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songe

[…] Récemment, tu vois, j’ai fait un rêve où je voyais le monde entier se liquéfier. J’étais debout sur la Cienega, de là-haut je surplombais le monde, et il fondait, il se liquéfiait, c’était tellement fort et réaliste tu vois. Alors j’me suis dit Eh ben si ce rêve se réalise, comment pourrais-je l’arrêter, tu vois c’que j’veux dire ?" J’opine du chef. "Comment faire pour changer les choses, tu vois ? Alors j’ai pensé que si moi j’me perçais l’oreille ou quelque chose, si je modifiais mon apparence physique, changeais de couleur de cheveux, le monde cesserait de se liquéfier. J’me suis donc teint les cheveux, et ce rose tient le coup. Il me plaît. Il dure. Et j’crois que l’monde va cesser de se liquéfier."

Auteur: Ellis Bret Easton

Info: Moins que zéro

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Ajouté à la BD par miguel

malentendus

Un désir de dévoiler à cette vieille parente tout ce qui allait mal me vint aux lèvres. De confesser que tout n’allait pas comme il faut. Que ma femme n’était pas au mieux. Que mon travail n’existait pas. Mais c’était impossible. J’étais, après tout, la célébrité de la famille. Mon nom était imprimé ici ; ma photo parue là. J’avais échappé à leur lot commun. Ou, du moins, le croyaient-ils. Du moins ma pauvre Tante Dora le croyait-elle. Asher s’en sortait bien ; Asher vivait dans une région où le soleil brillait tout au long de l’année ; Asher avait une femme fantastique. Oh, mon petit, aurais-je dû lancer, à la façon de Tante Dora, que te dire ? J’étais condamné à une version fictive de moi-même.

Auteur: Hayes Alfred

Info: C'en est fini de moi

[ parenté ] [ jouer un rôle ]

 

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peinture

Sur le chemin de Genève, nous nous arrêtâmes une journée à Bâle, où mon mari voulait voir une toile de Holbein dont il avait entendu beaucoup parler ; une déposition de Croix. Déjà, le corps du Christ supplicié, tel que le représente le peintre, se décompose ; le visage tuméfié et ensanglanté fait frémir d’horreur. Mon mari semblait écrasé ; il s’arrêta net devant le tableau, comme foudroyé (on en trouve une réminiscence dans L’Idiot). Mon état de santé m’interdisant de regarder longuement l’effrayante toile, je poursuivis seule la visite du musée. Revenant après une vingtaine de minutes, je retrouvai mon mari au même endroit. Son visage bouleversé avait cette expression de frayeur dont j’étais familière et qui, habituellement, précédait une crie d’épilepsie.

Auteur: Dostoïevski Anna Grigorievna Snitkine

Info: Extrait des "Mémoires " dans "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 228

[ émotion ] [ saisissement ] [ impressions ]

 
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fatigue des sens

Je venais de baiser mon épouse et je ne coïncidais plus avec moi. J’étais en proie à la catatonie des sens qui suit immédiatement la déflagration du phallus dans l’amour fiat. J’étais mort, enterré dans cette femme familière. Des vagues rouges roulaient encore sous mes paupières exsangues. Mes poumons cherchaient leur air.
J’étais foutrement fatigué.
Je roulai sur le dos. Le drap qui plissait était frais sous ma peau. Je reprenais sans me presser mes esprits épars sur le traversin. Sa tête abandonnée dans une flaque de cheveux blonds contre mon épaule, Vera collait et décollait sa paume de son ventre moite.
Il est atroce le petit "srizz" que produit la main de l’épouse sur son ventre mol, le soir, dans le grand silence amer du matrimoniat.

Auteur: Zufferey Jean-Gabriel

Info: Dans "Le livre de Zob" page 13

[ routine ] [ lassitude ] [ petite mort ] [ orgasme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

beaux-arts

Quand j’étais dans mon pensionnat au fin fond des Ardennes, quand les démons de la puberté commencèrent à me mordiller de partout comme un banc de piranhas, je passais des heures à la bibliothèque, les yeux plongés dans des encyclopédies à contempler des reproductions de sculptures, de tableaux. La Renaissance, ah ! la Renaissance – quoi de plus heureux que ce mot ? – et puis le Baroque me montrèrent le corps des femmes, le corps des hommes, le corps triomphant, l’exaltation des corps, rien d’autre. Sous l’œil soupçonneux du surveillant général, le front soucieux, le prépuce en nage, je m’ébahissais devant les œuvres du Bernin, tout particulièrement devant Le rapt de Perséphone dont l’érotisme fulgurant me dévasta comme un séisme intérieur, un déluge hormonal.

