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choc littéraire

Bref, il m'a donné un exemplaire du livre de Céline — Comment ça s'appelle ? – Voyage au bout de la nuit. maintenant écoutez, la plupart des écrivains me rendent malade. Leurs mots ne touchent même pas le papier. Mais Céline, il m'a donné honte du pauvre écrivain que je suis, j'ai eu envie de tout jeter par la fenêtre. Un foutu maître chuchotant dans ma tête. dieu, l'impression d'être redevenu un petit garçon. Tout ouïe. Entre Céline et Dostoïevski il n'y a rien, si ce n'est Henry Miller. Enfin, passé le vertige qui m'a saisi en découvrant combien j'étais insignifiant, j'ai repris la lecture, et je me suis laissé mener par la main, volontiers. Céline était un philosophe qui savait que la philosophie était vaine ; un queutard qui savait que la baise était du vent ; Céline était un ange, il a craché dans les yeux des anges et puis il est descendu dans la rue. Céline savait tout ; je veux dire il en savait autant qu'il y a à savoir quand on a deux bras, deux pieds, une bite, quelques années à vivre ou moins que ça, mais avant toute chose. bien sûr, il avait une bite. vous saviez ça, il n'écrivait pas comme [Jean] Genet, qui écrit très très bien, qui écrit trop bien, qui écrit si bien qu'il vous fait piquer du nez. [...]

Auteur: Bukowski Charles

Info: À Henry Miller 16 août 1965

[ éloge ] [ admiration ] [ inspiration ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

trésors

La mort d’Emma contraignit Jung à se pencher à nouveau sur les problèmes d’argent, et ce pour la première fois depuis son enfance. Entre ce qu’Emma lui avait laissé et le portefeuille qu’elle lui avait constitué, il avait assez d’argent pour continuer à vivre d’une manière très confortable, mais il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. […]

Il se souciait tellement des questions d’argent qu’il recommença à en cacher, comme il avait fait pendant la guerre, glissant de grosses liasses de billets à l’intérieur des livres de sa bibliothèque et créant un code secret pour se souvenir de chaque cachette. Malheureusement, comme il oublia le code, la plus grande partie de l’argent resta dans les livres et ce furent ses descendants qui le trouvèrent après sa mort. Il en alla de même avec l’argent qu’il enterrait dans le jardin. Il creusait de grands trous dans lesquels il mettait de vieux vases et des jarres chinoises qui volaient vite en éclats une fois recouverts de terre. Comme il oubliait son système de marquage, une grande partie de cet argent est encore sous terre aujourd’hui, en état de décomposition. Après la mort d’Emma, il chercha d’autres cachettes plus sûres, glissant de "petites pièces d’or" dans un tiroir de sa table de nuit et des francs suisses dans le placard de la salle de bains où il rangeait son savon. Ruth les enlevait périodiquement lorsqu’elle tombait dessus, et il ne s’apercevait jamais de rien.

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, pages 857-858

[ peur du manque ] [ accumulation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

évangélisateur

Voici qu'il grandissait à chaque mot, cet être d'un premier aspect si vulgaire, et nous commencions à l'entourer avec une curiosité charmée.

— Cependant, c'est vous qui serez le moins épargné de tous, mon Père ?

— Oh ! c'est bien probable, en effet, répondit-il, tranquille et admirable comme un martyr antique. Dix de ses paroissiens l'attendaient sur la plage au coucher du soleil ; tous ensemble, ils retourneraient la nuit au village menacé, et alors, à la volonté de Dieu !

Et comme on le pressait de rester, — car c'était courir à la mort, à quelque atroce mort chinoise, que de s'en retourner là-bas après ce refus de secours, — il s'indigna doucement, obstiné, inébranlable, mais sans grandes phrases et sans colère :

— C'est moi qui les ai convertis, et vous voulez que je les abandonne quand on les persécute pour leur foi ? Mais ce sont mes enfants, vous comprenez bien l...

Avec une certaine émotion, l'officier de quart fit préparer un de nos canots pour le reconduire, et nous allâmes tous lui serrer la main à son départ. Toujours tranquille, redevenu insignifiant et muet, il nous confia une lettre pour un vieux parent de Lorraine, prit une petite provision de tabac français, puis se mit en route.

Et, tandis que le jour baissait, nous restâmes longtemps à regarder en silence s'éloigner, sur l'eau lourde et chaude, la silhouette de cet apôtre qui s'en allait simplement à son martyre obscur.

Auteur: Loti Pierre

Info: Figures et choses qui passaient

[ chrétien responsable ] [ sacrifice ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

Tambora

Dans les derniers jours de l'été 1815, l'éruption soudaine, à l'est de l'île de Java, d'un volcan qu'on croyait éteint à l'intérieur des terres, étendit jusqu'aux côtes des océans de lave en fusion, emportant les habitations et décimant les peuplades. La violence et la durée du cataclysme firent penser que le feu déchaîné allait envahir et brûler les trois autres éléments, pétrifiant la terre qui entourait le foyer sur toute la largeur de l'île, recouvrant les flots d'une nappe incandescente le long du littoral, calcinant jusqu'à l'air. Pendant plusieurs semaines, le ciel ne fut plus qu'un nuage opaque, épais, d'un tissu qu'on aurait dit plus serré que celui de l'atmosphère, une rugueuse étoffe noirâtre semée d'accrocs, de déchirures, tendue par la colère des dieux au-dessus de l'île, dissimulant aux survivants le soleil, la lune, les étoiles, au point de leur faire douter que l'alternance des jours et des nuits se poursuivît derrière ce rideau. [...] 

Il en résulta qu'au printemps 1816 un immense nuage noir surplomba l'Europe, filtrant les rayons du soleil, provoquant une chute de la température telle que cette année devait être enregistrée par la suite comme la plus froide du siècle dans l'hémisphère Nord . [...]

Personne, en 1816, ne s'étonnait que l'obscurité succédât au sanglant bouquet du feu d'artifice, que disparût le soleil vaincu à Waterloo et personne, ou presque, ne savait que cette obscurité, cette longue éclipse étaient importées, résultaient d'un autre feu d'artifice, aux antipodes, où la fureur des hommes n'était pour rien.

Auteur: Carrère Emmanuel

Info: Bravoure. Chap XXXIV pp 268 - 271. Découpé-refondu par ninosairosse sur Babelio

[ événement planétaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

songe

Hervey de Saint-Denys a eu le mérite d'attirer l'attention sur la plasticité du processus onirique. Mais la technique qu'il avait imaginée pour maîtriser et diriger consciemment ses propres rêves s'avéra si difficile qu'il n'eut que fort peu d'imitateurs. L'un d'eux fut le psychiatre et poète hollandais Frederik Van Eeden, qui entreprit, en 1896, d'étudier ses rêves grâce à une technique voisine de celle d'Hervey. Comme Hervey, auquel il se réfère, Van Eeden dit qu'il a pris conscience de ses rêves avant d'être à même de les diriger à volonté. Il publia d'abord ses observations à travers un roman, La Fiancée de la nuit, car il hésitait à assumer la paternité de ses découvertes, en raison de leur caractère insolite. Il en rendit pourtant compte dans une communication à la Société de recherche psychique dans laquelle il distinguait différents types de rêves, entre autres les "rêves démoniaques" où il avait affaire à des êtres non humains, indépendants, capables d'agir et de parler. Il fit aussi l'expérience de "rêves lucides" où il se proposait de rencontrer des morts avec qui il avait été lié. Il affirmait aussi avoir pu transmettre un message subliminal à un medium, par l'intermédiaire d'un rêve lucide. Les expériences de Hervey ont peut-être bien inspiré le roman de George du Maurier, Peter Ibbetson, grand succès des années 1890, où deux amants qui se trouvent séparés découvrent un moyen pour se rencontrer chaque nuit dans leurs rêves, et se mettent à explorer ensemble le monde de leur enfance, celui de leurs ancêtres et celui des siècles passés.

Auteur: Ellenberger Henri-Frédéric

Info: Histoire de la découverte de l'inconscient

[ contrôle ] [ astral ]

 

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décompensation psychotique

Une tempête balaie toute la moitié nord de la France. Les rafales cognent si fort contre la tour Eiffel que je crains qu’elle ne s’effondre. Ma tête est toute comprimée. J’ai peur. On me regarde de biais. On me prête les intentions les plus viles dans le but de me nuire. On cherche à m’empoisonner par tous les moyens. On me fait suivre dans la rue. A un feu rouge, une voiture a pilé devant moi uniquement dans le but de me faire tomber. L’actrice Eva Marie Saint a payé un détective pour m’espionner. Elle avait il y a quelques années fait imprimer exprès des journaux avec de fausses nouvelles où l’on annonçait que mon Jeannot chéri filait le parfait amour avec elle. Maintenant, voilà qu’elle trouve son inspiration d’actrice dans ma vie. Je suis certaine que c’est elle, elle la petite salissure, qui intercepte les lettres que j’envoie à Jean pour y ajouter des mots qui en modifient totalement le sens et que c’est donc pour ça qu’il ne vient pas me voir. L’administration du journal est au courant de toutes ces infamies. On envoie sur la route de mes promenades des hommes beaux pour éprouver ma fidélité. On fait tomber mes cheveux lorsque je me coiffe pour m’enlaidir. Les enfants qui devant la maison se moquent de moi et m’envoient des cailloux sont les mêmes que ceux qui jouent dans Orphée. La nuit la lune, clignotant à travers les volets, semble me fixer et me poursuivre de son œil jaune, immense et […]
[Le journal s’arrête ici.]

Auteur: Chiche Sarah

Info: Dans "Les enténébrés" pages 203-204

[ concernement ] [ paranoïa ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dernières paroles

Sa soeur Mona Simpson  explique comment elle est arrivée à son chevet après qu'on lui ait demandé de venir le plus rapidement possible.

"Son ton était affectueux, cher, aimant, mais comme quelqu'un dont les bagages sont déjà bien rangés dans le véhicule, son voyage était déjà entamé, même s'il était désolé, vraiment profondément désolé, de nous quitter", écrit-elle.

A son arrivée elle a retrouvé Steve entouré de sa famille : "il regardait dans les yeux de ses enfants comme s'il ne pouvait  déverrouiller son regard".

Et puis son état s'est détérioré plus avant. "Sa respiration a changé. Elle est devenue profonde, délibérée, volontaire. Je pouvais sentir qu'il avait besoin de calculer ses pas, de pousser plus loin. C'est ce que j'ai appris : il y travaillait. La mort n'est pas venue à Steve, il l'a atteinte."

Après cette dernière nuit son frère a commencé à s'échapper. "Son souffle trahissait une voie difficile, un chemin escarpé, l'altitude. Il semblait grimper."

Mais parallèlement à cette volonté, cette éthique de travail, cette force, il avait aussi une capacité d'émerveillement, la croyance de l'artiste en l'idéal, en l'encore plus beau plus tard. Avant de partir, quelques heures plus tard, il a regardé sa sœur Patty, puis longuement ses enfants, puis la compagne de sa vie, Laurene, et puis par-dessus leurs épaules, au loin. Avec ces mots :

'Oh wow. Oh wow. Oh wow.' 

Six syllabes difficile à cerner, qui alimenteront les conjectures pour un homme qui captiva le monde des affaires et de la création.

Auteur: Jobs Steve

Info: https://www.theguardian.com/ oct 31, 2011

[ . ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

jugement

Je ne mettais jamais les gens en colère contre moi. La colère se croit toujours juste. Quand elle est passée, vient la honte, et la honte c'est la haine. Tu te fais haïr pour rien. Faites-vous haïr pour quelque chose. Il y a un proverbe : "Bien mal acquis ne profite jamais." C’est de la blague. La vérité est : bien mal acquis, le troisième héritier n’en jouit pas. Tu as de la marge. Le troisième héritier, est-ce que vous vous en foutez, oui ou non ? Possède, et puis tu verras.

Des familles portant le dais avaient fait quoi pour en arriver jusque-là ? Des tours de bâton. Tu recevais un coup sur la tête : tu ne savais pas à qui dire merci. C’étaient des saintes familles à perte de vue. Mais, cheval et voiture, ça ne vient pas par l’opération du Saint-Esprit. Mets tes sous à couver, ça ne rapporte guère. Il te faut cent ans. Défonce le poulailler du voisin : ça, c’est de la volaille ! La nuit noire, quelle belle institution ! Ils disent conscience. Ils disent : remords. D’accord. C’est de la monnaie. Payez et emportez. Si c’était gratuit, ce serait trop beau. Moi j’estime : du moment qu’on est chrétien, on a le droit de tout faire. Tu seras jugée. Alors, ne te prive pas. C’est de la banque. Il y en a qui sont pour le paradis. Très bien. Des goûts et des couleurs… mais, moi je suis modeste ; je me satisfais de peu. Après, on verra. Je n’ai pas d’orgueil. Je me contente de la vallée de larmes. Quand je souffre, je suis libre. Alors ?

Auteur: Giono Jean

Info: Les âmes fortes, Librairie Gallimard, 1949, pages 348-349

[ indifférence ] [ liberté ] [ bien-mal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

couple

La question n’était plus vraiment celle du rôle tenu par les partenaires, ce qui comptait c’était la "fréquence des pulsions d’intimité" (FPI). Au début de leur relation, dix ans plus tôt, Gros Ours avait une FPI de 3, et Petit Lapin une FPI de 2. En d’autres termes, Gros Ours ressentait des pulsions une fois tous les trois jours, sa FPI était donc de 3 ; Petit Lapin éprouvait quant à lui des pulsions tous les deux jours, sa FPI était donc de 2. Par "pulsion d’intimité", on entendait un élan amoureux, une attirance érotique. Sans une pulsion d’intimité de part et d’autre, pas de sexe. Mais FPI sonnait trop "médical". Dans le langage courant, on parlait plus volontiers de "rythme sexuel". La fréquence avec laquelle avaient lieu les rapports sexuels se calculait en multipliant les rythmes sexuels des deux partenaires ; dans le cas de Gros Ours et de Petit Lapin : 3 × 2 = 6, soit une "nuit de gala sexuel" tous les six jours. Ces nuits de gala correspondaient à des nuits de sexe où les pulsions d’intimité des deux amants coïncidaient. Si Petit Lapin voulait forcer Gros Ours à entrer en intimité, cela revenait à "coller un visage chaud sur un cul froid" : il essuyait un refus. Mais avec le temps, les relations entre les deux époux étaient devenues plus fades, comme un plat trop souvent servi ayant perdu toute saveur. Le rythme sexuel de Gros Ours était désormais de 7, et celui de Petit Lapin de 3. Soit 3 × 7 = 21. Leur nuit de gala ne se déroulait donc que tous les vingt et un jours.

Auteur: Ta-Wei Chi

Info: Perles

[ copulatoire ] [ libido descendante ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

dernières paroles

Dans quelques heures, moins de vingt-quatre sans doute, pour moi, tout sera fini. Je ne sais pas encore si ce sera la balle d'un sniper du Raid ou mes tripes qui voleront dans un grand boum... Toujours est-il que je bénis celui qui a placé cette dynamite... car il m'a permis de donner un cours à ma fantaisie.... Combien ont eu le temps suffisant pour coucher sur le papier... ceux qui se savaient une mort qu'ils assument, j'en fais partie... Prisonnier de mes rêves mes plus fous je suis mal assis sur une petite chaise de bambins. 4 heures maintenant... dans la pénombre de cette petite classe aux rideaux bouchant le jardin rempli d'hommes en noir et aux fenêtre scotchées des dessins de ces bambins... des taches pour masquer toute vue, les magnifiques gribouillages de ces petits hommes qui oublieront tout dans quelques heures, quelques jours... Alors revenons à cette mort dont je sens à peine mais sûrement la faux s'affuter sur ma nuque. Mort je le suis, il fallait l'être. Je m'y suis préparé. Cette farce ne suffira pas, au-delà de cette école où ils ont peut-être réalisé le danger d'une bombe humaine. HB, tel que moi... Je dois de toute façon y passer... Longtemps, très longtemps j'ai cherché un moyen de gagner beaucoup d'argent et vite. Au casino j'ai toujours flambé en quelques minutes la petite mise que je pouvais jouer. Pendant des nuits, des jours, des semaines et des mois, depuis longtemps, j'avais imaginé, non, plutôt rêvé, ma plus grosse mise : ma foutue vie sur le tapis. Alors, que m'importe... Pour une fois, j'aurai connu le bout du bout d'un projet grandiose...

Auteur: Schmitt Erick

Info:

[ suicide ] [ Human Bomb ]

 

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