prospective FLP

Les listes furent parmi les premiers emplois, sinon le premier, quant à l'utilisation humaine de l'écriture comme outil communautaire. Elles avaient fonction d'inventaire, c'est à dire de faire un état des lieu des réserves dans un but de survie du groupe. C'est dire si ces signes alignés sur un mur de pierre avaient une réalité, une durabilité, en eux - signifiés avec signifiants en béton. Ces marques "pour mémoire" portaient donc une réelle valeur de conservation temporelle et ce qui était ainsi catégorisé, mis dans un rayonnage, l'était pour plusieurs jours au moins.

Il semble assez clair que les milliers d'années  de développement du langage, en partie "sur support externe", déployement dans le temps qu'on résumera par foisonnement-accélération, (c'est à dire la virtualisation d'un réel qui restera à tout jamais la roche-mère des signes et idiomes), ont accentué un décalage. Une déconnection pas assez soulignée à notre sens.

La réalité, priméité source (clin d'oeil à C.S. Peirce), déformée par cet emballement, se retrouve du coup "distancié", superficialisée. Avec pour défaut central une déformation du TEMPS sémantique dans sa valeur anthropique (il n'en a pas d'autre d'ailleurs, ah ah ah). C'est à dire que le fonctionnement biologique du primate humain reste beaucoup plus proche du réel sumérien, alors que son "réel projeté" actuellement par le langage (pour les images c'est pire) s'est accéléré/complexifié. 

L'idée sur laquelle nous voulons insister est celle d'une déconnexion entre mots/phrases consensuels acceptés et leurs valeurs réelles en terme de signification/classification - le temps des hommes s'écoulant. Nous considérons que les qualités sémantiques actuelles n'ont plus le poids et la durabilités qui étaient les leurs jadis, que ce soit il y a 200, 500, ou 5000 ans.

Faut-il tenter de l'expliquer mieux, pour que les gens acquiérent un certain recul ? Faut-il clarifier/consolider les dictionnaires, thésaurus et autres définitions sémantiques actuelles ? Nous n'en savons rien. 

Nous voulons juste pointer sur ceci : "il y a un déphasage, un manque de sagesse, à ne pas prendre en compte ce constat, à savoir que les significations des mots et des expressions, elles-mêmes issues d'habitudes de rangements avec base durable en arrière-plan, méritent qu'on se ré-attarde dessus". 

Il faut préciser et sans cesse repréciser leurs sens, dans leurs contextualisations bien sûr. Avec deux a priori : 

a) Une volonté de ralentir le plus possible la précipitation de la pensée, c'est à dire en réfrénant les pulsions "pousse-à-jouir" de nos organismes, que la clinquante pub capitaliste ne s'est pas gênée d'exploiter à mort, et les routines de langages inhérentes - qui pensent à notre place - et nous amènent à dégueuler des avis "sans réfléchir". 

b) Toute classification doit être considérée comme éphémère/transitoire, puisque toujours établie en fonction d'un objectif : se justifier, expliquer, définir, raconter, etc...

Poussant cette idée plus avant FLP s'imagine un développement permettant de présenter n'importe quel concept/extrait (ou une base de 2 ou plusieurs mots/termes ou autre) via une résentation planétoïde de ses tags/catégories. C'est à dire une sphère de corrélats (convexe ou concave, c'est à voir), qu'on pourra faire pivoter à loisir, à la surface de laquelle il sera également possible de déplacer et agencer chaque mot-corrélat en fonction des autres afin de modifier-orienter-préciser l'ordre des termes, ou les résultats, d'une recherche. Chacune de ces dispositions globulaire "catégorie-corrélats" pouvant aussi être mémorisée par l'utilisateur selon ses convenances, afin, par exemple, de la comparer avec d'autres extraits/écrits/concepts via leur présentations globulaires de corrélats... voire même avec certaines situations/contextualisations - imaginaires ou pas - pareillement bien fixées/précisées.

Ainsi sera-il peut-être possible de déceler certaines similitudes entre topologies sémantiques complexes (toujours via leurs dispositions planétoïdes) et ainsi débuter ce que nous nommerons "recueil atemporel comparé d'intrication sémantiques complexes." 

C'est ici que, peut-être, appaitrons des analogies entre langage et biologie... Ou autre.

Auteur: Mg

Info: début août 2021

[ statistiques linguistiques ] [ pré-mémétique ] [ réidentification ] [ tétravalence ] [ polygonation ]

 

Commentaires: 16

Ajouté à la BD par miguel

Commentaires

Benslama, karim.benslama@orange.fr
2021-08-12 04:30
lisant votre citation, je me disais que le langage (écrit ou parlé), dans cette phase d'accélération dont vous parlez, n'était peut-être plus le système le mieux adapté à la transmission de l'information - et que ce rôle revenait peut-être maintenant à l'image - votre projet de schémas "globulaires" m'apparaît alors comme un recours à l'image, qui maintient la primauté du langage - attendons de voir...
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-12 05:33
votre projet de schémas "globulaires" m'apparaît alors comme un recours à l'image, qui maintient la primauté du langage...
Je ne saisis pas très bien votre idée
Sinon bien sûr que FLP se fonde uniquement fondé sur le langage francophone et son alphabet, comme si toutes ses combinaisons possibles permettaient de coder le réel, de le transmuter en verbe. C'est déjà beaucoup, n'est qu'à penser des structurations/organisations numériques pour manipuler cette "pâte".
L'image "nous prend" et empêche de réfléchir, ça va trop vite. FLP reste dans la pensée de Peirce comme quoi pas de vraie réflexion sans langage articulé. Pour le reste je suis le premier à penser qu'existe peut-être une hiérarchie cosmique de la communication, au sein de laquelle nous serions quelque part au niveau des termites.
Gradation qui pourrait faire l'objet d'une chaîne FLP incitative, science-fictionnelle, où il serait demandé de penser à un échelon particulier du développement cosmiques des signes/signaux/échanges et de développer une courte narration pour l'imaginer. Par exemple, les OVNIS sont des signes, que nous sommes incapables de décrypter, mis en oeuvre par quelque civilisation avancée par le biais de "robots-miroirs de la vie terrestre" qui tentent de développer un système de communication après avoir décelé que les humains pourraient être une de cible de cet effort ;-) ;-)
Benslama, karim.benslama@orange.fr
2021-08-12 11:02
eh bien, vous semblez vouloir recourir à des schémas - et il me semble qu'un schéma, c'est déjà une image - non ?
(mais une image qui, dans l'usage que vous voulez en avoir, selon ce que je comprends, laissera au langage un rôle prééminent...)
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-13 01:22
OK... oui mais alors une image à très faible taux vibratoire ;-) si on se réfère aux fréquences de notre monde visuel mobile par comparaison aux organisations/codages sonores, langage, musique et mathématiques...
Pour aller dans votre sens je préciserai "polyèdres sémantiques" donc des images simples en terme visuel, mais peut-être l'émergence de "prismes en 3D", termes/situations mieux définis (plus fins/complexes) dans un but d'amélioration de la communication verbale. C'est évidemment un peu SF, dans la lignée de "A la recherche de Zoul" et bien sûr de la marotte flpienne.
Je pourrai développer plusieurs paragraphes ici... puisque une nuit assez insomniaque m'a permis de tournicoter autour de votre idée. Merci donc.
Coli Masson, colimasson@live.fr
2021-08-13 17:00
Image/schéma/parole... voir les quelques extraits récents d'Ellul dans "La parole humiliée" ? :)
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-14 04:07
possible que tes inputs récents m'aient poussé vers ça... si t'en trouve un significatif, envoie pliiiz
Benslama, karim.benslama@orange.fr
2021-08-14 05:30
moi, les OVNIs, ça ne me parle pas trop (ça fait longtemps que je ne lis plus trop, et ne vois plus trop, de SF) -
par contre, je pense que FLP, avec ses "polyèdres sémantiques", nous aidera bientôt à mieux appréhender le mystère des OSMIs (Objets Signifiants Mal Identifiés)
(à ne pas confondre avec les "osmies", abeilles solitaires !)
:-)
Benslama, karim.benslama@orange.fr
2021-08-14 05:31
(ya un roman de SF à écrire : "Osmies cosmiques" !...)
Coli Masson, colimasson@live.fr
2021-08-14 17:17
je pensais à cette citation d'Ellul sur l'image/schéma : https://filsdelapensee.ch/quote/487806
Benslama, karim.benslama@orange.fr
2021-08-14 17:39
oui, intéressante, la citation de Ellul... sauf que, si je la lis bien, c'est une dénonciation d'un régime visuel de la technique, qui serait "exclusif" du discursif - comme souvent, ce genre de théorisations mène à des oppositions qui n'ont pas lieu d'être (ce qui me rend, je l'avoue, plutôt méfiant - et assez grognon !)
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-15 05:02
Je ne vois pas d'opposition, c'est juste qu'il faut prendre en compte le tropisme cognitif en cause. Probable que le sens prioritaire (visuel chez l'humain, sonore chez le dauphin, olfactif pour bonne partie chez le chien, etc...) donne lieu au développements de représentations/schémas qui sont toujours, d'une manière ou d'une autre, classifiés ( par exemple c'est bien connu qu'un chien entrainé développe une incroyable bibliothèque olfactive). Ici on reparlera aussi je crois de polyèdres (multi paramètres par objet classifiés), et je pense du coup à l'incroyable souplesse de la tétravalence du carbone, mais stop. Ce qui fait la différence, en tout cas FLPwise, c'est que l'homme peut développer tout ça de manière externe, développer une intelligence hyper-collective trans-générations... rationaliser, etc... c'est là que ça devient intriguant. C'est un palier certes... Mais quoi : utile ? déconnectant du reste?, déïficateur, etc...
Coli Masson, colimasson@live.fr
2021-08-15 12:17
Faut pas être grognon... la pensée d'Ellul est un peu plus complexe qu'un simple extrait ne peut le laisser à penser (limites de la citation ?)

Il existe deux modes complémentaires d'appréhension du monde dans l'immédiateté (image) et la discursivité (pensée, parole) qui s'équilibrent normalement bien. Seul bémol : dans le monde de l'audiovisuel, les images dépassent largement la capacité d'assimilation et entraînent une atrophie de la pensée discursive. On peut imaginer que FLP oeuvre pour faire pencher la balance du côté davantage discursif, d'autant plus que nous ne sommes pas ici ensevelis par des images...
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-15 13:37
Bien dit Colinette
Benslama, karim.benslama@orange.fr
2021-08-15 13:52
bah oui, mais, sans vouloir me poser en tenant du "tout-inclusif", pourquoi utiliser le terme : "exclusif" ? (je cite : "La technique est exclusive du discours.") - autant utiliser (c'est là, je crois, un des enjeux d'une pensée discursive, telle qu'elle est défendu par flp) les mots selon leur sens, et le sens du mot "exclusif" me paraît clair - je suis d'accord sur la présentation en "modes complémentaires", mais pas sur le terme "exclusif" : même en ce qui concerne le "monde de l'audiovisuel", je ne considère pas qu'il y ait "exclusion du discours", et pas plus en ce qui concerne le monde de la technique (je veux bien considérer que la pensée d'Ellul soit plus complexe, etc - mais la citation est très claire, et j'avoue que votre défense ne m'ôte en rien la "grognonnerie" qui s'est emparée de moi à sa lecture - je note tout de même l'adverbe "principalement" : "la technique a principalement besoin d’un homme visuel", qui semble laisser une place (secondaire, annexe) au discours, alors que la phrase suivante semble l' "exclure"...)
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-16 03:52
(même en ce qui concerne le "monde de l'audiovisuel", je ne considère pas qu'il y ait "exclusion du discours")
je vois votre point de vue, et comprend votre réticence. D'un autre côté c'est en radicalisant le propos (exclusion) qu'Ellul à voulu marquer sa position... Pour autant qu'il soit allé aussi loin dans l'analyse du mot utilisé, (parfait exemple de la bêtise et du manque de nuances/ouvertures du tiers exclu en logique formelle.)
Coli Masson, colimasson@live.fr
2021-08-16 17:11
Le discours n'est cependant pas la parole ni le langage... peut-être faut-il marquer là la nuance ? mais de nuance en nuance, on ne sait plus trop ce qu'on veut dire à la fin.