Passé quatre-vingt ans
il sentit venir comme le dernier des moments
que la terre et les lettres
pouvaient encore lui avancer.
Chaque jour l’étonnait
d’être toujours de ce monde
et d’entendre encore les corbeaux
en chœur croasser sur la plage.
Passé quatre vingt-ans
il se donnait dix ans encore
à taquiner la muse
avec ses cheveux blancs
qui quittaient doucement
son chef dégarni
et ses mains qui tremblaient de plaisir
quand il frôlait sa croupe.
Passé quatre vingt-ans
il cherchait beaucoup ses mots
pour cerner les images
qui le fuyaient daredare
et lonlaine et lonlare
les images de son enfance
qui revenaient en flots
sans qu’il puisse les saisir.
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