Le symptôme a tout d’abord été compris comme une formation pathologique susceptible d’être (idéalement au moins) dissoute par l’interprétation analytique : c’est une indication que, d’une certaine manière et à un moment donné, le sujet a cédé sur son désir, une indication d’une déficience ou d’un dysfonctionnement de la Loi symbolique qui garantit la capacité désirante du sujet. Bref, les symptômes étaient des séries d’exceptions, des perturbations, de dysfonctionnements mesurés à l’aune de l’idéal d’une pleine intégration à la Loi symbolique, au grand Autre. Par la suite, pourtant, l’idée de symptôme universalisé a permis à Lacan d’accomplir un réaménagement paradoxal, passant de la logique de la Loi "masculine" et de son exception constitutive à une logique "féminine" dans laquelle il n’y a aucune exception à la série des symptômes – dans laquelle il n’y a que des symptômes et dont la Loi symbolique n’est qu’une exception parmi d’autres (le plus efficace, le plus établi...) de cette série de symptômes. [...] Dans cette perspective, la "dissolution du symptôme", loin de permettre l’accès à un état non pathologique caractérisé par une pleine capacité à désirer, mène plutôt à une catastrophe psychotique totale, à la dissolution de l’univers entier du sujet.
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Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 170-171
Commentaires: 10
Coli Masson
04.11.2022
Oui, le contre-sens existe.
miguel
03.11.2022
déjà avec la notion de contre-sens on est malbarre ;-) Laissons du temps au temps
Coli Masson
03.11.2022
Il y a déjà suffisamment de contre-sens en psychanalyse. C'est à cause de l'idée d'une identité profonde qu'elle a dégénéré en ego-psychology. Donc non merci.