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pouvoir
Tant qu'on n'exerce pas le pouvoir on n'a pas idée de ce que c'est. On pense que c'est s'asseoir à son bureau, donner des ordres, ne jamais être contrarié. On imagine que c'est une facilité. Au contraire, plus on s'approche du sommet, plus la lutte est rude. Plus on monte, plus les concessions coûtent. Et plus on doit en faire. Avoir du pouvoir, c'est garder le sourire quand on se fait casser les côtes par plus puissant que soi. Les humiliations sont violents, tout en haut, et personne n'est là pour vous écouter si vous avez envie de geindre. C'est la cour des grands, pas le bac à sable pour les petits agneaux. Seuls les tout petits chefs jouissent de leur pouvoir, au-dessus - on ne connaît que la peur de se faire poignarder dans le dos, la rage des trahison et le poison des fausses promesses.
Auteur:
Despentes Virginie
Années: 1969 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Vernon Subutex, tome 1
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épreuve
]
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autorité
]
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domination
]
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difficulté
]
élitisme
Il vaut même la peine de prendre en sérieuse considération à quel point ces poètes médiocres ont perdu leur temps et celui des autres, combien de papier ils ont gaspillé, combien funeste est leur influence. D’une part, en effet, le public cherche toujours avidement ce qui est nouveau ; d’autre part, il a naturellement plus de penchant vers l’absurde et le plat, comme vers quelque chose de plus conforme à sa nature : aussi les œuvres des poètes médiocres le détournent des purs chefs-d’œuvre ; ils travaillent à l’encontre de la bienfaisante influence du génie ; ils corrompent de plus en plus le goût, et ainsi arrêtent les progrès du siècle. C’est pourquoi la critique et la satire devraient, sans ménagements et sans pitié, les flageller, jusqu’à ce que, pour leur propre amélioration, ils soient amenés à lire du bon, dans leurs loisirs, plutôt qu’à écrire du mauvais.
Auteur:
Schopenhauer Arthur
Années: 1788 - 1860
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
Le monde comme volonté et comme représentation
[
culturel
]
gouvernances
Toutes les identités, sans exception, furent socialement construites : les Han, Birmans, Américains, Danois, tous. Bien souvent, ces identités, en particulier les identités minoritaires, sont d'abord imaginées par des États puissants, comme les Han ont imaginé les Miao, les colons britanniques les Karen et les Shan, les Français les Jarai. Inventées ou imposées, ces identités choisissent, plus ou moins arbitrairement, l'un ou l'autre trait, aussi vague soit-il - religion, langue, couleur de peau, régime alimentaire, moyens de subsistance - selon le desideratum. Ces catégories, institutionnalisées dans des territoires, avec régime foncier, tribunaux, droit coutumier, chefs nommés, écoles et la paperasserie inhérente, peuvent devenir des identités passionnément ressenties. Dans la mesure où l'identité est stigmatisée par l'État ou la société au sens large, elle risque de devenir pour beaucoup une identité résistante et provocante. Ici, les identités inventées se combinent avec une forme d'héroïsme, dans laquelle ces identifications deviennent un insigne d'honneur.
Auteur:
Scott James C.
Années: 1936 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: anthropologue, politologue, sociologue et spécialiste des études agraires
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
The Art of Not Being Governed: An Anarchist History of Upland Southeast Asia
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colonialisme
]
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nations
]
contraintes d'écriture
Je me rends compte que mon oeuvre, si elle a éclairé mon époque, a aussi intimidé les hommes de lettres. Je choisis de devenir le Père du Roman. Je m'y prends ainsi : je distribue des schémas à chaque écrivain ; je les appelle schémas, en réalité ce sont des sentences. Je leur dis : "Roman de cent quatre-vingt-dix pages ; personnages : six féminins, quatre masculins ; un homicide, un adultère, cadre luxueux, bassesse morale, inflation, coup d'État final." Ou bien : "Riche famille déchirée par des passions inavouables, de la luxure à la philatélie ; homicides : trois ou quatre ; fornications réalistes, appartement de cinq pièces avec vue sur la mer." Ou bien, avec l'audace qui me caractérise désormais : "Inceste entre nouveau-né et bisaïeule qui tire les tarots, ambiance d'inspiration orientale." Puis je relis, je corrige, je donne le bon à tirer : c'est l'époque des Chefs-d'oeuvre grégaires.
