Seulement, une fois que Johan eût franchi la porte et que les veilleuses du couloir furent éteintes, je fus pris par cette peur qu'on éprouve tout gamin lorsqu'on se retrouve face à un couloir affreusement noir, un couloir dont notre esprit a ôté murs et limites pour en faire un espace illimité de dangers et d'angoisses insurmontables. Un espace que l'on doit franchir coûte que coûte parce qu'on a oublié notre foutu jouet à l'autre bout. Un défi lancé à notre imagination. Sans parler du fait qu'on ne veut absolument pas paraître ridicule aux yeux des adultes qui nous attendent là, en bas, en train de blaguer à la lueur d'une ampoule 100 watts et à mille lieues d'imaginer l'épreuve que l'on s'inflige. Voilà où j'étais à ce moment-là. Face à mon couloir d'adulte.
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Info: Dormeurs
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