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rapports humains

D'abord, les adultes se penchent sur toi et rapprochent leur visage distendu dans un sourire. Selon toute vraisemblance, ils subissent une loi physique qui les fait sourire dans de telles conditions. C'est purement artificiel, d'accord, mais tu saisis le plus important : ils ne te veulent pas de mal. Leurs visages sont affreux, grêlés, couverts de taches et de poils, pleins de détails, comme la lune à la fenêtre. Les adultes sont faciles à comprendre, mais il n'y a presque rien à dire sur eux. À part l'écoeurement qu'inspire leur attention fixée sur ta vie. Ils semblent ne rien exiger : ils déposent, l'espace d'une seconde, le rondin invisible qu'ils portent toute leur vie, et se penchent vers toi avec un sourire avant de se redresser et de le reprendre pour le porter plus loin. Mais cela n'est qu'une illusion. En réalité, ils veulent te voir devenir comme eux : il faut bien qu'ils puissent transmettre le rondin à quelqu'un avant de mourir. Ce n'est pas pour rien qu'ils l'ont porté.

Auteur: Pelevine Viktor

Info: Ontologie de l'Enfance

[ enfance. laideur ] [ hypocrisie ]

 
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nourriture

S'il y a bien une chose que j'ai entendue mille fois à Samarcande, c'est que les gens ont le meilleur pain de tout l'Ouzbékistan, et ce, grâce à une eau et un air d'une incroyable pureté. Le célèbre pain de Samarcande est rond et plat ; en Russie, on le connaît sous le nom de lepiochka. Selon la légende, l'émir de Boukhara fit venir le meilleur boulanger de Samarcande pour goûter son pain. Le boulanger débarqua à Boukhara muni de sa farine, de son eau, et de son bois de chauffe. Mais une sorte d'arbitre des émirs spécialiste en boulangerie décréta que ce pain n'avait pas le même goût que le véritable pain de Samarcande. L'émir exigea alors l'exécution du boulanger, mais suspendit l'application de la sentence quelques instants, pour demander à ce dernier ce qu'il avait à dire pour sa défense. "C'est que, répondit le boulanger, il me manque l'air de Samarcande : c'est ça qui fait lever la pâte." Ces paroles produisirent leur effet sur l'émir qui gracia le condamné.

Auteur: Batuman Elif

Info: Les Possédés : Mes aventures avec la littérature russe et ceux qui la lisent

[ miche ] [ mythologie ] [ folklore ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

spectateur

Vers neuf heures, lorsque je me réveillai, c’était une orgie : les marchés sont les orgies des heures matinales, et la faim, comme aurait dit Jean Paul, sonne l’ouverture du jour, comme l’amour la finale. Les pièces de monnaie firent leur entrée sur un rythme syncopé et, lentement, se pressèrent et se bousculèrent des filles avec des filets rebondis qui de tous côtés invitaient à profiter de leurs rondeurs. Mais à peine étais-je descendu tout habillé sur la place, au moment où je voulais aller sur scène, que l’éclat et la fraîcheur du spectacle avaient disparu. Je compris que tous les dons du matin, comme le lever du soleil, doivent être reçus sur des hauteurs. Et ce qui illuminait, il y a un instant encore les dés frêles du pavé, n’était-ce pas une aurore mercantile ? Elle était maintenant ensevelie sous les papiers et les ordures. Au lieu de la danse et de la musique, il n’y avait plus que l’échange et le trafic. Rien ne peut être aussi irrévocablement perdu qu’un matin.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Weimar" in Images de pensée, pages 89-90

[ décalage ] [ animation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dernières paroles

...depuis que je suis arrivé au point le plus haut que pour ma part je ne saurais dépasser, je garde ma lumière et mon trésor, convaincu que personne n'y gagnerait, et que moi-même je m'en trouverais mal, et en serais même irrémédiablement blessé, si je le perdais. Ils sont extrêmement précieux, pas seulement pour moi, mais surtout pour l'obscurité du créateur, qui a besoin de l'homme pour éclairer sa création. Si Dieu avait prévu le monde qu'il a créé, celui-ci serait une simple machine insensée et l'existence de l'homme un caprice inutile. Mon intellect peut envisager une telle possibilité, mais tout mon être dit "Non".
(Extrait d'une lettre envoyée à M. Serrano 7 mois avant son décès. Il passa de vie à trépas en s'endormant. Presque arrivé à la fin, il eut ce rêve qu'il raconta à Ruth Bailey) : "Je vois un énorme bloc de pierre rond placé sur un socle élevé, et au pied de la pierre sont gravés ces mots: "Et ceci sera pour toi un signe de totalité et d'unité"."

