Ce qui m’a surtout impressionnée en Dostoïevski, c’est l’appréhension qu’il ressent à l’idée de ne pas comprendre la jeune génération, sa crainte de se trouver séparé d’elle. C’est comme une idée fixe. Non qu’il redoute de n’être plus l’écrivain aimé, ou de voir diminuer le nombre de ses admirateurs et de ses lecteurs... Mais en vérité, il estime qu’une divergence avec les jeunes équivaut à une chute, à une mort spirituelle. Il défend avec courage et honnêteté ses convictions, mais en même temps il tremble, dirait-on, de ne pas remplir sa mission, de s’écarter, sans en être conscient, du droit chemin. Et tout cela est en lui extraordinairement sincère, véridique, honnête et touchant.
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Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 431
Commentaires: 6
Coli Masson
25.10.2023
Les boomers de maintenant croient au contraire qu'ils vivent toujours selonles mêmes règles du jeu et que c'est comme avant.
miguel
24.10.2023
sissi... il y a du boomer là-dedans selon moi et tes dénégations aident à préciser l'idée... la peur, en vieillissant, de l'irrémédiable... de se déconnecter, de ne plus comprendre ou pouvoir communiquer avec la jeune génération. C'est un intéressant trait sur Dosto, une volonté de constante ouverture
Coli Masson
23.10.2023
Mais enfin, ça n'a rien de boomer ou non, il veut juste comprendre ce que vivent ces gens, saisir la qualité de vie qui passe en eux et la capter avec l'intensité qu'il aurait pu avoir s'il avait été à leur âge, comme pour éprouver qu'il ne se calcifie pas dans une stature, qu'il ne se laisse pas happer par le piège du nihilisme.