signifiant de la phobie

Il est l’élément autour de quoi tourneront toutes sortes de significations qui formeront en fin de compte un élément suppléant à ce qui a manqué au développement du sujet, c’est-à-dire aux développements qui lui ont été fournis par la dialectique de l’entourage où il est immergé. Mais ce n’est possible qu’imaginairement. [...]

Le sujet en choisit une [de forme] pour remplir une fonction bien précise, celle d’assurer la stabilisation momentanée de certains états – dans le cas présent, de l’état d’angoisse. Pour remplir la fonction de transformer cette angoisse en peur localisée, le sujet choisit une forme qui constitue un point d’arrêt, un terme, un pivot, un pilotis, autour de quoi s’accroche ce qui vacille, et que menace d’emporter le courant intérieur issu de la crise de la relation maternelle. [...]

C’est un point autour duquel le sujet peut continuer à faire tourner ce qui, autrement, se déclarerait dans une angoisse impossible à surmonter. [...]

Dans la mesure où ce signifiant est là en tant qu’il correspond métaphoriquement au père, il permet que s’accomplissent tous les transferts, toutes les transformations nécessaires de tout ce qui est compliqué et problématique dans la relation inscrite sur la ligne du bas – à savoir la mère, la fonction phallique et l’enfant – qui nécessite à chaque fois, par rapport à la mère réelle, un triangle distinct. Il faut pour cela un terme qui soit immaîtrisable pour l’enfant, qui fasse peur, et même qui morde.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, pages 561-562

[ modalité de suppléance ] [ carence de la fonction paternelle ]

 

Commentaires: 6

Ajouté à la BD par Coli Masson

Commentaires

miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2022-02-06 03:05
peur, répulsion
faudrait aussi arriver à démêler la part de projection colimassienne dans carence de la fonction paternelle ;-)
Pour mettre mon grain de sel d'ignare superficiel et subjectif je dirai que je "ressens" la notion lacanienne de père comme plus proche de l'idée divine... que paternelle
Coli Masson, colimasson@live.fr
2022-02-06 13:21
Disons qu'à la page précédente, Lacan écrit que l’objet phobique joue le rôle qui, en raison d’une carence, n’est pas rempli par le personnage du père. Le petit Hans avait pourtant un père. Simplement, il n'en imposait pas comme l'enfant en aurait eu besoin en raison de la relation très particulière avec sa mère. Il ne suffit pas d'avoir ou de ne pas avoir réellement un père à côté de soi tous les jours pour être carencé ou non de la fonction paternelle.

Et c'est justement l'erreur à ne pas faire que de croire que lorsque Lacan parle de père, il veut parler de Dieu. Il ne parle que d'effet de parole. Après, à partir de ça, si on a envie de relier parole et Dieu, le pas est aisé à faire.

peur était déjà dans le texte.
Et répulsion, ce n'est pas pareil.
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2022-02-07 05:05
Ok, merci bien pour les explications.
Bref Lacan risque de rester assez loin de moi au sens où ce "Il ne parle que d'effet de parole." le ramène pour moi vers une forme d'insignifiance.
Je fais partie de ceux pour qui la fonction de modèle est extrêmement plus puissante que celle de "parole" et autres signifiés. Même si la quête FLP peut faire penser le contraire. ;-)
Coli Masson, colimasson@live.fr
2022-02-07 06:14
D'accord mais il est des personnes pour qui ce qu'exprime Lacan n'est pas de la théorie mais du vécu. Il serait donc agréable de ne pas annuler leur propre expérience en déclarant qu'elle ne renvoie à rien.
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2022-02-07 07:28
ce n'est pas ce que je dis... et espère bien que, pour ce qui concernera une thérapie précise, ce sera le cas, la moindre des chose
Mais en faire une règle ? ...
Coli Masson, colimasson@live.fr
2022-02-08 05:37
Il n'y a rien qui ressemble à une règle là-dedans. C'est un angle de lecture.