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: préparé à une mort qu'il acceptait comme étant une dernière confrontation avec l'inconscient

[ sens-de-la-vie ]

 

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zen

Je me réveillais après ces douze heures de nuit avec Joyce qui me tripotait la corde à nœuds sous les géraniums et je disais : "Où est Picasso ? [le chien]".
"Oh, au diable Picasso !" qu’elle disait.
Je sortais du lit, à poil, avec ce gros engin-là devant moi.
"Regarde, tu l’as encore laissé dans le jardin ! Je t’ai déjà dit de ne pas le laisser dehors dans la journée !"
Alors je sortais dans le jardin, à poil, trop fatigué pour m’habiller. C’était plutôt bien abrité des regards. Et ce pauvre Picasso était là, recouvert par 500 mouches, des mouches qui couraient en rond partout sur lui. Je sortais en courant toujours avec mon bidule (qui à ce moment-là piquait du nez) et j’engueulais les mouches. Il en avait dans les yeux, sous le poil, dans les oreilles, sur les parties, dans la bouche… partout. Et il restait assis là à me sourire. A me faire des risettes pendant que les mouches le dévoraient. Peut-être qu’il en savait plus long que nous tous.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Le Postier", pages 81-82

[ passivité ] [ innocence ] [ joie ] [ trivial ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

visionnaire

À tous ces fous. Ces inadaptés. Ces rebelles. Ces "faiseurs de troubles". Ces metteurs de chevilles rondes dans les trous carrés. Ceux qui voient les choses différemment. Ils ne s'adaptent pas aux règles. Et n'ont aucun respect pour le statut quo. Vous pouvez les encenser, les contredire, les citer, ne pas les croire, les glorifier ou les endiabler. Mais à peu près la seule chose que vous ne pouvez faire est de les ignorer. Parce qu'ils changent les choses, ils inventent, ils imaginent, ils guérissent, ils explorent, ils créent, ils inspirent. Ils poussent la race humaine en avant. Peut-être qu'ils se doivent d'être fous. Comment autrement pourriez-vous demeurer face à une toile blanche et y voir une oeuvre d'art ? Ou s'asseoir dans le silence et entendre une chanson qui n'a jamais été écrite ? Ou apercevoir la planète rouge et y voir un laboratoire sur roulette ? Certains les voient comme des fous, certains les voient comme des génies. Parce que les gens qui sont suffisamment fous pour croire qu'ils peuvent changer le monde, sont ceux qui le font.

Auteur: Twain Mark

Info:

[ folie ] [ gratitude ] [ créativité ]

 

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évocation

Ecrire ne remplace pas. Comment modeler un torse avec des mots ? Comment dessiner ? Brossard a des idées là-dessus. Moi, je patouille la glaise mot à mot, mais ça ne donne rien de propre, rien de simultané, surtout, comme dit Brossard.

Un jour il m'a dit : Décris-moi mon chien. C'était risible. Pourtant je le connais depuis longtemps, son chien. Je l'ai vu naître, grandir, évoluer. Il y a du chiot dans ce chien. Allez donc exprimer ça. Même un coquetier c'est difficile. Il suffit d'en regarder un pour deviner que les oeufs ne sont pas ronds. Et pourtant si, par mégarde, un oeuf est rond il peut quand même s'asseoir dedans. C'est cette ambiguïté qui rend la description difficile. Certes, dans les pays sans poules, il suffit de dire : c'est un objet dans lequel on mange ce qui a été pondu. Mais ces pays-là sont rares.

