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écrivain-sur-écrivain

... j'essaie - et je ne pense pas l'avoir fait, car sinon les critiques l'auraient découvert - j'essaie de faire avec la prose, avec le roman, ce qu'on fait généralement avec la poésie. Je veux dire que j'essaie d'aller au-delà du réel, et des idées explicables, et d'explorer l'homme - sans le faire par le son des mots comme les romans poétiques du début du siècle ont essayé de le faire. Je ne peux pas expliquer techniquement mais - j'essaie de mettre dans mes romans des choses que l'on ne peut expliquer. De donner un message qui n'existe pas dans la pratique. Vous comprenez ce que je veux dire ? J'ai lu il y a quelques jours que T. S. Eliot, que j'admire beaucoup, pensait que la poésie est nécessaire dans les pièces ayant un certain type d'histoire et pas dans celles qui en ont un autre, que cela dépend du sujet que vous traitez. Je ne le pense pas. Je pense que vous pouvez avoir le même message secret à donner avec n'importe quel type de sujet. Si votre vision du monde est d'un certain type, vous mettrez de la poésie dans tout, nécessairement.

Mais je suis probablement le seul à penser qu'il y a quelque chose de ce genre dans mes livres. 

Auteur: Simenon Georges

Info: interviewé par Carvel Collins en 1955

[ auto-évaluation ] [ indicible ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

complexe linguistique

Je ne connaissais alors que quelques mots d'arabe. Je ne pouvais pas vraiment imaginer apprendre la langue. À l'oral, elle s'exprime exactement comme à l'écrit - musicale et fluide, mais totalement incompréhensible, et je me surprenais donc à reconnaître correctement les sons qui surgissaient. Mabsout (heureux) fut l'un de mes tout premiers mots, car tout le monde me demandait sans arrêt si je l'étais. J'avais un plus gros problème avec les mots beau-frère et âne. Ils avaient la même consonance : hamar. Je les ai bien mémorisés tous les deux. J'ai essayé d'entendre la différence entre les deux, et ai réessayé quand on m'a appris qu'il y a trois sons "h" distincts. J'évoquais mes beaux-frères en tant que "frères de Mohammad" ou comme Salem ou Ibrahim, et m'efforçais de ne pas utiliser le mot "âne" au cas où ça aurait trop ressemblé à "beau-frère". Ce fut un vrai problème plus tard, lorsque nous eûmes notre propre âne, que nous le laissions paître, et que je devais parcourir les collines à sa recherche, en demandant si quelqu'un l'avait vu. Il a fallu des années avant que je découvre que la différence n'avait rien à voir avec le "h" du tout, mais avec la prononciation du "r" final. Beau-frère n'en avait pas.  Il était donc un hamaa.

Auteur: Geldermalsen Marguerite Van

Info: Mariée à un Bédouin

[ nouvelle langue ] [ évitements ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

Il ne suffirait évidemment pas de mettre les femmes à la place des hommes pour qu’il y ait un monde nouveau. Et il faut dire là que la plupart des femmes agissantes qui lancent de tels mots d’ordre ont déjà été elles-mêmes mutilées, déformées, façonnées par les hommes à leur image, elles ont été souvent réduites à l’état d’hommes par les conditions mêmes de la lutte qu’elles mènent. Le "machismo" en jupon n’est pas plus intéressant que l’autre, il est seulement plus excusable. La femme a été la grande victime de l’homme - c’est en cela aussi qu’il a réussit à la former, c’est-à-dire à la déformer à sa propre image. De tout temps, dans l’histoire, les vaincus et les victimes ont essayé - et souvent réussi - à se parer des "qualités" de leurs vainqueurs. Pendant des siècles, les hommes ont si bien réussi à persuader les femmes de leur "supériorité" qu’ils ne leur laissèrent que deux réponses possibles. Elles n’eurent d’autre choix que de se conformer à l’image de cette "infériorité" qui leur était imposée, ou de se parer elles-mêmes des "vertus" masculines: dureté, force, agressivité, volonté de domination, rejet de la sensibilité. La formule "femme égale de l’homme" ne saurait, à mon avis, suffire. Il s’agit de tout autre chose: il s’agit de changer l’homme.

Auteur: Gary Romain

Info:

[ égalité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

renaissance

Raphaël, Léonard et Michel-Ange furent, tous trois, élevés à l'ancienne école; leurs maîtres, presque aussi grands qu'eux, connaissaient la véritable mission de l'art et l'avaient remplie; imbus du vieil et profond esprit religieux, ils le communiquèrent à leurs disciples qui, se désaltérant, en même temps, aux vives sources de savoir qui jaillissaient de toutes parts, excitèrent l'admiration universelle. Dans son émerveillement, le monde crut que leur grandeur venait de leur nouvelle science, au lieu de l'attribuer aux anciens principes qui apportaient la vie. Et, depuis lors, on a essayé de produire des Michel-Ange et des Léonard, par l'enseignement aride des sciences et on s'est étonné qu'il n'en apparût pas, sans se rendre compte que ces nobles patriarches tenaient par leurs racines aux grands rochers des siècles passés, et que notre enseignement scientifique d'aujourd'hui consiste à arroser, avec assiduité, des arbres dont toutes les branches ont été coupées.
Et j'ai été généreux pour la science de la Renaissance en admettant que ces grands maîtres en ont profité, car ma conviction, partagée par beaucoup de ceux qui aiment Raphaël, est qu'il peignit mieux alors qu'il savait moins. Michel-Ange fut souvent entrainé dans une vaine et désagréable démonstration de ses connaissances anatomiques qui cache encore à beaucoup de gens son immense puissance; et Léonard gâcha tellement sa vie dans ses travaux d'ingénieur qu'il reste à peine un tableau portant son nom.

Auteur: Ruskin John

Info:

[ art pictural ]

 

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pouvoir

Que le président Macron ait choisi la ligne dure de la répression contre la ligne républicaine du maintien de l’ordre est donc avéré. Il a donc à son service la presse maastrichtienne, autrement dit les médias dominants, dont ceux du service public audiovisuel, il a mis à son service la police, l’armée, donc les forces de l’ordre, il a également essayé d’y adjoindre la machine judiciaire. Ce dont témoigne un article du Canard enchaîné (30 janvier 2019) intitulé “Les incroyables consignes du parquet sur les gilets jaunes”, qui rapporte dans le détail comment le ministère dit de la Justice a communiqué par courriel avec les magistrats du parquet de Paris sur la façon de traiter les gilets-jaunes: après une arrestation, même si elle a été effectuée par erreur, il faut tout de même maintenir l’inscription au fichier du traitement des antécédents judiciaires (TAJ), y compris “lorsque les faits ne sont pas constitués”. Le courrier précise également qu’il faut ficher, même si “les faits sont ténus” et même dans le cas avéré “d’une irrégularité de procédure”! Dans ces cas-là, arrestation par erreur, infraction non motivée, irrégularité de procédure, il est conseillé de maintenir les gardes à vue et de ne les lever qu’après les manifestations du samedi afin d’éviter que les citoyens fautivement interpellés puissent exercer leur droit de grève, faut-il le rappeler, un droit garanti par la Constitution? Alinéa 7 du préambule…

Auteur: Onfray Michel

Info: https://www.les-crises.fr/la-brute-par-michel-onfray

[ conservation ] [ injustice ] [ France ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

colonialisme

"Terra nullius", c'est un petit concept amusant, tu sais. C'est quelque chose que les Anglais ont inventé quand ils sont arrivés ici, en voyant qu'il n'y avait pas des masses de terres cultivées en Australie. Il se trouve que les Aborigènes formaient un peuple semi-nomade, qui vivait de chasse, de pêche et de cueillette. Et juste parce qu'eux ne passaient pas la moitié de la journée courbés sur des champs de patates, les Anglais les ont considérés comme inférieurs. Ils partaient du principe que le travail de la terre était un maillon obligatoire dans l'évolution de toute civilisation, en oubliant que les premiers qui étaient venus ici avaient failli mourir de faim après avoir essayé de vivre sur ce que leur donnait cette terre stérile. Mais les Aborigènes connaissaient la nature de A à Z, se déplaçaient pour trouver leur nourriture en fonction des saisons, et semblaient vivre dans l'abondance. Le Capitaine Cook en parlait comme des êtres les plus heureux qu'il ait jamais rencontrés. Ils n'avaient tout simplement pas besoin de travailler la terre. Mais parce qu'ils n'étaient pas sédentaires, les Anglais ont décidé que cette terre n'appartenait à personne. C'est donc devenu terra nullius. Et selon ce principe, les Anglais pouvaient sans scrupule établir des titres de propriétés aux colons intéressés, sans se soucier de ce que les Aborigènes pouvaient en penser. En fin de compte, ils n'étaient pas propriétaires de leur terre.

Auteur: Nesbo Jo

Info: L'homme chauve-souris : Une enquête de l'inspecteur Harry Hole

[ envahisseurs ]

 

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paradigmes dominants

La question pour nous, ici, est tout autre. Elle est de savoir si l’état d’esprit que nous avons essayé de décrire, prédisposait ou non les hommes du XVIe siècle à s’émanciper de la tutelle des religions – à rompre avec celles des religions révélées et organisées à quoi ils appartenaient de par leur naissance, leur milieu ou leur choix.

D’instinct, nous sommes portés à croire que oui. Nous, hommes du XXe siècle, quotidiennement dotés par les savants d’une telle collection de miracles authentifiés par les faits, contrôlés par l’expérience, que pâlissent en regard les miracles, hypothétiques ou chimériques, annoncés ou prédits par les occultistes : nous les jugeons, à tout le moins, candides. Nous n’avons plus besoin qu’on nous dise, du dehors, que notre science ne sait pas tout, ne dit pas tout, et qu’elle peut être, à tout instant, envahie et transformée par une masse de connaissances et d’idées nouvelles. Le merveilleux est dans le commerce, oui – mais par un déplacement assez singulier, ce n’est plus le mage, l’alchimiste, l’astrologue qui en détiennent le monopole : loin de là, c’est le savant patenté, qualifié, officiel qui le détient, et le livre au public. Bien plus fantasmagorique que les fantasmagories d’autrefois, la fantasmagorie d’aujourd’hui sort des laboratoires, honorée, décorée, couronnée, tenue pour vraie de la plus authentique des vérités. Hors de là, plus rien que des naïfs, ou des charlatans, sans crédit auprès de gens sérieux.

Auteur: Febvre Lucien

Info: "Le problème de l'incroyance au 16e siècle", éditions Albin Michel, Paris, 1968, pages 415-416

[ évolution ] [ religieux-scientifique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mère-fils

Rachel, jeune épouse désespérée, rend visite à son médecin.

- Ah, docteur, je n'en peux plus, malgré tout ce que je fais, mon mari ne daigne même pas me regarder. Il n'arrête pas de parler de sa mère, sa mère, sa mère ! Et moi, je n'existe pas pour lui !

- Vous avez essayé de lui cuisiner de bons petits plats ?

- J'ai tout essayé, docteur, croyez-moi, rien ne marche, je suis vraiment découragée.

- Ecoutez, j'ai une idée : il y a un domaine où votre belle-mère ne peut pas rivaliser avec vous, c'est le lit. Pour ce soir, vous allez mettre des sous-vêtements noirs très excitants, avec un porte-jaretelles noir. Vous allez vous maquiller avec beaucoup de soin, une ombre à paupières sombre, de longs faux cils interminables, un rouge à lèvres noir. Vous allez changer les draps de votre lit, mettez-en des noirs. Parfumez-vous avec son parfum préféré et mettez des roses noires dans un vase. Dans cette ambiance, il ne pourra plus vous résister.

