Le long de l’abîme, au-dessus du gouffre, tout près du bord, tout au bord.
Mes chevaux, de ma cravache, je les exhorte, je les pousse encore.
L’air me manque, le vent me soûle, dans la brume à belles dents je mords.
Je me délecte d’un frisson de mort, je cours à la mort, je cours à la mort !
Eh, ralentissez, mes chevaux, allez, ralentissez !
Faites semblant de ne pas entendre mon fouet !
Mais sur quels chevaux suis-je tombé ? Quels chevaux entêtés !
Je n’ai pas eu temps de vivre, je n’aurai pas celui de chanter.
Là, mes chevaux boiront, alors, là, mon couplet encore
Je le chanterai, restant un instant encore près du bord...
Je disparaîtrai, de sa main l’ouragan me balaie dans la neige.
Au matin, en traîneau, un galop va m’emporter.
Changez donc pour une autre allure, mes chevaux, moins précipitée !
Encore un peu, prolongez la route vers le dernier refuge, le dernier !
On est à l’heure au rendez-vous avec Dieu. Il n'y a pas de sursis.
Mais qu’est-ce là ? Sont-ce les anges qui ont ces voix qui sonnent faux ?
Ou n’est-ce pas la clochette qui, de sanglots, s’est affaiblie ?
Ou est-ce moi qui hurle aux chevaux d’emporter moins vite mon traîneau ?
Eh, ralentissez mes chevaux, allez, ralentissez...
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Info: Les chevaux entêtés. Trad : Bobby the rasta lama (sur babelio)
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