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témoignage

Pour mon malheur, ou du moins ma malchance, je ne trouvais que deux sortes d’attitudes chez les gens du dehors. Les uns évitaient de vous questionner, vous traitaient comme si vous reveniez d’un banal voyage à l’étranger. Vous voilà donc de retour ! Mais c’est qu’ils craignaient les réponses, avaient horreur de l’inconfort moral qu’elles auraient pu leur apporter. Les autres posaient des tas de questions superficielles, stupides –dans le genre : c’était dur, hein ?-, mais si on leur répondait, même succinctement, au plus vrai, au plus profond, opaque, indicible, de l’expérience vécue, ils devenaient muets, s’inquiétaient, agitaient les mains, invoquaient n’importe quelle divinité tutélaire pour en rester là. Et ils tombaient dans le silence, comme on tombe dans le vide, un trou noir, un rêve.

Auteur: Semprun Jorge

Info: L'Ecriture ou la vie

[ camps de concentration ] [ malaise ] [ gêne ] [ évitement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

protopensées

Pourquoi ne pouvons-nous demeurer enfermés en nous ? Pourquoi poursuivons-nous l’expression et la forme, cherchant à nous vider de tout contenu, à organiser un processus chaotique et rebelle ? Ne serait-il pas plus fécond de nous abandonner à notre fluidité intérieure, sans souci d’objectivation, nous bornant à jouir de tous nos bouillonnements, de toutes nos agitations intimes ? Des vécus multiples et différenciés fusionneraient ainsi pour engendrer une effervescence des plus fécondes, semblable à un raz de marée ou un paroxysme musical. Être plein de soi, non dans le sens de l’orgueil, mais de la richesse, être travaillé par une infinité intérieure et une tension extrême, cela signifie vivre intensément, jusqu’à se sentir mourir de vivre. Si rare est ce sentiment, et si étrange, que nous devrions le vivre avec des cris.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Dans "Sur les cimes du désespoir"

[ éléments-alpha ] [ régression ] [ question ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

triade

Les Grecs anciens distinguent trois formes d'amour: l'éros, la philia et l'agapè. L'éros désigne l'attirance sexuelle ou le désir (aussi nommé orgê, agitation intérieure). L'agapè désigne l'empathie, l'amour de la vérité, des autres et de l'humanité, l'altruisme. Enfin la philia désigne l'amitié.
La plupart des citoyens grecs ont une épouse pour tenir leur maison, concevoir et élever les enfants, des concubines acquises ou enlevées, et des hétaïres (compagnes, amies, amantes) dont le statut social relève parfois de la prostitution. Les hétaïres sont d'abord des prêtresses qui se vendent contre de l'argent remis au temple, comme les hiérodules d'Aphrodite à Corinthe.
L'hétaïre devient parfois la première femme d'un homme d'Etat; ainsi Aspasie, maîtresse de Périclès, institue des écoles d'hétaïres fréquentées aussi bien par des jeunes filles libres que des femmes mariées.

Auteur: Attali Jacques

Info: Amours : Histoires des relations entre les hommes et les femmes

[ vocabulaire ] [ précision ]

 

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populisme

L'épidémie de l'opportunisme international comme seuls l'ont été la syphilis et l'usure de la guerre s'est effroyablement étendue sur l'Europe et ce n'est pas un parti politique mais bien elle qu'il nous incombe de combattre. Tel est notre plus nécessaire devoir. L'opportunisme des politiciens, hommes froids de la logique servile agitant les idéaux à la pointe de leurs épée fait durer la guerre. L'opportunisme des gens de lettres qui ont tiré à eux le mégaphone de l'exaltation pour donner de la puissance à leurs petites voix démultiplie la haine. L'opportunisme des responsables de partis, inquiets seulement de leur prochain résultat électoral, bouleversent l'opinion du peuple. Et l'opportunisme du peuple lui même qui pour la première fois se sentait non plus humilié, mais loué et admiré par tous ces représentants de la domination, qui parachève la tragédie.

Auteur: Zweig Stefan

Info: Seuls les vivants créent le monde, écrit de 1918

[ égoïsme ] [ danger ] [ basculement vers la guerre ]

 

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isolement

Douce nuit tisanière. Les meubles chuchotent entre eux. Une langue sourde, âpre, une musique de pieds de table. Un mélange de néerlandais et d'auvergnat. le parquet craque alors que personne, pas même mon regard, ne marche sur les lattes de bois. Et lorsque le lustre se met à remuer comme une pendule, une alarme se déclenche en moi. Attention, fantômes. Instinctivement, je cherche la main de Denise. Mais la place à côté de moi est vide. Ni tiède, ni froide, seulement glaciale. A travers le chant de cette maison hantée, j'ai l'impression d'entendre l'écho de mes agitations intérieures. Ceux qui ont trouvé l'âme soeur, même chiante, ne connaissent pas leur bonheur. Oh non. La solitude, c'est bien au soleil, avec des filles en bikini, mais dans le noir, sur un lit qui pleure en vieux français, c'est terrible.

Auteur: Mestron Hervé

Info: La décapoute

[ obscurité ]

 

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instabilité permanente

La bourgeoisie n’existe qu’à la condition de révolutionner sans cesse les instruments de travail, par conséquent le mode de production, par conséquent tous les rapports sociaux. La conservation de l’ancien mode de production était, au contraire, la première condition d’existence de toutes les classes industrielles précédentes. Ce bouleversement continuel des modes de production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation, cette insécurité éternelles, distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux traditionnels et profondément enracinés, avec leur cortège de croyances et d’idées admises depuis des siècles se dissolvent ; les idées et les rapports nouveaux deviennent surannés avant de se cristalliser. Tout ce qui était stable est ébranlé, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs relations mutuelles avec des yeux désillusionnés.

Auteur: Marx Karl

Info: Manifeste du parti communiste, traduction de Laura Lafargue, Paris, Champ libre, 1983, pages 31-33, coécrit avec Engels

[ classe sociale ] [ perte des repères ] [ historique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

deuil

La vieille jument avait décidé de mourir ici, après s'être enivrée des fleurs et des horizons de l'estive, comme si elle avait choisi son lieu et son moment. Il songea à Jean, qui serait aussi heureux que triste, de la savoir partie ainsi. Il lui dirait qu'il l'avait trouvée déjà entamée par les rapaces, reposant au milieu d'un tapis mauve de crocus éclos dans les derniers rayons de l'été. Il rentra à la cabane en pleurant, laissant les vautours, auxquels succéderaient les gypaères, faire disparaître l'enveloppe charnelle de la jument. Il se plut à penser que son esprit allait désormais résider en ces lieux, dans l'herbe qui s'agitait sous la brise d'été, les rochers, les nuages, disséminés un peu partout, veillant l'esrive. Cette mort-là était gracieuse, il en parlerait à ses filles, elles verseraient une larme mais elles comprendraient.

Auteur: Arnaud Clara

Info: Et vous passerez comme des vents fous

[ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déprime

L'école, déjà évacuée par les enfants mais pourtant encore occupée d'une certaine façon par des vestiges d'agitation, de cris, de pas, de cavalcades dans les escaliers, par un reste d'odeurs enfantines et adolescentes répandues dans l'air. Un air qui, quand elle le respirait, lui semblait usé ou fatigué, aussi usé que le mobilier ou les livres ou les installations sanitaires, aussi fatigué que tous, les instituteurs, si épuisés à la fin de la journée en comparaison de l'incontrôlable énergie physique des élèves. Tous les après-midi à cette heure-là, quand elle se disposait à quitter l'école en longeant les couloirs plongés dans la pénombre, en descendant les escaliers déserts, elle remarquait en elle-même une fatigue montante qui était pas exactement physique pas non plus complètement mentale un mélange d'épuisement ancien et de découragement intime qui durait d'habitude jusqu'à qu'elle rentre chez elle.

Auteur: Muñoz Molina Antonio

Info: Pleine lune

[ lassitude ] [ crépuscule ] [ littérature ]

 

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réclusion

Difficile de ne pas m’avouer que ce confinement est ma vraie nature et que, les inconvénients anecdotiques mis à part, je me plais dans cette sidération qui ressemble à un retour à la réalité après l’excès d’illusions. Loin de moi les prophéties et les superstitions, c’est le lot de ceux qui, à trouver leur vie trop ordinaire, attendent de l’extérieur le salut à leur ennui profond. Quelque chose s’ajuste discrètement. La civilisation tout entière a subitement pénétré dans un cloître à l’heure de la prière, laissant derrière elle ses précipitations et le souvenir récent de ses abus. Est-elle prête à s’appauvrir pour retrouver la raison ? Rien n’est moins sûr. Au contraire, l’épidémie éteinte, on la retrouvera à sa frénésie et à son agitation mais, au moins pendant quelques semaines, on aura respiré de l’air pur, on aura profité des siens et éventuellement de soi.

Auteur: Dugain Marc

Info: La volonté

[ covid 19 ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

énervement

Avez-vous remarqué le curieux accroissement de l’exaspération

Des nerfs humains ces dernières années ? Pas seulement en Europe,

Où des raisons existent, mais partout ; une corde ou un filet

Est déployé, une tension plus resserrée ;

Peu d’esprits sont aujourd’hui sains ; presque personne

Ne semble écouter le fracas, écouter...

Et le souhaiter, avec une sorte de furieuse

Sensibilité.

          Ou alors est-ce que nous ressentons

Dans l’air une concentration de quelque chose qui haïsse

L’humanité ; et dans l’éclair de la tempête nous nous voyons

Nous-mêmes avec trop de pitié et les autres trop clairement ?



Bon, c’est février, dix-neuf cent trente-neuf.

Nous comptons maintenant les mois ; nous devons compter les jours.

Il semble temps de trouver quelque chose hors de nos

Propres nerfs pour trouver un appui.

Auteur: Jeffers Robinson

Info: Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", Préface, trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022

[ agitation généralisée ] [ modernité ] [ trouble mental ]

 

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