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naïveté enfantine

Ainsi donc, pensa Ulrich lorsqu’il se retrouva seul, ils avaient été vraiment, dans un temps pas si lointain, deux jeunes hommes dont l’esprit bénéficiait des plus hautes révélations non seulement avant tous les autres, mais encore, chose étrange, simultanément ; il suffisait en effet, que l’un des deux ouvrit la bouche dans l’intention de proférer quelque grande nouveauté, pour que l’autre fît aussitôt la même extraordinaire découverte. Les amitiés d’enfance sont chose bizarre ; elles ressemblent à un œuf qui pressent déjà dans le jaune son splendide avenir d’oiseau, mais ne montre encore au monde qu’un ovale assez inexpressif, impossible à distinguer d’aucun autre. […]

Il cherchait à se rappeler ces conversations avec Walter. Mais c’était comme des rêves dont on attrape juste les ultimes pensées au moment du réveil. Et il pensa, non sans surprise : "Alors, quand nous soutenions telle ou telle affirmation, nous ne nous souciions pas tellement qu’elles fussent justes, mais bien qu’elles servissent à nous affirmer !" Tant le besoin de luire soi-même, chez les jeunes gens, est plus fort que celui de voir dans la lumière ; et le souvenir de ce sentiment qu’on avait de flotter sur des rayons, Ulrich l’éprouvait comme une perte douloureuse. 

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, pages 89-90

[ remémoration ] [ construction identitaire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

factualisme

Eût-il été seulement un théologien passionné, Occam ne nous aurait laissé qu’un brillant exemple de théologisme, mais il était en même temps un fin logicien et un philosophe lucide, dont l’esprit ne concevait pas une philosophie en décalage avec sa théologie. De fait, en plus de cela, il fut ce grand propagandiste dont les doctrines politiques, profondément ancrée dans sa théologie, devaient faire trembler les hautes structures de la Chrétienté médiévale. Comme philosophe, cependant, ce fut le privilège d’Occam que de relâcher dans le monde ce que je pense être le premier cas connu d’une nouvelle maladie intellectuelle. On ne saurait la décrire comme un scepticisme, puisqu’elle va souvent de pair avec une dévotion sans réserve à la promotion du savoir scientifique. Le positivisme ne serait pas un meilleur nom, puisqu’elle est principalement faite de négations. Il serait plus satisfaisant de l'appeler empirisme radical, si son problème principal n’était pas précisément de ne pas rechercher dans l’expérience ce qui rend l’expérience elle-même possible. Puisque cette maladie contagieuse est particulièrement commune chez les scientifiques d’aujourd’hui, on pourrait être tenté de la nommer “scientisme”, si nous oubliions le fait que sa première conséquence est de détruire, avec la rationalité de la science, sa possibilité elle-même.

Auteur: Gilson Etienne

Info: The Unity of Philosophical Experience (1950), p. 86

[ coupure épistémologique ] [ naissance de l'esprit scientifique moderne ] [ historique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

néant créateur

Il y a ce terme "éther", qui était jadis celui du 5e élément (le plus subtil), et qui représente aussi le vide cosmique, l'espace interstellaire, etc. 

Il y a les recherches des physiciens, expérimentateurs/théoriciens qui ont besoin de machines toujours plus grandes aussi bien en taille qu'en énergie afin de faire émerger du rien de minuscules et éphémères phénomènes qui permettent parait-il de voir/comprendre plus loin ou plus profond dans la structure intime de la matière (particules élémentaires, quarks, gluon, mésons... récemment le boson de Higgs). Quête scientifique, exploration grégaire méthodique, qui fait émerger des mondes parallèles difficilement saisissables puisqu'à de plus hautes énergies, vitesses, fréquences... univers (simple ou multiples ?) que la puissante abstraction des mathématiciens réussit à faire apparaitre et modéliser.

Il y a aussi le monde astral, grand fouillis qui émerge des récits de mystiques et autres ésotéristes de tous poils. Ici sont sans cesse évoqués divers et infinis niveaux vibratoires, le nôtre, celui du monde incarné où nous vivons, se situant semble-t'il plutôt en bas de l'échelle.

Voilà la bonne nouvelle, tous ces déserts apparents sont d'une immense fécondité. Fonçons les explorer, et conservons ce leitmotiv : ce que nous savons nous aveugle. 

Auteur: Mg

Info: 1 novembre 2020

[ prolifique vacuité ] [ tour d'horizon ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

isolement

La solitude est parfois dure à supporter ; elle comporte des coups de cafard, à l'heure où le soleil se couche et où commence une soirée vide. Mais elle dispense tant de joies ! Se lever très tôt à l'aurore et s'en aller, à son gré, à son heure, c'est déjà une joie. Sentir avec intensité tout ce que l'on ressent, parce que l'on s'y donne en entier, c'est une richesse de plus. Poursuivre un même problème, âprement, de toute son attention, et déjeuner à trois heures s'il le faut, c'est une force. Aussi ai-je parfois tendance à penser que - sauf exceptions, naturellement - dans nos vies d'ici-bas, tous les lots sont équivalents. Je veux dire par là qu'un mari, un amant, des enfants sont des sources de hautes joies, mais entraînent aussi des soucis, des inquiétudes pour eux ou à cause d'eux, des espoirs parfois trompés, des déceptions, des absences. Celui qui n'a pas les joies n'a pas non plus les soucis. et, libres d'eux, il peut découvrir, s'il sait y parvenir, d'autres plaisirs sans prix, qui n'appartiennent qu'à lui. La solitude, on peut aussi l'appeler liberté : il faut seulement, comme pour la liberté en général, savoir la vivre et en vivre.

Auteur: Romilly Jacqueline de

Info: Sur les chemins de Sainte-Victoire

[ outil ]

 

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effleurements

Silhouettes hautes et fines semblant chevaucher des girafes, visibles malgré l'obscurité, ils étaient aspirés par des espaces successifs, de plus en plus lointains, et s'infiltraient dans les interstices gris de tout ce noir. L'écho de leur galop les précédait et leur revenait en les prévenant des obstacles. En cela, ils ressemblaient aux chauve-souris. Mais ils ne se contentaient pas de leur ressembler, ils les frôlaient, car c'était l'heure où les chauve-souris, qui pullulaient sur ces coteaux, sortaient de leurs grottes. Il est très rare de sentir le frôlement d'une chauve-souris, vu que ces petites bêtes sont dotées d'un mécanisme antichoc infaillible. Mais le frôlement n'est pas un choc, et dans de telles occasions, c'est la vitesse qui est en cause. Ce fut ce qui arriva à Rugendas. Une chauve-souris qui venait en sens inverse lui caressa le front. A peine un centième de seconde ; on aurait pu la confondre avec le souffle d'une brise ou avec l'excitation ponctuelle d'une cellule. Mais la légèreté était suprême ; rien ne pouvait lui être comparé, en raison de la mécanique qui la produisait, et surtout de la matière sur laquelle elle s'exerçait : un front dont toutes les ramifications nerveuses étaient déconnectées. Que rêver de plus doux, de plus subtil ?

Auteur: César Aira

Info: Un épisode dans la vie du peintre voyageur, p 80

[ nuit ] [ imperceptible ] [ littérature ]

 

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multitude aérienne

Très tôt, avant même que pointe le jour, une foule enjouée et variée d’aérophiles venus pique-niquer n’avait cessé d’affluer, et ce ballet incessant avait duré jusque bien après le coucher du soleil, s’éternisant au cours de cette soirée d’été du Midwest dont ils ne percevaient guère la mélancolie, trop occupés qu’ils étaient pour la plupart, leurs ailes à la fois immobiles et palpitantes, des ailes pareilles à celles des chauve-souris, des mouettes et des albatros, des ailes faites avec la peau de veau tannée des bambous, des ailes décorées laborieusement de plumes en celluloïd, dans un vaste scintillement céleste ils arrivaient, avec à leur bord des aviateurs de tous acabits, depuis le sceptique de laboratoire jusqu’à l’ascentionniste en quête christique, souvent accompagnés d’aéro-chiens, qui avaient appris à se tenir tranquilles, à l’abri dans les tableaux de bord et aboyant s’ils remarquaient un détail qui avait échappé à l’attention du pilote – on pouvait néanmoins en distinguer d’autres sur les plats-bords et les passerelles hautes, leurs têtes tendues dans le courant atmosphérique, leurs traits empreints d’une expression de félicité absolue. Les aéronautes se saluaient de temps en temps en usant de porte-voix, et le soir retentit bientôt, telles les rues bordées d’arbres de la ville proche, de leurs plaisanteries aéronavales.

Auteur: Pynchon Thomas

Info: Contre-jour

[ encombrement ] [ avions ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

labeur

L'Ordre bouleversa tout.
On apprit à connaître une activité d'un type nouveau, qui fut nommé travail. Jusqu'alors, on engageait une action par désir ; on la poursuivait par agrément ; on la menait à son terme pour le plaisir. On savourait la joie comme le repos, l'ouvrage exaltant comme l'oeuvre accomplie. Le travail, en revanche, s'avéra d'emblée marqué du sceau de l'effort, du pénible, du rebutant ; entamé dans le non-consentement, il se déployait en souffrance et s'achevait par dégoût. Ainsi s'érigea le joug. Ainsi, la geôle dont l'humanité domestique n'a jamais su se libérer.
Sous la férule du Chef Illimité, il fallût bâtir murailles et hautes tours, creuser fossés, faire forteresse de la Cité, édifier en son sein un aberrant palais de marbre.
... Les enfants ne jouaient plus. Ils n'avaient plus permission de rire. Ils ne furent plus voyants. Ni les amants ne se promenaient entre bois et jardins. Il était à toute occasion interdit de... Interdit de s'amuser, de plaisanter, de sourire, de s'embrasser dans les bosquets. Interdit, tout ce qui déplaisait au Grand Conquérant. Et ce qui déplaisait par-dessus tout au Guerrier Invincible, au Conquérant du Monde, au Chef illimité, c'étaient les rires et les jeux, les cris joyeux et libre des enfants, les chants des oiseaux, les baisers des amants.

Auteur: Majrouh Sayd Bahodine

Info: Le Voyageur de minuit

[ normalisation ] [ régression ]

 

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savoir

J'étais assis un soir au bord de l'océan un soir d'été, regardant déferler les vagues et sentant le rythme de ma respiration, lorsque je pris soudain conscience de tout mon environnement comme étant engagé dans une gigantesque danse cosmique.
Etant physicien, je savais que le sable, les roches, l'eau et l'air autour de moi étaient composés de molécules vibrantes et d'atomes, consistant en particules qui en créent et en détruisent d'autres par interactions. Je savais aussi que l'atmosphère de la Terre était continuellement bombardée par des pluies de rayons cosmiques, particules de haute énergie subissant de multiples collisions lorsqu'elles pénètrent dans l'air. Tout cela m'était familier de par ma recherche en physique des hautes énergies, mais jusque-là, je l'avais seulement expérimenté à travers des graphes, des diagrammes, et des théories mathématiques. Tandis que je me tenais sur la plage, mes expériences théoriques passées devinrent vivantes. Je vis des cascades d'énergie descendre de l'espace au sein desquelles les particules étaient créées et détruites selon des pulsations rythmiques. Je vis les atomes des éléments et ceux de mon corps participer à cette danse cosmique de l'énergie. J'en sentais les rythmes et j'en entendais les sons, et à ce moment précis, je sus que c'était la danse de Shiva, le seigneur de la danse adoré par les hindous.

Auteur: Fritjof Capra

Info: Tao de la Physique

[ mystique ] [ ondes ]

 

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rapports de domination

S’il y a bien un scandale dans ce roman [Plateforme de Houellebecq], celui-ci consiste à faire avouer au tourisme, transformation brutale du globe terrestre en marchandise, l’obscur secret que ses entrepreneurs camouflent sous les balivernes d’une vertu d’emprunt : toute forme de tourisme est sexuelle et tous les corps exotiques sont des marchandises parce que le tourisme est par définition occidental et que l’Occident contemporain agonise dans un épuisement libidinal absolu. Les Occidentaux, comme le dit le narrateur du livre, n’arrivent plus à coucher ensemble. Leurs femmes seraient même incapables d’être des prostituées thaïes. Elles ne leur arrivent pas à la cheville. L’Occidental, explique-t-il encore, a de l’argent mais plus aucune satisfaction sexuelle. Dans d’autres pays, en revanche, vivent des milliards d’individus qui n’ont à vendre "que leurs corps et leur sexualité intacte". Une "situation d’échange idéal", conclut-il, réinventant sans le savoir la fameuse théorie des "avantages comparatifs" de Ricardo.

Dans ces conditions, l’appel au "tourisme respectueux" et aux "voyages éthiques", ainsi que la guerre contre le tourisme sexuel, ne sont même pas les marques d’un néo-puritanisme : ce sont des volontés délibérées de mettre en place une fausse conscience destinée à promouvoir l’identification de l’industrie touristique avec les plus hautes exigences de la morale afin de cacher que cette industrie est par définition coupable.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 73

[ discours hypocrite ] [ tartufferie ] [ nord-sud ] [ blancs dégénérés ]

 
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racines

Et je veux croire que sans le sentiment d'étrangeté suscité par ce que, évident ou crypté, tout nom propre contient de fatal ou de favorable, sans cette relation rêveuse que j'ai très tôt entretenue avec eux, je n'aurais sans doute pas noué avec les deux langues dans lesquelles j'ai vu le jour, le français et ce dialecte qu'on appelait patois et qui était un des ultimes rameaux de la langue limousine, le rapport de consanguinité à la fois impossible et heureux par quoi, dépassant tout conflit linguistique, je sortirais de ma condition et du drame dans lequel je ne voyais pas que je m'enfonçais, pour devenir un jour écrivain et tenter, à ma façon, d'empêcher tout un monde de sombrer dans l'oubli ou d'en accompagner la fin, aujourd'hui que le patois est mort et le français à l'agonie - du moins le français savoureux, truffé de régionalismes alertes, arc-bouté sur une syntaxe forte et parfois non dénuée d'élégance, que parlaient les gens des hautes terres et qui leur venait autant des instituteurs et des prêtres que de leur mère et de leur père et du sentiment qu'une langue possède un corps et que ce corps, comme celui des humains, est un objet d'amour et de souffrance, de respect et de haine, la condition du salut et aussi de la perte.

Auteur: Millet Richard

Info: Ma vie parmi les ombres

[ conservation ] [ nostalgie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel