souffrance

Tous ceux qui se manifestent comme ayant pénétré, comme manifestant les exigences de ce champ [de la douleur], sont-ils en fin de compte des masochistes ? Je vous dis tout de suite que je ne le crois pas.

Le masochisme - phénomène marginal - a en lui quelque chose de quasi caricatural qu’après tout, les explorations moralistes de la fin du XIXème siècle ont assez bien dénudé. C’est qu’en quelque sorte cette douleur masochiste finit par ressembler, dans son économie, à celle des biens. On veut partager la douleur comme on partage des tas d’autres choses, du reste c’est tout juste si on ne se bat pas autour.

Mais est-ce qu’il ne s’agit pas là de quelque chose où intervient la reprise - reprise panique - dans cette dialectique, des biens ? À vrai dire, tout dans le comportement du masochiste - je parle du masochiste pervers - nous indique que c’est bien là quelque chose qui est structural dans son comportement. Lisez Monsieur DE SACHER MASOCH, auteur fortement instructif encore que de beaucoup moins grande envergure que SADE. Vous y verrez qu’au dernier terme, le désir de se réduire soi-même à ce rien qu’est un bien, cette chose qu’on traite comme un objet, cet esclave qu’on se transmet et qu’on partage et qu’on tient pour ce rien qui est un bien, est véritablement la véritable pointe d’horizon où se projette la position du masochiste pervers.

Il ne faut jamais aller trop vite dans la rupture des homonymies inventives. Que le masochisme ait été appelé masochisme aussi loin que la psychanalyse l’a fait, n’est sans doute pas sans raison. Je crois que l’unité qui se dégage de tous les champs où la pensée analytique a étiqueté le masochisme, est très précisément fait de ce quelque chose qui, toujours dans tous ces champs, fait participer la douleur du caractère d’un bien.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ analogie structurelle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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