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manifestation actée

La vraie, la seule histoire d’une personne humaine, c’est l’émergence graduelle de son vœu secret à travers sa vie publique; en agissant, loin de le souiller, elle le purifie. La vraie, la seule histoire d’un peuple, c’est la montée folklorique de ses réactions collectives, thèmes archétypiques lui servant à classer et à juger les témoins "engendrés" par sa masse. Le peuple les somme, au nom de serments communs; mais eux doivent fidélité privée à leurs vœux. Aussi la courbe de vie de chacun de nous se tend, pour l’ordalie; se noue, en "nœud d’angoisse", prise entre son vœu et ses serments; jusqu’à réaliser, parfois, une prise de conscience héroïque du sacré, expiatrice de la crise collective. L’âme subit alors le choc de l’événement réalisant son vœu par les serments mêmes qui en brisent le secret, l’interprétant comme l’intersigne*, très folklorique, du thème de son destin.

Auteur: Massignon Louis

Info: Un vœu et un destin : Marie-Antoinette, reine de France. *lien mystérieux qui unirait deux faits simultanés mais géographiquement ou temporellement séparés

[ révélation progressive ] [ privé-public ] [ psycho-sociologie ] [ notoriété responsable ] [ fait source ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

langage

Chez mes parents, nous ne dînions pas, nous mangions. La plupart du temps, même, nous utilisions le verbe bouffer. L’appel quotidien de mon père C’est l’heure de bouffer. Quand des années plus tard je dirai dîner devant mes parents, ils se moqueront de moi Comment il parle l’autre, pour qui il se prend. Ca y est il va à la grande école il se la joue au monsieur, il nous sort sa philosophie.
Parler philosophie, c’était parler comme la classe ennemie, ceux qui ont les moyens, les riches. Parler comme ceux-là qui ont la chance de faire des études secondaires et supérieures et, donc d’étudier la philosophie. Les autres enfants, ceux qui dînent, c’est vrai, boivent des bières parfois, regardent la télévision et jouent au football. Mais ceux qui jouent au football, boivent des bières et regardent la télévision ne vont pas au théâtre.

Auteur: Édouard Louis

Info: En finir avec Eddy Bellegueule

[ ségrégatif ] [ sociologie ] [ paroles ] [ discriminatoires ]

 

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réclames

Un minimum d'originalité, mais énormément de réclame et de culot. L'être, l'étron, l'objet en cause de publicité sur lequel va se déverser la propagande massive, doit être avant tout au départ, aussi lisse, aussi insignifiant, aussi nul que possible. La peinture, le battage-publicitaire se répandra sur lui d'autant mieux qu'il sera plus soigneusement dépourvu d'aspérités, de toute originalité, que toutes ses surfaces seront absolument planes. Que rien en lui, au départ, ne peut susciter l'attention et surtout la controverse. La publicité pour bien donner tout son effet magique, ne doit être gênée, retenue, divertie par rien. Elle doit pouvoir affirmer, sacrer, vociférer, mégaphoniser les pires sottises, n'importe quelle himalayesque, décervelante, tonitruante fantasmagorie... à propos d'automobiles, de stars, de brosses à dents, d'écrivains, de chanteuses légères, de ceintures herniaires, sans que personne ne tique... ne s'élève au parterre, la plus minuscule naïve objection. Il faut que le parterre demeure en tout temps parfaitement hypnotisé de connerie.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Bagatelles pour un massacre 1937

[ propagande ] [ bêtise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

politique

Un député me racontait en 1837 que, la veille de son élection, ayant offert une prise de tabac à un paysan électeur influent, le naïf agriculteur répondit sans vergogne : " Non pas une prise, un bureau ! "
Un banquier de Paris, qui, bien que banquier, ne tenait pas à l'argent, se présentait aux électeurs dans un département.
Un des meneurs, qui avait presque l'élection dans la main, lui refuse d'abord son concours, et le banquier le rencontrant quelques jours avant le scrutin : " Je vais, lui dit-il, repartir pour Paris, tant je suis certain de ne pas réussir ici, puisque vous me refusez absolument votre appui.
- Vous avez peut-être tort de quitter la place, lui répond cet électeur influent. - Eh bien! tenez, réplique le banquier, je vous parie 20,000 francs que je ne serai pas élu. - Je les tiens. "
Le banquier obtint la majorité, et paya gaiement la somme perdue.

Auteur: Véron Louis-Désiré

Info: Mémoires d'un bourgeois de Paris

[ élections ] [ astuce ] [ anecdote ]

 

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pauvres-riches

La vie est un immense bazar où les bourgeois pénètrent, circulent, se servent... et sortent sans payer... les pauvres seuls payent... la petit sonnette du tiroir-caisse... c'est leur émotion... Les bourgeois, les enfants petits bourgeois, n'ont jamais eu besoin de passer à la caisse... Ils n'ont jamais eu d'émotions... D'émotion directe, d'angoisse directe, de poésie directe, infligée dès les premières années par la condition de pauvre sur la terre... Ils n'ont jamais éprouvé que des émotions lycéennes, des émotions livresques ou familiales et puis plus tard, des émotions "distinguées"... voire "artistiques"... Tout ce qu'ils élaborent par la suite, au cours de leurs "œuvres" ne peut être que le rafistolage d'emprunts, de choses vues à travers un pare-brise... un pare-choc ou simplement volées au tréfonds des bibliothèques... traduites, arrangées, trafiquées du grec, des moutures classiques. Jamais, absolument jamais, d'humanité directe. Des phonos. Ils sont châtrés de toute émotion directe, voués aux infinis bavardages dès les premières heures de l'enfance...

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Dans "Bagatelles pour un massacre"

[ anesthésiés ] [ émotions par procuration ] [ sensibilité feinte ] [ barbarie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

vocabulaire

Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment, ils ont l'air de rien les mots, pas l'air de dangers bien sûr, plutôt de petits vents, de petits sons de bouche, ni chauds, ni froids, et facilement repris dès qu'ils arrivent par l'oreille par l'énorme ennui gris mou du cerveau. On ne se méfie pas d'eux des mots et le malheur arrive. Des mots, il y en a des cachés parmi les autres, comme des cailloux. On les reconnaît pas spécialement et puis les voilà qui vous font trembler pourtant toute la vie qu'on possède, et tout entière, et dans son faible et dans son fort... C'est la panique alors... Une avalanche... On en reste là comme un pendu, au-dessus des émotions... C'est une tempête qui est arrivée, qui est passée, bien trop forte pour vous, si violente qu'on l'aurait jamais crue possible rien qu'avec des sentiments... Donc, on ne se méfie jamais assez des mots, c'est ma conclusion.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Voyage au bout de la nuit, p.487, Folio no28

[ littérature ]

 

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philatélistes

[…] tous les bureaux de poste que j’ai vus à travers l’Allemagne, pas seulement Siegmaringen, les plus grandes villes, des plus petits hameaux étaient toujours bourrés de clients, et aux guichets des "collections"… des queues et des queues, collectionner des timbres d’Hitler, tous les prix !... d’un pfennig jusqu’à 50 marks… moi je serais Nasser, moi par exemple, ou Franco ou Salazar, je voudrais voir si mes pommes sont cuites, je voudrais vraiment être renseigné, ce qu’on pense de moi… je demanderais pas à mes polices !... non !... j’irais voir moi-même à la Poste, les queues aux guichets pour mes timbres… votre peuple collectionne ?... c’est que c’est joué !... ce qu’il doit y avoir de collections "d’Adolf Hitler" en Allemagne ! ils s’y sont mis, on peut le dire, des années d’avance ! dès les premières conneries, Dunkerque, ils collectionnaient ! devins, magiciens ? balancelles !... le timbre qu’est sérieux qui dit tout ! la vérité dix ans d’avance !

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: D'un château l'autre

[ teutons ] [ compulsifs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dégoût

J’étais trop malade, j’étais pas assez instruit surtout à l’époque pour déterminer dessus de ma tête très bourdonneuse l’ignominie de leur comportement à mes vieux et à tous les espoirs, mais je sentais ça sur moi à chaque geste, chaque fois que je vais mal, comme une pieuvre bien gluante et lourde comme de la merde, leur énorme optimiste, niaise, pourrie connerie, qu’ils rafistolaient envers et contre toutes les évidences à travers les hontes et les supplices intenses, extrêmes, saignants, hurlants sous les fenêtres même de la pièce où nous bouffions, dans mon drame à moi dont ils n’acceptaient même pas toutes les déchéances puisque les reconnaître c’était désespérer un peu du monde et de la vie et qu’ils ne voulaient désespérer de rien envers et contre tout, même de la guerre qui passait sous les fenêtres de M. Harnache à pleins bataillons et qu’on entendait ronfler encore à coups d’obus et plein d’échos dans toutes les vitres de la maison.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Guerre

[ répulsion ] [ hypocrisie ] [ faux-jetons ] [ complaisants ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

pessimisme

Ce qui est pire c'est qu'on se demande comment le lendemain on trouvera assez de forces pour continuer à faire ce qu'on a fait la veille et depuis déjà tellement trop longtemps, où on trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces mille projets qui n'aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l'accablante nécessité, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre que le destin est insurmontable, qu'il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l'angoisse du lendemain, toujours plus précaire, plus sordide.

C'est l'âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu'on n'a plus en soi la somme suffisante de délire ? La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Voyage au bout de la nuit

[ existence ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

fugace inspiration

C'est toujours dans des circonstances impraticables que l'envie d'écrire vous tombe dessus sans prévenir. Je crois que c'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles on n'écrit jamais exactement le livre qu'on avait initialement projeté. Mettons qu'une idée somptueuse vous assaille dans la rue ou dans l'autobus ou encore pendant que vous faites le tour du marché aux légumes. Idée incendiaire en général. De quoi tirer un développement de plusieurs pages. Tout à fait la piste d'envol qui vous manquait pour faire ronfler les moteurs pleins gaz. Sur le moment, c'est comme si l'on avait déjà décollé et pris de l'altitude, mais le temps de rentrer chez soi, de tourner la clef dans la serrure et de se jeter à sa table, l'idée s'est modifiée au point de n'être plus qu'une vague écorce sèche. On aura beau ensuite claquer de la langue le reste de la journée, on ne retrouvera plus le parfum insolite qui annonce le seuil de la caverne aux trésors.

Auteur: Calaferte Louis

Info: Septentrion

[ écriture ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste