Un thème majeur de ses analyses [à Carl Gustav Jung] est l’idée qu’au-delà du Christ, Dieu continue de s’incarner dans l’homme. Dans son commentaire de l’Apocalypse de Jean, Jung souligne "Depuis que Jean, le visionnaire de l’Apocalypse, fit pour la première fois (et peut-être inconsciemment) l’expérience vivante de ce conflit dans lequel mène directement le christianisme, l’humanité a dû porter ce fardeau : Dieu voulait devenir homme et le veut encore" [RJ, p.209 ; G.W. II, §739]. Pour Jung, un lien direct existe entre les visions de Jean et la pensée de Maître Eckhart : "Cette irruption qui le désoriente suscite en lui l’image de l’Enfant divin qui sera dans l’avenir un sauveur ; il est né d’une compagne divine dont l’image reflétée (l’anima) vit en chaque être masculin : c’est ce même enfant dont Maître Eckhart aura lui aussi plus tard la vision. C’est lui qui éprouve le besoin de naître dans l’âme de l’homme. L’incarnation en Christ est la préfiguration, qui doit être continuée progressivement par le Saint Esprit dans la créature" [ibid. p. 213]. Jung accorde une grande importance à la bulle pontificale Assumptio Mariae comme événement contemporain. Il affirme que "l’attention est attirée sur le hieros gamos dans le plérôme, et celui-ci à son tour signifie, comme nous l’avons vu, la naissance future de l’Enfant divin qui, en accord avec la tendance divine à l’incarnation, choisira l’homme banal (l’homme empirique) pour lieu de naissance. Ce processus métaphysique est connu en psychologie de l’inconscient sous le terme de processus d’individuation" [ibid. p. 234]. C’est en étant identifié à un processus continu d’incarnation de Dieu dans l’âme humaine que le processus d’individuation trouve sa signification ultime. Le 3 mai 1958, Jung écrit au révérend Morton Kesley : "La vraie histoire du monde semble être celle de la progressive incarnation de la divinité" [Correspondance V, 1958-1961, p.44].
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Info: Note de bas de page 390 dans le "Livre Rouge", trad. Béatrice Dunner, La Compagnie du Livre rouge, Paris, 2012
Commentaires: 3
miguel
18.10.2020
Vi... La bible fut le corpus auquel bcp d'esprits se sont confrontés.... C djà ça
Coli Masson
18.10.2020
Au-delà de ce qu'on sait sur les choses, il y a un rapport à l'histoire personnelle qui permet de comprendre certaines obsessions qui à d'autres sembleront sans doute absurdes. Bien des mystères chez Jung s'expliquent comme ça... ou peuvent...
miguel
18.10.2020
Ce qui ne cesse de me stupéfaire, c'est la capacité de crédulité qui peut exister par rapport à "ce qui est écrit"... Moi compris. Suffit de connaitre deux trois bricoles sur toutes les magouilles derrière la création de la Bible (entre autres) pour hurler de rire. C le paradoxe FLP, qui, pour s'en sortir un peu, tente de s'appuyer sur la logique formelle que les sens humains sont capables de formaliser... En ce sens l'écrit est bcp plus onirique que scientifique-rationnel. Mais qu'est-ce qui me prend ce matin ? me vla tout bavard ;-)