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non-voyant

J'ai perdu la vue à quatre ans et demi. De mes premières années, il ne me reste aucun souvenir visuel qui soit net, soit parce que l'insouciante enfance ne fixe guère son attention, soit plutôt parce que, dans la nuit complète où je vis désormais, aucune impression visuelle ne peut venir réveiller des souvenirs endormis. Dans une grande Histoire Sainte qu'on ouvrait devant moi, j'ai bien quelque idée d'un Abraham immolant son fils, tandis qu'un ange descend du ciel pour arrêter son bras. Peut-être les ailes de l'ange qui avaient frappé mon imagination d'enfant ont-elles laissé quelques traces dans ma mémoire? Mais tout cela est si vague que j'ose à peine y croire, et pour peu que je cherche à presser mon souvenir, tout s'évanouit aussitôt. C'est plutôt un souvenir de vision qu'une image visuelle. J'ai des idées assez précises des couleurs, mais, faute de pouvoir les contrôler, j'ignore si elles sont exactes. Quand mes yeux se sont fermés, je ne savais pas lire. Mon éducation a donc été entièrement une éducation d'aveugle.

Auteur: Villey Pierre Louis Joseph

Info: Le monde des aveugles: essai de psychologie

[ . ]

 

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vieillesse

Je l'imaginais jeune, grande, élégante, faisant le tour des écuries de Manderley, en relevant sa longue jupe pour qu'elle ne traînât pas dans la boue. Je voyais la taille fine, le col montant, je l'entendais commander la voiture pour deux heures. Tout cela était fini maintenant pour elle, tout cela était passé. Son mari était mort depuis quarante ans, son fils depuis quinze. Elle devait rester ici dans cette maison avec son infirmière jusqu'à ce que vînt son heure de mourir. Je songeais que nous savons peu de choses sur les personnes âgées. Nous comprenons les enfants, leurs jeux, leurs espoirs et leurs illusions. J'étais une enfant, hier. Je n'avais pas oublié. Mais la grand-mère de Maxime, assise dans ses châles, avec ses pauvres yeux aveugles, qu'éprouvait-elle, que savait-elle ? Savait-elle que Béatrice bâillait en regardant sa montre ? Devinait-elle que nous étions venues la voir parce que nous pensions que c'était bien, que c'était notre devoir, afin que, en rentrant chez elle, Béatrice pût dire : " Maintenant, j'ai la conscience tranquille pour trois mois " ?

Auteur: Du Maurier Daphné

Info: Rebecca

[ littérature ] [ EMS ] [ corvée ]

 

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colonialisme

En cette fin de journée tranquille, chacune des deux parties semble ignorer l'autre. Akiva et Batya fixent la route droit devant eux et haussent les épaules quand je leur signale un joli minaret. Les contacts entre Arabes et Juifs se limitent à ces "rencontres" furtives sur les routes. Ou aux accrochages. Akiva me l'avait dit : l'Arabe croisé sur un parking ou sur le bord de la chaussée est avant tout une "menace potentielle".
L'indifférence des colons pour tout ce qui touche au quotidien des Palestiniens fait penser aux mots du poète Eliaz Cohen sur leurs précurseurs, les pionniers des années 1970 : "Ils n'ont pas vu les Palestiniens. Ils voulaient aller le plus vite possible, attraper le plus de terre possible. Ils voyaient un village palestinien. Mais en fait ils ne voyaient que la colline juste derrière. Les Palestiniens ? Ils se disaient qu'ils resteraient, petits, dans leur coin, ou bien qu'ils s'en iraient d'eux-mêmes. Ils sont tout simplement aveugles, ils ne voient pas. A cause des cloches du messianisme qu'ils ont entendues... Ils n'ont pensé qu'à la mission qu'ils devaient accomplir".

Auteur: Vitkine Benoît

Info: Mon cousin, colon

[ judaïsme ]

 

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mondanité

Le cloisonnement régnait toujours. Même dans ce jardin en ruine se reproduisaient les groupes des ghettos, les groupes de Malibu, les groupes de Beverly Hills. Ainsi, les gens les mieux habillés, en vêtements de grands couturiers, demeuraient ensemble. Chacun reconnaissait les siens et ne manifestait nulle envie de se mêler aux autres. Il me semblait déjà surprenant que certains d'entre eux aient accepté de venir dans un ghetto noir de Venice. C'est le dernier chic, avaient-ils peut-être pensé. Bien sûr, ce qui rendait tout ça puant, c'est que nombre des gens riches et célèbres n'étaient que de sales cons et de sales connes. Ils avaient simplement eu du pot. Ou s'étaient enrichi sur le dos de la stupidité des foules. En général, ils étaient sans talent, sans intelligence, sans âme, des étrons sur pattes, mais aux yeux du public, ils étaient comme des Dieux, beaux et révérés. Le mauvais goût créait plus de milliardaires que le bon. En définitive, ça se résumait à une question de suffrages. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Alors qui mérite quoi ? Personne ne mérite quoi que ce soit...

