Il est des moments stendhaliens de l'histoire de France. Son âpre vérité, cette intelligence douloureuse du temps présent, est alors recherchée pour son humeur vigoureuse, sa crudité tonique, son énergie analytique - celle de ses héros à l'ardeur aussi ironique que clairvoyante.
Ainsi en fut-il pendant la Seconde Guerre mondiale. En décembre 1940, Jean Guéhenno s'administre une dose de Stendhal pour se redonner du courage, relisant le petit traité que Léon Blum avait consacré à Beyle quelques décennies plus tôt. Son Journal des années noires est clandestinement stendhalien, comme si Henri Beyle s'affichait comme la plus sûre des boussoles lorsque tout s'affole.
Si les hommes de la Révolution nationale prescrivent Stendhal, peu enclin à s'engourdir dans la resignation vichyste, l'écrivain et journaliste Jean Prévost soutient en 1942, à l'université de Lyon, une thèse remarquée sur La Création chez Stendhal. Sans doute se préparait-il ainsi à la Résistance majuscule puisque, deux ans plus tard, il mourait les armes à la main dans le Vercors. Le livre parut après la guerre de façon posthume. Stendhal, peintre de l'ennui et de l'impuissance postbonapartistes, est alors lu comme un éveilleur, un réveilleur face à la barbarie.
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Info: L'impitoyable aujourd'hui
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