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délaissement égotique

Refusant l’obéissance à la règle et aux lois de Dieu et de l’Église, ils [les Frères du Libre Esprit] trahissent la mission la plus élevée de l’existence humaine, celle-là même pour laquelle Dieu l’a créée : ils refusent à Dieu la possibilité d’expérimenter la finitude et la relativité, et ce refus est véritablement satanique : ils rejettent la finitude et la limite que Dieu a voulues comme l’ordre même de l’existence créée. Ils croient ainsi les dépasser : illusion et tromperie qui se trompe elle-même [...]. Concluons donc que le seul dépassement possible de la finitude, pour l’être créé, c’est son acceptation. 

[...]

La solution libertaire est une impasse, puisqu’elle soumet la créature à la dictature de ses désirs, et une contradiction puisqu’elle nie la réalité relative de cette créature. Au contraire, la désappropriation de la volonté [...] réalise la liberté de la volonté et accomplit la raison d’être de l’état de créature, la justifie d’être ce qu’elle est, puisqu’elle devient alors le lieu sans lequel Dieu ne peut opérer. [...]

Ainsi, tout véritable ami de Dieu est appelé, à l’imitation de Jésus-Christ, à offrir son humanité pour qu’elle devienne le lieu de l’opération divine. C’est là le secret de l’homme déifié et l’enseignement le plus profond de la Theologia teutsch

[...]

Voilà ce que l’Anonyme Francfortois entend nous rappeler. Il nous enseigne que le oui est plus profondément libérateur que le non, que le consentement à la limite est plus grand et vient de plus haut que la révolte contre la règle et le refus de la finitude. Car d’où peut surgir, en effet, la puissance de ce consentement, sinon de l’Infini ? Seul le Plus "peut" le moins. Briser les formes, c’est perdre l’essence ; s’y soumettre est œuvre d’amour.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 175 à 179

[ réceptivité ] [ sophisme de la liberté ] [ réfutation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

réalisation métaphysique

Il est des ignorants qui s’imaginent qu’on "s’initie" soi-même, ce qui est en quelque sorte une contradiction dans les termes ; oubliant, s’ils l’ont jamais su, que le mot initium signifie "entrée" ou "commencement", ils confondent le fait même de l’initiation, entendue au sens strictement étymologique, avec le travail à accomplir ultérieurement pour que cette initiation, de virtuelle qu’elle a été tout d’abord, devienne plus ou moins pleinement effective. L’initiation, ainsi comprise, est ce que toutes les traditions s’accordent à désigner comme la "seconde naissance" ; comment un être pourrait-il bien agir par luimême avant d’être né ? Nous savons bien ce qu’on pourra objecter à cela : si l’être est vraiment "qualifié", il porte déjà en lui les possibilités qu’il s’agit de développer ; pourquoi, s’il en est ainsi, ne pourrait-il pas les réaliser par son propre effort, sans aucune intervention extérieure ? C’est là, en effet, une chose qu’il est permis d’envisager théoriquement, à la condition de la concevoir comme le cas d’un homme "deux fois né" dès le premier moment de son existence individuelle ; mais, s’il n’y a pas à cela d’impossibilité de principe, il n’y en a pas moins une impossibilité de fait, en ce sens que cela est contraire à l’ordre établi pour notre monde, tout au moins dans ses conditions actuelles. Nous ne sommes pas à l’époque primordiale où tous les hommes possédaient normalement et spontanément un état qui est aujourd’hui attaché à un haut degré d’initiation ; et d’ailleurs, à vrai dire, le mot même d’initiation, dans une telle époque, ne pouvait avoir aucun sens. Nous sommes dans le Kali-Yuga, c’est-à-dire dans un temps où la connaissance spirituelle est devenue cachée, et où quelques-uns seulement peuvent encore l’atteindre, pourvu qu’ils se placent dans les conditions voulues pour l’obtenir ; or, une de ces conditions est précisément celle dont nous parlons, comme une autre condition est un effort dont les hommes des premiers âges n’avaient non plus nul besoin, puisque le développement spirituel s’accomplissait en eux tout aussi naturellement que le développement corporel.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 32

[ erreur ] [ âge d'or ] [ décadence ] [ progrès déspiritualisant ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

protestantisme

Dans les rapports de l’homme avec Dieu, rien de juridique. Tout est amour, un amour agissant et régénérateur, témoigne à la créature déchue par la Majesté redoutable. Un amour qui l’incline, non point à pardonner à l’homme ses péchés, mais à ne point les lui imputer. Tout pécheur qui, se reconnaissant comme tel, acceptant sur sa misère morale et sa souillure le témoignage d’une conscience sans complaisance, sent et atteste que Dieu, le seul juste, est pleinement en droit de le rejeter ; en langage luthérien, tout homme qui reçoit le don de la foi (car la foi pour Luther n’est pas la croyance ; c’est la reconnaissance par le pécheur de la justice de Dieu  ) — tout pécheur qui, se réfugiant ainsi au sein de la miséricorde divine, sent sa misère, la déteste, et proclame par contre sa confiance en Dieu : Dieu le regarde comme juste. Bien qu’il soit injuste ; plus exactement, bien qu’il soit à la fois juste et injuste : Revera peccatores, sed reputatione miserentis Dei justi ; ignoranter justi et scienter injusti ; peccatores in re, justi autem in spe  ... Justes en espérance ? par anticipation plus exactement. Car ici-bas, Dieu commence seulement l’œuvre de régénération, de vivification, de sanctification qui, à son terme, nous rendra justes, c’est-à-dire parfaits. Nous ne sommes pas encore les justifiés, mais ceux qui doivent être justifiés : non justificati, sed justificandi.

Donc les œuvres disparaissent. Toutes. Arbitramur justificari hominem per fidem, sine operibus legis [Car nous estimons que l'homme est justifié par la foi, sans les oeuvres de la loi] : Luther rencontrait dans l’Épître aux Romains (III, 28) la formule fameuse. Dès 1516, il repoussait avec force l’interprétation traditionnelle : opera legis, les pratiques extérieures. Erreur, s’écriait-il dans une lettre à Spalatin du 19 octobre 1516 ; et déjà, annonçant de futurs combats : "Sur ce point, sans hésitation, je me sépare radicalement d’Érasme". Opera legis, toutes les œuvres humaines, quelles qu’elles soient ; toutes méritent la réprobation de l’apôtre. Le salut ? Il nous vient de sentir en nous, toujours, le mal agissant et notre imperfection. Mais aussi, si nous avons la foi, de porter Dieu en nous. De sa seule présence naît l’espoir d’être justifié, de prendre rang parmi ces élus que, de toute éternité, il prédestine au salut, parce qu’il les aime assez pour les appeler à la vie éternelle. […]

Conception d’accent tout personnel. On voit de suite en quoi, et comment, elle pouvait procurer à Luther ce calme, cette paix que la doctrine traditionnelle de l’Église ne lui ménageait point. Ce mécontentement de lui-même qui ne l’abandonnait jamais ; ce sentiment aigu de la ténacité, de la virulence perpétuelle du péché qui persistait en lui à l’heure même où il aurait dû se sentir libéré et purifié ; cette conscience de ne jamais réaliser, même au prix des plus grands, des plus saints efforts, que des œuvres souillées de péché, d’égoïsme ou de convoitise ; tout ce qui faisait le désespoir, l’anxiété, le doute atroce de Luther — tout cela, il le concevait maintenant avec une force, une clarté indicibles : conditions voulues, par Dieu conditions normales et nécessaires du salut. Quel soulagement, et quelle résurrection !

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, pages 34-35

[ théologie ] [ bénéfices secondaires ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature russe

- Ce qui est intéressant quand on regarde les traductions de Dostoievski c'est de voir à quel point, moi y compris naturellement, à quel point chaque traducteur essaie de transmettre quelque chose qui est absolument invraisemblable en français. C'est à dire qu'il écrit en dépit de toutes les règles, Dostoîevski, et il fait ça en toute conscience. C'est à dire qu'il fait tout pour ne pas faire un roman français, disons. C'est idéologique, il dit que les français... - C'est pas Balzac... C'est à dire qu'il dit que les français écrivent comme des marquis et que nous les russes on écrit comme ça, c'est à dire avec une espèce de débordement de passion, de langue toujours en fusion, et sans aucune norme autre à part celle qu'on crée là, sur le champ. La base c'est que c'est pas écrit, c'est dit, c'est à dire que dans chaque roman, dans chaque nouvelle de Dostoîevski, c'est quelqu'un qui parle et c'est une voix, une langue qui s'exprime, qui a ses propres règles de syntaxe, de rythme, de souffle. Donc voilà c'est la première chose.

Après donc, ce que je dis, c'est cette maladresse qui est soulignée. En particulier le rôle, en particulier dans l'IDIOT, des répétitions...

- Donc des maladresses voulues

- Voulues, soulignées, revendiquées ! Mais une maladresse qui n'est pas du tout une maladresse, qui est simplement de dire "Je fais comme je veux"... Et aucune règle n'existe avant moi, c'est moi qui fait tout.

- Une maladresse qui est un peu une révolte, qui s'oppose

- Qui est une révolte non pas contre le roman russe, parce que c'est la tradition de Pouchkine, la tradition de Gogol. Pouchkine a fait ça le premier dans "La fille du capitaine" par exemple. Et Gogol naturellement l'a fait. Mais c'est une révolte contre la littérature occidentale. Et on a oublié la troisième clé pour comprendre Dostoîevski, qui est l'aspect poétique... C'est  à dire que ce que j'appelle l'aspect poétique c'est la structure, la façon dont ça marche. C'est par motifs... comment dire... Par exemple dans "L'idiot" le motif de base c'est l'épilespsie. Et l'épilepsie, comment il décrit l'épilepsie ? Il la décrit comme ça : il y a une espèce de longue période, comment dire, d'oppression, d'incubation, de trucs, pendant laquelle tout ce qui se passe c'est que tout le monde, dans le désordre, se colle littéralement à sa conscience. Et du coup, là encore, c'est une question de syntaxe et de respiration. C'est lourd. C'est dur.

- C'est fulgurant aussi, comme l'épilepsie

- Alors voilà, à un certain moment il y a une espèce de fulgurance, comme un coup de couteau, comme ce couteau dans "l'idiot". Et c'est l'éclair qui donne l'harmonie dont vous avez parlé. Et ça j'ai été très touché par ce que vous avez dit... 

(Anna Novac) - Je me demandais où il prenait le souffle pour abandonner un fou, un hystérique et entrer dans un autre fou hystérique. Parce que partiquement tous sont fous et hystériques, ce que Tolstoî lui reprochait tellement, et Tourgueniev. Parce que là il y a une sorte d'exhaltation qui dépasse la logique, la raison. Moi je peux me convaincre que je suis encore à peu près normale... Je commence à lire "Les frères Karamazov" pour me dire, "non, ça va encore, le monde tourne, je ne divague pas". Ce manque de règles, de discipline, cette espèce de sauvagerie démente. Et quand même je n'ai pas pu le laisser, toute en rage..

- C'est bon signe

- C'est un très bon signe 

- Il est toujours le premier lu au monde

- Mais bien sûr... ça irrite, ça agace... ça doit toujours.

Auteur: Markowicz André

Info: interview de Bernard Rapp in : trois clés pour lire Dostoïevsk dans : Jamais sans mon livre, FR 3, 27 1 1993

[ comparaison ] [ transposition ]

 

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Ajouté à la BD par miguel