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romantisme

Au temps où, âgé de six ans, il vivait auprès de sa mère, il possédait un petit lapin blanc. Au cours d'une cure qu'il faisait avec elle dans une de ces petites villes thermales démodées que compte la Bohême, le petit animal tomba malade. Rilke était inconsolable. Or, la ville d'eaux se trouvait sur l'un des domaines des Tour et Taxis et un jour, au passage de la princesse, à laquelle des paysans adressaient toutes sortes de doléances, le petit Rilke lâcha brusquement la main de sa mère, courut vers la princesse, qu'il croyait investie d'un pouvoir supérieur, et la pria de guérir son lapin.
Cette petite histoire d'enfant, émouvante et drôle, resta gravée dans la mémoire de la princesse, et c'est pourquoi, lorsque quelqu'un évoqua en sa présence le pauvre jeune poète, son visage s'éclaira, et elle se montra bien disposée à son égard.

Auteur: Burckhardt Carl Jacob

Info: Une matinée chez le libraire

[ animal domestique ]

 

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rêve américain

Un jeune idiot commence à travailler pour un beau salaire de huit ou dix dollars par semaine dès qu’il peut obtenir un emploi. Il se marie. Après le premier enfant, la femme est obligée de travailler aussi à l’usine. La somme de leurs salaires se monte à … disons à dix-huit dollars par semaine. Huh ! ils en donnent un quart pour la masure que l’usine leur loue. Ils achètent nourriture et vêtements aux magasins de la compagnie. Ces magasins leur imposent des prix excessifs. S’ils ont trois ou quatre gosses, leur sort est comparable à celui des forçats. C’est le principe du servage. Et pourtant, en Amérique, nous nous vantons d’être libres. Et le plus drôle de l’histoire, c’est que cette idée a été si bien implantée dans le crâne des moissonneurs, des ouvriers et de tous les autres, qu’ils finissent par y croire.

Auteur: McCullers Carson

Info: Le Coeur est un chasseur solitaire

[ ironie ] [ fabrication du consentement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

parents

Mon père avait une façon bien à lui d'aller en montagne. Peu versé dans la méditation, tout en acharnement et en bravade. Il montant sans économiser ses forces, toujours dans une course contre quelqu’un ou quelque chose, et quand le sentier tirait en longueur, il coupait par la ligne la plus verticale. Avec lui il était interdit de s'arrêter, interdit de se plaindre de la faim, de la fatigue ou du froid, mais on pouvait chanter une belle chanson, surtout sous l'orage ou en plein brouillard. Et dévaler les névés en poussant des cris d'indien.
Ma mère, qui l'avait connu enfant, disait que même alors il n'attendait personne, trop occupé à rattraper tous ceux qu'il voyait plus haut : c'est qu'il en fallait de bonnes jambes pour se montrer désirable à ses yeux, et dans un éclat de rire elle laissait entendre qu'elle l'avait conquis ainsi.

Auteur: Cognetti Paolo

Info: Les huit montagnes, p 9, le livre de poche

[ incipit ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

consommateur idéologique

Victime de la mode, comme le bourgeois. Changeant, mobile, fantasque, romantique, comme le bourgeois. Avide de jouissances immédiates, de spectacles et de fêtes, comme le bourgeois. Véritable enfant, à bien des points de vue, de tête peu solide, aimant se nourrir des abstractions les plus abstruses, amoureux des métaphysiques les plus folles, de l'abracadabra démocratique comme de l'abracadabra anarchiste, les deux faisant la paire, - comme le bourgeois. L'homme, en un mot, de la démocratie, le croyant de l’État, en qui il voit une Providence laïque chargée de réaliser le paradis terrestre ; le dévot, enfin, de la Science, de la science abstraite et cosmo-logique, de la science qui, alliée au pouvoir, doit résoudre le problème du bonheur humain, faire disparaître tout mystère et tout tragique de la vie, pour la couler dans la plate transparence et l'insipide limpidité d'un rationalisme primaire, antipoétique, anti-métaphysique et anti-vital.

Auteur: Berth Edouard

Info: Les méfaits des intellectuels

[ gogo naïf ] [ critique ] [ pseudo-élites ] [ standard consumériste ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cosmique

Permettez-moi une petite remarque. Il y a un plus grand contraste entre la lune et le ciel nocturne, qu'entre le soleil et le ciel diurne. Et ce contraste conduit plus naturellement au chagrin, qui toujours sépare et isole, qu'il ne conduit à la joie, qui toujours assemble et mélange. Et regarder le soleil en face est une folie - il vous aveuglerait. A tout enfant, on apprend qu'il ne faut pas regarder le soleil. Le soleil est la source de vie, la grande puissance créatrice. On ne peut pas affronter dieu sans être instantanément annihilé ; on ne peut pas regarder directement Méduse, mais on peut regarder son reflet ineffectif. La lune n'a pas de lumière propre ; ce que nous en percevons est le reflet du soleil. Et certains pensent que les artistes reflètent les pouvoirs créateurs d'une impulsion originelle trop grande pour être nommée.

