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maïeutique

Vous introduisez l’idée d’un point mort, que vous appelez résistance, et d’une force, qui fait que ça avance. Jusque-là, c’est tout à fait correct. Mais si vous allez de là à l’idée que la résistance est à liquider, [...] vous tombez dans l’absurdité pure et simple. Après avoir créé une abstraction, vous dites – il faut faire disparaître cette abstraction, il faut qu’il n’y ait pas d’inertie.

Il n’y a qu’une seule résistance, c’est la résistance de l’analyste. L’analyste résiste quand il ne comprend pas à quoi il a affaire. Il ne comprend pas à quoi il a affaire quand il croit qu’interpréter, c’est montrer au sujet que ce qu’il désire, c’est tel objet sexuel. Il se trompe. Ce qu’il s’imagine ici être objectif n’est qu’une pure et simple abstraction. C’est lui qui est en état d’inertie et de résistance.

Il s’agit au contraire d’apprendre au sujet à nommer, à articuler, à faire passer à l’existence, ce désir qui, littéralement, est en deçà de l’existence, et pour cela insiste. Si le désir n’ose pas dire son nom, c’est que ce nom, le sujet ne l’a pas encore fait surgir. 

Que le sujet en vienne à reconnaître et à nommer son désir, voilà quelle est l’action efficace de l’analyse. Mais il ne s’agit pas de reconnaître quelque chose qui serait là tout donné, prêt à être coapté. En le nommant, le sujet le crée, fait surgir, une nouvelle présence dans le monde. Il introduit la présence comme telle, et du même coup, creuse l’absence comme telle. C’est à ce niveau-là seulement qu’est concevable l’action de l’interprétation.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre II", "Le moi dans la théorie de Freud", pages 312-313

[ langage ] [ performatif ] [ psychanalyse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

humanité

Personne, littéralement personne, ne peut jouer le rôle impossible de l'Anthropocène, et c'est là tout l'intérêt de la notion. Parler de l'origine anthropique du réchauffement climatique global n'a aucun sens, en effet, si l'on entend par "anthropique" quelque chose comme "l'espèce humaine". Qui peut prétendre parler de l'humain en général, sans susciter aussitôt mille protestations ? Des voix indignées vont s'élever pour dire qu'elles ne s'estiment en aucune manière responsables de ces actions à l'échelle géologique - et elles auront raison ! Les nations indiennes au coeur de la forêt amazonienne n'ont rien à voir avec "l'origine anthropique" du changement climatique - du moins tant que des politiciens en campagne électorale ne leur ont pas distribué des tronçonneuses. Pas plus que les pauvres des bidonvilles de Bombay qui ne peuvent que rêver d'avoir une empreinte carbone plus importante que celle laissée par la suie émise par leurs foyers de fortune. Pas plus que l'ouvrière obligée de faire de longs trajets en voiture parce qu'elle n'a pas pu trouver un logement abordable près de l'usine où elle travaille: qui oserait lui faire honte de sa trace carbone ? C'est pourquoi l'Anthropocène, malgré son nom, n'est pas une extension immodérée de l'anthropocentrisme. [...] C'est bien plutôt l'humain comme agent unifié, comme simple entité politique virtuelle, comme concept universel, qui doit être décomposé en plusieurs peuples distincts, dotés d'intérêts contradictoires, et convoqués sous les auspices d'entités en guerre - pour ne pas dire de divinités en guerre. L'anthropos de l'anthropocène ? C'est Babel après la chute de la tour géante. Enfin l'humain n'est plus unifiable ! Enfin il n'est plus hors-sol ! Enfin il n'est plus hors de l'histoire terrestre !

Auteur: Latour Bruno

Info: Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique

[ calorifère ] [ civilisation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

esthétique

Les cultures musulmanes et bouddhiques doutent moins de l'équivalence  Beau - Vrai - Bien  parce qu’elles n’ont pas posé cette trinité conceptuelle. Ou pour mieux dire, parce qu’elles n’ont pas fait du Beau un concept. Elles ne l’ont pas abstrait. J’ai été frappé, à cet égard, par un exemple que je ne cite pas dans mon livre, mais que je peux donner ici, même s’il ne concerne pas directement le mot " Beau ". Il s’agit de la traduction arabe d’un mot important s’il en est dans la philosophie grecque puis occidentale, le mot οὐσία (ousia, devenu essentia en latin, puis essence en français). Or ce même mot d’οὐσία fut traduit en arabe par jawhar : littéralement " joyau ", " pierre précieuse ". C’est magnifique, et révélateur : d’une certaine manière la langue arabe répudie l’abstraction philosophique, au profit d’une approche poétique du monde. S’agissant du Beau lui-même, la pensée des mystiques musulmans affirme que Dieu est beau, ce qui signifie immédiatement que le Bien et le Vrai sont Beaux. On n’a pas à distinguer ce qui est un en Dieu.

Du côté de l’Extrême-Orient, je me suis appuyé sur les réflexions de François Jullien, qui affirme que l’association beauté-bonté n’est qu’un " piège platonicien " dans lequel les penseurs chinois ou japonais d’aujourd’hui se croient tenus de tomber, alors que leur propre tradition ne joue pas avec ces Idées. Mais c’est surtout ma lecture des grands romanciers japonais qui m’a suggéré la toute-puissance muette de la Beauté, en deçà ou au-delà de tout concept qui permettrait de l’articuler au Bien ou au Vrai. Bien sûr, tout cela devrait être nuancé de mille manières, mais on ne peut nier, il me semble, que la trinité conceptuelle Beau-Bien-Vrai demeure propre à l’Occident. 

Auteur: Barilier ​​​​​​​Étienne

Info: A propos de son livre : Réenchanter le monde. L’Europe et la beauté (PUF)

[ religions ] [ nord-sud ] [ étymologie ] [ évidente harmonie ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

séphiroth

Le mot sefira, rendu parfois par "nombre primordial", ce qui est une mauvaise traduction, rendu dans la traduction du Sefer Yetsirah de Bernard Dubourg par "inscription" et dans celle de Mopsik  par "chiffre", est à peu près intraduisible en réalité.

Le mot vient de la racine du verbe hébreu safar, qui signifie à la fois "gratter", "polir",  "inscrire  sur de la pierre", "écrire", "compter", "énumérer", "raconter", "narrer", ou simplement "proférer des mots".    Le terme safar est donc primordialement lié à l’écriture, à l’inscription puisqu’il n’y a pas de chiffres en hébreu.

Il apparaît pour la première fois au début du Sefer Yetsirah, le "livre de la Création" (Dubourg le rend par "Le Livre de l’Œuvre"), plus ancien traité mystique de cosmogonie juif, écrit vraisemblablement entre le 3ème et le 6ème siècle, où il est associé à un autre terme, beli-mah, qui littéralement signifie "sans quoi". On étudiera cette énigme plus tard.

Le monde divin, enseigne la Kabbale,  s’articule en dix sefiroth qui sont à la fois dix éléments de la structure de Dieu, dix dimensions du divin, dix parties du corps divin et dix émanations successives ayant abouti à la création du monde. Par ailleurs, cette antériorité ex nihilo du monde sefirotique est intégralement prise dans un processus analogue à la naissance de la parole depuis la pensée la plus secrète.

[...]

Tout cela reste assez confus, et l’on ne sait pas bien s’il s’agit plutôt d’un processus de "manifestation" du divin (par degrés, émanations, nominations, épanchements ? ) ou bien d’un processus de création et de production de l’univers (et de quel type exactement ? matériel, spirituel, luminescent, langagier ?) …Cette incertitude n’est pas sans dessein, vous vous en doutez bien.

Auteur: Zagdanski Stéphane

Info: https://laggg2020.substack.com/p/pensee-du-royaume-royaume-de-la-pensee-acb?

