relation amoureuse

C’est dans une sorte d’engluement corporel de la liberté que s’exprime la nature du désir. Nous voulons devenir pour l’autre un objet qui ait pour lui la même valeur de limite qu’a, par rapport à sa liberté, son propre corps. Nous voulons devenir pour l’autre non seulement ce en quoi sa liberté s’aliène – sans nul doute, il faut que la liberté intervienne, puisque l’engagement est un élément essentiel de notre exigence d’être aimé – mais il faut aussi que ce soit beaucoup plus qu’un engagement libre. Il faut qu’une liberté accepte de se renoncer elle-même pour être désormais limitée à tout ce que peuvent avoir de capricieux, d’imparfait, voire d’inférieur, les chemins dans lesquels l’entraîne la captivation par cet objet que nous sommes nous-même.

Ainsi, devenir par notre contingence, par notre existence particulière dans ce qu’elle a de plus charnel, de plus limitatif pour nous-même, pour notre propre liberté, devenir la limite consentie, la forme d’abdication de la liberté de l’autre, c’est l’exigence qui situe phénoménologiquement l’amour dans sa forme concrète – le genital love, comme disait tout à l’heure notre ami Balint. C’est là ce qui l’institue dans cette zone intermédiaire, ambigüe, entre le symbolique et l’imaginaire.

Si l’amour est tout pris et englué dans cette intersubjectivité imaginaire, [...] il exige dans sa forme achevée la participation au registre du symbolique, l’échange liberté-pacte, qui s’incarne dans la parole donnée.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, page 334

[ structuration ] [ couple ] [ régulations narcissiques ]

 

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Commentaires

miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-21 03:28
C'est quand même un peu du blabla de gens qui ne semblent pas avoir été confrontés à de véritables problématiques de survie... Là où les notions d'acceptation, de résignation et de dépassement présentent quelque poids et apparaissent moins hors-sol... Nous restons ancrés dans un réel qui peut faire très mal.
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-22 04:59
Pour répondre à ta question je dirai que le monde astral a historiquement et géographiquement autant voire plus de lettres de noblesse que l'étude de l'inconscient (dans laquelle on pourra éventuellement le mettre)...
Et aussi parce que j'ai comme le soupçon que l'intellectualisation outrée, ou certains élitismes, n'ont pas fait plus de bien en terme d'éducation et de mitonnage des enfants que simplicité et ouverture. Les mômes ont besoin d'amour et d'espace...
Curieusement je suis en plein dans une réflexion de ce genre concernant Clovis... Tant il me déroute.
Coli Masson, colimasson@live.fr
2021-08-22 16:59
Mouais mais là tu réduis la compréhension avec tes préjugés. Mais j'ai peut-être mal cerné aussi la citation - d'où les limites de l'outil. Il s'agit ici de la relation amoureuse dans les captations imaginaires qu'elle induit ("intersubjectivité imaginaire"). Il faudrait compléter avec d'autres citations sur l'amour sur son versant symbolique. Il s'agit peut-être d'un découpage arbitraire mais il aide à comprendre l'ambivalence du sentiment amoureux.

Par ailleurs, les jugements ad hominem ne me semblent pas les bienvenus ici (élitisme, intellectualisation outrée, qu'est-ce donc sinon un préjugé sur l'homme Lacan ?) Ni même les jugements de valeur historiques ou autres. On ne fait pas de la compète ici il me semble.
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-23 04:10
Bon, disons que c'est une discussion périphérique ouverte et intéressante puisqu'on ne parle pas d'étiquette et donc que nos échanges n'entrent pas dans le champ des recherche de la bécane. Du coup ça permet bcp de choses, de libertés, tatonnages, etc...
(élitisme, intellectualisation outrée, qu'est-ce donc sinon un préjugé sur l'homme Lacan ?)
Ma compréhension et mes préjugé of course, qui n'en n'a pas ?... Et puis, à mon âge avancé on pourrait aussi dire "vécu"... Bref je vais quand même po laisser mon petit ego se faire dégommer sans rien dire ;-) Bien sûr pas question de compète ici... mais gare à un lacanisme trop pris au sérieux, on a quand même le droit de penser que ce type, rapporté à un esclave noir, est un petit bourgeois, non ?
En fait pas préjugé sur Lacan, mais plutôt sur un certain post-structuralisme... au sens où mon pauvre esprit tente de mettre ceci en perspective par rapport aux millions-millards d'humains qui ont vécu quelque relation amoureuse/charnelle/de couple reproducteur ou autre. A vrai dire je pensais au départ à cette personne qui raconte que dans les tribus où les mariages sont arrangés entre familles, cela mène de manière générale vers un tout autre regard quant à ce qui aussi appelé chez eux "relation amoureuse".
Bref le versant symbolique, au sens du signe, avant le sémantique proprement dit, mérite d'être appréhendé avec recul. L'intellectualisme parisien post-romantique n'est pas à la source de la création du monde... me semble.
Mais oui, super intéressant un développement sur l'amour et son versant symbolique, l'ambivalence du sentiment amoureux, et tout... Mais comment l'aborder, le nommer... Sous quelle forme : une chaine, un sujet ? Présenté via un texte préparatoire explicatif ?
Coli Masson, colimasson@live.fr
2021-08-24 15:36
La bourgeoisie ça ne veut plus rien dire de nos jours. Nous sommes tous au service de la grande machine et celle-ci est constituée de sociétés "anonymes". Quelques-uns arrivent bien sûr à en tirer leur épingle du jeu, qu'ils croient, plus possédés que possesseurs.

Comment mettre en forme ces réflexions sur l'amour ?
Nous avons déjà la chaîne de la prise de tête définitionnelle... on pourrait créer un sujet oui. Avec une chaîne qui évoquerait par exemple ces moments où l'amour semble pouvoir se transformer rapidement en haine. Cette citation pourrait s'y greffer.
Et d'autres chaînes plus sympatoches bien sûr.
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2021-08-26 03:06
ok