[...] rien n’est plus éloigné de devoir nous satisfaire que la théorie de Bergson, du mécanique surgissant au milieu de la vie. Son discours sur le rire reprend de façon condensée et schématique le mythe de l’harmonie vitale, de l’élan vital, caractérisé par sa prétende éternelle nouveauté, sa création permanente. On ne peut manquer d’en percevoir le caractère extravagant quand on lit qu’une des caractéristiques du mécanique en tant qu’opposé au vital, ce serait son caractère répétitif, comme si la vie ne nous présentait aucun phénomène de répétition, comme si nous ne pissions pas tous les jours de la même façon, comme si nous ne nous endormions pas tous les jours de la même façon, comme si on réinventait l’amour chaque fois qu’on baise. Il y a là véritablement quelque chose d’incroyable. L’explication par le mécanique se manifeste elle-même tout au long du livre comme une explication mécanique, je veux dire qu’elle tombe dans une stéréotypie lamentable qui laisse absolument échapper l’essentiel du phénomène.
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Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, page 130
Commentaires: 5
Coli Masson
11.07.2022
Lacan ne s'emprisonne pas puisqu'il joue au contraire du discours bergsonien pour en démontrer les incohérences logiques. Tao inversé c'était du très rapide oui :)
miguel
08.07.2022
C'est un peu comme si Bergson et Lacan s'auto-emprisonnaient dans les détails du pt de vue de Bergson. Ici par exemple "l’harmonie vitale, de l’élan vital, caractérisé par sa prétende éternelle nouveauté, sa création permanente" confrontée au "répétitif".... Tout ça bien compliqué au regard de ce qu'on sait de l'humour, qui est à base de surprise, contrepieds, etc... ... et surtout .... de la forme/état d'esprit de chacun. Tu me disais un jour que Bergson est froid, on est bien d'accord.... Pompeux aussi. ;-) C'est vrai qu'inversion du Tao c'était un peu rapide et surtout.... facile
miguel
07.07.2022
je vais y réfléchir... mieux formuler... mais inversion me parle