Un tel assemblage de postulats téléologiques et de croyances populaires tient de l’éclectisme doctrinal. Ibn Tûmart intègre la synthèse théologale néo-asharite, dont il a eu vent à Bagdad en fréquentant un milieu dont la spiritualité a été façonnée par Ghazâli. Là il découvrit la religion du cœur et l’inanité de parvenir au salut de son âme par une gymnastique de l’étude desséchante. Mais, en sens inverse, il considère que l’école de Médine fondée par Mâlik est, des quatre maddhab, la plus proche du donné coranique. Aussi préservera-t-il l’armature des jurisconsultes préexistante, après l’avoir mise au pas. Des mu’tazilites, il conserve l’exigence de croire raisonnablement, faisant ainsi contrepoids au dernier Ghazâli. Dieu, sensible au cœur, est également accessible par la raison. Ibn Tûmart filtre dans le fond de kharidjisme, qui habite encore de manière diffuse les croyances, la revendication de fraternité égalitaire, un trait constitutif de la berbérité. Au shi’isme zâhirite, il emprunte la doctrine de l’imam impeccable et lui aussi prétend succéder à Adam, Noé, Abraham, Jésus et les califes bien dirigés, dont Alî fut le dernier. Ne se rattache-t-il pas, lui, un Masmûdi de souche, à ce dernier, par une généalogie forgée de toutes pièces ? Enfin, il entretient des affinités avec le zâhiri Ibn Hazm, qui énonce une profession de foi (‘aqîda) minimaliste au nom de l’esprit critique n’interdisant pas à l’aspiration mystique de se frayer la voie latéralement. Ajoutons qu’il baigne dans un climat soufî lorsqu’il recommande à ses affidés :" Ne soyez pas séduits par ce bas monde, car il est vain […]. Il ressemble aux songes d’un enfant. Ne vous reposez pas sur lui, car il est la source de tout malheur et l’origine de toute faute. "
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Info: Histoire du Maroc, chapitre 3
Commentaires: 1
miguel
29.06.2024
(FLP ) - Peux-tu m'expliquer ce qu'est la synthèse théologale néo-asharite ? (Google bard) La synthèse théologale néo-asharite, également connue sous le nom d'asharisme maturidien, est un courant de pensée théologique sunnite qui s'est développé entre le XIe et le XIIIe siècle. Elle représente une tentative de concilier les approches théologiques de l'école ash'arite, fondée par Abu al-Hasan al-Ash'ari (874-935), et celle de la Maturidiyah, fondée par Abu Mansur al-Maturidi (853-941). Les principes fondamentaux de la synthèse néo-asharite incluent : L'affirmation de la volonté libre de l'homme : Contrairement au déterminisme strict prôné par certaines factions de l'asharisme, la synthèse néo-asharite reconnaît que l'homme possède une certaine liberté de choix. L'importance de la raison : La raison est considérée comme un outil précieux pour comprendre les textes religieux et les principes de la foi. Cependant, la révélation divine est toujours considérée comme la source ultime de la connaissance. La conciliation entre la prédestination divine et la liberté humaine : La synthèse néo-asharite s'efforce de concilier l'idée d'une prédestination divine avec la réalité du libre arbitre humain. Elle explique que Dieu, dans sa connaissance infinie, sait à l'avance les choix que les hommes feront, mais cela n'empêche pas ces choix d'être librement consentis. Les principaux penseurs de la synthèse néo-asharite incluent : Abu al-Hasan al-Baqillani (940-1013) : Un théologien ash'arite influent qui a contribué à la formalisation de la synthèse néo-asharite. Al-Juwayni (927-1085) : Un théologien maturidi renommé pour son ouvrage "La profession de foi de l'islam" (I'tiqad al-Islam), qui présente une synthèse claire des principes néo-asharites. Al-Ghazali (1058-1111) : Un théologien, philosophe et mystique soufi considéré comme l'un des plus grands penseurs de l'islam médiéval. Son œuvre "La délivrance de l'erreur" (Tahaf al-Falasifah) est une critique de la philosophie grecque, mais il a également contribué à la théologie néo-asharite. La synthèse néo-asharite a eu une influence profonde sur la théologie sunnite et reste l'un des courants de pensée dominants à ce jour. Elle est particulièrement appréciée pour sa capacité à concilier les approches rationnelle et mystique de la foi, et pour sa défense de la liberté humaine tout en reconnaissant la souveraineté de Dieu.