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serviteur de la pensée

Telle est la situation des systèmes philosophiques. Une pensée soi-disant délivrée de l'autorité d'une tradition spirituelle, c'est-à-dire privée de la lumière plus ou moins indirecte de l'intuition intellectuelle, se trouve soumise en fait au dogmatisme anarchique des opinions individuelles et des passions qu'elles présupposent. Le philosophe libéré de l'apparent dogmatisme d'une tradition spirituelle a l'illusion qu'il est libre pour la vérité: en fait, il n'utilise sa liberté que pour détruire les systèmes antérieurs dont il décèle souvent les tares mais non pour s'ouvrir à une expérience vraiment intégrale du réel, car toujours il retombe dans la prison de nouvelles limitations intellectuelles et passionnelles. Son refus massif des "dogmatismes" antérieurs n'est conditionné en fait que par un dogmatisme qui s'ignore.
La situation du "métaphysicien pur" est pour ainsi dire inverse : se maintenant dans les cadres d'une tradition spirituelle qui limite apparemment sa liberté et qui pratiquement contrôle et tempère son individualité psychique et mentale, il parvient à dépasser du dedans les limitations dogmatiques de cette tradition en approfondissant le contenu de son message. La soumission de ses puissances individuelles à l'extériorité d'une tradition limitée apparaît alors comme la condition paradoxale d'une parfaite disponibilité qui lui permet une saisie "libre" et "désintéressée" de vérités universelles.

Auteur: Vallin Georges

Info: Dans "Perspective métaphysique", page 83

[ cadre fondateur ] [ décadence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

bureaucrates

Le narrateur est un cadre bancaire d'une trentaine d'années qui vient de réintégrer "Futura", société qu'il avait quittée un an plus tôt pour un projet qui finalement n'a pas abouti. Divorcé, un enfant, c'est sans passion qu'il est revenu à la case départ ou presque. Il occupe désormais un poste de "gestion de projet" dans les assurances-vie.

Les premiers mois sont laborieux, il est en période d'essai et se donne à fond. Sa supérieure directe, Blondine, n'a pas la carrure pour le poste et se contente, lorsqu'elle est face à un de ses équipiers, de balancer des petites phrases toutes faites (toujours les mêmes) du style "il y a un trou dans la raquette" ou "il va monter en compétence". Retrouver ces expressions dans ce livre m'a amusée car elles sont utilisées quotidiennement dans mon entreprise, notamment par les directeurs (mon précédent directeur détenait la palme dans ce domaine !).

A la première réunion Blondine me dit : "c'est bien, tu as pris le taureau par les cornes. Pas de trou dans la raquette, on est en ordre de marche". Puis elle m'avait demandé s'il était utile de déranger tous ces opérationnels. Opérationnel, en langage "corporate", ça veut dire "larbin".

Auteur: sylire pseudo

Info: critique de Le poisson pourrit par la tête [burn-out] de Michel Goussu

[ management us ] [ rapports humains ] [ cols blancs ] [ fonctionnaires administratifs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

contemplative

Lorsqu'elle ne trouve pas l'amour, elle peut trouver la poésie. Parce qu'elle n'agit pas, elle observe, elle sent, elle enregistre ; une couleur, un sourire éveillent en elle des échos profonds ; son destin est hors d'elle, éparpillé dans les villes déjà construites, sur les visages des hommes déjà marqués par la vie, elle prend contact, elle savoure avec passion et pourtant d'une manière plus détachée, plus libre, que celle d'un jeune homme. Étant mal intégrée dans l'univers de l'humanité et ne pouvant guère s'y adapter, elle est capable, comme l'enfant, de le voir objectivement ; au lieu de s'intéresser uniquement à sa prise sur les choses, elle en cherche la signification ; elle en saisit les contours particuliers, les métamorphoses inattendues. Elle éprouve rarement une créativité audacieuse, et généralement elle manque de technique d'expression personnelle ; mais dans sa conversation, ses lettres, ses essais littéraires, ses croquis, elle manifeste une sensibilité originale. La jeune fille se jette dans les choses avec ardeur, parce qu'elle n'est pas encore privée de sa transcendance ; et le fait qu'elle n'accomplisse rien, qu'elle ne soit rien, ne rendra ses élans que plus passionnés. Vide et illimitée, elle cherche du dedans de son néant à atteindre le Tout.

Auteur: Beauvoir Simone de

Info: Le Deuxième Sexe

[ femmes-par-femme ] [ scrutant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

psychanalyse

Le grave est qu’avec les auteurs d’aujourd’hui, la séquence des effets analytiques semble prise à l’envers. L’interprétation ne serait, à suivre leurs propos qu’un ânonnement par rapport à l’ouverture d’une relation plus large où enfin l’on se comprend ("par le dedans" sans doute).