Auteur:
Manganelli Giorgio
Années: 1922 - 1990
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: homme de lettres
Continent – Pays: Europe - Italie
Info:
In "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 59
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littérature
]
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despotisme
]
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fantasme
]
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directives
]
[
rédaction
]
résumé
Le "Contrat social" pour Rousseau c’est l’acte par lequel un peuple est un peuple.
[...]
L’idée c’est que tout État, toute république gouvernée par des lois, doit nécessairement reposer sur le consentement, sur la promesse, sur l’accord de tous les individus qui décident ensemble de s’associer. Pour Rousseau le contrat social c’est un acte d’association, ce n’est en aucun cas un pacte de soumission par lequel par exemple un peuple se donnerait des chefs, des maîtres ou un roi… [...]
Pour Rousseau, l’acte par lequel le peuple désigne un gouvernement n’est pas un contrat ! C’est ce qui est original dans sa position… Il n’y a qu’un seul contrat social, celui qui fonde l’État, celui par lequel des individus décident de s’associer pour fonder un état légitime. Mais le gouvernement sera le commissaire du peuple et ce qui le liera au peuple, c’est le fait de satisfaire les conditions du peuple.
Auteur:
Spector Céline
Années: 19?? -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: professeur de philosophie
Continent – Pays: Europe - France
Info:
France Culture du 15.04.19, https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/le-contrat-social-de-jean-jacques-rousseau-14-doit-se-plier-a-la-volonte-generale
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concept
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politique
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société
]
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démocratie
]
pacifisme
Je suis persuadé que les hommes exceptionnels jouant le rôle de maîtres grâce à leurs travaux (même dans un cercle très restreint) participent à ce même noble idéal. Ils n’influencent pas énormément le monde politique. En revanche, le sort des nations dépend, semble-t-il, inévitablement d’hommes politiques sans aucun scrupule et sans aucun sens de la responsabilité.
Ces chefs de ces gouvernements politiques obtiennent leur place soit par la violence, soit par des élections populaires. Ils ne peuvent pas apparaître comme une représentation de la partie intellectuellement et moralement supérieure des nations. Quant à l’élite intellectuelle, elle n’exerce aucune influence sur le destin des peuples. Trop dispersée, elle ne peut ni œuvrer ni collaborer, quand il s’agit de résoudre un problème urgent. Alors n’estimez-vous pas qu’une libre association de personnalités – leurs actions et leurs créations antérieures garantissant leurs capacités et la sincérité de leur volonté – pourrait réellement proposer un programme nouveau ?
Auteur:
Einstein Albert
Années: 1879 - 1955
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: scientifique, physicien
Continent – Pays: Europe - Usa
Info:
Lettre à Freud, "Comment je vois le monde", traduction de l’allemand par Maurice Solovine et Régis Hanrion, Flammarion, 2017, pages 82-83
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question
]
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espoir
]
[
proposition
]
divertissement
Par tout pays, tout citoyen, digne de ce nom, dispose, entre ses travaux et ses repas, d’environ trois heures de loisir par jour. Il comble, à l’ordinaire, ces moments de répit à l’aide d’une petite causerie, digestive et innocente, sur les affaires de sa patrie. Or, s’il ne se passe rien de marquant ni de "grave", sur quoi pourra-t-il fonder sa discussion ? — Il s’ennuiera, faute de sujet d’entretien : — et l’ennui des citoyens est fatal presque toujours aux chefs des États. Le bras est près de fonctionner quand la langue est oisive, et, comme il faut remplir les trois heures précitées, le causeur d’hier devient l’émeutier d’aujourd’hui. Voilà le triste secret des révolutions.
Il me paraît donc du devoir de tout bon gouvernement de susciter, le plus souvent possible, des guerres, des épidémies, des craintes, des espérances, des événements de tout genre (heureux ou malheureux, peu importe), des choses, enfin, capables d’alimenter la petite causerie innocente et digestive de chaque citoyen.
