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espoirs

La jeunesse est créatrice parce qu’elle ne compte pas les heures, elle les gaspille apparemment en rires et beuveries ; sacrifiant à la fois le travail et le repos, elle erre dans les rues, escortée de son rêve ou de son ami. Elle participe ainsi d’un rythme plus vaste qui n’est pas celui de l’école ou du bureau, mais d’une nature ou d’un esprit qui nous dépasse. Ce temps qui semble alors perdu, est celui, décisif, où se posent les bases d’une vie.

Disponibilité du jeune homme. Tout est possible, croit-il : aller camper au Karnatic, apprendre la guitare. Il peut tout connaître, multiplier en se jouant les contacts humains : tout homme est alors notre prochain. Comme nous il est libre. Alors on se donne sans compter – parce que l’on croit pouvoir tout acquérir. Jusqu’au jour où il ne reste plus qu’un avare, fermé sur les derniers biens qui lui restent.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 92

[ prodigue ] [ éloge ] [ vieilllir ] [ vertes années ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

blasphème

Combien j’exècre, Seigneur, la turpitude de ton œuvre et ces larves sirupeuses qui t’encensent et te ressemblent ! Te haïssant, j’ai échappé aux sucreries de ton royaume, aux balivernes de tes fantoches. Tu es l’étouffoir de nos flammes et de nos révoltes, le pompier de nos embrasements, le préposé à nos gâtismes. Avant même de t’avoir relégué dans une formule, j’ai piétiné tes arcanes, méprisé tes manèges et tous ces artifices qui te composent une toilette d’Inexplicable. Tu m’as dispensé avec largesse le fiel que ta miséricorde épargna à tes esclaves. Comme il n’y a de repos qu’à l’ombre de ta nullité, il suffit au salut de la brute de s’en remettre à toi ou à tes contrefaçons. De tes acolytes ou de moi, je ne sais qui plaindre le plus : nous venons tous en ligne droite de ton incompétence : brin, bripe, bricole, - vocables de la Création, de ton cafouillage…

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Dans "Précis de décomposition" in Œuvres, éditions Gallimard, 1995, page 704

[ créateur-par-créature ] [ insoumission ] [ reniement ] [ sacrilège ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

archimagie

Lentement, au cours du XVIIIe siècle, l’alchimie a péri par sa propre obscurité. Sa méthode d’explication : "obscurum per obscurius, ignotum per ignotius" (l’obscur par le plus obscur, l’inconnu par le plus inconnu) était incompatible avec l’esprit de recherche de l’ère des lumières, et plus particulièrement avec l’apparition d’une chimie à caractère scientifique. Cependant, ces deux forces intellectuelles nouvelles ne firent que lui donner le coup de grâce. Sa décomposition intérieure avait déjà commencé un siècle plus tôt, à l’époque de Jakob Boehme, lorsqu’un grand nombre d’alchimistes abandonnèrent leurs alambics et leurs creusets pour se consacrer à la philosophie (hermétique). C’est alors que le chimiste et le philosophe se séparèrent. La chimie devint une science de la nature, cependant que la philosophie hermétique abandonnait ses bases empiriques et se perdait dans des allégories et des spéculations aussi ampoulées que vides de tout contenu et qui ne reposaient que sur le souvenir d’un temps meilleurs.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Psychologie et alchimie", éd. Buchet-Chastel, 2014, trad. par Henry Pernet et Roland Cahen, page 319

[ scission ] [ dévitalisation ] [ historique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

déclaration d'amour

Je t'aime d'être faible...
Je t'aime d'être faible et câline en mes bras
Et de chercher le sûr refuge de mes bras
Ainsi qu'un berceau tiède où tu reposeras.

Je t'aime d'être rousse et pareille à l'automne,
Frêle image de la Déesse de l'automne
Que le soleil couchant illumine et couronne.

Je t'aime d'être lente et de marcher sans bruit
Et de parler très bas et de haïr le bruit,
Comme l'on fait dans la présence de la nuit.

Et je t'aime surtout d'être pâle et mourante,
Et de gémir avec des sanglots de mourante,
Dans le cruel plaisir qui s'acharne et tourmente.

Je t'aime d'être, ô soeur des reines de jadis,
Exilée au milieu des splendeurs de jadis,
Plus blanche qu'un reflet de lune sur un lys...

Je t'aime de ne point t'émouvoir, lorsque blême
Et tremblante je ne puis cacher mon front blême,
Ô toi qui ne sauras jamais combien je t'aime !

Auteur: Vivien Renée

Info: Recueil : A l'heure des mains jointes

[ poème ]

 

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portrait

Daphné se réveilla par hasard, car la nuit en arrivant ne témoigne d'aucune de ces turbulences qui annoncent le jour. Il était sept heures du soir. Ce repos esthétique d'avant dîner, ce beauty sleep, formait partie de l'administration de son visage. Suivit une enquête, très poussée, sur son corps, couleur de cannelle, dans le miroir à trois faces. Daphné croyait obéir à des lois particulières ; elle était régie au contraire , et plus que d'autres,  par le commun. Une unité humaine, parmi les 1 660 000 000 qui peuplent le monde. C'était une jeune fille d'aujourd'hui, c'est-à-dire à peu près un jeune homme d'hier. Elle avait pris aux mâles leur vivacité, leur pétulance et faisait mentir l'histoire naturelle qui veut les femelles calmes, lourdes et stationnaires. Elle courait comme une folle à travers les verdures de la vingtième année, ce qui ne l'empêchait pas au passage de s'étrangler de nos plus vieux nœuds coulants.

Auteur: Morand Paul

Info: L'Europe galante (1925, 250 p., Grasset, les cahiers rouges, p. 207)

[ captation de genre ] [ masculinisation de la femme ] [ étrangeté ]

 

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misogynie

Que t’importait, ange farouche,
Ardent, faible et voluptueux,
Ce que, loin de ta douce bouche,
Les vieux sages disaient entre eux.

Pendant leur morne promenade,
Sur les bords du Tigre, en été
Roulant leurs chapelets de jade,
Ils maudissaient la volupté.

Ils disaient que, puisque tout passe,
Puisque l’être est pareil au vent,
Il faut méditer dans l’espace,
Sous les platanes d’un couvent…

Mais toi, danseuse au clair délire,
Gâteau de miel, de lis et d’or,
Tu ris et dédaignes de lire
Leurs manuscrits où l’on s’endort.

Que leur corps usé se repose !
Mais toi, lorsque le rossignol
Se gorge du vin de la rose
Et tombe étourdi sur le sol,

Lorsque, sous la blanche églantine,
Dans l’épais tapis des cerfeuils,
La lune emplit d’ardeur divine
Les loups, les lynx et les chevreuils,

Tu t’élances sous le beau cèdre,
Tu caresses ses noirs rameaux,
Tu danses, grave comme un prêtre,
Chaude comme les animaux !

Auteur: Noailles Anna de

Info:

[ sauvage ] [ beauté ] [ rancoeur ] [ poème ]

 
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Ajouté à la BD par SFuchs

crépuscule

La voûte du ciel se mirait dans ce jardin prodigieux, dont l'ardeur du soleil n'embrasait pas les profondeurs, car l'astre du jour, épuisé par sa course, allait au fond de l'abîme chercher le repos et, dans ses forges marines, aiguiser ses rayons émoussés. La lune envoyait sa clarté d'argent jusqu'aux confins de cette immense étendue, et se baignait avec volupté dans ses courants. Les Pléiades, avec une exquise et virginale pudeur, scintillaient jusque dans ses gouffres inexplorés, qu'elles traversaient comme des sondes lancées pour en mesurer la profondeur, pour en toucher le fond.
On entendait mille bruits résonner dans les grottes et les rochers qui entouraient cette surface immaculée - des gémissement de plaisir amoureux aussi bien que des fracas guerriers amplifiés par l'écho. Des sensations suaves, des parfums légers s'exhalaient de toutes parts et embaumaient les brises. Les embruns, le feu du soleil, colorant et durcissant les chairs, hâlaient les visages et leur donnaient un air viril.

Auteur: Papadiamándis Aléxandros

Info: L'ile d'Ouranitsa

[ océan ]

 

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flemme

De toutes les passions celle qui est la plus inconnue à nous-mêmes, c'est la paresse ; elle est la plus ardente et la plus maligne de toutes, quoique sa violence soit insensible, et que les dommages qu'elle cause soient très cachés ; si nous considérons attentivement son pouvoir, nous verrons qu'elle se rend en toutes rencontres maîtresse de nos sentiments, de nos intérêts et de nos plaisirs ; c'est la rémore qui a la force d'arrêter les plus grands vaisseaux, c'est une bonace plus dangereuse aux plus importantes affaires que les écueils, et que les plus grandes tempêtes ; le repos de la paresse est un charme secret de l'âme qui suspend soudainement les plus ardentes poursuites et les plus opiniâtres résolutions ; pour donner enfin la véritable idée de cette passion, il faut dire que la paresse est comme une béatitude de l'âme, qui console de toutes ses pertes, et qui lui tient lieu de tous les biens.

Auteur: La Rochefoucauld François de

Info: Maximes, Garnier 1967, MS 54 p.147

[ éloge ]

 

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labeur

Août dans la buanderie. La poussiéreuse lumière argentait les cactus en pots enrobés de toiles d'araignées. Sueur. Bassines grattées au couteau. Vapeurs de Javel qui brûlent les yeux. Sueur sur le carrelage, sur le rouge, le bleu, belles couleurs qui ressurgissent. Gouttes qui se noient, se diluent dans la lavasse. L'eau jetée à pleins seaux dans le trou d'égout, sous le mur, au fond de la cour. Il fallut tout d'abord ramoner avec une de ces tiges de fer dont on arme le ciment, forer les gravats, l'étoupe, après quoi de l'autre côté, vérifier que l'eau s'écoulait bien dans la rigole de la ruelle, la "rouette" comme elle dit. L'eau stagnait encore, la flaque lentement baissait de niveau. Enfin sur la marche, repos, les mains entre les genoux, comme autrefois à la nuit tombante, quand la chose la plus délicieuse était de lire sur cette marche, à l'orée du couloir, sous un carré de ciel bleuissant, strié de vols d'hirondelles.

Auteur: Bassez Danielle

Info: L'égarée, Cheyne Editeur, Collection Grands Fonds, p. 10 et 11

[ littérature ]

 

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quiétude

La philosophie est un moyen de s’absenter, de prendre du recul par rapport à la temporalisation. Mais il y en a d’autres. Lire des romans, des poèmes par exemple, après sa journée de travail, c’est une manière de faire une pause. S’absenter de la temporalisation, c’est un élément très important de l’art de vivre. Il ne faut pas attendre qu’on vous accorde un jour de congé ou des vacances, mais il faut savoir se ménager des pauses dans son emploi du temps habituel. Le repos de l’intelligence, le moment de liberté sont nécessaires. Il nous revient, à nous, au cœur de notre vie quotidienne, de ménager des ouvertures sur la sérénité tranquille, sur la paix qui doit toujours être au fond de nous, à notre disposition. À la surface de notre âme, il y a l’agitation, les vagues, les tempêtes, les harcèlements, les impatiences, mais dans le fond, comme dans la profondeur de la mer, doit régner un calme absolu.

Auteur: Conche Marcel

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[ lecture ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste