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philosophe-sur-philosophe

[Selon Kant] Les idées métaphysiques (Dieu, le Monde, l’âme) sont de simples actes de la raison. En accomplissant ces actes, en pensant "Dieu", "Monde", "âme", la raison ne fait qu’obéir au besoin d’unité qui la régit : unité des phénomènes internes (l’âme), unité des phénomènes externes (le Monde), unité de tous les êtres (Dieu). Mais elle ne perçoit pas véritablement ces idées comme des réalités objectives qui lui seraient effectivement données et qu’elle pourrait donc, non seulement penser, mais encore connaître. Il faudrait pour cela que notre intelligence soit dotée d’un organe de perception intellectuelle, étant donné la nature non-sensible des réalités à percevoir. Une telle intuition intellectuelle n’est pas la nôtre, affirme Kant. Toutefois, par une inévitable illusion "spéculaire", nous croyons voir intellectuellement, comme si elles étaient présentes devant notre esprit, des réalités que nous ne faisons que construire en pensée, et auxquelles la foi seule (car elles existent "en-soi"), et non la science, nous permet d’accéder. Telle est la critique kantienne de la connaissance métaphysique.

Cette critique [...] nous paraît fausse à plusieurs égards. D’abord, parce que la raison humaine a le droit, à un certain degré, de traiter les concepts comme des choses, en tant précisément qu’ils en sont le reflet dans le miroir du mental, reflet dont l’adéquation est garantie par la Révélation et la Tradition universelle. D’où la légitimité de la scolastique. Fausse d’autre part, parce que, confondant la métaphysique véritable avec la scolastique wolfienne, Kant ignore que, depuis toujours, les grandes doctrines métaphysiques, du vedânta au platonisme et au thomisme en passant par le taoïsme ou le bouddhisme mâdhyamika, ont prévu et corrigé la tentation du chosisme spéculatif, avec une efficacité et une radicalité qui dépasse d’assez loin le criticisme kantien. Et la pratique dionysienne de l’anagogie en est précisément une preuve irréfutable. Enfin, il faudrait souligner combien est approximative la conception d’une intuition intellectuelle que Kant imagine sur le modèle de l’intuition sensible : avoir un objet devant soi. Mais au-delà de la connaissance par observation, il y a place pour la connaissance par participation. [...] L’objectivité métaphysique est intrinsèque et qualitative ; c’est l’objectivité de la vérité, nourriture de l’esprit. L’objectivité physique (ou empirique) – l’objectivité d’une chose – est extrinsèque et relative : elle n’est que le reflet de la précédente qui la fonde ontologiquement. L’intuition intellectuelle ne se démontre pas ; elle est la vie même de l’esprit. La nier, c’est nier l’expérience la plus foncière de toute intelligence humaine : automutilation.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 105-106

[ erreurs ] [ nominalisme-réalisme ]

 

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sens-de-la-vie

STS : L'esprit est comme un logiciel. Il a été mis à jour à chaque instant de votre vie. Il teste chaque signification faite contre toutes les autres définitions qu'il connaît déjà (biais de confirmation). Chaque nouvelle connexion pousse le sens plus loin dans le conscient profond. L'esprit pousse tout vers la mécanique.  Pendant 3,5 milliards d'années, notre mental a de plus en plus privilégié la mécanique. La plupart de cette programmation est basée sur la survie. La majorité de nos expériences ont consisté à courir. Nous étions de la nourriture. Une grande partie de ce codage a été implémenté dans l'ADN. Attendant les stimulis comme comme des gâchettes pour activer notre système nerveux.  Cette architecture se situe au-dessous de votre pensée consciente. Donc quand l'ombre se présente, c'est une opportunité d'effacer la programmation défectueuse. Mais le travail doit être fait. Aucun succès ici ne peut réparer une blessure interne.  Tel est le chemin.

Rainer Funk : Pas mécanique, c'est un programme transhumaniste... Nous sommes la lumière.

STS :  Oui, au bout du compte, de la lumière pliée et comprimée encore et encore dans la matière... quelle est cette lumière ? La conscience... qu'est-ce que la conscience ? Dans notre monde, nous sommes des arbres qui marchent. Notre fruit est notre sens.

Rainer Funk : STS, c'est conscient, tout ça ? 

Neimar Elma : Ce n'est pas un "logiciel" Grrr

STS :  Chaque culture donne un sens à l'esprit sur le plan de la technologie. D'autres arrivent en ligne (renaissance psychédélique, réalité augmentée par exemple) Oui, la superposition est comme un logiciel. Elle est programmable, et prend la forme de la signification dans laquelle elle est placée. La plupart des gens sont piégés dans une matrice de sens qui est projetée dans leur vie. Est-ce une évaluation complète.... non, c'est évidemment plus profond. Mais ne jetez pas l'expérience du bébé avec l'eau du bain. Si vous suivez le chemin, il vous ramènera chez vous.

Neimar Elma : STS, ce n'est pas un logiciel ! N'essayez même pas de l'étiqueter "comme ça" ! C'est l'existence fondamentale de l'humanité !

STS : Vous avez tout à fait raison.

Dee Busch : Neimar Elma, Il a dit que c'était COMME un logiciel. Et je pourrais argumenter fortement que le cœur est le noyau de l'existence : il y a eu beaucoup de recherches sur la façon dont le cœur contrôle l'esprit. (Non pertinent pour cette discussion, mais il est au "noyau de l'existence").

Auteur: Steven Twohig Sr

Info: Trouvé sur le fil FB de Nassim Haramein, 22 nov 2022

[ gnose ] [ discussion web ] [ désir de conclure ] [ pensée cybernétique ] [ cerveau reptilien ] [ évolution ]

 

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codage du réel

Dans La Naissance de la Conscience dans l’effondrement de l’esprit, le psychologue américain Julian Jaynes soutient que la conscience réflexive, proprement humaine, est permise par un processus métaphorique enraciné dans le mode de perception visuelle. Jaynes met en place une nouvelle terminologie pour étudier le phénomène métaphorique d'un point de vue phénoménologique et cognitif. Pour lui, à la base de tout langage existe la perception brute, qui est le mode de compréhension premier du monde : il s'agit ensuite de parvenir à une métaphore de cette chose, en lui substituant quelque chose qui nous soit plus familier.

Le travail métaphorique de la compréhension implique :

- des métaphrandes (les choses à décrire) ;

- des métapheurs (les choses aidant à décrire les précédentes) ;

- des parapheurs (les mots associés aux métapheurs, sèmes en quelque sorte contenus dans la connotation) ;

- des paraphrandes (les mots associés aux choses à décrire et que la langue possède).

Pour Jaynes, tout découle de ce processus et même les modèles les plus complexes et abstraits : "Une théorie est donc une métaphore entre un modèle et des données" dit-il. Le langage lui-même vient de la métaphore. En cela Jaynes réalise un point de vue révolutionnaire de la conception couramment admise : la métaphore peut en effet se figer, et former le vocabulaire qui peu à peu perd toute référence à l'analogie première (exemple : les "ailes" de l'avion, ou encore le verbe "être", qui vient du sanscrit bhu ("pousser" ou "faire pousser"), renvoyant à la métaphore d'une action réelle s'appliquant à un élément mental). L'étymologie est ainsi pour Jaynes résultat de métaphores. Le langage a peu à peu, du concret à l'abstrait, monté "les marches qu'étaient les métaphores" et a permis ainsi de spatialiser en conscience le Réel :

"Le lexique du langage, donc, est un ensemble fini de termes qui, par le biais de la métaphore, peut s'étendre sur un ensemble infini de situations, allant même jusqu'à en créer ainsi de nouvelles."

La conscience s'entend pour Julian Jaynes avant tout comme un espace mental métaphorique, que l'expérience agrandit à chaque nouvelle prise de conscience. Le processus corollaire de la narratisation vient ensuite lier ces expériences en un tout logique donnant la réflexivité. Jaynes distingue ainsi plusieurs procédés de métaphorisation

" Il y a donc toujours deux termes dans la métaphore: la chose à décrire, que j'appellerai le métaphrande, et la chose ou le rapport utilisé pour l'élucider, que j'appellerai le métapheur. Une métaphore est toujours un métapheur connu s'appliquant à un métaphrande moins connu. j'ai inventé ces termes hybrides par simple référence à la multiplication où un multiplicande* opère sur un multiplicateur*."

Auteur: Internet

Info: https://fr.wikipedia.org/wiki/Julian_Jaynes. A propos "La Naissance de la Conscience dans l'effondrement de l'esprit bicaméral". *Dans une multiplication, celui des facteurs qui est énoncé le premier.

[ symbolisation ] [ mise en concepts ] [ catachrèses ] [ paréidolie ] [ sémantique ] [ préhension intellectuelle ] [ tétravalence ] [ imagination ] [ priméité-tiercité ]

 

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onirisme

On découvrit dans les années 70, une tribu primitive des forêts de Malaisie, les Senoïs. Ils organisaient leur vie autour de leurs rêves. Tous les matins au petit déjeuner, autour du feu chacun ne parlait que de ses rêves de la nuit. Si un Senoï pensait avoir nui à quelqu'un, il devait offrir un cadeau à la personne lésée. S'il avait rêvé avoir été frappé par un membre de l'assistance, l'agresseur devait s'excuser et lui donner un présent pour se faire pardonner. Chez eux le monde onirique était plus riche d'enseignement que la vie réelle. Si un enfant disait avoir rencontré un tigre et s'être enfui, on l'obligeait à rêver à nouveau du félin la nuit suivante, à se battre avec lui et à le tuer. Les anciens lui expliquaient comment s'y prendre. Si l'enfant ne réussissait pas à venir à bout du tigre, toute la tribu le réprimandait. Dans le système de valeurs Senoï, si on rêvait de relations sexuelles, il fallait aller jusqu'à l'orgasme et remercier ensuite dans la réalité le conjoint désiré par un cadeau. Face aux adversaire hostiles des cauchemars, il fallait vaincre puis réclamer un cadeau à l'ennemi afin de s'en faire un ami :Ler rêve le plus convoité était celui de l'envol. Toute la communauté félicitait l'auteur d'une telle performance. Pour un enfant annoncer un plein essor était un baptême. On le couvrait de présents puis on lui expliquait comment voler en rêve jusqu'à des pays inconnus et en ramener des offrandes exotiques. Les Sénoïs séduisirent les ethnologues occidentaux. Leur société ignorait les violences et les maladies mentales. C'était une société dans stress et sans ambition de conquête guerrière. Les Senoï disparurent quand la partie de la forêt ou ils vivaient fut livrée au défrichement. Nous pouvons tous commencer à appliquer leur savoir. Tout d'abord, consigner chaque matin le rêve de la nuit, lui donner un titre, en préciser la date. Puis en parler avec son entourage au petit déjeuner par exemple. Aller plus loin encore en appliquant les règles de base de l'onironautique. Décider ainsi avant de s'endormir le choix de son rêve : faire pousser les montagnes, modifier la couleur du ciel, voyager dans tel ou tel endroit... Dans les rêves, chacun est omnipotent. Le premier test d'orinautique consiste à s'envoler. Etendre les bras, planer, piquer en vrille, remonter : tout est possible. Cela demande un apprentissage progressif. Les heures de "vol" apportent de l'assurance et de l'expression. Les enfants n'ont besoin que de cinq semaines pour pouvoir diriger leurs rêves. Chez les adultes plusieurs mois sont parfois nécessaires.

Auteur: Werber Bernard

Info: Encyclopédie du savoir relatif et absolu

[ songe ] [ contrôle ] [ anthropologie ] [ peuples premiers ]

 
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relativisme ontologique

L' Amérique aussi, dans sa façon essentielle de considérer la vie et le monde, a créé une "civilisation", qui se trouve en parfaite contradiction avec l'ancienne tradition européenne. Elle a définitivement instauré la religion de l'utilitarisme et du rendement, elle a placé l'intérêt pour le gain, la grande production industrielle, la réalisation mécanique, visible, quantitative, au-dessus de tout autre. Elle a donné naissance à une grandeur sans âme de nature purement technico-collective, privée de tout arrière-plan de transcendance, de toute lumière d'intériorité et de vraie spiritualité. Elle aussi a opposé à la conception de l'homme intégré en tant que qualité et personnalité dans un système organique, une conception où il n'est plus qu'un simple instrument de production et de rendement matériel dans un conglomérat social conformiste.

(...)

Ainsi, bien que l'Amérique ne pense pas du tout à bannir tout ce qui est intellectualité, il est certain qu'elle éprouve à l'égard de celle-ci, dans la mesure où elle n'apparaît pas comme l'instrument d'une réalisation pratique, une indifférence instinctive, comme à l'égard d'un luxe auquel ne doit pas trop s'attarder celui qui est porté vers les choses sérieuses telles que le "get rich quick", le "service", une campagne en faveur de tel ou tel préjugé social et ainsi de suite.

(...)

Si l'Amérique n'a pas banni officiellement, comme le communisme, l'ancienne philosophie, elle a fait mieux : par la bouche d'un William James, elle a déclaré que l'utile est le critère du vrai et que la valeur de toute conception, même métaphysique, doit être mesurée à son efficacité pratique, c'est-à-dire, en fin de compte, selon la mentalité américaine, son efficacité économico-sociale. Le pragmatisme est une des marques les plus caractéristiques de la civilisation américaine envisagée dans son ensemble, ainsi que la théorie de Dewey et le behaviorisme, qui correspond exactement aux théories tirées, en U.R.S.S., des vues de Pavlov sur les réflexes conditionnés et, comme celles-ci, exclut totalement le Moi et la conscience en tant que principe substantiel. L'essence de cette théorie typiquement "démocratique" est que n'importe qui peut devenir n'importe quoi - moyennant un certain training et une certaine pédagogie - ce qui revient à dire que l'homme, en soi, est une substance informe, malléable, tout comme le conçoit le communisme, qui considère comme anti-révolutionnaire et anti-marxiste la théorie génétique des qualités innées. La puissance de la publicité, de l'advertising, en Amérique, s'explique d'ailleurs par l'inconsistance intérieure et la passivité de l'âme américaine, qui, à maint égard, présente les caractéristiques bidimensionnelles, non de la jeunesse, mais de l'infantilisme.

Auteur: Evola Julius

Info: Révolte contre le monde moderne, II, 16

[ libre examen ] [ subversion ] [ idéologie ] [ Etats-Unis ]

 
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nature du moi

Les déploiement des connaissances, accéléré et amélioré grâce à la cybernétique, en alliant divers codages externalisables (langage, mathématiques, musique...) et surtout en les traitant via l'informatique et les intelligences artificielles sémantiques, montre clairement qu'un univers complètement impersonnel (Dirac le pensait mathématique) peut tout à fait, de par ses infinies complications, accoucher d'entités (moi au hasard), dont les idiosyncrasies, biologiques - surtout mentale ici, développent les caractéristiques suivantes : 

A) Je suis une totale singularité - au regard de l'indicible complexité des trillions d'atomes qui me constituent et de l'incroyable parcours temporel qu'il a fallu pour y arriver. Me voilà donc aisément comparable à une forme de divinité " unique " - ce qui ne parait pas complètement inexact sous cet aspect. Constat qui peut dégénérer, surtout si l'entité en question se prend au sérieux.... ou du à une éducation déficiente et/ou, parce que l'individualité en question a acquis trop de pouvoir dans une communauté suite aux aléas de sa vie et d'une époque (mise en boucle sociologique ?). Jusqu'à devenir un dictateur paranoïaque et incontrôlable. Malédiction du pouvoir trop souvent apparue chez les humains.

B) J'ai donc la sensation, pas tout à fait fausse (du à cette incroyable complexité qui me constitue ?), d'être moi-même un univers inversé, petite divinité. Il suffit d'imaginer qu'à ma mort le cosmos entier disparaît. D'où le concept solipsiste. 

C) Cependant mon existence touche aussi au dérisoire si je pense à ce MOI, perdu parmi 8 milliards d'autres "moi" humains contemporains. Un ego issu du long et complexe développement organique communautaire terrestre. Terre qui n'est qu'une planète parmi les milliards de milliards d'autres mondes potentiels... de l'univers. Univers lui-même peut-être insignifiant au sein d'un plan global qui coordonne des atomes-cosmos, similaires ou pas, constitutifs d'autres méta-dimensions parallèles, supérieures, inférieures, accordées à d'autres fréquences vibratoires, etc. 

D) Enfin il y a le maillage dans lequel s'inscrit cette réflexion. Le surmoi intriqué dans tout le reste qui me pilote pour bonne partie ; au premier chef la famille, le biotope et les amis proches, jusqu'à l'humanité, Gaïa et l'univers même... avec toutes les puissances d'imprégnation et d'interdépendance que cela implique. 

Comment alors synthétiser une approche de ce "moi observateur". Point de singularité "qui réfléchit avec le langage écrit". Et qui n'est pas complet sans ces idées : 

- personne n'est irremplaçable

- l'instabilité est notre fondation sous-jacente. 

- la curiosité reste insatiable

- la mort constitue mon unique certitude. 

- la possibilité de ma propre auto-destruction exprime ma véritable liberté et demeure un constant réconfort. 

Auteur: Mg

Info: 3 novembre 2023

[ tétravalence ] [  autoportrait ] [  ultra-complexité ] [  ego-atome ] [  introspection ] [ questions ] [ positionnement de l'étiqueteur FLP ]

 
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humanité

Chez les primates sociaux, la force brute, la ruse, l’intelligence manœuvrière, l’empathie et l’art de nouer des alliances – bref, toute la palette des comportements politiques – sont utilisés communément. Ce qui implique des sociétés régulées par le sexe et/ou par la baffe (voire le meurtre), avec comme limite acceptable aux comportements extrêmes, l’intérêt supérieur du groupe. Des sociétés qui reposent également sur un minimum d’équité où même les plus forts ont intérêt au partage, ne serait-ce que pour maintenir leur position. Ce fait politique (au sens de l’organisation permettant l’exercice du pouvoir) explique pourquoi dans une société aussi violente que celle des chimpanzés, ce sont souvent des vieilles femelles, beaucoup plus faibles physiquement que les jeunes mâles, qui dirigent le groupe. Elles allient une expérience précieuse à la survie de tous à une grande capacité à nouer des alliances, tout en sachant maintenir le dissensus à un niveau acceptable.
Mais s’il n’existe pas de différences comportementales fondamentales entre l’animal et l’homme, nous avons cependant la possibilité de partager des constructions mentales beaucoup plus élaborées. Sans doute sont-elles apparues et finalement sélectionnées par l’évolution pour l’énorme avantage qu’elles représentent (le partage d’un même univers mental sur l’habitus des différentes proies, et sur les actions coordonnées qu’il convient d’appliquer pour aller à leur contact en se servant de l’environnement immédiat).
Cependant, toutes les armes étant à double tranchant, il nous est possible également de créer des univers mentaux éloignés de la réalité, voire totalement déconnectés, comme le démontrent les idéologies mortifères passées ou présentes.
Dans nos sociétés ‘modernes’ immensément complexes et peuplées, il est bien plus facile de tricher (voir d’opter pour un comportement sociopathe), que dans un clan de quelques dizaines d’individus où chacun agit sous le regard de tous. Il semble même, que plus vous êtes riche moins vous êtes moral ! Comme tendraient à le démontrer les expériences du professeur Paul Piff de l’université de Berkeley, qui mettent en évidence une plus grande cupidité et un comportement moins respectueux des règles pour les catégories à hauts revenus.
Et de fait, les classes les plus favorisées (les 0,1% et leurs affidés du 1%) peuvent désormais partager un même univers mental, ainsi que les artefacts qui vont avec (‘marchés’, havres fiscaux, etc). Ce faisant, ils inversent les valeurs ; les bases biologiques de nos comportements comme l’altruisme, la morale ou la simple décence – toutes choses héritées de l’état de nature – ne leur sont plus nécessaires. Pire, ces bases deviennent dans leur univers mental, des faiblesses empêchant une prédation sans limites. Loin des discours de façade, ne sont-ils pas les vrais maîtres du monde ?

Auteur: Boulant Roberto

Info: Blog Jorion, 16 janv. 2017

[ ethnologie ] [ oligarchie ] [ question ] [ éthologie ]

 

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spiritualité

Il est pourtant bien facile de voir en quels termes les anciens hermétistes parlent des "souffleurs" et "brûleurs de charbon", en lesquels il faut reconnaître les véritables précurseurs des chimistes actuels, si peu flatteur que ce soit pour ces derniers ; et, même au XVIIIème siècle encore, un alchimiste comme Pernéty ne manque pas de souligner en toute occasion la différence de la "philosophie hermétique" et de la "chymie vulgaire". Ainsi, comme nous l’avons déjà dit bien des fois en montrant le caractère de "résidu" qu’ont les sciences profanes par rapport aux sciences traditionnelles (mais ce sont là des choses tellement étrangères à la mentalité actuelle qu’on ne saurait jamais trop y revenir), ce qui a donné naissance à la chimie moderne, ce n’est point l’alchimie, avec laquelle elle n’a en somme aucun rapport réel (pas plus que n’en a d’ailleurs l’"hyperchimie" imaginée par quelques occultistes contemporains ; c’en est seulement une déformation ou une déviation, issue de l’incompréhension de ceux qui, profanes dépourvus de toute qualification initiatique et incapables de pénétrer dans une mesure quelconque le vrai sens des symboles, prirent tout à la lettre, suivant l’acception la plus extérieure et la plus vulgaire des termes employés, et, croyant par suite qu’il ne s’agissait en tout cela que d’opérations matérielles, se lancèrent dans une expérimentation plus ou moins désordonnée, et en tout cas assez peu digne d’intérêt à plus d’un égard.

Dans le monde arabe également, l’alchimie matérielle a toujours été fort peu considérée, parfois même assimilée à une sorte de sorcellerie, tandis que, par contre, on y tenait fort en honneur l’alchimie "intérieure" et spirituelle, souvent désignée sous le nom de kimyâ el-saâdah ou "alchimie de la félicité".(1)
(...)
Quoi qu’il en soit, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, et ce qui est à la base même de tout enseignement véritablement initiatique, c’est que toute réalisation digne de ce nom est d’ordre essentiellement intérieur, même si elle est susceptible d’avoir à l’extérieur des répercussions de quelque genre que ce soit. L’homme ne peut en trouver les principes qu’en lui-même, et il le peut parce qu’il porte en lui la correspondance de tout ce qui existe, car il ne faut pas oublier que, suivant une formule de l’ésotérisme islamique, "l’homme est le symbole de l’Existence universelle"(2) ; et, sil parvient à pénétrer jusqu’au centre de son propre être, il atteint par là même la connaissance totale, avec tout ce qu’elle implique par surcroît : "celui qui connaît son Soi connait son Seigneur"(3), et il connaît alors toutes choses dans la suprême unité du Principe même, en lequel est contenue "éminemment" toute réalité.

Auteur: Guénon René

Info: Aperçus sur l'initiation. (1) Il existe notamment un traité d’El-Ghazâli qui porte ce titre. (2) El-insânu ramzul-wujûd. (3) C’est le hadith que nous avons déjà cité précédemment: Man arafa nafsahu faqad arafa Rabbahu. (pp. 263-266)

[ Islam ] [ étymologie ]

 

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au-delà

Platon  a dit que quelle que soit l'approche rationnelle d'une vie après la mort, il y a toujours 2 facteurs très important dont il faut toujours tenir compte

1)  La notion est si obscure qu'elle doit toujours être narrée pour être abordée... D'ailleurs les récits d'ÊMI d'alors sont similaires aux notres. Et même si nous avons un million d'histoire, ça ne nous permet pas de prouver tout ça...

2) Qu'il nous manque une approche conceptuelle nouvelle pour ça. Bref dans le monde moderne la notion de l'après vie ne fait pas partie du monde scientifique, nous avons donc besoin de nouveaux concepts et explorateurs. David Hume l'a formulé ainsi : A la lumière de la raison il semble difficile de prouver la continuité de l'âme et son immortalité, une nouvelle sorte de logique est nécessaire et peut-être aussi quelques nouvelles faculté du mental, qui pourraient nous permettre d'aborder pareille logique. 

Nous en somme là, notre approche actuelle est insuffisante pour aborder la notion de l'après-vie. Notre logique a peut-être trop servi depuis 2300 ans et nous avons quand même l'impression que notre mental fonctionne suffisamment bien pour développer de nouvelles approches. 

Ce n'est pas une impasse, nous pouvons avancer dans cette direction. D'ailleurs si on y réfléchi "logique de choses incompréhensibles" est de fait contradictoire dans les termes. Par contre si nous utilisons les mots comme "après-vie" nous comprenons ce que nous disons. D'ailleurs vie après la mort est une contradiction aussi. Et, aussi attirante que soit cette idée de vie après, elle n'a aucun impact, ni n'a la même logique qui sous-tend notre vie incarnée. Telle est la raison qui me fait m'intéresser toujours plus à la philosophie du langage. Est-ce qu'il peut y avoir une logique de l'intelligible ? Ma réponse est oui, il est possible de raisonner logiquement à propos de choses qui n'ont pas de sens. 

Je suppose que quelqu'un équipé d'une appétence pour l'inintelligible et donc habitué au non-rationnele sera susceptible d'avancer dans cette direction.

Un artiste américain a participé a un séminaire ou j'abordai ceci. Il m'a appelé de longs mois plus tard pour me parler de ses NDE, après de grandes souffrances, gangrène et amputation, énormes fièvres, 60 jours entre la vie est la mort, etc.

Sa voix était faible, du à la maladie, puis j'ai remarqué un changement dans l'énergie lorsqu'il m'a dit, incidemment : - Raymond, quand j'étais en E.M.I, mon esprit est revenu sur ce concept de nonsense dont tu as parlé et j'ai réalisé que tu avais raison. Il faut prendre en compte l'inintelligibilité dont tu parlais.

Auteur: Moody Raymond A

Info: Fin de sa conférence, 4 février 2017, Paris

[ mort imminente ] [ dépassement conceptuel ]

 
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désignation idiomatique

Ce qui frappe d’abord l’homme "moderne", rompu à la théorie et à la science linguistique d’aujourd’hui, et pour lequel le langage est extérieur au réel, pellicule fine et sans consistance sinon conventionnelle, fictive, "symbolique", c’est que dans les sociétés "primitives", ou comme on dit "sans histoire", "pré-historiques", le langage est une substance et une force matérielle. Si l’homme primitif parle, symbolise, communique, c’est-à-dire établit une distance entre lui-même (comme sujet) et le dehors (le réel) pour le signifier dans un système de différences (le langage), il ne connaît pas cet acte comme un acte d’idéalisation ou d’abstraction, mais au contraire comme une participation à l’univers environnant. Si la pratique du langage suppose réellement pour l’homme primitif une distance par rapport aux choses, le langage n’est pas conçu comme un ailleurs mental, une démarche d’abstraction. Il participe comme un élément cosmique du corps et de la nature, confondu avec la force motrice du corps et de la nature. Son lien avec la réalité corporelle et naturelle n’est pas abstrait ou conventionnel, mais réel et matériel. L’homme primitif ne conçoit pas nettement de dichotomie entre matière et esprit, réel et langage, et par conséquent entre "réfèrent" et "signe linguistique", et encore moins entre "signifiant" et "signifié" : pour lui, ils participent tous au même titre d’un monde différencié.

Des systèmes magiques complexes, telle la magie assyrienne, reposent sur un traitement attentif de la parole conçue comme une force réelle. On sait que dans la langue akkadienne "être" et "nommer" sont synonymes. En akkadien, "quoi que ce soit" s’exprime par la locution "tout ce qui porte un nom". Cette synonymie n’est que le symptôme de l’équivalence généralement admise entre les mots et les choses, et qui sous-tend les pratiques magiques verbales. Elle transparaît aussi dans les exorcismes liés à l’interdiction de prononcer tel ou tel nom ou mot, aux incantations dont on exige la récitation à voix basse, etc.

Plusieurs mythes, pratiques et croyances révèlent cette vision du langage chez les primitifs. Frazer (the Golden Bough, 1911-1915) constate que dans plusieurs tribus primitives le nom, par exemple, considéré comme une réalité et non pas comme une convention artificielle, "peut servir d’intermédiaire — aussi bien que les cheveux, les ongles ou toute autre partie de la personne physique — pour faire agir la magie sur cette personne". Pour l’Indien d’Amérique du Nord, d’après ce même auteur, son nom n’est pas une étiquette, mais une partie distincte de son corps, comme l’œil, la dent, etc., et par conséquent un mauvais traitement de son nom le blessera comme une blessure physique. Pour sauvegarder le nom, on le fait entrer dans un système d’interdictions, ou de tabous.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Le langage, cet inconnu, pp. 56-57

[ réalité encodée ] [ vocable dagyde ] [ premier degré performatif ] [ philologie diachronique ] [ codage du réel ]

 
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