Rachel suit scrupuleusement tout le programme : le maquillage, la mise en scène, le décor, elle n'oublie rien, elle n'a jamais été aussi voluptueuse et excitante.

Son mari arrive, et devant ces surprises inattendues, son étonnement va croissant. A la fin, il ne peut plus se contenir, et s'écrie :

- Rachel, tout ce noir !  Il est arrivé quelque chose à ma mère ?

Auteur: Ouaknin Marc-Alain

Info: La bible de l'humour juif. Tome 1

[ humour ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

transcendance

[...] nous ne pouvons pas exprimer ce que nous voulons exprimer et tout ce que nous disons du miraculeux absolu demeure non-sens. [...]

Nous n’avons pas encore réussi à trouver l’analyse logique correcte de ce que nous désignons en esprit par nos expressions éthiques et religieuses. [...]

Ce qui revient à dire ceci : je vois maintenant que si ces expressions n’avaient pas de sens, ce n’est pas parce que les expressions que j’avais trouvées n’étaient pas correctes, mais parce que leur essence même était de n’avoir pas de sens. En effet, tout ce à quoi je voulais arriver avec elles, c’était d’aller au-delà du monde, c’est-à-dire au-delà du langage signifiant. Tout ce à quoi je tendais – et, je crois, ce à quoi tendent tous les hommes qui ont une fois essayé d’écrire ou de parler sur l’éthique ou la religion – c’était d’affronter les bornes du langage. C’est parfaitement, absolument sans espoir de donner ainsi du front contre les murs de notre cage. Dans la mesure où l'éthique naît du désir de dire quelque chose de la signification ultime de la vie, du bien absolu, de ce qui a une valeur absolue, l'éthique ne peut pas être science. Ce qu'elle dit n'ajoute rien à notre savoir, en aucun sens. Mais elle nous documente sur une tendance qui existe dans l’esprit de l’homme, tendance que je ne puis que respecter profondément quant à moi, et que je ne saurais sur ma vie tourner en dérision.

Auteur: Wittgenstein Ludwig

Info: "Leçons et conversations", texte établi par Cyril Barrett d’après les notes prises par Yorick Smythies, Rush Rhees et James Taylor, traduit de l'anglais par Jacques Fauve, éditions Gallimard, 1992, page 155

[ infranchissable ] [ saut catégoriel ] [ signe ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

maternité

Un jour, il s'est produit à la maison un événement terrible. Dans ma famille. Une émotion violente, un tremblement de terre qui a bouleversé tout notre équilibre.
Mon frère aîné Claudio, tout juste âgé de douze ans, est mort. Moi j'avais six ans. Ce fut le drame de toute mon enfance.
Mes parents ont tout fait pour le sauver. Ils auraient donné leur vie. Pendant six ou sept ans, ils l'ont amené voir tous les spécialistes susceptibles de lui offrir une planche de salut. Mais il était atteint d'une maladie incurable. Un après-midi, il est allé faire la sieste comme d'habitude et il ne s'est pas réveillé.
Avant l'âge de six ans, je n'ai aucun souvenir, excepté celui-ci. Ce jour-là, j'avais dans ma chambre des ballons ramenés d'une fête et de rage, je les ai tous crevés. Ce fut mon premier vrai chagrin.
Ma mère s'est effondrée de douleur ; elle subissait la pire des malédictions, celle de survivre à son enfant. J'ai été envoyé pendant quelques mois à Milan chez une tante. Cinq ou six mois plus tard, le calme était à peu près revenu et j'ai pu rentrer à Ortona. Mais quand j'ai vu ma mère mettre le couvert pour tout le monde, y compris Claudio, comme s'il était encore parmi nous, ça m'a fait un choc.
Mon père a essayé par tous les moyens de la ramener à la réalité, mais ma mère s'est obstinée jour après jour à remplir cette assiette devant une place vouée à rester vide...

Auteur: Siffredi Rocco

Info: Rocco raconte Rocco, L'histoire de ma vie

[ deuil ] [ famille ]

 

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