L’Inferno de Dante [est] considéré comme une espèce de système de mémoire destiné à mémoriser l’Enfer et ses châtiments, à l’aide d’images frappantes distribuées sur une série ordonnée de lieux. Cette idée pourra causer un certain choc, et je dois m’en tenir là. Il faudrait un livre entier pour dégager les implications contenues dans une telle approche du poème de Dante. Ce n’est pas du tout une approche grossière, ou impossible. Si l’on pense que le poème se fonde sur des séries ordonnées de lieux dans l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis, et qu’il constitue un ordre cosmique de lieux dans lequel les sphères de l’Enfer sont les sphères du Paradis inversées, il commence à apparaître comme une somme de comparaisons et d’exemples, disposés en ordre et distribués sur le fond de l’univers. Et si on se rend compte que la Prudence, sous ses nombreux et différents symboles, constitue un thème symbolique majeur du poème, les trois parties de celui-ci peuvent être comprises comme memoria - se rappeler les vices et leur châtiment en Enfer – intelligentia - utiliser le présent pour faire pénitence et acquérir la vertu – et providentia – viser le Paradis. […]
La Divine comédie deviendrait ainsi l’exemple par excellence de la transformation d’une somme abstraite en somme de symboles et d’exemples, la Mémoire étant la faculté qui opère cette transformation, le pont entre l’abstraction et l’image.
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Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 143-144
Commentaires: 1
miguel
25.06.2024
triade ?