Prenons une phrase comme Il n’y a personne ici. Ceci est forclusif – il est exclu pour l’instant qu’il y ait ici quelqu’un. [...] chaque fois que nous avons affaire à une forclusion pure et simple, le français emploie toujours deux termes – un ne, et puis quelque chose qui est ici représenté par le mot personne, mais qui peut l’être par les mots pas ou rien, comme dans Je n’ai pas où loger ou Je n’ai rien à vous dire.
D’autre part, [...] il y a un très grand nombre d’usages du ne, et justement les plus indicatifs [...] où il est seul. Or, jamais, ou presque jamais, un ne pur et simple n’est mis en usage pour indiquer la pure et simple négation qui, en allemand ou en anglais, s’incarne dans le nicht ou dans le not. Le ne à lui tout seul, livré à lui-même, exprime [...] une discordance. Eh bien, cette discordance se situe très précisément entre le procès de l’énonciation et le procès de l’énoncé.
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Info: Dans le "Séminaire, Livre VI : Le désir et son interprétation", éditions de La Martinière et Le Champ Freudien éditeur, 2013, page 105
Commentaires: 3
Coli Masson
05.01.2023
Que le nicht ou le not soient évoqués n'est pas vraiment suffisant pour faire une comparaison digne de ce nom. Dans le chapitre, Lacan se consacre plus longuement à l'anglais mais ça devrait faire l'objet d'une autre citasse ou d'un prolongement de celle-ci.
Coli Masson
05.01.2023
langues comparées ? pourquoi ?
miguel
05.01.2023
réfutation, langues comparées ?