[ judaïsme ] [ herméneutique ] [ signification ] [ étymologie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

supports de communication

[…] pour certains, tandis que le mythe est un récit présentant un autre sens que celui que les mots qui le composent expriment directement et littéralement, le symbole serait essentiellement une représentation figurative de certaines idées par un schéma géométrique ou par un dessin quelconque ; le symbole serait donc proprement un mode graphique d’expression, et le mythe un mode verbal. Suivant ce que nous avons expliqué précédemment, il y a là, en ce qui concerne la signification donnée au symbole, une restriction tout à fait inacceptable, car toute image qui est prise pour représenter une idée, pour l’exprimer ou la suggérer d’une façon quelconque et à quelque degré que ce soit, est par là même un signe ou, ce qui revient au même, un symbole de cette idée ; peu importe qu’il s’agisse d’une image visuelle ou de toute autre sorte d’image, car cela n’introduit ici aucune différence essentielle et ne change absolument rien au principe même du symbolisme. Celui-ci, dans tous les cas, se base toujours sur un rapport d’analogie ou de correspondance entre l’idée qu’il s’agit d’exprimer et l’image, graphique, verbale ou autre, par laquelle on l’exprime ; à ce point de vue tout à fait général, les mots eux-mêmes, comme nous l’avons déjà dit, ne sont et ne peuvent être autre chose que des symboles. On pourrait même, au lieu de parler d’une idée et d’une image comme nous venons de le faire, parler plus généralement encore de deux réalités quelconques, d’ordres différents, entre lesquelles il existe une correspondance ayant son fondement à la fois dans la nature de l’une et de l’autre : dans ces conditions, une réalité d’un certain ordre peut être représentée par une réalité d’un autre ordre, et celle-ci est alors un symbole de celle-là.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 121

[ caractéristiques ] [ manifestation ] [ définis ] [ texte-image ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

ordre discursif

Sa gerbe n'était point avare, ni haineuse - Victor Hugo. Voilà une métaphore. […] Il n'y a pas comparaison, mais identification. [...]

La métaphore suppose qu’une signification est la donnée qui domine, et qu’elle infléchit, commande l’usage du signifiant, si bien que toute espèce de connexion préétablie, je dirais lexicale, se trouve dénouée. [...] il est clair que l’usage de la langue n’est susceptible de signification qu’à partir du moment où on peut dire Sa gerbe n’était point avare, ni haineuse, c’est-à-dire où la signification arrache le signifiant à ses connexions lexicales.

C’est là l’ambiguïté du signifiant et du signifié. Sans la structure signifiante, c’est-à-dire sans l'articulation prédicative, sans la distance maintenue entre le sujet et ses attributs, on ne pourrait qualifier la gerbe d'avare et de haineuse. C'est parce qu'il y a une syntaxe, un ordre primordial de signifiant, que le sujet est maintenu séparé, comme différent de ses qualités.

[…] Cette phase du symbolisme qui s'exprime dans la métaphore suppose la similarité, laquelle est manifestée uniquement par la position. C'est par le fait que la gerbe est le sujet de avare et de haineuse, qu'elle peut être identifiée à Booz dans son manque d'avarice et sa générosité. C’est par la similarité de position que la gerbe est littéralement identique au sujet Booz. Sa dimension de similarité est assurément ce qu’il y a de plus saisissant dans l’usage significatif du langage, qui domine tellement l’appréhension du jeu du symbolisme que cela nous masque l’existence de l’autre dimension, la syntaxique. Pourtant, cette phrase perdrait toute espèce de sens si nous brouillions les mots dans leur ordre.

Voilà ce qu’on néglige quand on parle de symbolisme – la dimension liée à l’existence du signifiant, l’organisation du signifiant.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre III", "Les psychoses", éditions du Seuil, 1981, pages 345 à 347

[ grammaire ] [ alignement ] [ équivalence ] [ agencement des mots ]

 