Auteur: Ruefle Mary

Info: In "Madness, rack, and honey", éd. Wave Books, p. 14-15 - ma traduction

[ poésie ] [ transmission ] [ dualité ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

ennui

Qu'est-ce qui peut expliquer ce fléau proliférant de Noël ? Quand j'étais enfant, le jour de Noël et Boxing Day étaient des jours de fête et ensuite la vie reprenait son cours normal, mais maintenant Noël se poursuit sans relâche jusqu'au premier de l'an, fête plus stupide encore, de sorte que tout le pays est en fait paralysé pendant au moins dix jours, abruti d'avoir bu trop d'alcool, dyspeptique pour avoir trop mangé, fauché pour avoir acheté de cadeaux inutiles, lassé et irritable d'être resté confiné à la maison avec des membres de la famille casse-pieds et des enfants pleurnichards, les yeux au carré à force de regarder de vieux films à la télévision. C'est à n'en pas douter le pire moment de l'année pour prendre de longues vacances forcées puisque le temps est plus que jamais sinistre et que les heures d'ensoleillement sont les plus courtes.

Auteur: Lodge David

Info: La vie en sourdine

[ dénigrement ] [ nativité ] [ routine ]

 

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deuil

Aujourd'hui, Sylvestre et sa femme, seuls ensemble, s'en sont allés au cimetière, lentement. Là sans doute, au pale et trompeur soleil, ils se sont occupés à arranger les bouquets blancs encore frais, sur la petite fosse, sur l'horrible terre. Et maintenant le jour baisse avec des frissons désolés : l'heure de rentrer vient, l'heure où l'on ramenait au logis l'amour de petit enfant, les joues rougies par le vent du dehors... Ce soir, ils rentreront seuls, les parents ; c'est leur premier dimanche sans leur petit Roger ; ils l'ont laissé là-bas, décoloré et froid sous la terre. Dans leur chambre, quand ils seront de retour, devant le feu qui s'allumera, la petite voix vive et le petit rire délicieux ne s'entendront pas. La robe et le beau chapeau des jours de fête, serrés dans l'armoire, sont devenus de pauvres reliques, que le temps va bientôt démoder et jaunir.

Auteur: Loti Pierre

Info: Figures et choses qui passaient

[ gamin ] [ couple ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

éducation

Vers ma cinquième année, mon père se trouvait dans un cellier où l’on avait coulé la lessive. Il jouait de la viole et chantait, seul, auprès d’un bon feu de bois de chêne, car il faisait très froid. En regardant les tisons, il vit, par hasard, un petit animal semblable à un lézard, qui se livrait à de joyeux ébats au milieu des flammes les plus ardentes. Mon père, ayant reconnu tout de suite ce que c’était, appela ma sœur et moi, nous montra l’animal et m’appliqua un rude soufflet qui me fit verser un déluge de larmes. Il les essuya doucement et me dit : "Cher petit enfant, je ne te frappe point pour te punir, mais seulement pour que tu te souviennes que ce lézard que tu aperçois dans le feu est une salamandre, animal qu’aucune personne connue n’a jamais vu." Là-dessus, il m’embrassa et me donna quelques quattrini.

Auteur: Cellini Benvenuto

Info: La vie de Benvenuto Cellini écrite par lui-même, trad. Léopold Leclanché, Paris, 1881

[ souvenir d'enfance ] [ amplification ] [ dragon ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

bagnole

L'Américain n'aime vraiment d'amour que son automobile : ni sa femme, ni son enfant, ni son pays, ni même son compte en banque en premier lieu... mais sa voiture. Parce que l'automobile est devenue (son) symbole sexuel national... Et c'est pourquoi il habitera dans un trou à rats, mais non seulement il la possèdera, de plus il la renouvellera chaque année dans sa virginité originelle, ne la prêtant à personne, ne laissant âme qui vive pénétrer dans la secrète intimité éternellement chaste et éternellement perfide de ses pédales et de ses leviers, n'ayant nulle part où aller lui-même dans cette voiture, et, même s'il y était forcé, il n'irait pas là où elle puisse être écorchée ou abîmée, passant toute la matinée du dimanche à la laver, à l'astiquer, à l'encaustiquer, parce que, en ce faisant, il caresse le corps de la femme, qui, depuis longtemps lui a refusé son lit.

Auteur: Faulkner William

Info: L'Intrus

[ fétichisme ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

présomption humaine

Au cours de son évolution culturelle, l’homme s’éleva au rang de maître des créatures animales qui l’entouraient. Mais insatisfait de cette domination, il commença à creuser un fossé entre leur nature et la sienne. Il leur dénia la raison et s’attribua une âme immortelle, invoqua une origine divine élevée qui autorisait à rompre le lien de communauté avec le monde animal. Il est étrange de constater à quel point cette arrogance est encore inconnue du petit enfant, comme de l’homme primitif et de l’homme des origines. […] L’enfant ne ressent pas de différence entre sa propre nature et celle de l’animal ; dans le conte, il laisse, sans s’en étonner, l’animal penser et parler ; il reporte sur le chien ou sur le cheval un effet d’angoisse destiné au père sans avoir pour autant l’intention de rabaisser celui-ci. Il faudra qu’il soit devenu adulte pour s’être éloigné de l’animal au point de se servir de son nom pour insulter l’homme.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Une difficulté de la psychanalyse

[ ordre du vivant ] [ hiérarchie ] [ meilleur des animaux ] [ anthropocentrisme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson