Avec Felwine Sarr, vous semblez postuler qu’un renouveau de la modernité doit venir d’ailleurs que de l’Occident. En quoi l’Afrique possède-t-elle les ressources philosophiques nécessaires pour un tel défi ?
- Beaucoup de cultures et de traditions africaines ont en partage une forme d’ubuntu, c’est-à-dire une anthropologie relationnelle qui postule que l’être humain n’est pas un atome isolé, mais un nœud de relations. C’est le contraire de la monadologie leibnizienne. Ce qui définit l’homme, ce sont les relations qu’il entretient avec les choses et les autres hommes. Sans cela, l’homme n’est rien. Je ne suis que ces relations. L’ubuntu inclut dans ce nœud relationnel aussi bien les hommes et la nature que les ancêtres et les descendants. Cette anthropologie relationnelle pourrait inspirer les Occidentaux car elle permettrait de mettre en œuvre et de comprendre ce qu’est un commun. Si j’essaie de prendre soin d’une ressource quelle qu’elle soit comme un commun, c’est que je crois que la relation prime sur tout le reste. Si je crois au premier pilier qui est celui de la liberté et que j’accepte de rentrer dans l’inconfort de la délibération démocratique, je crois que quelque chose de neuf, de profond et d’heureux peut émerger.
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Info: https://usbeketrica.com/ 5 septembre 2021
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