humains le signe d’une image du corps non sortie de la relation œdipienne. Mais c’est le cas lorsqu’il s’agit d’animaux que l’amour de leur maître isole de leurs congénères, par la nécessité narcissique chez l’enfant d’avoir un confident affectif et muet.

Auteur: Dolto Françoise

Info: "L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, pages 186-187

[ explication ] [ passion ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

féminisme

Le fait est que les hommes rencontrent plus de complicité chez leurs compagnes que l'oppresseur n'en trouve habituellement chez l'opprimé ; et en toute mauvaise foi, ils en prennent prétexte pour déclarer que la femme a voulu le destin qu'ils lui ont imposé.  Nous avons vu qu'en réalité toute son éducation conspire à lui barrer les chemins de la révolte et de l'aventure ; toute la société - à commencer par ses respectables parents - lui ment en lui vantant la haute valeur de l'amour, du dévouement, du don de soi et en lui cachant que ni amant, ni mari, ni enfants ne seront disposés à en supporter la lourde responsabilité. Elle accepte allègrement ces mensonges parce qu'ils l'invitent à prendre la pente facile : et c'est là le pire des crimes commis contre elle ; dès son enfance et tout au long de sa vie, elle est gâtée, elle est corrompue par le fait que cette résignation, tentante pour tout individu soucieux de sa liberté, est censée être sa vocation ; si on encourage un enfant à être paresseux en le divertissant sans cesse, sans lui donner l'occasion d'étudier, sans lui en montrer la valeur, personne ne dira quand il atteindra l'âge d'homme qu'il a choisi d'être incapable et ignorant ; c'est ainsi que la femme est élevée, sans qu'on lui ait jamais appris la nécessité d'assumer sa propre existence ; elle se laisse volontiers dépendre de la protection, de l'amour, de l'aide et de la direction des autres ; elle se laisse fasciner par l'espoir de pouvoir réaliser son être sans rien faire. Elle a tort de céder à cette tentation ; mais l'homme est mal avisé de le lui reprocher puisque c'est lui-même qui l'a provoquée.

Auteur: Beauvoir Simone de

Info: Le Deuxième Sexe

[ société patriarcale ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel

transmission

A en croire le récit de Gilberte, c’est son frère qui est à l’origine de tous les bouleversements religieux que vit la famille Pascal, en 1646, à Rouen. Amené par la Providence divine à lire quelques écrits de piété, il est éclairé par Dieu de façon particulière, et devient le responsable et le propagateur d’un incendie spirituel. [...]

C’est donc le fils, malgré tout, qui entraîne son père sur la voie de la conversion – inversion des rôles que fait remarquer Gilberte, en soulignant qu’Etienne [Pascal] n’a pas eu "honte de se rendre aux enseignements de son fils". Le renversement de la hiérarchie familiale en l’occurrence est d’autant plus étonnant que le père avait joué un rôle marquant dans la formation spirituelle de son fils. [...]

Par un étrange effet de circularité, ce sont les maximes du père, qui permettent au fils de convertir le père.

Si l’on s’attache maintenant aux relations de Blaise et de Jacqueline, l’effet de circularité est encore plus notable, et se transforme en un véritable paradoxe [...].

Lors des premières conversions, à Rouen, en 1646, c’est Blaise qui convertit Jacqueline, au même titre que tout le reste de la famille, mais avec des conséquences peut-être encore plus considérables. [...]

La vocation religieuse de la jeune fille est consécutive aux "discours" de son frère. Huit ans plus tard, en revanche, en 1654, à Paris, il revient à Jacqueline de provoquer la nouvelle conversion de Blaise. [...]

Celui qui est redevable ne peut rendre son dû. Le donateur est dépourvu des biens qu’il a prodigués, et la bénéficiaire travaille à convaincre celui de qui elle a tiré sa propre conviction. La circularité de l’événement montre que la véritable cause est ailleurs – en Dieu.

