On se connaît peu soi-même si l'on n'a jamais senti une excitation sur la peau en entrant dans la mer, puis le lent accord avec l'eau, si l'on ne sait pas ce que c'est qu'accepter de lui appartenir, et se laisser aller, en flottant. Notre corps découvre un monde quand il accepte de se confier sans peur au mouvement du ressac, quand nous contemplons le ciel étendu sur la mer et plongeons nos oreilles dans son ventre sonore, en acceptant de nous donner à elle avec une confiance filiale. Dans cet exercice, dans cette familiarité avec la grammaire de l'eau réside une sagesse ancienne, qui suggère la possibilité d'un temps autre. Sans l'infini de la mer, nous coulons à pic, entraînés dans le tourbillon de notre anthropomorphisme.
Auteur:
Info: La pensée méridienne
Commentaires: 0