Un mot sur la "libre-pensée", ou plus précisément sur l'obligation quasi morale qui est faite à tout homme de "penser par lui-même" : cette exigence n'est nullement conforme à la nature humaine, car l'homme normal et vertueux, en tant que membre d'une collectivité sociale et traditionnelle, se rend compte en général des limites de sa compétence. De deux choses l'une : ou bien l'homme est exceptionnellement doué sur tel ou tel plan, et alors rien ne peut l'empêcher de penser d'une manière originale, ce qu'il fera d'ailleurs en accord avec la tradition - dans les mondes traditionnels qui seuls nous intéressent ici - précisément parce que son intelligence lui permet de saisir la nécessité de cet accord ; ou bien l'homme est d'intelligence moyenne ou médiocre, sur un plan quelconque ou d'une façon générale, et alors il s'en remettra aux jugements de ceux qui sont plus compétents que lui, et c'est là dans son cas la chose la plus intelligente à faire.
La manie de détacher l'individu de la hiérarchie intellectuelle, c'est-à-dire de l'individualiser intellectuellement, est une violation de sa nature et équivaut pratiquement à l'abolition de l'intelligence, et aussi des vertus sans lesquelles l'entendement réel ne saurait s'actualiser pleinement. On n'aboutit ainsi qu'à l'anarchie et à la codification de l'incapacité de penser.
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Info: Dans "La transfiguration de l'homme"
Commentaires: 3
miguel
31.07.2022
voui Bah moi oui, assez clairement... faudrait djà s'entendre sur la signification du mot. Peut-être qu'"ajustement grégaire" t'ira mieux bon-sens, objectif-subjectif
Coli Masson
20.07.2022
Tu sais bien qu'on emploie souvent le terme d'anarchie comme équivalent de désordre, sans entrer dans des considérations politiques ... Je ne vois pas vraiment de grégarisme ici.
miguel
20.07.2022
Il a une mauvaise idée du concept d'anarchie le pépère grégarisme ?