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musique

Qu'il est dommage que Jean-Sébastien Bach n'ait jamais écrit d'opéra ! C'est en tout cas ce que l'on entend souvent répéter. Mais que pouvaient bien lui importer les aventures de César et de Cléopâtre, ou d'Alexandre aux Indes. Comment donc s'intéresser aux émois amoureux et aux exploits guerriers de prétendus héros quand on médite sur la rédemption de l'humanité par le sacrifice du Fils de Dieu ? N'y avait-il pas là de quoi tenter Bach bien plus que d'aller illustrer à Dresde, à Hambourg ou à Berlin les sujets à la mode selon Métastase ?
Et cependant, défense avait prudemment été faite à Bach, et par contrat, de lorgner du côté de l'opéra. Dès l'élection du nouveau cantor, il se trouva un conseiller municipal, le Dr Steger, qui, ayant voté pour Bach, ajouta que "s'il devait produire des compositions musicales, elles ne devraient pas être trop théâtrales". Et l'article 7 du contrat de l'impétrant stipule que "pour contribuer au maintien du bon ordre dans ces églises, j'aménagerai la partition de telle sorte qu'elle ne dure pas trop longtemps, qu'elle soit aussi de nature telle qu'elle ne paraisse pas sortir d'un théâtre, mais bien plutôt qu'elle incite les auditeurs à la piété." Pour le bon ordre ! Oser dire cela à Bach ! Le lui faire signer !

Auteur: Cantagrel Gilles

Info: J.-S. Bach : passions, messes, motets

[ classique ] [ Allemagne ] [ historique ]

 

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contrecoup de la modernité

La vérité, là, tout simplement, la librairie souffre d'une très grave crise de mévente. Allez pas croire un seul zéro de tous ces prétendus tirages à 1.000.000 ! 40.000 !… et même 400 exemplaires !… attrapegogos ! Alas !… Alas !… seule la "presse du cœur"… et encore !… se défend pas trop mal… et un peu la "série noire"… et la "blême"… En vérité, on ne vend plus rien… C’est grave !… le Cinéma, la télévision, les articles de ménage, le scooter, l’auto ! 2, 4, 6 chevaux, font un tort énorme au livre… tout "vente à tempérament", vous pensez ! et "les week-ends" !… et ces bonnes vacances bi ! trimensuelles !… et les Croisières Lololulu !… salut, petits budgets !… voyez dettes !… plus un fifrelin disponible !… alors n'est-ce pas, acheter un livre !… une roulotte ? encore !… mais un livre ?… l'objet empruntable entre tous !… un livre est lu, c'est entendu, par au moins vingt… vingt-cinq lecteurs… ah, si le pain ou le jambon, mettons, pouvaient aussi bien régaler, une seule tranche ! vingt… vingt-cinq consommateurs ! quelle aubaine !… le miracle de la multiplication des pains vous laisse rêveur, mais le miracle de la multiplication des livres, et par conséquent de la gratuité du travail d’écrivain est un fait bien acquis.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Entretien avec le professeur Y (1955, 128 p., Folio)

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États-Unis

Je crois que les civilisations sont faites pour les hommes et non pas les hommes pour les civilisations. Encore dois-je m’excuser d’employer ici le mot de civilisation, faute d’un autre, car il me paraît d’une signification beaucoup trop vaste, trop universelle pour désigner une expérience dont on n’ose pas encore dire qu’elle est manquée, parce que son échec total serait une catastrophe sans retour. C’est bien une expérience en effet. Cette prétendue civilisation ne prétend pas être un refuge pour l’homme, elle risque l’homme, elle se sert de lui comme d’un enjeu.  [...] Des millions et des millions d’hommes se demandent avec angoisse quel sera demain le sort d’une civilisation mécanique qui de mécanique en mécanique vient d’aboutir à l’invention ahurissante d’une mécanique à détruire toutes les mécaniques – d’une civilisation qui se dit civilisation de masse, et qui possède maintenant, avec la bombe atomique, le plus formidable moyen de destruction des masses que l’esprit humain ait jamais osé rêver. Une démocratie atomique, laissez-moi rire ! Pourquoi pas la bombe atomique remise à chaque électeur, en même temps que son bulletin de vote ?

Je me demande pourquoi la France devrait aujourd’hui se solidariser avec une telle civilisation, engager dans cette expérience insensée – insensée parce qu’irréversible – une tradition et une culture qui, précisément, s’opposent absolument, totalement, à une pareille conception de la vie.

Auteur: Bernanos Georges

Info: Dans "La liberté, pour quoi faire ?", éditions Gallimard, 1995, pages 60-61

[ puissance occidentale ] [ résistance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

parapsychologie

Il ne me semble plus possible de repousser l’étude de ce que l’on appelle les phénomènes occultes, ces choses qui prétendument cautionnent l’existence même des forces psychiques autres que celles que nous connaissons chez l’homme et chez l’animal, ou qui dévoilent chez l’un et l’autre des facultés auxquelles jusque-là on ne voulait pas croire. La pente vers ces recherches paraît irrésistible ; durant ces courtes vacances j’ai eu trois fois l’occasion de refuser de collaborer à des périodiques de création récente consacrés à ces études. Et nous croyons comprendre d’où ce courant tire sa force. A côté de l’expression de la dévalorisation qui, depuis la catastrophe mondiale de la grande guerre, atteint ce qui tenait encore, ce courant constitue aussi un échantillon du tâtonnement face au grand bouleversement qui se rapproche et dont on ne peut encore deviner l’ampleur, c’est à coup sûr un essai de compensation, le recouvrement dans un autre domaine – c’est-à-dire le domaine supraterrestre – de ce que la vie sur cette terre a perdu en attrait. En fait, bon nombre de processus des sciences exactes peuvent avoir favorisé ce développement. La découverte du radium a embrouillé autant qu’élargi les possibilités d’explication du monde physique, et la connaissance acquise récemment de ce qu’on appelle la théorie de la relativité a eu pour beaucoup de ceux qui admiraient sans comprendre l’effet d’amoindrir la confiance dans la crédibilité objective de la science.

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Psychanalyse et télépathie", trad. Wladimir Granoff et Jean-Michel Rey in "La transmission de pensée", éd. Flammarion, 2005, pages 33-34

[ raisons de l'essor ] [ déception ] [ idéalisme renouvelé ] [ occulto-socialisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

progrès

Les technologies qui eurent les effets les plus profonds sur la vie humaine sont généralement simples. Un bon exemple d'une technologie simple avec des conséquences historiques profondes est le foin. Personne ne sait qui a inventé le foin, cette idée de couper l'herbe en automne et de la stocker en assez grande quantité pour maintenir vivants les chevaux et les vaches pendant l'hiver. Tout que nous savons est que la technologie du foin était inconnue pendant l'empire romain mais était utilisée dans chaque village de l'Europe médiévale. Comme beaucoup d'autres technologies crucialement importantes, le foin a émergé de manière anonyme pendant les prétendus âges sombres. Selon la théorie du "Foin dans l'Histoire", son invention fut l'événement décisif qui déplaça le centre de gravité de la civilisation urbaine du bassin méditerranéen vers Europe du nord et de l'ouest. L'empire romain n'avait pas besoin de foin parce que dans le climat méditerranéen l'herbe se développe suffisamment en hiver pour que les animaux se nourrissent. Au nord des Alpes, les grandes villes qui dépendaient des chevaux et des boeufs pour la puissance motrice ne pourraient pas exister sans foin. Ainsi c'est le foin qui a permis à ces populations de se développer et à ces civilisations de s'épanouir au milieu des forêts de l'Europe nordique. Le foin a déplacé la grandeur de Rome vers Paris et Londres, et, un peu plus tard vers Berlin, Moscou et New York.

Auteur: Dyson Freeman

Info: Infinite in All Directions, p. 135, Harper and Row, 1988

[ historique ] [ civilisation ] [ agriculture ] [ granges ]

 

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égrégore

Bien que les théories spirites soient tirées des "communications" des prétendus "esprits", elles sont toujours en rapport étroit avec les idées qui ont cours dans le milieu où elles s’élaborent ; cette constatation appuie fortement la thèse que nous avons exposée, et d’après laquelle la principale source réelle de ces "communications" se trouverait dans le "subconscient" du médium et des assistants. Nous rappelons qu’il peut d’ailleurs se former une sorte de combinaison des divers "subconscients" en présence, de façon à donner tout au moins l’illusion d’une "entité collective" ; nous disons l’illusion, parce qu’il n’y a que les occultistes qui, avec leur manie de voir en tout et partout des "êtres vivants" (et ils reprochent aux religions leur prétendu anthropomorphisme !), peuvent se laisser prendre aux apparences jusqu’à croire qu’il s’agit là d’un être véritable. Quoi qu’il en soit, la formation de cette "entité collective", si l’on veut conserver cette façon de parler, explique le fait, remarqué par tous les spirites, que les "communications" sont d’autant plus nettes et plus cohérentes que les séances sont tenues plus régulièrement et toujours avec les mêmes assistants ; aussi insistent-ils sur ces conditions, même sans en connaître la raison, et hésitent-ils souvent à admettre de nouveaux membres dans des groupes déjà constitués, préférant les engager à former d’autres groupes ; du reste, une réunion trop nombreuse se prêterait mal à l’établissement de liens solides et durables entre ses membres.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "L'erreur spirite", Editions traditionnelles, 1952, page 135

[ démystification ] [ influence ] [ modes consensus ] [ psycho-sociologie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

pop art

...L'efficacité des psychédéliques en matière d'art tient à leur capacité à rendre le langage sans poids, aussi fluide et éphémère que ces fameuses "lettres bulles" des années soixante. Je crois que ces psychotropes déconnectent à la fois le signifiant et le signifié de leurs prétendus référents du monde phénoménal - nous conférant simultanément un aperçu viscéral de la mécanique culturelle du langage, parallèlement à l'écrasante déduction d'une nature tumultueuse qui tourbillonne au-delà ou en deça de celui-ci.

De ma propre expérience, j'ai toujours senti que la langue était une nappe posée sur la table, jusqu'à ce qu'un serveur céleste la secoue d'un coup, la fasse flotter et la laisse retomber sur le monde dans une position différente de celle qu'elle avait avant, donnant ainsi un aperçu vertigineux de l'abîme qui sépare le monde véritable de la connaissance que nous en avons de lui.

Et c'est dans cet abîme que l'horror vacui de l'art psychédélique se déploie tel un pont incandescent. Car si c'est une chose de croire, sur base de preuves théoriques, que nous vivons dans une prison du langage, c'en est une autre de le réaliser après avoir jeté un coup d'oeil dans le vide insondable et glissant de cette Bastille en train de se démantibuler autour de nous. Pourtant, l'art psychédélique use de cette apparente occasion de perdre espoir en célébrant cette fuite du contrôle verbal par un débordement fluide qui emplit tout d'une profusion pleine de sens de rires et de lumières.

Auteur: Hickey Dave

Info: Air Guitar :  Essays on Art and Democracy. Trad Mg

[ dépassement cognitif ] [ art pictural ] [ lsd ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

homme-machine

Mais le test de Turing est à double tranchant. Tu ne peux pas savoir si une machine est devenue plus intelligente ou si tu as simplement abaissé tes propres critères d'intelligence au point que la machine semble intelligente. Si tu peux avoir une conversation avec une personne simulée présentée par un programme d'IA, es-tu capable de te dire jusqu'à quel point tu as laissé le sens de ta personne se dégrader au point que l'illusion fonctionne avec toi ?

Les gens se dégradent constamment pour que les machines paraissent intelligentes. Avant le krach, les banquiers croyaient en des algorithmes prétendument intelligents capables de calculer les risques de crédit avant d'accorder de mauvais prêts. Nous demandons aux enseignants d'enseigner en fonction de tests standardisés pour qu'un élève paraisse bon aux yeux d'un algorithme. Nous avons démontré à maintes reprises la capacité inépuisable de notre espèce à abaisser ses normes pour que les technologies de l'information soient bien perçues. Tout exemple d'intelligence dans une machine est ambigu.

La même ambiguïté qui a motivé des projets d'IA académiques douteux dans le passé a été reconditionnée en culture de masse aujourd'hui. Ce moteur de recherche sait-il vraiment ce que tu veux, ou bien joues-tu le jeu en abaissant tes exigences pour qu'il paraisse intelligent ? S'il faut s'attendre à ce que la perspective humaine soit modifiée par les rencontres avec de nouvelles technologies profondes, l'exercice consistant à traiter l'intelligence des machines comme une réalité exige que les gens réduisent leur ancrage à la réalité.

Auteur: Lanier Jaron

Info: You are not a gadget

[ dépendance ] [ inversion ] [ abrutissement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

hygiénisme

Nous vivons l’âge du sucre sans sucre, des guerres sans guerre, du thé sans thé, des débats où tout le monde est d’accord pour que demain soit mieux qu’hier, et des procès où il faut réveiller les morts, de vrais coupables jugés depuis longtemps, pour avoir une chance de ne pas se tromper.

Si l’époque se révèle difficile à saisir, c’est à cause de tout ce qu’elle a éliminé de réel, sans arrêter de vouloir nous faire croire à la survie de sa réalité en simili. Il ne va plus rester grand-chose, si ça continue à ce train-là. Tout est certifié hypocalorique, la vie, la mort, les supposées idées, les livres, les conflits "propres" dans le Golfe, l’art, les pseudo passions, la prétendue information, les émissions.

On décrète des "journées sans tabac". Pourquoi pas des années sans femmes ? Des femmes garanties sans cholestérol ? Des idéologies sans matières grasses ?
Avec quoi pourrions-nous assouvir le besoin de négatif, en nous, depuis que le négatif a été décrété hors-la-loi, si ce n’est avec les dangers du passé ? Nous sommes bien trop fragiles, désormais, bien trop privés d’immunités pour nous offrir d’autres ennemis qu’à titre vraiment très posthume. Voilà le revers de notre bien-être. Nous ne pouvons plus nous affronter qu’à des événements archivés, peignés de multiples commentaires, rediffusés cinq fois par an, mieux pétrifiés que les voies piétonnes de nos centres-villes tétanisés. Plus de surprises autres qu’organisées. Même nos haines solidement justifiées donnent l’impression d’avoir été trouvées dans des réserves naturelles pour faune et flore en grand péril.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "L'empire du bien"

[ dénégation ] [ penchants obscurs ] [ édulcoré ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

soulagement passager

Celui qui a goûté aux autres journées, à ces journées funestes marquées par des crises de goutte; à ces journées où une névralgie épouvantable, térébrante, venue se loger derrière la prunelle des yeux, jette un maléfice sur toute activité visuelle et auditive, la transformant diaboliquement de joie en torture; à ces journées d'agonie de l'âme, à ces âpres journées de vide intérieur et de désespoir où, au bon milieu d'un monde détruit, exploité par les sociétés anonymes, l'univers des hommes et leur prétendue culture apparaissent à chaque seconde dans leur splendeur de pacotille, mensongère et vulgaire, grimaçant comme un personnage répugnant dont l'image se concentre dans l'esprit malade jusqu'au comble de l'insupportable. Celui qui a goûté à cet enfer éprouve beaucoup de satisfaction à vivre des journées normales, en demi-teinte, semblables à celle qui venait de s'écouler. Il est assis, reconnaissant, près du poêle chaud; en lisant le journal du matin, il constate, reconnaissant, qu'aujourd'hui encore aucune guerre n'a été déclarée, qu'aucune dictature nouvelle n'a été instaurée, qu'aucune affaire particulièrement véreuse n'a été découverte dans le monde politique ou économique; il accorde, reconnaissant, les cordes de sa vielle rouillée et entame un hymne empreint de retenue, d'enthousiasme modéré, allant presque jusqu'à la gaieté, qui lasse la vague divinité à laquelle il s'adresse, une divinité satisfaite, placide, douce, légèrement étourdie par le bromure. Et dans cette atmosphère épaisse et tiède d'ennui béat, d'indolence suscitant une immense gratitude, cette vague divinité qui hoche la tête avec lassitude et ce vague être humain qui chante son psaume d'une voix étouffée se ressemblent comme deux jumeaux.

Auteur: Hesse Hermann

Info: Le Loup des steppes

[ apaisement transitoire ]

 
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Ajouté à la BD par Eve de Jong