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terminologie

L’avènement de la mécanique quantique révèle sans doute pour la première fois que le langage descriptif de la physique ne constitue pas un simple "reflet" du monde qui nous entoure (et dont nous faisons partie intégrante), mais informe activement notre vision du "réel" : l’insistance de Bohr sur le fait que ce langage est littéralement imprégné par une série "d’images et de représentations qui se réfèrent aux événements de la vie quotidienne" (Bohr 1991 : 252) montre assez qu’à ses yeux il a une dimension proprement modélisante, qui va bien au-delà de son fonctionnement strictement dénotatif. Or, les paradoxes irréductibles auxquels on se heurte dès qu’on essaie de décrire l’univers quantique en fonction du système de représentations hérité de la physique "classique" laissent entrapercevoir les limites d’une telle démarche sur le plan ontologique : rien (autrement dit, aucune instance métaphysique semblable au Dieu cartésien qui ne saurait vouloir nous tromper) ne garantit en fait la pertinence de notre activité modélisante, puisqu’on ne saurait affirmer avec certitude à l’heure actuelle (a) que "les mots dont nous disposons – entendons les concepts que ceux-ci désignent – correspondent de façon bi-univoque à des "moellons" de la réalité" (d’Espagnat 2002 : 227) et (b) que les structures mêmes du langage verbal et/ou logico-mathématique utilisé par les physiciens correspondent par isomorphisme (ou, à tout le moins, par homomorphisme) aux linéaments d’un aliquid* préstructuré indépendamment de nos aptitudes perceptionnelles et des normes qui régissent nos activités expérimentales (v. d’Espagnat 2002 : 167, 427-428, 452, 499 n. 1, 518). La description raisonnée du "réel" microphysique (quel que soit le sens de cette expression) est donc pour nous un perpétuel défi, dans la mesure où elle nécessite de notre part un effort d’adaptation constant sur le plan conceptuel et discursif afin de verbaliser l’indicible et de penser l’impensable.

Auteur: Ilias Yocaris

Info: Des images et des paraboles : Niels Bohr et le discours descriptif en physique quantique. Conclusion. *quelque chose d’imaginaire ou supposé

[ limitation ]

 

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hypnagogie

Bonjour à tous! Je vous partage mon expérience de ce matin..

Je me réveille une première fois, je regarde l’heure.. 06h06.

Je me rendors et me réveille et me rendort à plusieurs reprises (le télétravail c’est cool en période de grève! ;-).
A un moment donné, je prends conscience d’être paralysée (pas de panique, je connais bien la paralysie du sommeil). Et là je me dis que je vais en profiter pour essayer de sortir de mon corps (chose que je n’avais jamais réussi à faire avant car bloquée par la peur).
Les yeux entrouverts, rien ne se passent, je me sens toujours bloquée.

Je ferme donc les yeux et me mets à m’imaginer entrain de sortir de mon corps. Je demande mentalement et spontanément de l’aide à mes guides (comme ci je savais qu’il y en avait plusieurs déjà et en plus c’est une chose que je ne fais jamais ;-) et là je me sens littéralement flotter comme dans de l’eau ou une matière aqueuse. Je me sens flotter tout doucement et au ralenti dans cette matière qui m’est agréable.

Je prends le risque de mettre fin à l’expérience en ouvrant légèrement les yeux et je pense voir la fenêtre de la chambre d’un peu plus haut que d’habitude, il fait sombre je n’en suis pas sûre (15/20cm de hauteur de plus je dirais).

Puis je me sens redescendre tout doucement et chose vraiment surprenante, je sens comme ci ma tête était rentrée dans un casque de moto très serrée (C’est vraiment la sensation que j’ai). Fin de l’expérience, je me rendors très vite suite à ça puis me réveille une dernière fois.. je regarde l’heure et il est 08h08.

Des retours, conseils, avis sur cette expériences? Si quelqu’un a l’habitude des sorties hors du corps j’aimerais bien savoir ce qu’il en pense.

Auteur: Anonyme

Info: Loost Eria‎ sur groupe FB, Spiritualité, Ressenti & Médiumnité

[ demi-sommeil ] [ mi-astral ] [ somnolence ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

citation s'appliquant à ce logiciel

Si on demande aux animateurs de cette application si existent quelques axes idéologiques dans leur manière de penser, ils répondront qu'il est préférable que FLP n'en n'ait pas. Cependant si on leur met un pistolet sur la tempe ils articuleront ces sentiments : 

- L'humanité s'est enfermée dans un anthropocentrisme autodestructeur qui ne sait pas se controler à ce jour. 

- Notre logique binaire-boléenne doit être refondée sur une base tétravalente. Qui mette au premier chef femmes et hommes sur un pied d'égalité concret (sans se voiler la face quant à leurs rôles biologiques). Dans la même idée la pensée cybernétique qui sous-tend le rationalisme scientifique humain doit être revisitée from scratch en prenant modèle sur la multivalence du carbone - à savoir en approchant de plus près le "comment fonctionne l'esprit qui est dans la matière", si possible sans pencher vers quelque agnosticisme ontologique. Car ce que nous humains appelons esprit, développé en bonne grâce à l'écriture, ne respecte pas assez la source, le sous-jacent : combinaisons atomiques, bactéries et autres développement protéiques qui ont conduit jusqu'à nos corps biologiques. Complexités d'un développement organique qui domine de très loin n'importe quelle savoir humain développé diachroniquement.

- Que soit mise en place une gouvernance mondiale, multipolaire bien comprise : morcellement des grands pouvoirs, glocalisation et démocraties directes, régulées de façon transparentes sur base médiatico scientifique avec l'aide d'une IA sur fondation tétravalente ( littéralement surhumaine donc moins limitée par un auto-centrage anthropique qui tend à scier la branche sur laquelle nous sommes assis)

En usant des bons termes et en effectuant quelques recherches combinées sur cette application vous pourrez aller un peu plus dans le détail de ces pistes-concepts, en attendant que ces espoirs " imaginaires à ce stade " se développent jusqu'à, soyons fous-dingues, imprégner et améliorer notre humaine réalité.

Auteur: Mg

Info: 10 août 2023

[ espérance ] [ dépassement ] [ gnose ] [ corps-esprit ] [ dualité prison ] [ au coeur de FLP ] [ modèle organique ] [ utopie ]

 

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mort

Un de mes collègues médecins, de peu mon aîné, se plaisait lors de nos rencontres à me taquiner sur "ma manie d'interpréter les rêves". Un jour, me rencontrant dans la rue, il m'interpella : "Comment allez-vous ? Toujours plongé dans les rêves? A propos, j'ai eu dernièrement un rêve stupide; veut-il aussi dire quelque chose?" Voici ce qu'il avait rêvé :
"Je fais l'ascension d'un haut sommet et me trouve sur un névé incliné. Je monte toujours plus haut et il fait un temps splendide. Plus je monte, plus mon bien-être grandit; mon sentiment est tel que je pense: Ah! Si je pouvais monter ainsi éternellement! Lorsque j'arrive à la cime, je suis transporté de bonheur; mon impression de plénitude est telle que je sens pouvoir continuer à m'élever dans l'espace; je m'y risque et m'élève dans les airs. Je me réveillai dans l'extase la plus parfaite."
Je lui répondis: "Mon cher collègue, comme je vous sais alpiniste incorrigible, il me faut au moins vous adjurer de renoncer à l'avenir aux excursions solitaires. Quand vous irez en montagne, engagez deux guides auxquels vous promettrez sur l'honneur une obéissance absolue." Il rit et s'écria en prenant congé: "Vous êtes bien toujours le même!" Je ne le revis plus. Deux mois plus tard survint le premier accident : au cours d'une excursion entreprise seul, il fut surpris par une avalanche et recouvert; une patrouille militaire qui passait par là put encore le dégager. Trois mois après ce fut la fin : lors d'une excursion sans guide, en compagnie d'un ami plus jeune, il fit à la descente, comme l'observa un guide qui se trouvait en dessous, une enjambée littéralement dans le vide, s'écroula sur l'ami qui le précédait, et ils furent tous deux précipités dans le gouffre où ils s'écrasèrent. C'était bien là l'extase, au sens plein du terme.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info:

[ prémonition ] [ littérature ]

 

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