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déclaration d'amour

Baden, 1er septembre 1834
Voila huit jours que je suis parti et je ne t'ai pas encore écrit. J'attendais un moment de calme, il n'y en a plus. Je voulais t'écrire doucement, tranquillement par une belle matinée, te remercier de l'adieu que tu m'as envoyé, il est si bon, si triste, si doux : ma chère âme, tu as un coeur d'ange. Je voudrais te parler seulement de mon amour, ah ! Georges, quel amour ! Jamais homme n'a aimé comme je t'aime. Je suis perdu, vois-tu, je suis noyé, inondé d'amour; je ne sais plus si je vis, si je mange, si je marche, si je respire, si je parle ; je sais que je t'aime. Ah! Si tu as eu toute ta vie une soif de bonheur inextinguible, si c'est un bonheur d'être aimé, si tu ne l'as jamais demandé au ciel, oh ! toi, ma vie, mon bien, ma bien-aimée, regarde le soleil, les fleurs, la verdure, le monde ! tu es aimée, dis-toi, cela autant que Dieu peut être aimé par ses lévites, par ses amants, par ses martyrs ! Je t'aime, Ô ma chair et mon sang ! Je meurs d'amour, d'un amour sans fin, sans nom, insensé, désespéré, perdu ! Tu es aimée, adorée, idolâtrée jusqu'à en mourir ! Et non, je ne guérirai pas. Et non, je n'essaierai pas de vivre ; et j'aime mieux cela, et mourir en t'aimant vaut mieux que de vivre. Je me soucie bien de ce qu'ils en diront. Ils disent que tu as un autre amant. Je le sais bien, j'en meurs, mais j'aime, j'aime, j'aime. Qu'ils m'empêchent d'aimer !

Auteur: Musset Alfred de

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[ éloignement ]

 

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fable

Un jour, un jeune homme vint voir un sage et lui demanda : "Maître, que dois-je faire pour devenir sage ?" Le sage ne répondit pas. Le jeune homme, après avoir répété sa question plusieurs fois, avec un résultat similaire, le quitta enfin, pour revenir le lendemain avec la même question. Une fois de plus, aucune réponse ne fut donnée et le jeune revint le troisième jour, répétant encore sa question : " Maître, que dois-je faire pour devenir sage ?" Finalement, le sage se retourna et descendit vers une rivière voisine. Il entra dans l'eau et demanda que le jeune le suive. Arrivé à une profondeur suffisante, le sage prit le jeune homme par les épaules et le maintint sous l'eau, malgré les efforts de ce dernier pour se libérer. Enfin, il le relâcha et lorsque le jeune homme eut repris son souffle, le sage l'interrogea : "Mon fils, quand tu étais sous l'eau, que désirais-tu le plus ?" "Le jeune répondit sans hésiter : "De l'air, de l'air ! Je voulais de l'air !" "N'aurais-tu pas préféré avoir des richesses, du plaisir, du pouvoir ou de l'amour, mon fils ? N'as-tu pas pensé à tout cela ?" demanda le sage. "Non, sire ! Je voulais de l'air et je ne pensais qu'à l'air", répondit-il instantanément. "Alors, dit le sage, pour devenir sage, tu dois désirer la sagesse avec autant d'intensité que l'air que tu recherchais tant. Il faut lutter pour l'obtenir, à l'exclusion de tout autre but dans la vie. Elle doit être ta seule et unique aspiration, de jour comme de nuit. Si tu cherches la sagesse avec cette ferveur, mon fils, tu deviendras forcément sage".

Auteur: Heindel Max Carl Louis von Grasshoff

Info: La cosmo-conception rosicrucienne, ou, le christianisme mystique : un traité élémentaire sur l'évolution passée de l'homme, sa constitution actuelle et son développement futur

[ disciple ] [ leçon ] [ gourou ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

extraterrestres

Un point de vue fixe est une limitation.
Mais notre imagination a besoin de clarté, de netteté. D'une image précise.
Ainsi des OVNIS : il y a chez l'humain ce besoin d'identifier, de comprendre, de voir et détailler afin d'intégrer un phénomène dans son système, déjà bien montré par ce besoin naturel de se raccrocher à quelque chose, (les standards SF comme la soucoupe ou le cigare par exemple).
Ce qui est assez stupide, à y réfléchir. Car l'alien est peut-être, visuellement pour nous, une vague et fugace brume. Ou une entité qui se déplace si lentement qu'elle présente les caractéristiques d'un massif de montagnes. Alors que les humains, médias de masse surtout, qui se doivent d'être fédérateurs et donc stupides, veulent à tout prix un machin qui soit bien dans la focale, discernable, à leur niveau. Une focale tout à fait relative, puisque elle n'est que celle de l'être humain d'une époque donnée... Un humain éventuellement si corrompu par ses propres stimuli (TV, Internet, compétitions, etc...) qu'il a perdu quelques aptitudes à certaines perceptions subtiles. Un peu comme s'il s'était petit à petit aveuglé lui-même en s'enfermant dans son univers égocentré de consumériste débile et clinquant de dominateur de l'univers.
Bref, au lieu de se rapprocher d'une réalité subtile, il s'en éloignerait. Régression.
Mais je désaxe le propos. Je voulais juste évoquer cette propension, lorsqu'il s'agit appréhender un phénomène non connu, non répertorié et basiquement non reconnaissable, à aller se perdre dans les théories hautement spéculatives (mais très intéressantes) genre Vallée ou Guillemant. Théories qui, grand défaut selon moi, veulent conclure en présentant un système qui unifierait tout.
Cool les gars, certes... Mais pourquoi être si pressé ? Ça se déguste les découvertes. Celles sur nos limites ou nos défauts par exemple.

Auteur: Mg

Info: 2 janv. 2015

[ quête ] [ parapsychologie ]

 

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judaïsme

C'est après son expérience hollandaise que, selon plusieurs témoins, Henriette Hoffmann/von Schirach eut cet échange avec Hitler. Il y avait donc une brochette d'invités au Berghof. Le dialogue suivant s'engage (si l'on croit Henriette car ce fut une conversation particulière parmi d'autres, à voix relativement basse, du moins au début). Hitler : - Vous arrivez de Hollande ?
- Oui, c'est pour cela que je suis là, je voulais vous parler, j'ai vu des choses effrayantes, je ne peux pas croire que ce soit vous qui les ayez ordonnées... !
- C'est la guerre.
- Mais c'étaient des femmes, j'ai vu comme une troupe de femmes, j'ai vu comme elles étaient poussées, pauvres, sans secours, envoyées vers un camp. Je ne croyais pas qu'elles allaient revenir, on leur avait pris tous leurs biens, leurs familles n'existent plus...
- Vous êtes sentimentale, Frau von Schirach. Qu'avez-vous à faire des femmes juives ?
Alors tous deux se lèvent et Hitler se met à crier puis il s'explique de manière très franche, et, surtout, très rare, lui qui ne parle jamais du meurtre des Juifs, encore moins devant une dame, il forme de ses mains deux coupes, expliquant que le sang de 10000 Allemands coule chaque jour et qu'il faut rétablir un "équilibre". Symbole lumineux : les mains du Führer forment un Graal qui recueille le sang allemand mais aussi un contre-Graal de même dimension rempli du sang impur pour équilibrer l'autre. Il ajoute qu'elle doit "apprendre à haïr", comme lui l'a fait. Elle réplique, citant l'Iphigénie de Goethe : "Je ne suis pas là pour partager la haine (mithassen) mais l'amour (mitlieben)." Henriette et son mari quittèrent l'endroit plus vite que prévu et craignirent des représailles, qui ne vinrent pas. Ce fut la dernière entrevue entre Tonton Wolf et sa chère Henriette.

Auteur: Internet

Info: http://www.delpla.org/article.php3?id_article=294

 

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femmes-hommes

Kin-lièn se leva et rapporta bientôt dans un grand vase le vin qu'elle avait fait chauffer ; puis, demandant à son beau-frère s'il n'était pas trop légèrement vêtu pour la température, elle passa les doigts sur ses épaules et sur tout son corps comme pour s'en assurer. La chasteté de Wou-song souffrait beaucoup ; il paraissait triste et ne répondait rien. Alors Kin-lièn, relevant les manches de sa robe, saisit quelque menu bois et se prit à dire : " Mon beau-frère, vous ne savez pas faire le feu. Je vais m'en charger pour vous... " Wou-song était décontenancé ; il gardait le silence. Kin-lièn s'abandonne à sa passion, qui était ardente comme la flamme. Elle ne voit pas l'embarras de Wou-song ; elle verse encore une tasse, y trempe ses lèvres ; puis, avec ce regard expressif, particulier aux femmes libertines : " Si vous savez aimer, lui dit-elle, vous achèverez ceci. " Wou-song étend la main et prend la tasse, mais c'est pour la renverser par terre et s'écrier : " Ma belle-soeur, vous foulez aux pieds toutes les bienséances. " Puis, il la repousse ; et, la regardant d'un oeil sévère, il continue : " Votre beau-frère est un homme qui a des cheveux sur la tête et des dents dans la bouche ; mais il est si grand, si grand qu'il touche à la voûte du ciel. Il n'appartient pas à la race des chiens et des porcs, qui sont dépourvus de raison et ne connaissent ni la justice, ni la pudeur. Ma belle-soeur, gardez-vous d'agir de la sorte. Autrement, quoique mes yeux reconnussent toujours qui vous êtes, mes poings pourraient bien l'oublier. " A ces paroles, Kin-lièn devint rouge jusque dans le blanc des yeux. " Je voulais plaisanter, dit-elle, vous interprétez mal les choses et vous calomniez les intentions. " Elle se leva, prit le plateau et descendit dans la cuisine.

Auteur: Luo Guan zhong

Info: Au bord de l'eau, tome 2, chapitres 47 à 92

[ séduction ] [ adultère ] [ refus ] [ littérature ]

 

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dépaysement

Et je vis là un des plus grands mystères de la nature humaine : dans un bouquet d'arbres, près du petit temple, une femme se tenait debout, le visage exalté. Elle étreignait une statue de pierre cunéiforme. Elle priait, quel dieu je l'ignorais alors. Je compris que j'assistais à un très grand mystère. Je ne dérangeai pas cette femme, cette femme ceinte d'un obi - la ceinture japonaise - en forme de papillon, chaussée de petits bancs de bois, et le visage resplendissant d'une beauté qui m'était incompréhensible. Et je pensai alors qu'il me faudrait raconter dans un récit comment le Japon avait entraîné, attiré, noyé, dissous l'étranger, comme aurait pu le faire un marécage, comme aurait pu le faire un sylvain ou quelque être de ce genre : de tout mon coeur je voulais pénétrer l'âme japonaise, son quotidien et son époque ; j'avais devant mes yeux le fantastique de ce quotidien, de la vie courante, des gens, et je ne comprenais rien, ne pouvais ni comprendre ni interpréter quoi que ce fût ; et je sentais que ce pays qui m'était inaccessible m'engloutissait comme un marécage, soit qu'il renfermât en effet de grands secrets, soit que je fusse en train d'enfoncer des portes ouverts que la police gardait précisément parce qu'elles n'ouvraient sur rien. Le thème auquel se sont confrontés les écrivains qui sont allés au Japon, celui de la non-fusion de l'âme de l'Orient avec celle de l'Occident, de l'homme occidental happé, englouti, déformé par l'Orient, atteint du mal qu'on pourrait nommer febris orientis, et néanmoins, plus tard, rejeté par l'Orient, ce thème se présentait maintenant également à moi.
Par la suite, après cette aube dont j'ai parlé, il y eut encore des jours dans le soleil, dans le vent, au sein de la terre fleurissante, à se promener dans les montagnes et à fuir devant la police.

Auteur: Pilniak Boris

Info: Racines du Soleil Japonais

[ Asie ]

 

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authenticité

Je n'ai pas l'intention de raconter les diverses aventures qui nous arrivèrent, à moi et à mon fils, ensemble et séparément, avant notre arrivée dans le pays de Molloy. Ce serait fastidieux. Mais ce n'est pas là ce qui m'arrête. Tout est fastidieux, dans ce récit qu'on m'impose. Mais je le mènerai à mon gré, jusqu'à un certain point. Et s'il n'a pas l'heur de plaire, au commanditaire, s'il y trouve des passages désobligeants pour lui ou pour ses associés, tant pis pour nous tous, pour eux tous, car il n'y a plus de pis pour moi. C'est-à-dire que pour m'en faire une idée il me faudrait plus d'imagination que je n'en ai. Et cependant j'en ai plus qu'autrefois. Et ce triste travail de clerc qui n'est pas de mon ressort, je m'y soumets pour des raisons qui ne sont pas celles qu'on pourrait croire. J'obéis encore aux ordres, si l'on veut, mais ce n'est plus la crainte qui m'inspire. Si, j'ai toujours peur, mais c'est plutôt là un effet de l'habitude. Et la voix que j'écoute, je n'ai pas eu besoin de Gaber pour me la transmettre. Car elle est en moi et elle m'exhorte à être jusqu'au bout ce fidèle serviteur que j'ai toujours été, d'une cause qui n'est pas la mienne, et de remplir patiemment mon rôle jusque dans ses dernières amertumes et extrémités, comme je voulais, du temps de mon vouloir, que les autres fissent. Et cela dans la haine de mon maître et le mépris de ses desseins. Comme vous voyez, c'est une voix assez ambiguë et qui n'est pas toujours facile à suivre, dans ses raisonnements et décrets. Mais je la suis néanmoins, plus ou moins, je la suis en ce sens, que je la comprends, et en ce sens, que je lui obéis. Et les voix sont rares je crois dont on puisse en dire autant.

Auteur: Beckett Samuel

Info: In "Molloy", éd. de Minuit, p. 178-179

[ écriture ] [ fidélité ] [ motivation ] [ source ] [ témoignage ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

sortie astrale

Il y a une méthode qui a souvent fonctionné pour moi et à laquelle il est souvent fait mention pour atteindre l'état vibratoire préalable à la sortie hors du corps : ça consiste à se réveiller de son sommeil nocturne d'attendre au moins 30 minutes voire plus puis de se recoucher avec l'intention d'une s.h.c.
Par exemple aujourd'hui je me suis réveillé vers 6 h du mat, j'ai fait quelques exercices physiques, j'ai ensuite déjeuné puis je suis parti me recoucher environ 2 heures après avec la ferme intention de sortir. Je n'ai pas fermé les yeux de suite mais j'ai simplement laissé vagabonder mon esprit en demeurant conscient, spectateur. Petit à petit j'ai glissé dans le sommeil puis je me suis réveillé à nouveau en état vibratoire (des vagues électriques et bruyantes qui parcourent mon corps), j'ai compris que c'était le moment. Comme à ce moment j'arrivais facilement à visualiser ce que je voulais comme dans un rêve lucide, j'ai imaginé que je faisais du skate dans un skate-parc pour pouvoir m'élancer avec un tremplin et sortir réellement du corps (volonté de sortir + élan du corps éthérique = sortie). Je me suis ensuite promené sur le plan terrestre (intrigue et course poursuite dans une cage d'escalier, flottement sur la cime d'un arbre gigantesque, plongeon dans l'océan, ballade dans les airs...)
Bon alors ce que j'en pense :
Quand on arrive à sortir de son corps de manière volontaire, que l'état vibratoire est atteint par soi-même alors on profite de la totalité de sa conscience lors de la sortie.
Si l'état vibratoire est atteint sans en être conscient alors on n'est que partiellement conscient de soi pendant les "promenades", et ce qu'on perçoit reflète moins la réalité, c'est plus ou moins déformé.
Parfois aussi je réintègre mon corps physique (à cause d'une peur ou autre) et je repars aussitôt pour une autre aventure, même si je bouge mes membres ; c'est à dire que tant que je sens les vibrations et que je suis "décollé" intérieurement de mon corps physique je peux repartir. Finalement je reprends place dans mon véhicule comme un vrai fantôme (lol) et j'aime bien cette sensation, celle d'un drap qui se pose sur la peau juste par effet de la pesanteur, ralenti par l'air sous lui.

Auteur: Internet

Info: Aimé Brozami sur le groupe FB "Voyage Astral Expériences" 11 mai 2020

[ mode d’emploi ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

secondéités sémantiques

"Je ne sais pas ce que je dis".

Je ne sais pas quoi ?

Je ne sais pas que ce que je dis est un signifiant et comme tel ne s’adresse pas au parlant, mais à un autre signifiant.

Il s’adresse à l’Autre.

Je parle, j’émets des sons, je construis des sens, mais le dit, lui, m’échappe.

Il m’échappe parce qu’il n’est pas du pouvoir du sujet de savoir avec quel autre dit, ce dit va se lier.

"Le signifiant s’adresse à l’Autre" veut dire qu’il va se lier à un autre signifiant, ailleurs, à côté, après...

Donc, je ne sais pas quoi ?

L’effet de ma parole sur vous, sur l’Autre.

Et de ne pas savoir ce que je dis, je dis plus que je ne voudrais.

En un mot, je ne sais pas ce que je dis parce que mon dit va ailleurs :

– à mon insu, il s’adresse à l’Autre,

– et à mon insu aussi, il me vient de l’Autre.

Il vient de l’Autre et il s’adresse à l’Autre, il part de l’Autre.

Il existe encore une raison à ce "Je ne sais pas ce que je dis", c’est que le sujet qui énonce son dit... j’insiste : "le sujet qui énonce..." n’est pas le même lorsque le message, ou dit, peut lui revenir.

Nous ne sommes plus le même parce que dans l’acte de dire, je change.

L’expression "sujet effet du signifiant" veut dire justement que le sujet change avec l’acte de dire (...)

En somme vous avez :

– d’une part le sujet fixé, suspendu à un signifiant, celui de son acte de dire,

– d’autre part les signifiants se succédant l’un derrière l’autre, le sujet, en fait, n’est nulle part.

Je répète, car c’est la conclusion à laquelle je voulais aboutir : le sujet est dans l’acte, son acte d’énoncer le dit, mais étant donné que celui-ci vient de l’Autre et s’adresse à l’Autre, que tout se passe entre des dits, le sujet reste suspendu, perdu, effacé dans l'ensemble ouvert des signifiants enchaînés :

– nous sommes le sujet de l’acte et avec cet acte, cependant nous disparaissons.

– nous sommes le sujet de l’acte et nous ne sommes pas.

Voilà ce qu’on pourrait appeler l’antinomie du sujet.

Auteur: Nasio Juan David

Info: intervention au Séminaire de Lacan du 15 mai 1979

[ éphémères ] [ perdues ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

scène de ménage

La veille du départ de Diderot pour la Russie, j'allai recevoir ses adieux. Il accourut, me mena dans son cabinet, les larmes aux yeux. Là, d'une voix étouffée par les sanglots, il me dit : " Vous voyez un homme au désespoir! Je viens de subir la scène la plus cruelle pour un père et pour un époux. Ma femme... Ma fille... Ah! Comment me séparer d'elles après avoir vu leur douleur déchirante ! Nous étions à table, moi entre elles deux : point d'étrangers, comme vous pensez bien. Je voulais leur donner et ne donner qu'à elles ces derniers moments. Quel dîner, quel spectacle de désolation ! Jamais ou ne verra rien de pareil dans l'intérieur du foyer domestique. Nous ne pouvions ni parler ni manger : notre désespoir nous suffoquait. Ah! mon ami, qu'il est doux d'être aimé par des êtres si tendres, mais qu'il est affreux de les quitter! Non, je n'aurai point cet abominable courage. Qu'est-ce que les cajoleries de la grandeur auprès des épanchements de la nature? Je reste, j'y suis décidé; je n'abandonnerai pas ma femme et ma fille ; je ne serai pas leur bourreau : car, mon ami, voyez-vous bien, mon départ leur donnerait la mort. " Et le philosophe me couvrait de ses larmes, qui commençaient à m'attendrir, lorsque nous vîmes entrer Mme Diderot, et la scène changea.
Il me semble encore qu'elle est là sous mes yeux, cette femme impayable, avec son petit bonnet, sa robe à plis, sa figure bourgeoise, ses poings sur les côtés et sa voix criarde : - " Eh bien ! Eh bien ! Monsieur Diderot, s'écria-t-elle, que faites-vous là ? Vous perdez votre temps à conter des balivernes, et vos paquets vous les oubliez. Rien ne sera prêt pour demain. Vous devez pourtant partir de grand matin ; mais bon ! Vous êtes toujours occupé à faire des phrases éternelles, et les affaires deviennent ce qu'elles peuvent. Voilà ce que c'est aussi que d'être allé dîner dehors, au lieu de rester en famille. Vous aviez tant promis de n'en rien faire ! mais tout le monde vous possède, excepté nous. Ah ! quel homme! Quel homme ! " Cette petite tempête de ménage survenue à propos pour éteindre le feu d'artifice tiré par mon cher ami, excita en moi une hilarité difficile à décrire. J'ignore comment se termina la fête, car je m'enfuis sans attendre le bouquet.
Le lendemain j'appris, sans étonnement, que l'infortuné avait quitté Paris avec une héroïque résignation et que la famille ne s'était jamais mieux portée.

Auteur: Devaines Jean

Info:

[ femmes-hommes ] [ séparation ] [ départ ] [ anecdote ]

 

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