Auteur: Espinoy Jean d'

Info: Société anonyme, pp 155 - 156

[ statue ] [ adolescence ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

question

J’écrirai pour venger ma race. Faisait écho au cri de Rimbaud : "Je suis de race inférieure de toute éternité." J’avais 22 ans. J’étais étudiante en lettres dans une faculté de province, parmi des filles et des garçons pour beaucoup issus de la bourgeoisie locale. Je pensais orgueilleusement et naïvement qu’écrire des livres, devenir écrivain, au bout d’une lignée de paysans sans terre, d’ouvriers et de petits commerçants, de gens méprisés pour leurs manières, leur accent, leur inculture, suffirait à réparer l’injustice sociale de la naissance. Qu’une victoire individuelle effaçait des siècles de domination et de pauvreté, dans une illusion que l’école avait déjà entretenue en moi avec ma réussite scolaire. En quoi ma réalisation personnelle aurait-elle pu racheter quoi que ce soit des humiliations et des offenses subies ?"

Auteur: Ernaux Annie

Info:

[ compensation sociale ] [ écriture ] [ chimère ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lecture

J’étais toujours dans le parc. J’y ai lu cent livres. Il y avait Nietzsche et Schopenhauer et Kant et Spengler et Strachey et d’autres encore. Oh Spengler ! Quel livre ! Quel poids ! Aussi lourd que le Bottin de Los Angeles. Jour après jour je le lisais sans rien y comprendre ; d’ailleurs je me moquais de le comprendre ; je le lisais simplement parce que j’aimais tous ces mots rugissants qui défilaient de page en page avec de sombres grondements mystérieux. Et Schopenhauer ! Quel écrivain ! Pendant des jours je l’ai lu sans discontinuer, en me souvenant d’un passage çà et là. Et puis, quelles tirades sur les femmes ! J’étais totalement d’accord. Exactement les mêmes idées que Schopenhauer à propos des femmes. Ah, quel écrivain !

Auteur: Fante John

Info: La route de Los Angeles

[ mécanique ] [ manie ] [ passion ]

 

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identité source

Oui, j’étais peut-être une mouette engluée par la marée noire, mais aujourd’hui je ressemble étrangement au corbeau de l’histoire que me racontait ma grand-mère, ce volatile grossier au plumage d’ébène qui rêvait d’être un oiseau blanc. Car ainsi se poursuit la fable : l’oiseau se roule d’abord dans le talc, puis dans la farine, mais le subterfuge est de courte durée et ne tarde pas à s’évaporer. Ainsi, il se trempe tout entier dans le pot de peinture blanche, duquel il reste prisonnier. Je suis cet oiseau noir qui voulait devenir blanc et qui a trahi les siens. Je me croyais plus maline. Je me croyais capable d’imiter le chant des tourterelles. Mais moi aussi j’ai perdu l’usage de mes ailes, et là où je suis, il est inutile de se débattre.

Auteur: Vigan Delphine de

Info: Les loyautés. P. 167, Jean-Claude Lattès, 2018.

[ dénaturée ]

 

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enfance

Finalement, depuis quelque temps, j’avais un lit : du tiroir j’étais passé à un vrai lit. Pendant la nuit je dormais avec une vieille dame car à cette époque, il n’y avait pas de maison de retraite pour les personnes âgées. Il fallait donc s’occuper d’elles de jour comme de nuit. Cette situation dura jusqu’à quand je commençai à travailler.
Le soir venu on se couchait tôt car il n’y avait pas beaucoup d’électricité. Avant d’aller au lit, il faisait bon d’écouter les fables que ma tante me racontait par épisodes, soir après soir, au coin du feu et à la lueur d’une chandelle. Durant les pauses (publicité ?!) on mettait en place les bûches pour qu’elles brûlent complètement et on contrôlait la cuisson des pommes de terre enfouies sous la braise.

Auteur: Pasetta

Info: Dans "Pasetta racconta", page 19

[ occupation ] [ souvenir ] [ foyer ]

 

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pause

Je me tenais à l’ombre de l’arbre dans l’air frais de la rivière et je laissais le son, la brise légère me traverser de leur souffle. J’étais une coquille. Vide. Portez-moi à votre oreille et vous entendrez le ressac lointain d’un océan fantôme. Le néant, c’est tout. La plus infime pression du courant ou de la marée pourrait me renverser, me chavirer. Je m’échouerais. Ici sur le rivage, je m’assècherais et blanchirais et le vent me décaperait et me durcirait, arracherait les fines couches de l’épiderme jusqu’à ce que je sois cassant, de l’épaisseur du papier. Jusqu’à ce que je m’effrite dans le sable. Voilà comment je me sentais. Je dirais que c’était un soulagement enfin de n’avoir rien, rien, mais j’étais trop creux pour assimiler ce soulagement, trop vide pour le porter.

Auteur: Heller Peter

Info: La constellation du chien

[ répit ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste