Robert consacrait énormément de temps à disséquer les noms, à chercher des substitutions simples qui feraient toute la différence entre un bipède et un quadrupède, et qui obligeraient ses pantins à exécuter des ordres élémentaires. Mais il ne leur trouvait pas de points communs. Il avait sur des bouts de parchemin soixante-douze petites lettres de l’alphabet hébraïque formant douze lignes de six caractères, et leur disposition était totalement arbitraire, pour autant qu’il pouvait en juger.
Robert Stratton et ses camarades de CM1 restaient assis sans faire le moindre bruit pendant que maître Trevelyan effectuait d’incessants allers et retours entre les rangées de bureaux.
"Langdale, récitez-moi la doctrine des noms.
— Toute chose étant un reflet de Dieu, heu, tous…
— Épargnez-nous vos balbutiements, Langdale. Thorburn ?
— Toute chose étant un reflet de Dieu, tous les noms sont des reflets du nom divin.
— Et quel est le vrai nom d’un objet ?
— Celui qui est le reflet du nom divin de la même manière que l’objet est le reflet de Dieu.
— Quelles sont les propriétés d’un vrai nom ?
— Il apporte à l’objet qui le porte un reflet de la puissance divine.
— Exact. Halliwell, quelle est la doctrine des signatures ?"
La leçon de philosophie naturelle* se poursuivit jusqu’à midi, mais c’était un samedi et ils n’avaient pas cours l’après-midi. Maître Trevelyan les autorisa à se lever et les pensionnaires de l’école Cheltenham s’égaillèrent.
(...)
- Pourquoi s'obstinent-ils à appeler cela de la philosophie naturelle ? Ils devraient admettre qu'il s'agit d'un cours de théologie et renoncer à tous ces faux-semblants.
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Info: La tour de Babylone. Soixante-douze lettres, p 217-218. *Qui précède la philo moderne, post Galilée
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