[...] mais admettons qu’on puisse parler, analogiquement, de perfection dans un sens relatif, pour un être quelconque : ce sera, pour cet être, la pleine réalisation de toutes ses possibilités. Or il suffit que ces possibilités soient indéfinies, à n’importe quel degré, pour que la perfection ainsi entendue ne puisse être atteinte "graduellement" et "progressivement", suivant les expressions d’Allan Kardec ; l’être qui aurait parcouru une à une, en mode successif, des possibilités particulières en nombre quelconque, n’en serait pas plus avancé pour cela. Une comparaison mathématique peut aider à comprendre ce que nous voulons dire : si l’on doit faire l’addition d’une indéfinité d’éléments, on n’y parviendra jamais en prenant ces éléments un à un ; la somme ne pourra s’obtenir que par une opération unique, qui est l’intégration, et ainsi il faut que tous les éléments soient pris simultanément : c’est là la réfutation de cette conception fausse, si répandue en Occident, selon laquelle on ne pourrait arriver à la synthèse que par l’analyse, alors que, au contraire, s’il s’agit d’une véritable synthèse, il est impossible d’y arriver de cette façon.
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Info: Dans "L'erreur spirite", Editions traditionnelles, 1952, page 292
Commentaires: 12
Coli Masson
01.07.2021
Tout dépend du contexte pour les deux premières lignes. On peut adopter un point de vue ou un autre selon l'horizon visé.
miguel
30.06.2021
Ok, je vois,,, Même si je ne suis pas d'accord avec les 2 premières lignes... cf Peirce... bref de quoi alimenter d'autres discuss à l'avenir
Coli Masson
30.06.2021
Tout d'abord je ne crois pas que les considérations sur la science vs. la spiritualité aient un quelconque intérêt ici, les mathématiques étant référés comme une forme de langage, donc un symbolisme qui permet d'exprimer ce que les mots de la langue littéraire ne permettent pas de transcrire. Ensuite, la "froideur" de Guénon est une impression subjective, donc difficile de postuler là dessus, ce n'est pas le plus important. Ensuite, je ne crois pas que l'être dont parle ici Guénon soit réductible à une individualité car il fait une hypothèse: "admettons que", pour ensuite montrer que c'est justement absurde. Après, Guénon utilise parfois le mot de "personnalité" pour désigner l'Être et le distinguer de la "manifestation" (la créature). C'est la différence de l'Unité à l'unité relative. Dans cet extrait, il évoque l'intuition intellectuelle, connaissance non discursive, intégrale et immédiate.