Pour un peintre, au contraire, un coquetier est un régal. D'un trait, il nous rappelle nos mouillettes, le sel, le beurre et, derrière nous, notre mère, nos soeurs.

Auteur: Dumayet Pierre

Info: "Brossard et moi", éd. Verdier, p.12

[ langage ] [ mots-choses ] [ adéquation ] [ écriture ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

maison close

Le maharadjah de Kapurthala était d'un autre style. Il avait un oeil de verre. Aussitôt arrivé, il choisissait deux ou trois filles. Les bouteilles de champagne valsaient. Puis, c'était une tradition, dès qu'il était rond, défoncé, il perdait son oeil. On me faisait appeler. Dans la chambre ou dans le salon, je trouvais mes trois femmes, fesses en l'air, en train de chercher l'oeil du prince hindou. A mon tour, je m'y mettais. La règle du jeu consistait à ne pas trouver le postiche qui, bien sûr, scintillait sur le tapis. Quand Karputhala en avait assez du spectacle, il disait:

- Je m'en vais. Si vous le trouvez, faites-le-moi porter au Ritz.

Et, il partait sans payer. Dans la matinée, je téléphonais à la réception du palace:

- Nous avons retrouvé l'oeil de son Altesse.

Invariablement, l'homme aux clés d'or me répondait:

- On ne peut pas déranger le prince qui est en prières.

Un moment plus tard, un groom arrivait au One avec l'argent de la nuit et des cadeaux pour chacune des chercheuses d'oeil.

Auteur: Jamet Fabenne

Info: One Two Two : 122, rue de Provence

[ singulière routine ] [ bordel de luxe ] [ insolite ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cycles

Vous avez remarqué que toute chose faite par un indien est dans un cercle. Nos tipis étaient ronds comme des nids d'oiseaux et toujours disposés en cercle. Il en est ainsi parce que le pouvoir de l'Univers agit selon des cercles et que toute chose tend à être ronde. Dans l'ancien temps, lorsque nous étions un peuple fort et heureux, tout notre pouvoir venait du cercle sacré de la nation, et tant qu'il ne fut pas brisé.
Tout ce que fait le pouvoir de l'Univers se fait dans un cercle. Le ciel est rond et j'ai entendu dire que la terre est ronde comme une balle et que toutes les étoiles le sont aussi. Les oiseaux font leur nid en cercle parce qu'ils ont la même religion que nous. Le soleil s'élève et redescend dans un cercle, la lune fait de même, et tous deux sont rond.
Même les saisons forment un grand cercle dans leurs changements et reviennent toujours là où elles étaient. La vie de l'homme est dans un cercle de l'enfance jusqu'à l'enfance, et ainsi en est-il pour chaque chose où l'énergie se meut.

Auteur: Black Elk Hehaka Sapa

Info: sagesse amérindienne

[ nature ] [ sphère ]

 

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philosophe-sur-philosophe

Quand Nietzsche croit [...] accomplir ce dépassement [du nihilisme] en disant "oui" à l’ "éternel retour", cette acceptation n’est en réalité rien d’autre que l’affirmation de la souveraineté d’une nature dénuée de sens et qui ne recèle en elle aucun "Tu dois" - lecture d’autant plus plausible que le concept d’ "éternel retour" a été inventé sous l’influence de la conception de l’être qui est celle de la physique et sur le modèle de la répétitivité propre à l’expérience physique. La solution violente que propose Nietzsche est d’entrer dans cette ronde, de sauter dans le "grand midi" de ce qui tourne sans fin d’une façon absurde. Cette solution, si l’on fait abstraction du ton hymnique qui lui est propre, ne diffère pourtant absolument pas de la situation qui plongeait le nihiliste dans le désespoir (parce qu’il ne pouvait pas contester ou croyait ne pas pouvoir contester qu’il n’était, lui aussi, qu’un fragment de ce monde absurde où il n’y a pas de devoirs). Être "par-delà le bien et le mal" est un caractère incontestable de la nature. Nietzsche opère un court-circuit en en faisant aussi un devoir.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, page 334

[ critique ] [ monisme ] [ paradoxe ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson