homme-animal

Comme effrayée par une sorte de vision effroyable, Pisicuţa s’arrêta soudain comme foudroyée, se mit à renâcler, à se cabrer et à reculer, montrant le désir de me faire tomber de son dos, et de me projeter bien loin, de me flanquer par terre…

C’est ainsi qu’à tort ou à raison, je soupçonnai que quelque bête sauvage, un loup ou un ours, venait juste de passer, qu’elle avait traversé le chemin et qu’elle avait laissé, derrière elle, un relent de son odeur dans l’air, que l’odorat de Pisicuţa, beaucoup plus sensible que le mien, avait reniflé et que, moins courageuse que moi, elle n’osait pas franchir. Une idée géniale me traversa l’esprit : je fourrai ma main dans l’une de mes besaces et j’en retirai vite ma serviette de toilette, longue comme un jour sans pain, dont l’odeur hétéroclite, j’en étais persuadé, allait vaincre et dominer victorieusement toutes les odeurs aigres et sauvages de tous les fauves de l’univers… ce n’est pas pour rien qu’elle était restée, aussi longtemps, à l’abri dans mes sacs de voyage, en étroit voisinage avec toutes sortes d’olives vieilles et flétries, avec l’ail et l’oignon aux relents puissants, qui formaient l’essentiel de mes victuailles pour le voyage, et avec une immense peau de mouton, dont on avait fait un bonnet pour le mauvais temps…

Auteur: Calistrat Hogaș

Info: PE DRUMURI DE MUNTE, traduction de Dolores Toma

 

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