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esthétisme

Les Grecs, dans la première phase de leur recherche de la vérité mathématique, à l'époque de Platon et peu après, ne s'étaient nullement bornés aux propositions qui avaient un rapport visible avec les phénomènes de la nature ; mais ils avaient suivi beaucoup de belles voies de recherche concernant diverses sortes de figures, pour l'amour de leur seule beauté ; comme par exemple dans leur doctrine des sections coniques, dont ils avaient découvert toutes les principales propriétés. Mais il est curieux de remarquer que ces recherches, poursuivies au début comme de simples questions de curiosité et de gratification intellectuelle, seraient destinées, deux mille ans plus tard, à jouer un rôle très important dans l'établissement du système des mouvements célestes qui a succédé au système platonicien des cycles et des épicycles. Si les propriétés des sections coniques n'avaient pas été démontrées par les Grecs et rendues ainsi familières aux mathématiciens des âges suivants, Kepler n'aurait probablement pas été en mesure de découvrir ces lois concernant les orbites et les mouvements des planètes qui ont été l'occasion de la plus grande révolution qui ait jamais eu lieu dans l'histoire de la science.

Auteur: Whewell William

Info: History of Scientific Ideas, Bk. 9, chap. 14, sect. 3.

[ géométrie ] [ diachronique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

commerce

Peu m'importe si tu m'aimes, telle est, à la fin de Mauvaise passe, la devise de Pierre (Daniel Auteuil), alors qu'il a auparavant quitté sa femme, son fils et son métier de prof de littérature française pour aller vivre à Londres, puis pratiqué la prostitution masculine de haut vol. Pierre aura écrit son roman à succès mais continuera de se faire payer pour quelques passes d'amour. Michel Blanc fait preuve d'un curieux cynisme dans cette allégorie à peine déguisée du statut de l'artiste. L'argent y est source de liberté (je baise, tu payes, nous sommes quittes), l'amour source de contraintes (je ne veux pas recommencer avec toi la vie de couple que j'ai fuie). Mais peut-être s'agit-il aussi d'un Français pris de la fièvre libérale (la liberté chère aux économistes néolibéraux). Easy money et vie facile contre exigences de couple et poids de la culture (la littérature française), voilà une alternative que certaines sirènes libérales, dans le microcosme du cinéma français, ne manqueront pas de relever. Michel Blanc et son personnage adhèrent à l'idée qu'un livre, un film, l'amour sont de purs produits commerciaux. Dès lors, peu m'importe si tu m'aimes...

Auteur: Chauvin Jean-Sébastien

Info: critique de Mauvaise passe de Michel Blanc, Les Cahiers du cinéma novembre 1999

[ consumérisme ] [ transaction ] [ rapports humains ]

 

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monstre légendaire

[A propos de la gravure "Que viene el Coco" de Goya] Ce qui retient aussitôt l’attention dans la gravure de Goya est que, contrairement à ce qu’annonce le titre et ce que dit la chanson, le Coco* redouté n’est pas sur le chemin qui le conduit à sa victime, mais est déjà arrivé, et même si présent qu’il occupe la moitié de l’image. Le titre de la gravure pourrait être "Voilà le Coco" ou "Le Coco est là". Irruption massive d’un corps vêtu d’on ne sait quelle toile, d’une sorte d’énorme Père Ubu qui encombre déjà plus de la moitié de la chambre qu’il investit, tel un gros éléphant blanc entré par mégarde dans un magasin de porcelaine. Le plus curieux de l’affaire n’est d’ailleurs pas la figure (et le volume) de l’apparition mais dans l’apparition elle-même, dans le fait que l’apparition apparaisse. Car le Coco était certainement annoncé, mais pas du tout attendu. Le Coco va venir, menace l’adulte ; mais tout le monde sait qu’il ne viendra pas. Or le voici qui paraît : el mismisimo Coco en propia persona, comme pourrait dire Fernan Caballero.

Auteur: Rosset Clément

Info: Dans "L'invisible", pages 68-69, *le Coco dans la culture espagnole est une variété de croque-mitaine dont on effraie les enfants pour essayer de les faire obéir, et particulièrement de les faire dormir.

[ surnaturel ] [ interprétation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

condamné à mort

J’imagine qu’il devait éprouver un supplice analogue à ce qu’éprouve le criminel qu’on mène au supplice à la potence : il y a encore toute une longue, longue rue à parcourir, et au pas encore, devant des milliers de spectateurs, puis il y aura le tournant dans une autre rue, et au bout de cette rue seulement la sinistre place ! Il me semble qu’au début du trajet le condamné, dans sa charrette d’infamie, doit précisément sentir qu’il a encore une vie infinie devant lui. Mais voici cependant que les maisons défilent, la charrette ignominieuse avance toujours, oh, ce n’est rien, jusqu’au tournant de l’autre rue il y a encore si loin, et il regarde encore d’un air alerte à droite et à gauche, et ces milliers de curieux impassibles dont le regard est rivé à lui, et il lui semble toujours être un homme comme eux. Mais voici déjà qu’on tourne dans l’autre rue, oh ! ce n’est rien, rien, il reste encore toute une rue. Et quel que soit le nombre de maisons qu’il laisse derrière lui, il pense toujours : "il reste encore beaucoup de maisons". Et ainsi jusqu’au bout, jusqu’à la place même.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", volume 2, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, pages 500-501

[ dernières pensées ] [ intensité ] [ perception du monde ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

analogie

FLP devrait, dans l'idéal, se révéler organique. Pas au sens habituel de la vieille notion de "niveaux secondaires de classifications" mais au sens d'un mouvement, d'une forme de vie auto-générée parce que sans cesse revitalisée par quelque perspective nouvelle, un dépaysement... qui attisera l'esprit, le nourrira dans sa quête au gré des découvertes.
Organique aussi parce que l'enchevêtrement des mots, bouts de mots, lettres, idées... associés aux possibilités et mélanges de recherches diverses du logiciel, apportent à l'utilisateur un outil dont la souplesse et la puissance conjuguées semblent donner comme une forme biologique à une pâte francophone virtuelle qui rassemble caractères, chaines de caractères, termes, phrases... ressources diachroniques, géographiques, d'auteurs, sémiotiques, sémantiques... Ludiques... Etc, etc.
Exemple récent, un utilisateur - qui se reconnaîtra - s'est amusé à chercher des textes sans tel ou tel caractère. Nous n'avions pas pensé à cela. FLP peut faire du Pérec.
Nous osons donc bien écrire "machine organique" ; elle est nourrie est manipulée par des humains (en attendant mieux ah ah ah) et les complexes intrications qu'elle peut révéler à l'esprit curieux font un peu penser, extrêmement humblement et grossièrement, aux infinies variations et interpénétrations que la vie nous révèle sans désemparer.

Auteur: Mg

Info: 7 juillet 2020

[ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

nounours

Je parie que mon père conduit le flic dans ma chambre. A sa demande. Pour une fouille organisée.
Je m'en fous, je suis clean. A part une vieille peluche sur une étagère (un dinosaure à qui il manque un bout de la queue), j'ai la chambre classique d'un mec de dix-sept ans : un lit, un ordi, une console, le tout consciencieusement entouré d'un bordel généralisé. Ça devrait jouer en ma faveur, cette peluche verte aussi grosse qu'un chat, perchée au-dessus de mon bureau. Me donner un soupçon d'innocence, comme si j'avais gardé un pied dans l'enfance. A moins qu'ils me prennent pour un pervers qui l'aurait torturée en lui sectionnant la queue. J'avais dix ans, j'étais curieux : je voulais savoir avec quoi on l'avait rembourrée pour que ce soit aussi mou tout en étant ferme. J'ai pas été déçu. On avait gavé Billy, c'était son nom, de granulés de plastique blanc. Depuis il fuyait, mal rabiboché par mes soins car ma mère avait refusé de le recoudre. Elle m'avait généreusement fourni l'aiguille et le fil, en me précisant que ça me servirait plus tard de ne pas prendre ma femme pour une bonniche et d'exécuter moi-même mes ourlets de pantalons. J'avais rafistolé Billy au plus simple.

Auteur: Abier Gilles

Info: Accrocs, p. 15-16

[ culpabilité ] [ inquiétude ]

 

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identité floue

Je suppose que vous êtes quelque peu curieux de savoir qui je suis, mais je fais partie de ceux qui n'ont pas de nom arrêté. Il dépend de vous. Appelez-moi comme bon vous semble.

Si vous pensez à quelque chose qui s'est passé il y a longtemps : Quelqu'un qui vous a posé une question dont vous ne connaissiez pas la réponse.

Voilà mon nom.

Peut-être pleuvait-il très fort.

Voilà mon nom.

Ou alors, quelqu'un voulait que vous fassiez quelque chose. Vous l'avez fait. Puis on vous a dit que c'était mal fait - "Navré pour cette erreur" - et qu'il a fallu faire autre chose.

Voilà mon nom.

Peut-être était-ce un jeu auquel tu jouais dans ton enfance ou quelque chose qui t'es venu à l'esprit une fois vieux et assis sur une chaise près de la fenêtre.

Voilà mon nom.

Ou bien tu t'es promené quelque part. Il y avait des fleurs tout autour.

Voilà mon nom.

Peut-être contemplais-tu fixement une rivière. Il y avait quelque chose près de toi qui t'aimait. Sur le point de te toucher. Tu pouvais la sentir avant que ça n'arrive. Puis c'est arrivé. 

Voilà mon nom.

Auteur: Brautigan Richard

Info: In Watermelon Sugar. Trad Mg

[ poème ] [ perdu ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mirage

En ce temps là, pour parler de la guerre, on utilisait fréquemment cette expression recuite de "20 000 vieux sous la terre". Peu de gens connaissaient le parcours curieux de cette chaîne de mots, en fait l'adaptation humoristique d'un titre fameux d'antan "Vingt mille lieues sous les mers" récit de science-fiction d'un auteur totalement oublié du 19e siècle.
Il avait suffit qu'un jour un plaisantin adapte cette phrase pour en faire un "20 000 vieux sous la terre" qu'il tagua sur le mur d'un grand cimetière lyonnais, pour que, de fil en communications tous azimuts, beaucoup l'adoptent sur le ton humoristique. On ne sait trop comment, mais, un siècle plus tard l'expression faisait partie intégrante des dictons les plus communs de notre idiome pour désigner un conflit sanglant. Alors que tout le monde sait bien que ce sont plutôt les jeunes qui meurent à la guerre. "Loin du front il n'y a que de vieux soldats" disait mon père. Bref, démonstration une fois de plus de la plasticité du langage au cours du temps, ici sous forme d'inversion. Un peu comme le terme "personne" définit aussi bien le vide qu'une présence (à l'origine du latin "personna" qui signifie "masque" ). Bref le langage fait sans cesse la démonstration de sa qualité d’hyper structure de l'illusion. Comme disait Claudel "La parole n'est qu'un bruit et les livres ne sont que du papier".

Auteur: Mg

Info: 24 mars 2010

[ étymologie ] [ fiction ] [ hypothèse ] [ inversion ]

 

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post-mortem

Il s'attendait à un tunnel conduisant vers une grande lumière pleine d'amour mais non : derrière-lui à droite une espèce de boule en 4 Dimensions l'attendait. Il la sentit d'abord et, lorsqu'il lui fit face, le truc s'addressa à lui d'une voix tonitruante (au volume visiblement adapté  pour ne pas l'effrayer).

- SALUT PTIT GARS... VOUI, T'ES BIEN MORT    TERMINé     CROUNI        SéCHé.

Ce n'était déjà plus le même machin, on aurait dit un sapin trop fin qui chantait avec l'arrière train. Et le support de la voix était une mélodie dont il n'arrivait pas à identifier la référence.

- CESSE CETTE SACRéE HABITUDE DE METTRE TES SENSATIONS DANS DES CASES.

Son interloculteur lui faisait maintenant penser à un chat-araignée cabré sur un vélo de course

- Oui, mais pourquoi lorsque vous parlez je vois vos lettres avec accent sour forme de minuscules ?...

- CESSE !!!

Il ferma mentalement les yeux.

- VOILà, C'EST BIEN. ALORS RACONTE, COMMENT C'éTAIT... CETTE INCARNATION HUMAINE ?

Pas possible... vlati pas qu'un fois mort on continuait à se faire emmerder par les curieux...  Il le sentait : des bidules pareils ça se promène jamais seul... z'ont besoin de témoins, faire-valoir... spectateurs... audideurs. 

Qu'on stoppe tout ça - la pensée fusa - je veux descendre...


Auteur: Mg

Info: 3 août 2022

[ inhospitalier au-delà ] [ humour ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pessimisme

Et si je ne crois pas en Dieu, l'idée de Dieu me fascine.

Nous vivons sur une planète où les vivants mangent les vivants. Les hommes ne se contentent pas de tuer d'autres créatures, ils s'assassinent aussi entre eux, constamment. Les montagnes crachent le feu, la terre s'ouvre, engloutit hommes et bêtes, les eaux se déchaînent, détruisent tout sur leur passage, des éclairs tombent du ciel.

Ici semble résider l'un des paradoxes les plus curieux du genre humain, capable de concevoir que la terre, ce lieux affreux, puisse être l'oeuvre d'une puissance "parfaitement bonne", et d'ainsi démontrer que les hommes sont dotés malgré la barbarie constitutive de leur existence, d'une imagination exagérément optimiste.

Ils croient qu'une "force" a créé tout cela, mais au lieu de s'en plaindre et de la détester, ils l'adulent, pleins de gratitude et de reconnaissance.

Aussi suis-je fasciné depuis ma jeunesse, par cette religion qui fait voir aux hommes une "bonté" à l'oeuvre derrière le spectacle des horreurs terrestres qu'ils constatent chaque jour.

Dieu, sublime métaphore.

Comme tant d'autres écrivains, j'aime à roder autour de cette métaphore prodigieuse. L'effort infini, le hasardeux désespoir dont font preuve les hommes lorsque, cherchant à "bonifier" leur nature, inquiète de sa propre barbarie, effrayée de sa propre malignité, ils imaginent ce "foyer de bonté" situé hors d'eux mêmes, voilà quelle pathétique recherche me semble résumer l'aventure humaine.

Auteur: Ahmet Altan

Info: Je ne reverrai plus le monde : Textes de prison

[ Éternel ]

 

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Ajouté à la BD par miguel