La référence du sujet à tout autre, quel qu’il soit, a quelque chose de dérisoire, quand nous le voyons - nous qui en voyons tout de même quelques-uns, voire beaucoup - se référer toujours à l’autre comme à quelqu’un qui lui, vit dans l’équilibre, en tout cas en plus heureux : lui-même ne se pose pas de question, dort sur les deux oreilles.
Nous n’avons pas besoin d’avoir vu l’autre, si solide, si bien assis soit-il, venir s’étendre sur notre divan pour savoir ce que ce mirage... cette distance, cette référence de la dialectique du bien à quelque chose au-delà, à quelque chose que, pour illustrer ce que je veux vous dire, j’appellerai "le bien, n’y touchez pas" ...est le texte même de notre expérience.
Je dirai plus : ce registre d’une jouissance comme étant ce qui comme tel, n’est accessible qu’à l’autre, est la seule dimension dans laquelle nous puissions situer ce malaise singulier et si fondamental que seule, je crois - et je me trompe peut-être - mais en tout cas que la langue allemande, avec d’autres nuances psychologiques très singulières de la béance humaine, a su noter sous le terme Lebensleid.
Ce n’est pas une jalousie ordinaire, c’est même la chose la plus étrange et la plus singulière, c’est cette jalousie qui peut naître dans un sujet par rapport à un autre, pour autant que l’autre est justement perçu comme pouvant participer d’une certaine forme de jouissance, de surabondance vitale en tant qu’elle est, à proprement parler, conçue et aperçue par le sujet comme étant ce qu’il ne peut lui-même appréhender par la voie de quelque mouvement futile le plus affectif, le plus élémentaire.
Est-ce qu’il n’y a pas là quelque chose de vraiment singulier : qu’un être s’avère, s’avoue, se manifeste comme jalousant chez l’autre - et jusqu’à en faire surgir la haine et le besoin de destruction - ce qu’il n’est d’aucune façon capable même d’appréhender par aucune voie intuitive ?
Auteur:
Info: 18 mai 1960
Commentaires: 1
miguel
20.11.2024
G lié une citasse, si tu veux que j'enlève, dis. Rapports humains sinon ?