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inaccessible

Mon chagrin est comme mon château, perché comme un nid d'aigles, à la cime des monts, parmi les nuages ; personne ne peut l'assaillir. C'est de là que je m'envole pour descendre dans la réalité et saisir ma proie. Mais je ne reste pas en bas, je rapporte ma proie chez moi, et cette proie, c'est un motif que j'insère dans les motifs des tapisseries de mon château. Alors, je vis comme un mort. Tout ce qui a été vécu, je le plonge dans le baptême de l'oubli pour l'éternité du souvenir. Tout ce qui est fini et accidentel est oublié et effacé. Alors, je demeure comme un vieillard grisonnant, pensif, et j'explique les motifs d'une voix douce, presque chuchotante, et à mes côtés siège un enfant qui écoute, bien qu'il se rappelle tout avant que je l'aie raconté.

Auteur: Kierkegaard Søren Aabye

Info: Ou bien... Ou bien, I

[ construction ] [ indicible ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

chronos

Peu de gens au vingtième siècle virent, hélas, ceux des âges futurs qui leur tendaient la main et vivaient à leurs côtés ; peu ressuscitèrent, durant leur vie, en dehors du temps. Il ne faut point s’en étonner puisque nous-mêmes, qui avons entrevu ces âges futurs autant que passés et présents, sommes incapables d’en parler sans employer les absurdes expressions de "passé" et d’ "avenir" imposées par le langage à trois dimensions et qui ne signifient rien lorsque l’on sait que toute réalité et toute personnalité ne peut exister qu’en qualité. Le mot lui-même de résurrection implique une fausse idée de succession dans le temps, alors que la résurrection véritable peut se produire à tout moment de la vie, pour un esprit qui réalise, au poste de combat où il est placé, humble ou sublime, un désir de la Conscience unique.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, page 281

[ sémantisme inapproprié ] [ inadéquat ] [ imprécision ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

morosité littéraire

Chez Simenon, il n'y a que des victimes, y compris les criminels. Le monde les écrase tous, les broyant dans des structures mauvaises, qui ne sont pas réformables et qui leur ont faussé l'esprit et le coeur. On le voit à ce détail que tous, du clochard au bourgeois, habitent en termites des bâtiments trop grands pour eux, qu'il s'agisse des maisons de Samois, du château de Saint-Fiacre ou même sous un pont par-dessus la Seine. Simenon a dû faire cette expérience [...] Lui aussi a dû souffrir de ces vêtements trop grands. Il en est resté cet homme nu, qui est aussi celui des Pères du désert, l'espoir d'un salut, jamais évoqué, promis à nos destinées d'insectes, dont les trajets se perdent dans le noir de la mort, une oeuvre immense et la présence à nos côtés du commissaire Maigret.

Auteur: Sureau François

Info: "L'Or du Temps", récit, Gallimard, 2020 - page 127

[ grisaille générale ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

exactitude

D'après quoi voulez-vous que l'on écrive l'histoire ? Sinon d'après des documents qui, s'ils sont faux, fausseront à leur tour toute la machine et les déductions, conclusions, etc., qui dépendront de cela. La vérité (historique) ne s'impose jamais d'elle-même. Elle est au contraire désavantagée par ceci que les âmes "croyantes" s'imaginent qu'elle finira toujours par triompher et parce qu'elles se reposent là-dessus ; cependant que les faussaires travaillent à faire triompher le mensonge. C'est peut-être ce qui explique un peu que le mensonge ait partout la partie si belle et triomphe si communément. C'est aussi parce que le mensonge est avantageux, flatteur, plaisant (tout au moins pour le plus grand nombre), tandis que la vérité gêne et blesse toujours quelques-uns par quelques côtés. Elle a du mal à se faire entendre parce qu'elle fait mal à entendre. Son bienfait n'est connaissable, ou reconnaissable, qu'après.

Auteur: Gide André

Info: Journal

[ douteuse ]

 

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perdu

Assis là sur la bruyère, sur notre grain planétaire, je me rétrécissais face à ces abysses qui s'ouvraient de tous côtés, et vers l'avenir. L'obscurité silencieuse, l'inconnu sans relief, étaient plus effrayants que toutes les terreurs que l'imagination avait rassemblées. Regardant attentivement, l'esprit ne pouvait rien entrevoir de sûr, rien dans toute l'expérience humaine qui puisse être pris pour certain, sauf l'incertitude elle-même; rien sauf une obscurité sexuée par une brume épaisse de théories. La science de l'homme était un simple brouillard de chiffres; sa philosophie un brouillard de mots. Sa perception même de ce grain rocailleux et de toutes ses merveilles que décalages et apparitions mensongères. Même soi-même, ce semblant de point central, n'était qu'un simple fantôme, si trompeur, que le plus honnête des hommes doit remettre en question sa propre honnêteté, si peu substantielle qu'il doit aussi douter de son existence même.

Auteur: Stapledon William Olaf

Info: Star Maker

[ introspection ]

 

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guerre

Le vin... Il n'y a que le vin, la boue et les cadavres, les uns vivants, les autres morts. Et l'ennui, un ennui auparavant inconnu, l'ennui jusque dans les mains, jusque dans les pieds, un ennui qui fourmille, tout cela pour rien... rien... rien. Clavel en est sûr, maintenant : Pour rien. C'est cela l'horrible et cela seulement. Et la plupart ont perdu la force même de s'ennuyer. L'ennui devient le signe de ceux qui ne sont pas morts à tout. À connaître leur ennui, combien sont-ils? Dix, cent, mille peut-être et ceux-là sont prêts à se joindre des deux côtés des lignes. Et moi-même, quel est mon souci? se demande Clavel... Je n'ai plus en moi que la sensation du temps qui coule, le désir qu'il coule plus vite, et un dégoût toujours croissant, non pas de la mort, mais de cette mort-là.

Auteur: Werth Léon

Info: Clavel soldat

[ tranchées ]

 

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suiveurs

Non, j’accorde que je ne suis pas un paladin de mon époque, pas plus un "guide", ni ne veux l’être. Je n’aime pas les guides, les Führer, ni non plus les "professeurs", par exemple, les "professeurs de démocratie". J’aime et j’estime encore moins ces petits, ces médiocres, ces nez creux qui vivent d’informations récoltées et de pistes flairées, cette racaille de valets et d’estafettes du temps qui trottent aux côtés de tout ce qui est nouveau, en manifestant sans cesse leur dédain pour ceux qui sont moins dispos et moins agiles. Ou encore les freluquets et conformistes de leur époque, ces gens chics, ces élégants intellectuels, qui portent les dernières idées et les dernières paroles à la mode comme ils portent leur monocle, qui, par exemple, manient les concepts "esprit, amour, démocratie" – en sorte qu’il est aujourd’hui déjà difficile d’entendre ce jargon sans avoir la nausée.

Auteur: Mann Thomas

Info: Dans "Considérations d'un apolitique"

[ opinions à la mode ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nuit

Sise du côté Yin dans la pensée chinoise, la lune est toujours associée aux retrouvailles familiales, au chagrin de l'amour, à la souffrance de la séparation, au mal du pays. La mi automne, jour où la lune est pleine est donc devenue, au fil des siècles, le moment symbolique et universel pour penser à tous ceux qui sont chers mais se trouvent loin. Où que l'on soit, on sort la nuit de la fête, on déguste des gâteaux de lune au clair de lune, on contemple la grosse perle lumineuse flottant dans le ciel sombre, et on se souvient de son pays natal, de ses parents, de ses enfants, de ses frères et soeurs, de ses amis, de son bien-aimé ou de sa belle qui ne sont pas à nos côtés mais qui contemplent la même perle lumineuse en même temps que nous, et pensent à nous.

Auteur: Ai Weiwei

Info: Une fille Zhuang

[ Asie ] [ tradition ]

 

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deuil

J’ai perdu la douceur

Du blanc de ta fourrure,

J’ai perdu ta tiédeur

Pressant les couvertures,

J’ai perdu la douleur

De tes brusques morsures.



Tout ça n’était qu’à moi.



J’ai perdu tes humeurs

Et j’oublie ton histoire.

Le motif enchanteur

De la flamme et du noir

De tes fauves couleurs

Formait mon territoire.



Tout ça n’était qu’à moi.



J’ai connu ta maigreur

Et pleuré ton usure,

J’ai subi ta fureur

Au jour de la piqûre,

Puis l’abjecte impudeur

De ton dernier murmure.



Et tout ça n’est qu’à moi,

Compagne de mes heures,

Ma jolie créature,

Tout ça n’est rien qu’à moi.


 

 

Auteur: Fazi Mélanie

Info: Pour Savannah, partie le 14 juin dernier (2021) à l’âge de douze ans, deux mois et dix jours, dont douze ans ce mois-ci passés à mes côtés.

[ animal domestique ] [ poème ] [ euthanasie ] [ chat ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sur le fil

Le bus roulait sur une étroite bande de ciment, juste au dessus de l'eau, sans garde-fous, sans rien de rien ; c'est tout ce qu'il y avait. Le chauffeur se calait dans son siège et on fonçait sur cette étroite bande de ciment bordée d'eau, et tous les passagers du bus, les vingt-cinq ou quarante ou cinquante-deux personnes, lui faisaient confiance ; moi : jamais. Des fois c'était un nouveau chauffeur, et je pensais : comment sélectionnent-ils ces fils de pute? L'eau était profonde des deux côtés ; à la moindre erreur d'appréciation, il nous tuait tous. C'était ridicule. Imagine qu'il se soit disputé avec sa femme ce matin? Ou qu'il ait le cancer? Ou des visions mystiques? Mal aux dents? N'importe quoi. C'était couru : il nous foutait en l'air. Je savait que si c'était MOI qui conduisais, j'aurais envisagé la possibilité ou eu l'envie de noyer tout le monde.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Factotum"

[ fragilité ] [ doute ] [ déconstruction ] [ peur ] [ effroi ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson