Guénon n’a semble-t-il, de Platon, que l’idée que l’on peut s’en faire à l’aide d’un manuel de dixième ordre. […] Guénon écrit : "la métaphysique occidentale […] se réduit d’ailleurs à la seule doctrine d’Aristote et des scolastiques car […] on ne rencontre en Occident, du moins à partir de l’Antiquité classique, aucune autre doctrine qui soit vraiment métaphysique" [Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues, p. 126]. Voilà une raison évidemment péremptoire ! Mais elle ne convaincra que ceux qui prennent les tautologies du verbalisme pour de la rigueur intellectuelle. Comment une telle ignorance du platonisme peut-elle s’affirmer avec autant d’assurance ? Guénon est impeccable sur les principes, le Vedânta shankarien, la symbolique et la critique du monde moderne. Précisons que, dans L’homme et son devenir selon le Vêdanta, il présente un Vedânta mêlé de Samkhya, autrement dit une métaphysique mêlée de cosmologie selon l’Ecole de Vijnânabhikshu (XVIe siècle). Pour le reste, celui qui le relit vingt ans après, avec un peu plus de science et un peu moins de naïveté, s’expose à certaines déceptions. Tout le monde peut se tromper, et tout le monde se trompe, mais parler de omni re scibili et quibusdam aliis [De toutes les choses qu'on peut savoir, et même de plusieurs autres ] avec une assurance sempiternelle et inconfusible ne laisse pas d’être quelque peu problématique.
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Info: L'intelligence et la foi, L'Harmattant, Paris, 2018, pages 71-72
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