L’interprétation devient ici une exigence de la faiblesse à laquelle il nous faut venir en aide. […]

Mais c’est là seulement l’effet des passions de l’analyste : sa crainte qui n’est pas de l’erreur, mais de l’ignorance, son goût qui n’est pas de satisfaire, mais de ne pas décevoir, son besoin qui n’est pas de gouverner, mais de garder le dessus. Il ne s’agit nullement du contre-transfert chez tel ou tel ; il s’agit des conséquences de la relation duelle, si le thérapeute ne la surmonte pas, et comment la surmonterait-il s’il en fait l’idéal de son action ?

Primum vivere sans doute : il faut éviter la rupture. Que l’on classe sous le nom de technique la civilité puérile et honnête à enseigner à cette fin, passe encore. Mais que l’on confonde cette nécessité physique, de la présence du patient au rendez-vous, avec la relation analytique, on se trompe et on fourvoie le novice pour longtemps.

Auteur: Lacan Jacques

Info: La direction de la cure et les principes de son pouvoir

[ satisfaction des besoins ] [ clientélisme ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

Le temps n'avait pas entièrement calmé la passion de la jeune femme. Voyant que Wou-song apportait des provisions de toute espèce, Kin-lièn, réfléchissant, se dit au fond du coeur : " Est-ce que par hasard ce vaurien penserait à moi maintenant ? Oui, je n'en doute plus, le voilà qui revient ! mais c'est un homme calme ; il ne voudra pas employer la violence. Oh ! il faut que je l'amène tout doucement à une conversation particulière. " Elle monta dans sa chambre, égalisa le fard sur ses deux joues, ajusta de nouveau les noeuds de son épaisse chevelure et quitta la robe qu'elle portait pour en mettre une autre d'une grande beauté. Alors seulement elle redescendit et saluant son beau-frère : " En vérité, lui dit-elle d'un air souriant, je ne sais ce qui vous amène ici. Que de moments se sont écoulés depuis que je ne vous ai vu et sans que je puisse comprendre la cause d'un pareil éloignement ! Chaque jour je disais à votre frère : " Allez donc à la préfecture ; causez avec le major ; tâchez de le ramener, Mais chaque jour il répondait que cela n'était pas nécessaire. Enfin, je me réjouis de votre retour, mais pourquoi prodiguer de l'argent sans motif ?

Auteur: Luo Guan zhong

Info: Au bord de l'eau, tome 2, chapitres 47 à 92

[ conte ]

 

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vacherie

Patrick Poivre naît en 1947, à Reims, dans la Marne, ce qui déclenche en lui une passion immédiate et immodérée pour la Bretagne. Précoce dans tous les domaines, il devient bachelier à quinze ans, giscardien à seize, dégarni à dix-sept... puis, en vrac, diplômé de Sciences Po, journaliste, don Juan. A vingt-deux ans, un après-midi qu'il s'ennuie, il rajoute "d'Arvor" à son nom. Nommé présentateur du journal de 20h de 1975 à 2008, il trouve néanmoins le temps de rapporter un bébé d'Irak sans le déclarer à la douane, d'interviewer Fidel Castro sans qu'il ne s'en rende compte, de participer à quelques retentissants procès médiatiques sans tous les perdre et d'écrire une cinquantaine d'ouvrages (anthologies, essais, romans, etc.) ainsi qu'une dizaine d'autobiographies à lui tout seul sans mettre toutes les citations entre guillemets. Son hyperactivité effraie l'Académie française, qui préfère ne pas l'élire en son sein.
Bibliographie : impossible de citer tous les ouvrages auxquels Patrick a participé de près ou de loin. Retenons qu'en littérature, PPDA est surtout connu pour ses romans émouvants et ses portraits ressemblants, tellement bien documentés que certains esprits chagrins lui reprochent de les avoir recopiés dans des ouvrages existants (comme si Patrick avait le temps de lire les livres des autres).

Auteur: Fioretto Pascal

Info: Concentré de best-sellers - Pastiches, p. 30

[ humour ] [ biographie ]

 

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homme-femme

Tout d'abord, j'allais à la pêche. Je prenais mon poisson à l'arbalète, juste ce qu'il fallait pour deux personnes. A cette heure-là la mer sentait le goémon, les coquillages et les étoiles, elle pénétrait dans ma bouche et laissait ces odeurs dans ma mémoire. Encore sous l'eau, je sentais le goût qu'aurait mon poisson, accompagné d'un vin "sang de lièvre" et de la salade piquante que préparait Barbara. Son petit restaurant, flanqué d'un kiosque à musique, était dans les pins, juste derrière la plage.

"Barbara, tu veux bien me faire frire ce poisson ?" lui demandais-je. Elle regardait les bords de mes talons couverts de résine, mes cheveux parsemés d'aiguilles de pin, et elle humait le vent salé que je portais dans mes narines. On venait dans son restaurant quand on était las de faire la fête. Elle mettait une vraie passion à accommoder le produit de ma pêche. Elle connaissait par coeur mes vêtements et mes chaussures et la couleur de mes chemises. Tandis que je dînais, assis à une petite table dans un coin où l'on entendait le bruit de la mer, elle me regardait à travers ses cils, par-dessus le comptoir, et elle sentait dans ma bouche le goût du poisson qu'elle venait de faire cuire.

Auteur: Pavic Milorad

Info: In "Les chevaux de Saint-Marc", éd. Belfond, p. 59-60

[ cuisine ] [ appétit ] [ complicité ] [ femme-par-homme ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

soliloque

Délivré de toutes les passions terrestres qu’engendre le tumulte de la vie sociale, mon âme s’élancerait fréquemment au-dessus de cet atmosphère, et commercerait d’avance avec les intelligences célestes dont elle espère aller augmenter le nombre dans peu de temps. Les hommes se garderont, je le sais [,] de me rendre un si doux asile où ils n’ont pas voulu me laisser. Mais ils ne m’empêcheront pas du moins de m’y transporter chaque jour sur les ailes de l’imagination, et d’y goûter durant quelques heures le même plaisir que si je l’habitais encore. Ce que j’y ferais de plus doux serait d’y rêver à mon aise. En rêvant que j’y suis ne fais-je pas la même chose ? Je fais même plus ; à l’attrait d’une rêverie abstraite et monotone je joins des images charmantes qui la vivifient. Leurs objets échappaient souvent à mes sens dans mes extases, et maintenant plus ma rêverie est profonde plus elle me les peint vivement. Je suis souvent plus au milieu d’eux et plus agréablement que quand j’y étais réellement. Le malheur est qu’à mesure que l’imagination s’attiédit cela vient avec plus de peine et ne dure pas si longtemps. Hélas, c’est quand on commence à quitter sa dépouille qu’on en est le plus offusqué !

Auteur: Rousseau Jean-Jacques

Info: Les Rêveries du promeneur solitaire. Fin de la cinquième promenade

[ monologue intérieur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écriture

Mon époque et l'existence me pèsent sur les épaules, horriblement. Je suis si dégoûté de tout, et particulièrement de la littérature militante que j'ai renoncé à publier. Il ne fait plus bon vivre pour les gens de goût.

      Malgré cela, il faut encourager ton fils dans le goût qu'il a pour les vers, parce que c'est une noble passion, parce que les lettres consolent de bien des infortunes et parce qu'il aura peut-être du talent : qui sait ? Il n'a pas jusqu'à présent assez produit pour que je me permette de tirer son horoscope poétique ; et puis à qui est-il permis de décider de l'avenir d'un homme ?

      Je crois notre jeune garçon un peu flâneur et médiocrement âpre au travail. Je voudrais lui voir entreprendre une oeuvre de longue haleine, fût-elle détestable. Ce qu'il m'a montré vaut bien tout ce qu'on imprime chez les Parnassiens... Avec le temps, il gagnera de l'originalité, une manière individuelle de voir et de sentir (car tout est là) ; pour ce qui est du résultat, du succès, qu'importe ! Le principal en ce monde est de tenir son âme dans une région haute, loin des fanges bourgeoises et démocratiques. Le culte de l'Art donne de l'orgueil ; on n'en a jamais trop. Telle est ma morale.

Auteur: Flaubert Gustave

Info: extrait d'une lettre, du 23 février 1873, à la mère de Maupassant

[ point de vue ] [ ambition ] [ conseils ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini

critique littéraire

R.U.R., comédie utopiste en quatre actes, de M. Tchapek [Capek], traduite du tchèque par M. H. Jelinek. C’est, ma foi, une pièce des plus curieuses, d’un accent nouveau, mise en scène remarquablement, et qui a le mérite immense de nous arracher à la banalité quotidienne. Je serais bien étonné si elle ne remportait pas auprès du public un grand succès. […] C’est fort attachant, et passionnant même, et nous dirions que cette histoire est hardiment originale, si elle était neuve. Or, rendons à César ce qui est à César ! L’idée de la pièce, les hommes-machines, et même le sujet "la révolte des machines" nous sont connus. Et l’on se demande si l’auteur tchèque n’a pas lu de trop près l’inouï et génial Voyage au pays de la quatrième dimension de G. de Pawlowski. Le laboratoire du docteur Rezon ressemble beaucoup au "grand laboratoire central" du "savant absolu". Les robots évoquent tout à la fois les "machines vivantes" et les "homoncules" imaginés avec la puissance visionnaire que l’on sait par G. de Pawlowski, et, dans le chapitre "le massacre des homoncules", il y avait déjà, avec un dénouement différent, tout le sujet de R.U.R. Mais cela n’empêche pas – au contraire ! – que la pièce soit des plus intéressantes.

Auteur: Meré Charles

Info: Excelsior du 29 mars 1924

[ science-fiction ] [ influence ] [ inspiration ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson