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distanciation

De ces prodigieuses hauteurs, oserons-nous maintenant faire un retour sur nous-mêmes ?

Imperceptibles sur notre imperceptible globe pendant la seconde qui est notre vie, ne sommes-nous pas, en présence de cet écrasant infini, bien infimes et bien misérables?

Non, puisque nous le comprenons.

Auteur: Hugo Victor

Info: Les choses de l'infini - Contemplation Suprême

[ dérisoire observateur ] [ éphémère ]

 

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rides

La vie avait gravé les fureurs invisibles de son cœur sur son visage.

Auteur: Auden Wystan Hugh

Info:

[ pattes-d'oie ] [ stigmates ]

 

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existence

Je dis je parcourrai cette longue route, cette longue route jusqu'au bout, jusqu'au bout de moi-même...

Auteur: Darwich Mahmoud

Info: Plus rares sont les roses

[ vivre ]

 

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contemplation

Or, comme j'étais assis dans le jour, regard au loin,

À la tombée d'une lumière de printemps, fermiers vaquant aux tâches printanières qui préparent la moisson,

Rêvant l'esprit vide aux spectacles de ma terre avec ses

lacs et ses forêts,

L'air étant dans une beauté céleste (calmées les tempêtes

et la folie des vents),

La voûte bleue de l'après-midi en marche glissant sur ma

tête, avec tout un concert de voix de femmes et d'enfants,

Et la mouvante multiplicité des marées, et la trajectoire

des voiliers sous mes yeux,

Et la richesse montante de l'été, et la fièvre active dans

les champs,

Et la multitude des îlots domestiques, chaque maison

ayant quant à elle ses repas, ses routines, ses minuties,

Et l'incroyable pulsion sanguine des rues dans la compression de la cité - tout à coup, voici que,

S'abattant au milieu de tout, recouvrant tout, moi comme le reste,

Apparut le nuage, la longue traînée sombre,

Je reconnus la mort, son image, la pensée sacrée

de la mort.

Auteur: Whitman Walt

Info: Feuilles d'herbe, tome 1 - à propos des écrivains et poètes des temps passés

[ poème ] [ damoclès ]

 

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littérature

Ici s'achève la migration des oiseaux, notre migration, la migration des mots.

Et après nous, un horizon pour les nouveaux oiseaux; après nous, un horizon pour les oiseaux nouveaux.

Et nous qui battons le cuivre du ciel, nous battons le ciel pour qu'il creuse des routes après nous.

Nous nous sommes concilié nos noms au versant des lointains nuages, les nuages lointains.

Nous descendrons bientôt comme des veuves dans la place des souvenirs

Et nous dresserons notre tente pour les ultimes vents : soufflez, soufflez, que vive le poème.

Auteur: Darwich Mahmoud

Info: Plus rares sont les roses

[ rêve ] [ éphémère ]

 

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rencontre

Mais ce qui eut l'effet le plus immédiat, toute la semaine durant, ce fut l'évidente simultanéité entre Don Juan et elle, l'autre qui au premier regard ne se sentait plus l'autre, tout comme lui, l'homme inconnu, elle ne le sentait plus autre. S'il y avait quelque chose en quoi la femme avait confiance, c'était bien cette simultanéité. On pouvait s'y fier : au cours des événements ultérieurs, ils seraient deux à être ou à agir simultanément. Ses gestes et ses mouvements seraient aussi les siens. Elle et lui auraient un sens du temps en parfait accord. En Don Juan si un nom lui venait à l'esprit, à elle, ce ne serait en aucun cas celui-ci – cette femme trouva son contemporain.


Auteur: Handke Peter

Info: Don Juan (raconté par lui-même)

[ pensée-de-femme ] [ complémentarité ] [ projection ] [ couple ]

 

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connaissances

Quand les ignorants voient ces grandes bibliothèques que l'on peut appeler le magasin des fantaisies des hommes, ils s'imaginent que l'on serait bienheureux, ou au moins bien habile, si on savait tout ce qui est contenu dans ces volumes des sciences humaines, qu'ils considèrent comme des trésors de lumière et de vérité.

Mais ils en jugent mal. Quand tout cela serait réuni dans une tête, cette tête n'en serait ni plus heureuse, ni plus prudente, ni plus sage, ni plus savante. Tout cela ne ferait qu'augmenter sa confusion et obscurcir sa lumière.

Auteur: Nicole Pierre

Info: Essais de morale, Paris, 1671, p. 37

[ imaginaire ] [ quantité-qualité ] [ préjugé ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

temps

D’un Yuga à l’autre, la dégénérescence s’accompagne d’une décroissance de la durée, qui est d’ailleurs considérée comme influençant la longueur de la vie humaine ; et ce qui importe avant tout à cet égard, c’est le rapport qui existe entre les durées respectives de ces différentes périodes. Si la durée totale du Manvantara est représentée par 10, celle du Krita-Yuga ou Satya-Yuga le sera par 4, celle du Trêtâ-Yuga par 3, celle du Dwâpara-Yuga par 2, et celle du Kali-Yuga par 1 ; ces nombres sont aussi ceux des pieds du taureau symbolique de Dharma qui sont figurés comme reposant sur la terre pendant les mêmes périodes. La division du Manvantara s’effectue donc suivant la formule 10 = 4 + 3 + 2 + 1, qui est, en sens inverse, celle de la Tétrakys pythagoricienne : 1 + 2 + 3 + 4 = 10 ; cette dernière formule correspond à ce que le langage de l’hermétisme occidental appelle la "circulature du quadrant", et l’autre au problème inverse de la "quadrature du cercle", qui exprime précisément le rapport de la fin du cycle à son commencement, c’est-à-dire, l’intégration de son développement total ; il y a là tout un symbolisme à la fois arithmétique et géométrique que nous ne pouvons qu’indiquer encore en passant pour ne pas trop nous écarter de notre sujet principal.

 Quant aux chiffres indiqués dans divers textes pour la durée du Manvantara, et par suite pour celle des Yugas, il doit être bien entendu qu’il ne faut nullement les regarder comme constituant une "chronologie" au sens ordinaire de ce mot, nous voulons dire comme exprimant des nombres d’années devant être pris à la lettre ; c’est d’ailleurs pourquoi certaines variations apparentes dans ces données n’impliquent au fond aucune contradiction réelle. Ce qui est à considérer dans ces chiffres, d’une façon générale c’est seulement le nombre 4320, pour la raison que nous allons expliquer par la suite, et non point les zéros plus ou moins nombreux dont il est suivi, et qui peuvent même être surtout destinés à égarer ceux qui voudraient se livrer à certains calculs. Cette précaution peut sembler étrange à première vue, mais elle est cependant facile à expliquer : si la durée réelle du Manvantara était connue, et si en outre, son point de départ était déterminé avec exactitude, chacun pourrait sans difficulté en tirer des déductions permettant de prévoir certains événements futurs ; or, aucune tradition orthodoxe n’a jamais encouragé les recherches au moyen desquelles l’homme peut arriver à connaître l’avenir dans une mesure plus ou moins étendue, cette connaissance présentant pratiquement beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages véritables. C’est pourquoi le point de départ et la durée du Manvantara ont toujours été dissimulés plus ou moins soigneusement, soit en ajoutant ou en retranchant un nombre déterminé d’années aux dates réelles, soit en multipliant ou divisant les durées des périodes cycliques de façon à conserver seulement leurs proportions exactes ; et nous ajouterons que certaines correspondances ont parfois aussi été interverties pour des motifs similaires.

Auteur: Guénon René

Info: Formes traditionnelles et Cycles cosmiques, éditions Gallimard, 1970

[ indétermination ] [ hindouisme ]

 
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corps-esprit

Il [ Varron ] voit en l’homme deux substances, le corps et l’âme ; et de ces deux substances que l’âme soit la meilleure et la plus excellente, il n’en doute nullement ; mais il demande si l’âme seule est l’homme ; en sorte que le corps lui soit ce que le cheval est au cavalier ; car le cavalier n’est pas l’homme et le cheval ; mais l’homme seul, appelé toutefois cavalier, à cause de son rapport au cheval. Ou bien si le corps seul est l’homme avec quelque rapport à l’âme, comme la coupe au breuvage. […] Ou bien encore l’homme n’est-il ni l’âme seule ni le corps seul, mais l’un et l’autre, en sorte que l’âme ou le corps ne soit séparément qu’une partie, et que leur union compose l’homme même […]. Varron adopte la troisième [hypothèse] : il pense que l’homme n’est ni l’âme seule, ni le corps seul, mais l’âme et le corps, et conclut que le souverain bien et souverain bonheur de l’homme se compose du bien de l’une et de l’autre substance : l’âme et le corps. Il croit donc que ces premiers biens de la nature sont désirables pour eux-mêmes, ainsi que la vertu, cet art de vivre de tous les biens de l’âme plus excellent, et que l’éducation greffe sur la nature.

Auteur: Saint Augustin Aurelius Augustinus

Info: La cité de Dieu, volume 3, traduction du latin de Louis Moreau revue par Jean-Claude Eslin, éditions du Seuil, mai 1994, page 100

[ théologien-sur-philosophe ] [ résumé ]

 

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idées

[…] Varron, dans son livre De la philosophie, classe avec autant d’exactitude que de pénétration une telle multitude d’opinions dogmatiques, qu’il arrive sans difficulté jusqu’au nombre de deux cents quatre-vingt-huit sectes, sinon réelles, du moins possibles, certaines différences admises.

Je vais montrer en peu de mots comment il procède ; et d’abord je pose en principe, ainsi que lui-même le fait dans son ouvrage, qu’il est quatre choses que sans le secours d’aucun maître ou d’aucune discipline, sans cette éducation ou cet art de vivre que l’on appelle vertu et qui s’apprend évidemment, les hommes recherchent comme par instinct naturel : ou la volupté, cette enivrante excitation des sens ; ou le repos, cette complète exemption de toute souffrance corporelle, ou l’une et l’autre qu’Epicure réunit sous le nom de volupté ; ou en général les premiers biens de la nature qui comprennent les précédents et d’autres encore : au physique, la santé et l’intégrité des organes ; au moral, les dons inégalement répartis de l’intelligence. Or, ces quatre choses, volupté, repos, volupté et repos, les premiers biens de la nature, sont tellement en nous que, pour elles, il faut rechercher la vertu, ce fruit ultérieur de l’éducation ; ou les rechercher pour la vertu, ou elles-mêmes pour elles-mêmes : distinction qui donne naissance à douze sectes. […]

Il y a douze sectes de philosophes qui ne s’attachent chacun à sa secte que dans leur propre intérêt, et douze qui prétendent devoir embrasser tel ou tel genre de philosophie, non seulement pour eux-mêmes, mais encore pour les autres dont le bien ne leur est pas moins à cœur que leur bien propre. Or, ces vingt-quatre nouvelles sectes doublent encore en ajoutant la différence tirée de la nouvelle Académie, et s’élèvent à quarante-huit. Car de ces vingt-quatre sectes chacune peut être embrassée et défendue comme certaine : ainsi les stoïciens tiennent pour certain que le souverain bien de l’homme consiste uniquement dans la vertu de l’âme ; chacune peut être encore soutenue comme incertaine, ainsi les nouveaux académiciens qui n’admettent rien en tant que certain, mais seulement en tant que vraisemblable. Voilà donc vingt-quatre sectes qui attribuent à leur doctrine la certitude de la vérité et vingt-quatre qui suivent leurs opinions malgré l’incertitude de la vraisemblance, et comme on peut suivre ces quarante-huit sectes en s’attachant soit au genre de vie des autres philosophes, soit à celui des cyniques, cette différence les double et en fait quatre-vingt-seize. Enfin, comme l’on peut embrasser chacune de ces sectes, sans répudier les charmes de la vie privée ; les uns en effet n’ont pu ou voulu se livrer qu’à l’étude : ou, sans renoncer aux affaires, combien d’autres que le zèle de la philosophie n’a pas distraits du gouvernement de la république et du mouvement des choses humaines ? Ou sans déranger ce juste tempérament d’activité et de loisir suivant lequel plusieurs ont partagé leur vie entre la nécessité des affaires et la liberté de l’étude, ces différences peuvent tripler le nombre des sectes et le porter à deux cent quatre-vingt-huit.

Auteur: Saint Augustin Aurelius Augustinus

Info: La cité de Dieu, volume 3, traduction du latin de Louis Moreau revue par Jean-Claude Eslin, éditions du Seuil, mai 1994, pages 95-96

[ catégorisations ] [ antiquité ] [ théologien-sur-philosophe ]

 
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