Auteur: Bukowski Charles

Info: Hollywood p 119 Livre de Poche

[ cénacle ] [ snob ] [ USA ]

 

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inconnaissable

La parabole bouddhiste de l'éléphant et des aveugles : un roi dans le Nord de l'Inde aurait un jour réuni en un lieu tous les habitants aveugles de la ville. Puis il fit passer devant les assistants un éléphant. Il laissa les uns toucher la tête, en disant - c'est ça un éléphant- D'autres purent toucher l'oreille ou la défense, la trompe, la patte, le derrière, les poils de la queue. Là-dessus le roi demanda à chacun :
- Comment c'est, un éléphant ?
Et selon la partie qu'ils avaient touchée, ils répondirent :
- C'est comme une corbeille tressée... c'est comme un pot... c'est comme la barre d'une charrue... c'est comme un entrepôt... c'est comme un pilastre... c'est comme un mortier... c'est comme un balai...
Là-dessus -continue la parabole- ... ils se mirent à se disputer, et en criant :
- L'éléphant, c'est comme ci, c'est comme ça, ils se jetèrent l'un sur l'autre et se frappèrent avec les poings, au divertissement du roi.
La querelle des religions apparaît aux hommes d'aujourd'hui comme cette querelle des aveugles nés. Car face aux secrets du divin nous sommes, semble-t-il, nés aveugles.

Auteur: Verlinde Joseph-Marie

Info: Quand le voile se déchire

[ théologie impuissante ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

La plupart des hommes sont aveugles au point de vue érotique, parce qu'ils commettent l'impardonnable méprise de confondre l'Eros avec la sexualité. L'homme s'imagine posséder une femme quand il la possède sexuellement. Or il n'est pas de moment où il la possède moins. Car, pour la femme, la relation érotique seule importe. Le mariage est pour elle une relation à laquelle s'ajoute la sexualité.

La tradition fait de l'homme le destructeur de la paix conjugale. Cette légende nous vient d'époques, disparues depuis longtemps, où les hommes avaient encore des loisirs pour se livrer à toutes sortes de divertissements. Mais aujourd'hui, la vie exige de l'homme tant d'efforts que le noble hidalgo Don Juan ne se rencontre plus guère qu'au théâtre. Plus que jamais l'homme aime ses aises; nous vivons à l'époque de la neurasthénie, de l'impuissance, et des "easy chairs". Il ne lui reste, pour grimper au balcon et pour se battre en duel, aucune parcelle d’énergie. S'il s'engage dans l'adultère, il faut que l'aventure soit facile. Elle ne doit être coûteuse à aucun point de vue; aussi ne peut-elle être que passagère; l'homme d'aujourd'hui a grand-peur d'ébranler l'institution du mariage.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: L'âme et la vie

[ mésentente ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

non-voyant

Si l'intelligence de l'aveugle n'est pas amoindrie par son infirmité, sa capacité d'agir est grandement diminuée. L'homme est essentiellement un visuel. Lui ôter la vue, c'est le priver de son principal instrument d'action. Un chien qui devient aveugle continue à mener sa vie normale. Son odorat et son ouïe suffisent à ses besognes ordinaires. La cécité n'est pas rare dans l'espèce canine. Nous en avons tous connu de ces pauvres chiens vieillissants dont la vue s'éteint progressivement. A peine s'aperçoit-on de leur infirmité. Ils ne cessent point de se conduire, de chasser, de garder en bon ordre leurs moutons ou leurs vaches, de mordre au jarret ceux qui s'écartent du rang, de courir avec l'agilité que leurs muscles leur permettent encore. Il en va de même du cheval, au moins du cheval domestique qui, sans la vue, continua fort bien son service. La chauve-souris, devenue aveugle, pourvoit à sa subsistance. L'homme, parce qu'il est beaucoup moins doué que nombre de bêtes du côté de l'odorat, mais surtout parce que son activité est beaucoup plus riche et variée, est diminué et désemparé par la perte de la vue bien plus que la plupart des animaux.

Auteur: Villey Pierre Louis Joseph

Info: Le monde des aveugles: essai de psychologie

[ homme-animal ]

 

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cité imaginaire

Passé le gué, franchi le col, l’homme se trouve tout à coup face à la ville de Moriana, avec ses portes d’albâtre transparentes à la lumière du soleil, ses colonnes de corail qui soutiennent des frontons incrustés de serpentine, ses villas toutes de verre comme les aquariums où les ombres des danseuses aux écailles argentées nagent sous les lampadaires en forme de méduse. S’il n’en est pas à son premier voyage, l’homme sait déjà que les villes comme celle-ci ont un envers : il suffit de parcourir un demi-cercle pour avoir en vue la face cachée de Moriana, une étendue de tôle rouillée, de toile de sac, de planches hérissées de clous, de tuyaux noircis par la suie, de tas de pots, de murs aveugles couverts d’inscriptions délavées, de chaises dépareillées, de cordes tout juste bonnes pour se pendre à une poutre pourrie.

D’un côté à l’autre, la ville semble se continuer en une perspective qui multiplierait son répertoire d’images : en fait, elle n’a pas d’épaisseur, elle consiste uniquement en un envers et un endroit, comme une feuille de papier, avec une figure de-ci et une figure de-là, qui ne peuvent se détacher ni se regarder.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ biface ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

non-voyant

J'ai eu une hémorragie des yeux. Un matin, au réveil, un voile rouge me barrait la vue. Je voyais encore la lumière et les ombres. Après, tout s'est éteint. Un cauchemar. (...) En réalité, aujourd'hui, je ne suis pas dans le noir. Quand cela ne va pas, on peut avoir l'impression d'être dans un gouffre. Mais dès que l'on se sent mieux, on a des couleurs. On peut même "voir" des étoiles !
(...)
Dernièrement, je suis allé voir deux films, Polisse et Intouchables. En disant cela, je ne crois pas usurper quoi que ce soit. Je perçois l'atmosphère, j'entends les sons et je reconstruis l'image dans ma tête...
Je suis allé une fois à une séance de cinéma en "audiovision" : une voix décrivait les scènes trop imagées. J'ai enlevé mon casque : - Décrire ainsi l'image, je trouvais cela pauvre...
Je garde en mémoire les traits de mes parents, mais je préfère ne pas y penser. Je ne veux pas être plaint.
- Et votre définition de la beauté ?
Cela dépend de mes sentiments... Je m'intéresse davantage à l'être humain. Mais c'est peut-être l'âge qui me fait parler ainsi, et non mon expérience d'aveugle.

Auteur: Kerroumi Bachir

Info: a perdu la vue à 18 ans, interview suite au livre de Sophie Calle sur les aveugles

[ témoignage ] [ cinéma ]

 

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apparition

Elle, d’une douce voix inarticulée

Pas plus syllabique que celle de l’océan : "Je suis ici depuis des années

Cognant aux portes fermées de ton esprit ... – Allez-vous-en, dit-il,

Je ne crois à rien." Elle dit "Autrefois tu voulais comprendre,

Tu voulais connaître la vérité à propos des choses,

Et si cette... immense implantation de terre et d’étoiles,

De chair, d’esprit et de temps et ainsi de suite, avait un sens.

Mais maintenant tu t’es perdu dans la passion. – Mmh ?

pas du tout. La passion ?

Froide comme une carpe. Si je n’étais...

Qui êtes-vous, au fait ? – Mara, répondit-elle,

mais quand il

La regarda à nouveau elle avait disparu, et il lui semblait

Ne s’être parlé qu’à lui-même. "Mmh. Mara. Si c’est un nom,

Que veut-il dire ?

Si je me mets à entendre des voix et avoir des visions... Ah ?

Quel affreux symptôme. Je dois me reprendre en main,

Ne plus trop penser, et être froid comme un serpent. Mais elle avait raison :

Vivre sans savoir n’est pas suffisant. Qui connaît

Tout ? Alors vivre n’est pas suffisant. Alors nous trimons,

Aveugles, aveugles, aveugles."


Auteur: Jeffers Robinson

Info: Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, page 38

[ ange ] [ pression de la vérité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson