délivrance

Les dogmata ne sont pas des propositions, mais des représentations.
La portée de cette conception est considérable. Tout d’abord, découvrir que des évaluations implicites nous asservissent, c’est, du même coup, trouver la possibilité de notre libération. Achille souffre, non à cause de cet événement qu’est la mort de Patrocle, mais à cause de l’évaluation implicite selon laquelle cet événement est un grand malheur. Ce n’est pas seulement que le dogma asservit, mais que seul le dogma asservit. Nous avons trouvé le lieu unique du pouvoir.

Auteur: Jaffro Laurent

Info: Introduction au "Manuel" d'Epictète, éd. Flammarion, 1997, page 30

[ stoïcisme ] [ unité de la vertu ]

 

Commentaires: 6

Ajouté à la BD par Coli Masson

Commentaires

Benslama, karim.benslama@orange.fr
2020-05-21 15:42
L'exemple d'Achille et Patrole paraît très discutable (et donc intéressant ?) - depuis quand l'appréciation concernant la mort d'un ami est-elle affaire de dogme ???
(mais je suppose que cela est expliqué plus loin...)
Coli Masson, colimasson@live.fr
2020-05-21 16:57
Le mot dogme ici renvoie plutôt à ce qui relève du domaine des opinions et pensées (personnelles, collectives... la frontière n'est jamais nettement marquée car les domaines se superposent). L'idée ici n'est pas de contester le fait mais de prendre de la distance sur la représentation que l'on y associe.

Cela me fait un peu penser à cette réflexion de Lacan tirée de son séminaire sur les psychoses :

« Quand vous donnez une gifle à un enfant, eh bien ! ça se comprend, il pleure –sans que personne réfléchisse que ce n’est pas du tout obligé, qu’il pleure. Je me souviens du petit garçon qui, quand il recevait une gifle, demandait –C’est une caresse ou une claque ? »
Benslama, karim.benslama@orange.fr
2020-05-22 07:29
Je comprends qu'il ne s'agit pas des faits, mais de leur représentation (c'est pourquoi j'écrivais "l'appréciation de la mort d'un ami", et non "la mort d'un ami") -
Les hommes ont toujours cherché à modeler leur vécu pour qu'il soit supportable : c'est le but des religions, qui nous disent, par exemple, que les défunts sont dans un endroit où ils jouissent de bienfaits qui nous sont inconnus...
Pour ce qui est des gifles, je ne sais quelle est votre expérience à ce sujet, mais pour en avoir reçu un certain nombre dans mon enfance, je peux vous assurer que le plus souvent, je faisais nettement la différence entre gifle et caresse ! (après, on peut dire : "qui aime bien châtie bien", et voir dans ces châtiments des marques d'affection - loin de moi l'idée de nier la puissance des représentations)
Coli Masson, colimasson@live.fr
2020-05-22 15:23
Je crois que pour faire simple, on peut résumer le postulat de la manière suivante : le bien et le mal ne sont pas de l’ordre des objets extérieurs.

L'exemple est un peu trivial pour les gifles. Un enfant se prenant une gifle sait ce que cela signifie et il ne l'associe pas à la joie. Pour ce qui est de la douleur physique en elle-même, on connaît des cas où ce facteur devient tout à coup négligeable parce qu'un bénéfice secondaire de signification vient y pouvoir. On ne va pas citer d'exemples, il y en a assez.
Benslama, karim.benslama@orange.fr
2020-05-22 15:39
Désolé si mon commentaire a pu paraître polémique - après tout, on est moins là pour discuter des citations elles-mêmes, que de leur intégration dans la base, non ? (ça fait déjà du grain à moudre...)
:-)
(petite question : y a-t-il une limite au nombre de commentaires affichés ? - j'ai plusieurs fois constaté que les commentaires les plus anciens disparaissaient, comme pour cette citation : mon premier commentaire a disparu, et on ne comprend pas forcément votre réponse)
Coli Masson, colimasson@live.fr
2020-05-23 11:58
Pour ma part je vois toujours votre premier commentaire.

Et rien n'empêche de discuter sur le fond des citations en elles-mêmes puisque l'étiquetage et le classement dans la BD dépend des multiples compréhensions qu'elles suscitent.