Auteur: Thirouin Laurent

Info: "Pascal ou le défaut de la méthode", Honoré Champion Editeur, Paris, 2023, pages 323 à 325

[ christianisme ] [ biographie ] [ parole inséminante ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Coli Masson

corps-esprit

Les Ennemis de l'Esprit sont d'opinion que la partie saine, bonne, innocente, inoffensive de l'homme, c'est la chair. La chair n'a d'elle-même aucun mauvais instinct, aucune tendance perverse. Se nourrir, se reproduire, se reposer, ce sont ses fonctions : Dieu les lui a données et les lui rappelle sans cesse par les appétits. Tant qu'elle n'est pas corrompue, elle recherche purement et simplement les occasions de se satisfaire ; ce qui est marcher dans les voies de la justice céleste ; et plus elle se satisfait, plus elle abonde dans le sens de la sainteté. Ce qui la corrompt, c'est l'Esprit. L'Esprit est d'origine diabolique. Il est parfaitement inutile au développement et au maintien de l'Humanité. Lui seul invente des passions, de prétendus devoirs qui, contrariant à tort et à travers la vocation de la chair, engendrent des maux sans fin. L'Esprit a introduit dans le monde le génie de la contradiction, de la controverse, de l'ambition et de la haine. C'est de l'Esprit que vient le meurtre : car la chair ne vit que pour se conserver et nullement pour détruire. L'Esprit est le père de la sottise, de l'hypocrisie, des exagérations dans tous les sens, et partant, des abus et des excès que l'on a coutume de reprocher à la chair, excellente personne, facile à entraîner à cause de son innocence même ; et c'est pourquoi les hommes vraiment religieux et vraiment éclairés doivent défendre cette pauvre enfant en bannissant vivement les séductions de l'Esprit. Dès lors, plus de religion positive pour éviter de devenir intolérant et persécuteur ; plus de mariage pour n'avoir plus d'adultère ; plus de contraintes dans aucun goût pour supprimer radicalement les révoltes de la chair, et, enfin, l'abandon de toute culture intellectuelle, occupation odieuse qui, n'aboutissant qu'au triomphe de la méchanceté, n'a opéré jusqu'ici qu'en faveur de la puissance du diable.

Auteur: Gobineau Joseph Arthur

Info: Nouvelles Asiatiques, La danseuse de Shamakha

[ déséquilibre ] [ anti intellectualisme ]

 

Commentaires: 0

dernières paroles

C'est du fond de mon lit que je vous parle….
J’ai encore beaucoup de peine à en parler de sang froid. Je veux seulement l’évoquer. Parce que c’est cette souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence. Calcinée jusqu’à la dernière cellule. Et c’est peut-être grâce à cela que j’ai été jetée pour finir dans l’inconcevable. Il y a eu une nuit surtout où j’ai dérivé dans un espace inconnu. Ce qui est bouleversant c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout. Je vous le jure. Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour. Il n’y a plus que l’Amour. Tous les barrages craquent. C’est la noyade, c’est l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C'est la substance même de la création. Et c’est pour en témoigner finalement que j’en sors parce qu’il faut sortir pour en parler. Comme le nageur qui émerge de l’océan et ruisselle encore de cette eau ! C’est un peu dans cet état d’amphibie que je m’adresse à vous. On ne peut pas à la fois demeurer dans cet état, dans cette unité où toute séparation est abolie et retourner pour en témoigner parmi ses frères humains. Il faut choisir. Et je crois que, tout de même, ma vocation profonde, tant que je le peux encore - et l’invitation que m’a faite Alain l’a réveillée au plus profond de moi-même, ma vocation profonde est de retourner parmi mes frères humains.
Je croyais jusqu’alors que l’amour était reliance, qu’il nous reliait les uns aux autres. Mais cela va beaucoup plus loin ! Nous n’avons pas même à être reliés : nous sommes à l’intérieur les uns des autres. C’est cela le mystère. C’est cela le plus grand vertige. Au fond je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle : de l’autre côté du pire t’attend l’Amour. Il n’y a en vérité rien à craindre. Oui, c’est la bonne nouvelle que je vous apporte……

Auteur: Singer Christiane

Info: Derniers fragments d’un long voyage

[ espérance ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

orientation professionnelle

Question : Je m'intéresse à tant de choses, et j'ai une peur terrible parce que ma mère ne cesse de me dire que je vais juste passer le reste de ma vie à explorer sans jamais rien faire. Mais je trouve vraiment difficile de fixer mes orientations et de dire : "Bon, est-ce que je veux faire ceci, ou est-ce que je dois essayer d'exploiter cela, ou est-ce que je dois m'échapper et faire complètement une chose ?".

Réponse : Un mot que je bannirais du dictionnaire est "évasion". Il suffit de l'enlever et tout ira bien. Parce que ce mot est inadéquat concernant quelqu'un qui désire s'éloigner d'un certain endroit pour grandir. Un évadé. Vous savez, en oubliant ce mot, ce sera plus facile. De plus, dans la fleur de l'âge, en début de notre vie ; il faut tout expérimenter, tout essayer..... On nous enseigne toutes sortes de dichotomies, et je n'ai appris que bien plus tard qu'elles pouvaient fonctionner en harmonie. Nous avons créé de fausses oppositions ; de fausses ambivalences, parfois très douloureuses - avec cette impression de devoir choisir. Mais je pense qu'à un moment donné, nous réalisons, parfois inconsciemment, que nous sommes vraiment adaptés à ce que nous entreprenons et si c'est ce que nous voulons faire.

On a le droit d'expérimenter sa vie. On fera des erreurs. Et elles ont raison aussi. Non, je pense que le modèle est trop rigide. Etre censé connaitre sa vocation au sortir d'une formation.... Votre orientation est fixée, et voilà que peut-être que dix ans plus tard vous découvrez que vous n'êtes plus professeur ou peintre. Cela peut arriver. C'est déjà arrivé.  Gauguin a décidé à un moment donné qu'il n'était plus banquier, qu'il était peintre. Il s'est donc éloigné de la banque. Je pense que nous avons le droit de changer de cap. Mais c'est la société qui continue à exiger que nous nous intégrions et que nous ne dérangions le mons possible les choses. Elle voudrait que l'on s'intègre tout de suite pour que les choses fonctionnent.

Auteur: Nin Anaïs

Info:

[ ouverture ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

système économique

Dans un régime libéral, le contrôle social n’est plus politique mais juridique : il s’agit de se conformer à un corpus de normes distantes. Une première conséquence de ce bouleversement concerne les limites de la surveillance. Dans un monde divisé selon des lignes politiques, la surveillance est nécessairement limitée, à une zone géographique et à une communauté données. Tant que des distinctions proprement politiques subsistent, l’idée d’une surveillance mondiale [...] est un non-sens. Une mondialisation du contrôle n’est possible qu’après l’abolition des frontières politiques et leur remplacement par des normes juridiques abstraites, à vocation supposément universelle. En cela, seul un cadre de pensée libéral peut s’accommoder d’une mondialisation du contrôle social.

Deuxièmement, l’essor d’un contrôle social de nature juridique s’accompagne d’un changement de nature de l’espace public. Traditionnellement, l’accès à l’espace public était régulé par des facteurs politiques. [...] Ce sont donc toujours les appartenances qui ouvrent ou non l’accès à l’espace public. [...] C’est parce qu’une unité politique existe au préalable que l’on peut, ex post, laisser certaines latitudes aux hommes. A l’inverse, dès lors que le libéralisme a délégitimé les appartenances politiques, celles-ci ne constituent plus une base viable pour réguler l’accès à l’espace public. Cela ne veut néanmoins pas dire que l’accès à l’espace public devient totalement libre, mais que les restrictions changent de nature : elles sont désormais juridiques. Pour accéder à l’espace public, l’homme doit montrer sa conformité à une norme extérieure, plus ou moins abstraite. [...]

Troisièmement, la formalisation du contrôle social a des implications sociologiques voire anthropologiques. Traditionnellement, lorsque le contrôle social est informel, reflétant les valeurs d’un groupe, il est aisé d’en intérioriser le contenu, qui devient partie intégrante de l’éthique personnelle et des traditions communautaires. [...] La situation est toute différente dans le monde libéral moderne. Le contrôle social est purement extérieur, et ne peut donc pas être intériorisé. Il est bien davantage perçu comme arbitraire, et ne joue aucun rôle intégrateur à une communauté. Il ouvre simplement des portes pour des individus indistincts. Sur le temps long, le rapport que les hommes entretiennent aux institutions de contrôle est donc tout différent. Il n’y a aucun rapport intime à celles-ci, mais au contraire le sentiment d’une absence de sens qui caractérise les grandes machines bureaucratiques et techniques. Le progrès dans l’abstraction du contrôle est in fine facteur de déshumanisation.

Auteur: Travers Guillaume

Info: Dans "La société de surveillance, stade ultime du libéralisme", La nouvelle librairie, Paris, 2021, pages 61 à 64

[ globlisation ] [ virtualisation ] [ déracinement ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson