Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 136
Temps de recherche: 0.0623s

lenteur

Notre ville a été envahie par des papillons. Ils sont grands, beaux, carnivores. On n'a jamais vu tant de papillons dans la ville. Ils ont tout couvert : les rues, les toits, les voitures, les arbres. Les gens qui se trouvaient dans la rue pendant l'invasion ont été mangés. De ma fenêtre, je vois trois squelettes d'hommes et un squelette de chien parfaitement nettoyés. [...]
Pour l'instant, toute la ville est paralysée. Les gens se sont retranchés chez eux et regardent la rue couverte de papillons, par leurs fenêtres couvertes de papillons. Les bestioles semblent s'installer définitivement chez nous. Elles continuent même d'y affluer. La couche de papillons est de plus en plus épaisse, on dirait de la neige colorée.
Notre armée n'a rien pu faire contre les papillons. On a dû s'habituer à eux. On s'est finalement rendu compte que les papillons ne dévorent que les êtres vivants qui font des gestes brusques. Si on bouge très lentement, les papillons ne réagissent pas. On peut même les écraser sous les pieds, ils restent tranquilles et meurent en silence. D'ailleurs, on ne peut avancer dans la rue qu'en les écrasant. [...]
À cause de tout cela et de notre pensée ralentie, on se parle au rythme d'un mot par jour. Et quand nous faisons l'amour, tout va tout aussi lentement.

Auteur: Visniec Matéi

Info: Théâtre décomposé, ou, L'homme-poubelle: Textes pour un spectacle-dialogue de monologues, extrait de La Folle Tranquille

[ littérature ]

 

Commentaires: 0

médias

Je viens de visionner avec ma femme un reportage sur les délinquants français, principalement lyonnais, qui viennent en Suisse pour y commettre divers méfaits ; du casse de bijouterie au cambriolages, en passant par le vol de voitures de luxe. On est sur TV5 Monde, un dimanche après-midi bien tranquille. A la fin des quarante minutes de l'émission je constate que nous nous sommes presque fait endoctriner par ce qu'on pourrait appeler un "outil calibré pour nourrir la paranoïa du téléphage avachi". Ou, dit autrement, comment faire voter les gens à droite. Joli tour de passe-passe quand, après réflexion, il paraît très clair que les malfrats présentés devant la caméra, jeunes français de banlieues, peu structurés en quête d'argent facile, donc certainement dangereux lors d'un casse mais guère plus, ne sont un danger que pour 5 % des Suisses, les bien nantis. A aucun moment je n'ai eu le sentiment de pouvoir être leur cible un jour.
Ce qui est rageant c'est de voir combien les helvètes "ouvriers" se sentent menacés par un tel reportage. A une époque et dans un monde où les pires saloperies sont commises par des banquiers feignants qui, de leurs bureaux climatisés sucent les peuples via des intérêts amoraux, on continue tranquillement de manipuler les esprits, en désignant de fausses cibles... En nous faisant penser à autre chose....

Auteur: Mg

Info: 15 mai 2011

[ pouvoir ]

 

Commentaires: 0

bien-pensance

Ce qu’il y a de fondant, à Cordicopolis, ce sont toutes ces âmes idylliques qui s’imaginent qu’on pourrait avoir le Bien sans Mal, le tigre sans ses griffes, la langue française sans ses buissons d’épineuses incohérences, le soleil sans la pluie, des voitures sans pollution, une "bonne" télé sans ses pubs, la littérature sans son revers de crime par lequel elle s’immortalise, les loisirs de masse sans le béton, la chimie industrielle sans les pluies acides. Le beurre sans l’argent pour le payer. Midi à quatorze heures comme toujours. Autant rêver Céline sans ses Bagatelles. Un "Céline qui penserait juste", ainsi que je l’ai lu quelque part. La réconciliation des contraires. Le Paradis sans la Chute. Le Trémolo enfin reconnu, établi dans tous ses droits, et sans aucune contrepartie. Voilà l’utopie des bien-pensants, l’idéal de l’Ultra-Doux planétaire, plus de matières grasses, plus de colorants, rien que des objectifs super-light sous les déguisements de la Vertu. Déjà ces saynètes en chambre qu’on appelle "débats politiques" ne sont plus organisées qu’entre représentants de tendances parfaitement interchangeables, entre démocrates-ouverts-antiétatiques-humanistes, par exemple, et républicains-modérés-centralisateurs-humanistes. C’est un régal de les voir discuter, faire semblant de se contredire, alors que ce qu’ils veulent, comme tout le monde, c’est consolider le terrain commun, celui de la confusion générale, la seule garantie de "vérité". À la fin, comme ne le disait pas Staline, c’est toujours le Consensus qui gagne.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "L'empire du bien"

[ déni sociétal ] [ auto-persuasion ] [ naïveté ] [ société édulcorée ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

idéalisme déçu

Car quel intérêt pour ses élèves à chercher le savoir, là où d’autres activités sont susceptibles de leur rapporter bien plus d’argent ? Mieux vaut concentrer son attention sur les savoir-être : être beau pour vendre et gagner beaucoup d’argent, voire passer à la télé, se constituer un réseau relationnel, afin d’être pistonné à l’un des nombreux postes moyennement juteux restant (la maison grandit, la voiture grossit), voire même à partager le gâteau ; hériter après des années de plus en plus longues à mesure de l’augmentation de l’espérance de vie à avaler les couleuvres lâchées par les générations précédentes.

Comme beaucoup, il avait vu la dégradation du prestige de sa profession, en interne comme dans la société. Alors que, lorsqu’il avait débuté, un enseignant pouvait s’offrir avec son salaire une vie si ce n’est bourgeoise, tout du moins confortable, au crépuscule de sa carrière, ses jeunes collègues les plus avisés changeaient d’orientation professionnelle. Quant à leur statut social, il équivalait désormais à celui d’un gardien de parking : les uns gardent les voitures, les autres les enfants.

Là où la soif de savoir est absente, des espaces se créent. Les diplômés ont tout le temps au cours de leur carrière pour oublier leurs chères connaissances et s’insérer dans la société de consommation. Leur activité la plus intellectuelle consiste dès lors à programmer leur smartphone, qui l’est devenu à leur place.

Auteur: Danoux Gabrielle

Info: Le chemin du fort

[ progrès technologique ] [ pédagogie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

privilégié

Revenons à BHL: s’il est tellement soucieux de l’état de la planète qu’il estime que l’Etat maastrichtien doive faire payer les pauvres avec leurs voitures de travail afin que les riches puissent polluer en se déplaçant en avion, alors qu’il cesse de passer son temps entre deux aéroports lui qui disait sans vergogne qu’il avait trop de maisons…

On peut lire en effet dans L’Obs (5 juillet 2017): "J’ai trop de maisons dans le monde": Bernard-Henri Lévy se résout à vendre une de ses villas pour 6 millions d’euros. Lisons cet article: "Trop d’argent, pas assez de temps. Bernard-Henri Lévy a confié à Bloomberg dans un article publié ce lundi qu’il était contraint de vendre une de ses villas au Maroc, à Tanger, faute de pouvoir en profiter suffisamment: "Je partage mon temps entre Paris, New York et Marrakech. J’ai trop de maisons dans le monde et hélas, l’année ne dure que 52 semaines". Prix de la demeure sacrifiée: 6 millions d’euros, en vente sur le site de Christie’s International Real Estate, pour 600 mètres carrés situés "au sommet d’une falaise, face à Gibraltar, au point précis où se côtoient l’Atlantique et la Méditerranée", affirme BHL, bon vendeur. Bonjour la trace carbone du philosophe!

On comprend que cet homme-là ignore quelle misère signifie un trou de cinquante euros dans le budget d’une famille vivant avec moins de mille euros par mois… "Salauds de pauvres!", en effet.

Auteur: Onfray Michel

Info: https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/le-message-clair-des-gilets-jaunes-a-bhl?fbclid=IwAR0aM3eMLho9eR4BdyoJFRvSs5okg89GOPcala8yzoG2SBKZ4sLCVb6Hu8I à propos de Bernard-Henri Lévy

[ cynisme ] [ aveuglement ] [ intérêts personnels ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

être humain

En un certain sens, les humains, ceux de sexe masculin en tout cas, étaient comparables à des véhicules d'occasion. On pouvait reconnaître le modèle et évaluer le kilométrage. Un observateur averti était capable de dire si les amortisseurs étaient encore bons, si l'embrayage patinait, si les cylindres étaient usés. Les hommes étaient comme des poids lourds : les vieux comme de vieux camions et les jeunes comme des camions neufs. Mais il y en avait aussi qui ressemblaient plutôt à des mobylettes ou à des scooters des mers.
Les femmes, elles, à supposer qu'on puisse les comparer à des véhicules, étaient comme des voitures. Une femme jeune et jolie était une décapotable aux lignes fluides, mais si elle pratiquait avec trop d'ardeur la circulation nocturne, la carrosserie ne résistait pas : elle se couvrait de bosselures, la peinture s'écaillait, les béquets rouillaient. Un jour ou l'autre, pendant une marche arrière, un feu arrière se brisait et cela ne valait pas le coup de le changer. Il y avait aussi des voitures féminines qui ne vieillissaient jamais et restaient intemporelles année après année, tout au long de l'histoire de l'automobile. On les bichonnait avec amour et leurs formes suscitaient encore l'intérêt alors que les camions les plus robustes étaient partis à la casse depuis longtemps. Les héroïques mères de familles nombreuses, quant à elles, étaient des autobus parfaitement fiables, toujours à l'heure, qui ne laissaient jamais personne sur le bas-côté.

Auteur: Paasilinna Arto

Info: La cavale du géomètre, p.19, Éd. Folio n°3393

[ voiture ] [ véhicule ] [ automobile ]

 

Commentaires: 0

voyages

C'est ainsi que la voleuse de fruits s'était rapprochée, en spirales de plus en plus larges, de la bordure nord-est du plateau, au flanc et au pied duquel se trouvait Chaumont, la seule ville du Vexin picard. Peu de voitures, mais roulant chacune très vite, sur l'étroite route qui bordait le plateau en haut. Elles fonçaient comme si elles poursuivaient quelqu'un ou étaient au contraire elles-mêmes poursuivies. Elles donnaient l'impression d'être plus pressées que les avions, plus nombreux, au-dessus dans le ciel bleu, décollant en une suite rapide de l'aérodrome de Beauvais situé non loin d'ici. Pendant un certain temps, entre le village de Liancourt-Saint-Pierre et le hameau de Le Vivray, le regard, depuis la lisière du plateau en direction du nord-est, allait comme bien au-delà de Beauvais, de sa cathédrale et de son aéroport. La voleuse s'était arrêtée sur le bord de la route et imaginait voir par-dessus toutes les frontières de l'Europe ; dans son regard était l'Oural et, derrière ses montagnes, toute la Sibérie. Aucun avion ne décollait là-bas maintenant mais un aigle de Sibérie, un aigle pêcheur, ses gigantesques ailes dépassant toutes les envergures. En s'approchant, l'oiseau redevint un avion, minuscule cependant, deux sièges seulement, et, seul dans son appareil, le pilote là-haut avait un oeil sur elle, exclusivement sur elle qui se tenait en bas et gardait les yeux rivés sur son appareil : il battit des ailes, un coup à gauche, un coup à droite, lui fit signe.

Auteur: Handke Peter

Info: "La voleuse de fruits, ou Aller simple à l'intérieur du pays" - éd. Gallimard - trad. par Pierre Deshusses

[ mouvements ] [ horizons dépassés ] [ métamorphose ] [ communication ] [ géographies ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Benslama

matérialisme

Beaucoup de gens ne savent pas ce qu'ils cherchent. La plupart des gens traversent la vie comme des somnambules. Ils veulent posséder, gagner de l'argent, consommer sans cesse. Les gens sont tellement grisés par l'accessoire qu'ils en oublient l'essentiel. Ils veulent une nouvelle voiture, une plus grande maison, des vêtements plus chic. Ils veulent perdre du poids, retrouver leur jeunesse, et rêvent d'impressionner les autres. Il respira profondément, pour retrouver son souffle, et regarda son fils.
- Sais-tu pourquoi ?
- Non, pourquoi ?
- Parce qu'ils ont faim d'amour (de sentiments, de tendresse). Ils ont faim d'amour et ne le trouvent pas. C'est pour cela qu'ils se tournent vers l'accessoire. Les voitures, les maisons, les vêtements, les bijoux... toutes ces choses ne sont que des dérivatifs. Ils manquent d'amour et cherchent des substituts. Mais ça ne marche pas. L'argent, le pouvoir, la possession... Rien ne remplace l'amour. C'est pourquoi, lorsqu'ils achètent une voiture, une maison, un vêtement, leur satisfaction est éphémère. Et à peine les ont-ils achetés qu'ils cherchent déjà une nouvelle voiture, une nouvelle maison, un nouveau vêtement. Aucune de ces choses ne procure une satisfaction durable parce qu'aucune d'elles n'est vraiment importante. Ils se démènent tous pour s'approprier quelque chose qui se dérobe. Quand ils achètent ce qu'ils désirent, ils sentent en eux un vide. C'est parce qu'ils désiraient autre chose que ce qu'ils ont acheté. Ils veulent de l'amour, pas des objets. Ceux-ci ne sont que des ersatz, des accessoires qui masquent l'essentiel.

Auteur: Rodrigues dos Santos José

Info: La formule de Dieu, p.545,546

[ cul-de-sac ]

 

Commentaires: 0

épave

Ici, dans la forêt, je me trouve enfin à la place qui me convient. Je n’en veux plus aux fabricants d’autos, ils ont depuis longtemps perdu tout intérêt. Mais comme ils m’ont torturée avec des choses qui me répugnaient ! je n’avais que cette petite vie et ils ne m’ont pas laissé vivre en paix. Maintenant que les hommes n’existent plus, les conduites de gaz, les centrales électriques et les oléoducs montrent leur vrai visage lamentable. On en avait fait des dieux au lieu de s’en servir comme objets d’usage. Moi aussi je possède un objet de ce genre au milieu de la forêt : la Mercedes noire de Hugo. Quand nous sommes arrivés avec, elle était presque neuve. Aujourd’hui, recouverte d’herbe, elle sert de nids aux souris et aux oiseaux. Quand la clématite fleurit au mois de juin, elle devient très belle et se met à ressembler à un gigantesque bouquet de mariée. Elle est belle aussi en hiver lorsqu’elle est brillante de givre ou se couronne d’une coiffe blanche. Au printemps et à l’automne, je distingue entre les tiges brunes le jaune passé de ses coussins jonchés de feuilles de hêtre, mêlées à des petits morceaux de caoutchouc mousse et de crin, arraché et déchiqueté par des dents minuscules. La Mercedes d’Hugo est devenue un foyer confortable, chaud et abrité du vent. On devrait placer des voitures dans les forêts, elles font de bons nichoirs. Sur les routes, à travers tout le pays, il doit y en avoir des milliers recouvertes de lierre, d’orties et de buissons. Mais celle-là sont entièrement vide et sans habitants.

Auteur: Haushofer Marlen

Info: Le Mur invisible, p. 258

[ automobile ] [ nature ]

 

Commentaires: 0

gouvernement

Le luxe est un besoin des grands états et des grandes civilisations. Cependant il y a des heures où il ne faut pas que le peuple le voie. Mais qu'est-ce qu'un luxe qu'on ne voit pas ? Problème. Une magnificence dans l'ombre, une profusion dans l'obscurité, un faste qui ne se montre pas, une splendeur qui ne fait mal aux yeux à personne. Cela est-il possible ? Il faut y songer pourtant. Quand on montre le luxe au peuple dans des jours de disette et de détresse, son esprit, qui est un esprit d'enfant, franchit tout de suite une foule de degrés ; il ne se dit pas que ce luxe le fait vivre, que ce luxe lui est utile, que ce luxe lui est nécessaire. Il se dit qu'il souffre, et que voilà des gens qui jouissent. Il se demande pourquoi tout cela n'est pas à lui. Il examine toutes ces choses non avec sa pauvreté qui a besoin de travail et par conséquent besoin des riches, mais avec son envie. Ne croyez pas qu'il conclura de là : Eh bien ! Cela va me donner des semaines de salaire, et de bonnes journées. Non, il veut, lui aussi, non le travail, non le salaire, mais du loisir, du plaisir, des voitures, des chevaux, des laquais, des duchesses. Ce n'est pas du pain qu'il veut, c'est du luxe. Il étend la main en frémissant vers toutes ces réalités resplendissantes qui ne seraient plus que des ombres s'il y touchait. Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques-uns, la nuit se fait, il n'y a plus rien.

Auteur: Hugo Victor

Info: Choses vues, Histoire, Robert Laffont, Bouquins 1987 <p.718-719>

 

Commentaires: 0