Platon, ce demi-dieu, s’est élevé contre la honteuse passion de ces dieux [qui imposent les jeux de la scène], et quels dieux ! Il a montré ce que le caractère romain devait accomplir en exilant de toute ville bien réglée les poètes, artisans de mensonge ou séducteurs des faibles mortels qu’ils convient à imiter les plus odieux forfaits comme des actions divines. Pour moi, sans donner Platon ni pour un dieu, ni pour un demi-dieu, sans le comparer à aucun des saints anges du Dieu souverain, à aucun des prophètes de vérité, à nul apôtre, à nul martyr du Christ, non pas même à un simple chrétien (et ce sentiment, avec la grâce du Seigneur, j’en développerai les raisons en lien convenable), cependant ce demi-dieu de leur fantaisie, je le préfère sinon à Romulus, à Hercule, quoique nul récit, nulle fiction d’histoire ou de poète ne lui attribuent ou le meurtre d’un frère ou tout autre crime ; mais assurément, je le préfère à un Priape, à un Cynocéphale, à la Fièvre enfin, divinités que Rome a empruntées aux autels étrangers ou qu’elle-même a consacrées.
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Info: La cité de Dieu, volume 1, traduction en latin de Louis Moreau (1846) revue par Jean-Claude Eslin, Editions du Seuil, 1994, page 93
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