Ce qui paralysait les Apaches, c'était la Hirano, cet innommable cloaque. Le canal, un affluent de la Néyagawa, conduisait dans la baie d'Osaka, et si la marée, au gré de ses fluctuations, imprimait quelque mouvement à proximité de la surface, en profondeur stagnait en fait un insondable entassement putréfié. Dans ce déversoir venaient s'engloutir les objets les plus divers, huiles de machines, urines, boites de conserve, tout un monde amorphe, déliquescent, effrité, en fin de putréfaction, un fouillis d'éléments imbriqués les uns dans les autres. Les pavés des berges étaient recouverts d'une eau qui n'avait plus apparence d'eau, mais plutôt de quelque indéfinissable soupe épaisse et gluante, d'acide délétère. Jusqu'à quelles profondeurs la corrosion a-t-elle pénétré ces pierres ? se demandait-on lorsque l'on se tenait sur un des bords.
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Info: L'opéra des gueux
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