Auteur:
Villiers de l'Isle-Adam Auguste de
Années: 1838 - 1889
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: romancier, dramaturge et critique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Tribulat Bonhomet", Tresse et stock, Paris, 1887, pages 66-67
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prévention
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anti-émeute
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fake news
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écriture théatrale
Si nous modifions notre façon de comprendre la plus grande pièce de Shakespeare, nous modifions aussi notre conception de Shakespeare. Le mythe romantique du génie littéraire, créant sans effort des chefs-d'oeuvre insondables, ne tient plus devant un Shakespeare dont la grandeur naît du travail autant que du talent. On préfère présenter ici un portrait plus humble de Shakespeare, écrivain qui se connaissait, connaissait son public et savait ce qui marchait. Quand il vit qu'il lui fallait bouleverser le premier état de sa pièce, il le fit sans hésiter. Il n'avait pas écrit Hamlet pour son plaisir. Si tel avait été le cas, il se serait contenté du héros complexe de sa première version. Seul un écrivain extraordinaire, de premier ordre, a pu créer ce premier jet ; et seul un écrivain plus grand encore a été capable de sacrifier des parties de ce premier jet pour mieux montrer "le visage même de l'époque". Shakespeare n'écrivait pas "depuis une autre planète", selon les mots de Coleridge : il écrivait pour le Globe...
Auteur:
Shapiro James S.
Années: 195? -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: professeur d'anglais et de littérature comparative à la Columbia University
Continent – Pays: Amérique du nord - usa
Info:
1599 : A Year in the Life of William Shakespeare, p. 357
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dramaturgie
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éloge
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travail
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gagne-pain
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ajustement
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rewriting
]
habits
Un flot de costumes multicolores envahissait grands et petits salons : culottes étroites et pantalons à sous-pieds, satin, tricot de soie, peau de daim, coton à fines rayures et ce fameux nankin jaune dont tout le monde raffolait. Il y avait là des guêtres de soie aux brillantes couleurs toutes rehaussées de broderies, des chefs-d'oeuvre de gilets de percale ou de piqué bleu foncé, vert feuille, mauve crépuscule, jaune, loriot, havane ou grivelés de plusieurs tons, bordés de galons de nuances opposées. Les boutons originaux connaissaient une grande vague ;certains étaient gravés de scènes empruntées aux Métamorphoses d'Ovide, d'autres représentaient les postures de l'Arétin, d'autres portaient des devises ou des calembours, d'autres encore des miniatures émaillées reproduisant des scènes de comédies à la mode. Parmi les coiffures à la Titus, on voyait encore bien des perruques poudrées, même à de jeunes visages : c'était la dernière fête d'un siècle, déjà mort, la première d'un siècle qui s'essayait à naître. Epées et bicornes ajoutaient leur bigarrure à ce flot de costumes d'apparat.
Auteur:
Zilahy Lajos
Années: 1891 - 1974
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Hongrie
Info:
Le Siècle écarlate
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vêtements
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littérature
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créativité
Je préfère toujours que mes toiles soient dans un cadre et sous verre. C’est une idée d’aujourd’hui qui veut qu’on n’encadre plus les tableaux, mais j’ai l’impression que par rapport à ce que c’est que la peinture, c’est une idée fausse. Le cadre, c’est quelque chose d’artificiel, et il est là précisément pour renforcer l’aspect artificiel de la peinture. Plus l’artifice des tableaux qu’on réalise est apparent, mieux cela vaut, et même, plus la toile a des chances de marcher, de montrer quelque chose. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est une évidence en art : on atteint son but par l’emploi du maximum d’artifice, et l’on parvient d’autant plus à faire quelque chose d’authentique que l’artificiel est patent. Prenez par exemple les poètes grecs ou classiques, leur langue était très artificielle, très construite. Tous, ils travaillaient à l’intérieur d’un cadre très contraignant, cela représentait une soumission considérable, et c’est pourtant ainsi qu’ils ont donné leurs plus grands chefs-d’œuvre, ceux qui nous donnent à nous lecteurs cette impression de liberté et de création maximales
Auteur:
Bacon Francis II
Info:
Entretiens, p 140-1
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dépassement
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sujétion
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oulipo
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fond-forme
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